«Scusi, scusi»… Facile à dire «scusi» !

Pas d’excuses possibles, la Nazionale va au Brésil pour réciter un rôle de premier plan. Mais à l’aune de cette Coupe du Monde, difficile de savoir d’où part cette sélection italienne pour faire un pronostic : de son élimination foireuse en Afrique du Sud il y a quatre ans, ou de son parcours de finaliste, certes malheureux, mais néanmoins flamboyant et surprenant au dernier Euro. Portrait.

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ? Oui, les années passent et on ne peut que constater que le football italien «c’était mieux avant». Oui, les Baggio, les Totti, les Maldini, les Del Piero appartiennent au passé. Oui, on vieillit (si, si) et on a tendance à en avoir marre de se prendre la tête pour le football. Oui, on en est arrivés à devoir naturaliser des Argentins pour les faire jouer en défense centrale.
Mais y a rien à faire, ce maillot azzurro c’est le plus beau. C’est trop de souvenirs. C’est trop de bons moments. Alors on arrête de faire le vieux con, on se met derrière son clavier et on essaie de faire partager un peu du plaisir qu’on s’apprête à ressentir pendant un mois, sans oublier bien entendu de chambrer les adversaires au passage.  
2) A quoi sert ce pays ?
A nous enseigner qu’un un chef du gouvernement peut coucher avec des prostituées mineures, mais qu’au final il ira simplement changer les couches de personnes âgées dans les EMS. On est très braqués solidarité intergénérationnelle en Italie…
Après, niveau football, il sert à démontrer l’ineptie de certains commentaires : quand les Italiens défendent ils «pourrissent le jeu». Mais quand ce sont les Anglais, ils sont «héroïques»… Peut-être qu’en fait, il sert essentiellement à nous apprendre que la tactique, au football, c’est important. Et quand tu as des artistes pour mettre tout ça en musique, comme Pirlo, ben la tactique ça devient juste beau.

3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
L’Italie s’est qualifiée pour la première fois de son histoire avec deux matches d’avance au Mondial, et ce dans un groupe assez équilibré. Des prestations solides contre les autres «favoris» du groupe qui, malgré quelques points perdus bêtement en route, ont largement suffi à venir à bout de la Bulgarie, du Danemark et de la République tchèque. Toutefois, si la Nazionale n’a jamais vraiment souffert, cela est loin de ne pas représenter une bonne nouvelle, tant elle a su par le passé se mettre dans des situations foireuses en prenant un peu trop de haut des matches dit «faciles». Disons qu’ils ont fait le taf, sans forcer, mais qu’ils auraient dû et pu batailler un peu plus sur leurs deux derniers matchs, lors desquels, la qualif en poche, ils n’ont obtenu que deux points face au Danemark et l’Arménie, laissant ainsi filer (merci au tour de passe-passe de Sepp Blatter) le statut de tête de série pour le Mondial. Mais bon, c’est vrai que c’est plus logique que ce soit la Suisse que le vice-champion d’Europe en titre qui puisse bénéficier de cette faveur…
4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Parce qu’il se pourrait bien qu’ils rencontrent l’Allemagne en demi-finales. Et puis aussi parce que l’Italie qui gagne un Mondial sur un but décisif inscrit par un joueur noir, ça serait important pour fermer quelques gueules dans toute la Péninsule.
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Objectivement, le groupe est assez compliqué. Entre une Angleterre dont on peine à évaluer le réel potentiel mais qui aura envie de faire oublier la leçon de football que la Nazionale lui a infligé en 2012, et un Uruguay à l’artillerie offensive spectaculaire qui fait office d’outsider numéro un pour le titre (#maracanazo), l’Italie devra en outre affronter le Costa Rica, la classique équipe qui fait flipper dans les grandes compétitions, contre laquelle la Nazionale a la tendance à jouer petit bras. Et surtout, aucun scandale majeur n’est venu secouer le championnat italien cette année, ce qui est très mauvais signe avant une Coupe du Monde…
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Trop facile de citer Balotelli (on va y revenir), parlons plutôt du duo de gendres idéaux que représentent Rossi et Immobile. Le premier ayant un nom qui en Italie n’évoque pas que la montée des communistes dans les délires paranoïaques de Berlusconi, il évoque surtout la légende d’Espagne 1982. La Fiorentina avait vu juste en recrutant «Pepito», à très bas prix, permettant enfin à son talent de s’exprimer en Italie après avoir dû effectuer l’essentiel de sa carrière à l’étranger. Reste à voir comment il gérera son retour de blessure, qui a stoppé brutalement une saison, jusque là, ahurissante. Le second est un peu la «hype» du moment en Italie, ayant fini meilleur buteur du championnat cette saison avec Torino. Il représente surtout une manne pour Prandelli et les 50 millions de sélectionneurs italiens, car il offre une alternative valide à Balotelli en pointe. Saluons au passage le fait que l’un et l’autre ont dû attendre des années avant que l’Italie ne salue unanimement leurs prestations, et qu’aucun grand club n’aie jamais voulu miser sur eux (et c’était pas pour faire jouer Van Basten ou Platini hein…).
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
Balotelli est LE joueur à surveiller, mais pas que sur un terrain de football, et c’est là tout le problème. Certes, il a toujours fait preuve d’un comportement irréprochable en équipe nationale. Mais on parle quand même d’un mec qui s’amusait à lancer des fléchettes sur des mômes à Manchester… Et si on veut bien lui concéder qu’on doit se faire chier grave dans le Nord de l’Angleterre, le Brésil pourrait s’avérer un parc d’attractions géant pour Super Mario. Pleine solidarité avec le staff de la Nazionale lorsqu’il devra cadrer Balotelli lorsque son regard se sera posé sur la plage de Copacabana. Sans parler de la pression qui va peser sur ses épaules. Qu’à cela ne tienne, le Milaniste est la boussole de cette équipe et son joueur de majeur talent. S’il tourne à plein régime, alors tout peut arriver… Non, pour le bien de la nation, mieux vaut se moquer de Cassano. En plus il comprendra pas.

8) Une bonne raison de les supporter ?
En Suisse romande, soutenir l’Italie relève de la gageure. Et les voleurs par-ci, et les comédiens par-là, et le catenaccio etc. La vérité, c’est que cette équipe d’Italie version Cesare Prandelli essaie d’afficher un visage plus séduisant que certaines versions passées, qui avaient tendance peut-être trop à se reposer sur le génie d’un ou deux éléments et se contentait d’assurer frileusement le minimum syndical. Sans superstars, mais avec des joueurs de qualité et en essayant d’aller vers l’avant, l’Italie a rendu une de ses plus belles copies à l’Euro 2012, en affichant une qualité de jeu nettement supérieure à certaines équipes à la cote de sympathie plus élevée. Et pis bon, c’est joli une ou deux étoiles sur le maillot. Quatre, c’est mieux.
9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Par jalousie pour des mecs qui immanquablement vont te pourrir tes soirées en te renvoyant une image tellement moins classe qu’eux que t’oseras à peine adresser la parole à la tenancière du kiosque pendant un mois. Plus sérieusement, au vu de la crise profonde que traverse le football en Italie (stades obsolètes et vides, centres de formation à la dérive, crise financière, matches truqués etc…), celui-ci nécessite un remaniement profond dans les années à venir, s’il ne veut pas péricliter complètement. On peut imaginer et craindre qu’une victoire de l’Italie au Mondial arrangerait bien les dirigeants du football transalpin.
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Sinon bien, et vous ? Forza, spaghetti carbonara per tutti !
Ingrédients (pour 4 personnes) :
200 g de spaghetti
 ; 2 jaunes d’oeufs
 ; 160 g de lardons fumés 
; 15 cl de crème fraîche 
; 60 g de parmesan râpé 
; sel et poivre

Portez à ébullition un faitout d’eau salée. Plongez-y les spaghetti et laissez-les cuire environ 12 min, jusqu’à ce qu’ils soient al dente.
Pendant la cuisson des spaghetti, faites revenir les lardons à sec dans une poêle, jusqu’à ce qu’ils soient bien dorés.
Baissez le feu et incorporez la crème fraîche. Salez légèrement, poivrez généreusement et ajoutez les jaunes d’oeufs, en fouettant pour qu’ils ne cuisent pas.
Rectifiez l’assaisonnement.
Egouttez les pâtes. Versez-les dans la sauteuse, mélangez et transvasez dans un plat de service.
Servez en présentant le parmesan à part.
Photos édito et Prandelli de Pascal Muller, copyright EQ Images

Écrit par Maurizio Colella

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5 Commentaires

  1. Sauf qu’il n’y a PAS de crème fraîche dans la carbonara ! JAMAIS !! Dommage cette grossière erreur met à plat tout ton article.

  2. Wiki: La recette italienne originale ne comporte pas de crème fraîche, mais de nombreuses variantes hors d’Italie incorporent cet ingrédient. Les variantes utilisant de la crème fraîche sont parfois dénommées carbonara ricca.

    Variante ou originale, l’important est le goût.

    pour moi, vive le pesto 🙂

  3. « En Suisse romande, soutenir l’Italie relève de la gageure » –> Non, non pas vrai, moi je les soutient depuis 1982…et c’est pas prêt de changer…ça a même tendance à s’aggraver avec l’âge ! Bon c’est vrai que je suis une espèce assez rare, un non-italien qui supporte l’Italie, mais je vis très bien avec ça, merci !

    Sinon, très chouette, l’article, bravo ! ( je me montre moins sévère que Monsieur CarbonaraClub, et je pardonne cette petite erreur sur la crème fraîche, si c’en est vraiment une 😉 )

  4. Je confirme, on ne met pas de crème en Italie. Mais le meilleur plat du monde reste pasta e piselli ou pasta e cime di râpa.

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