Saga 1994 : Nestor Subiat, ou la rage de gagner

Côtoyer Nestor Subiat, c’est prendre un sacré bol de fraîcheur. Né en Argentine d’un père footballeur professionnel, Nestor a suivi ses écoles à Mulhouse, où à 17 ans, il rencontre Natacha qui deviendra son épouse: «Elle ne s’intéressait pas du tout au football. Maintenant, c’est une technicienne! Si je la convoque pour les Etats Unis, elle ne pourra pas refuser», plaisante le buteur.

Papa de deux fillettes, Subiat passe la plupart de ses loisirs avec sa petite famille: «J’aimerais bien un garçon. Peut être après le Mondial, pour assurer la relève, mais je ne suis pas le seul à décider».
Gentillesse, amabilité, franchise, sincérité, toutes ces qualités, Nestor aime les retrouver chez les gens qu’il rencontre. Pour ce qui est des qualités féminines, le bel Argentin déclare que sa femme les réunit toutes: «Nous avons une complicité formidable»: Il faut avouer que dans la vie, Subiat est «moins sauvage… que sur le terrain», selon son expression. «Je suis un battant. Sur le terrain, j’ai la rage de gagner. Dans la vie, on doit aussi avoir cette envie de réussir, de consentir des sacrifices, sinon on passe à côté de quelque chose».

Pelé et Maradona 

Pour Subiat, le football se conjugue à tous les temps. Enfant, son père, joueur en Colombie, avait affronté à deux reprises Pelé: «Mon père m’avait amené au match. J’ai une photo où je pose avec le roi Pelé», explique-t-il fièrement. Mais l’idole reste à ses yeux son compatriote Maradona: «Nous nous connaissons. Dans le football, il n’y a pas mieux que lui. Pour le reste, il n’a fait de mal à personne, sauf à lui-même. Il m’inspire de la pitié».

Subiat possède non seulement une belle collection de buts inscrits, mais aussi de maillots: «De Maradona, j’ai reçu un de ses maillots de la Coupe du monde 1986. Pour ce qui est des buts, je n’en ai encore jamais marqué contre… Servette ! Mais cela ne saurait tarder… en rentrant des Etats-Unis !».

Très croyant, Nestor ne se signe pas uniquement en entrant sur la pelouse: «Dans notre mentalité sud-américain, c’est tout à fait naturel d’invoquer le nom du Seigneur dans les actes quotidiens. Je ne prie pas seulement avant les matches. Je porte même une croix en pendentif». 
Pieux mais pas superstitieux du tout, Subiat fonctionne surtout au feeling. Avec ses trois passeports en poche (argentin, français et suisse par son mariage), le sympathique attaquant ne sait plus trop à quel hymne se vouer: «J’ai un peu honte, mais je ne sais pas encore celui de la Suisse par coeur. Mais nous les Argentins, ne chantons pas systématiquement le nôtre».
Le volubile Subiat ne dépense que son énergie à outrance, pas ses deniers: «Je trouve ridicule de dilapider de l’argent pour des trucs inutiles. Ce n’est pas mon genre». L’homme est joueur tout de même: «Je ne comprends rien au jass mais avec Kubi ou Grassi, on s’adonne plutôt à un jeu de cartes en vigueur au Tessin, le carioca». 
Très convoité en Suisse, le meilleur buteur du championnat envisage pourquoi pas un départ vers d’autres cieux: «On parle beaucoup du Japon, destination très tendance actuellement pour les footballeurs. La seule motivation pour que je signe là bas serait le taux de change  très attractif du yen. Et à mes yeux, ce n’est pas un argument suffisant pour envisager un dépaysement aussi important pour la famille». 

Interview, 20 ans plus tard

1. Quel a été ton meilleur souvenir de cette Coupe du monde 1994 ?
La Coupe du monde en général surtout le moment juste avant le premier match contre les USA à Détroit. Et de sentir cet engouement, ce formidable soutien à notre égard de la part de tout le peuple suisse.
2. Le pire souvenir de cette Coupe du monde 1994 ?
L’assassinat d’Andres Escobar contre lequel on avait joué quelques jours avant.
3. As-tu des anecdotes en particulier ?
Juste à la fin du premier match, sincèrement, je crois que nous – tous les joueurs – étions sur un nuage, on venait de jouer LA COUPE DU MONDE… Je me le répétais dans ma tête et je me disais: on vient de réaliser un rêve de gosse, purée c’est dingue. Puis, j’ai lancé dans le vestiaire, très fort en rigolant : «Les gars, c’est bon on peut arrêter le football, on a joué la Coupe du monde ! Y a pas mieux… ahhahaha» et tout le monde a éclaté de rire…
On a vécu tous ensemble un moment très fort dans notre vie, ça c’est sûr. Personne ne pourra jamais nous l’enlever, ce sera à jamais en nous. D’ailleurs ce lien subsiste toujours, je l’ai ressenti encore en janvier dernier, quand nous nous sommes tous retrouvés pour jouer en salle à Genève et avec le grand Roy également.
3. Quelle est ton occupation actuelle ?
Je termine cet été la belle aventure des camps de foot pour jeunes, après huit ans. Une expérience fantastique à tout point de vue. Ensuite, je m’occuperai d’organiser des voyages en Argentine, en collaboration avec l’agence Océane.  
Les séjours seront de 10 jours, durant les mois d’octobre et novembre 2014, puis février et mars 2015. Six semaines de thématique: vins, foot & tango et 3 semaines: vins, polo et tango. Je serai sur place, avec mon épouse Natacha, et nous nous occuperons des clients pour leur faire découvrir l’Argentine en leur garantissant une immersion totale dans la culture argentine.
4. Quel est ton pronostic pour la Suisse au Brésil et iras-tu suivre les matches sur place ? 
Je vois bien la «Nati» se qualifier pour les huitièmes. Après, tout est possible…  Et j’espère de tout coeur, sur un plan personnel, que nous gagnerons contre la France. Peut-être aurais-je la chance d’y être comme consultant. J’attends des confirmations.

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2 Commentaires

  1. oui un très bon pote, très sympa, le vrai latino, argentino che… et il est toujours pareil après 20 ans… c’est la grande classe quoi !!!

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