Les Gha(g)na(nts) seront les perdants

Sur le papier, le Ghana est peut-être l’équipe qui pourrait porter haut les couleurs africaines. Manque de bol pour Michaël Essien et ses coéquipiers, elle se retrouve dans un groupe impossible.

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ?Parce qu’un mec d’un site internet appelé CartonRouge.ch m’a contacté il y a quelques jours. Il m’a dit qu’il était en quelque sorte journaliste amateur et qu’il connaissait rien à notre pays, notre culture, et pire que tout, notre football. Le mec il fait ça bénévolement, alors il m’a dit qu’il n’avait pas trop envie de se fouler pour faire notre présentation. Il m’a envoyé une liste de 10 questions en me demandant d’y répondre le plus honnêtement possible par retour de mail. Et comme entre deux entraînements on s’emmerde un peu et que je suis un gars sympa, j’ai décidé d’accepter, tout en souhaitant garder l’anonymat. Ben ouais, on ne sait jamais, on pourrait toujours partir à 22 au Brésil…
2) A quoi sert notre pays ?
A être un exemple ! Nous fournissons la preuve au monde entier qu’un pays africain peut obtenir son indépendance sans passer par un bain de sang, ni enchaîner sur une guerre civile. Si nos voisins avaient seulement pu suivre (au moins un peu) notre exemple, peut-être bien que les trois derniers champions du monde sortants seraient issus de notre continent (soupir)…

3) Comment on s’est qualifié et surtout pourquoi ?
Parce qu’on est les meilleurs ! On a d’abord joué dans un groupe à quatre… Le Lesotho, je savais même pas qu’ils avaient une équipe. On les a atomisés à l’aller pour notre premier match des qualifications, alors du coup on était en pleine confiance ! Le Soudan ? Y’a pas la guerre là-bas ? Ils n’auraient même pas dû participer aux qualifications les mecs… En Europe, il paraît qu’ils avaient exclu la Yougoslavie pour les mêmes raisons en 1992. Bon, faut dire que chez nous, si on exclut tous les pays en guerre, il ne restera pas grand monde pour jouer au foot. Alors oui, on a bien perdu 1-0 en Zambie, mais bon, t’as déjà joué au mois de juin en Zambie toi ? On a quand même fini premier de notre groupe, et on a encore du se taper l’Egypte en barrage. On s’est appliqué à l’aller, on a gagné 6 à 1, facile quoi. Autant dire qu’on n’aurait même pas eu besoin de jouer le match retour, mais y’a un règlement à respecter…
4) Pourquoi on va gagner la Coupe du Monde ?
Je t’ai déjà dit, on est les meilleurs ! Déjà, on est la seule équipe africaine à avoir déjà joué un quart de finale. Y’a bien eu le Cameroun et le Sénégal, mais c’était des accidents. Nous, on avait mérité. Et si y’avait pas eu cette raclure de Luis Suarez, si cet imbécile d’Asamoah avait marqué son penalty, qui sait, on serait peut-être champions du monde en titre !
5) Pourquoi on va se faire éliminer au premier tour ?
Impossible. Bon, y’en a bien certains qui disent qu’on a un groupe pas simple. L’Allemagne, OK, ils sont pas mal, c’est vrai, je l’avoue. C’est facile aussi quand tu naturalises à tout va. Mais nous, le Portugal, ça nous fait pas peur. Les USA, on en parle même pas. On vient de passer une semaine chez eux avant d’aller au Brésil. Les mecs, à part le base-ball, le basket et le pop-corn, ils connaissent rien. Comme on dit chez nous, il faut un village tout entier pour élever un éléphant. On est une trop bonne équipe, on est tous potes, c’est comme ça en Afrique, on s’aime tous, on est tous des frères ! C’est en équipe qu’on va passer ce premier tour et faire trébucher les Portugais, je te le dis, moi.
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Mais tout le monde ! Elles se répètent un peu vos questions… On est une équipe trop homogène, on n’a pas de maillon faible, on est chaud chaud chaud ! Après, faudra peut-être quand même jeter un coup d’œil à Kevin-Prince Boateng quand il mettra un petit pont à son frangin, ça pourrait être marrant ! Enfin, ça c’est seulement si la pelouse est assez bonne et pas trop dangereuse pour son genou, pas comme en Zambie, où le mec a même pas voulu jouer…
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
Bon, je dois avouer, y’en a quand même un ou deux qui nous font bien marrer dans le groupe. Vu que je suis toujours sous le couvert de l’anonymat, je peux lâcher des noms. Asamoah, il est drôle lui. Déjà qu’à cause de lui on s’est fait sortir y’a quatre ans, le mec il a rien trouvé de mieux que d’aller s’enterrer aux Emirats Arabes Unis pour poursuivre sa carrière. On a vu ça à l’entraînement, ça va pas l’aider du tout. Un autre qui nous fait bien rire, c’est Jordan Ayew. Son frère, ça va encore. Mais lui, quelle agonie. Le mec il vient de faire 6 mois plus ou moins corrects avec un club relégué en Ligue 2, et il a un melon pas possible. Ce qu’il veut, c’est un entraîneur qui croit en lui. Avec coach James, c’est pas gagné ! Mais bon, on ne sait jamais. On dit toujours au pays qu’il ne faut jamais insulter un crocodile avant d’avoir traversé la rivière…

8) Une bonne raison de nous supporter ?
Parce qu’on représente la meilleure (et seule) chance africaine d’aller plus loin qu’un quart de finale…
9) Une bonne raison de ne pas nous supporter ?
Pour vous, les Suisses, c’est clair que c’est plus tendance de supporter la Côte d’Ivoire. Ils parlent français et Téléfoot les suit en immersion…
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Histoire que tu apprennes quelque chose en lisant cet article : savais-tu que notre monnaie nationale s’appelle le cedi ? Non ? Et bien sache qu’il semblerait que ce nom soit dérivé du terme cauri, qui étaient des petits coquillages qui servaient de monnaie à la période de la traite négrière. Tu vois mec, en plus d’être bons au foot, on est cultivés !


Ce sont des tronches, des mauvais coucheurs. Ils sont parfois brutaux, violents, grossiers. Ils ont toujours du talent. « Ils », c’est ce qu’on appelle dans le football les bad boys, les mauvais garçons, qui le sont sur et hors du terrain. L’histoire du football est pleine de ces héros qu’on adore détester, de Gennaro Gattuso à Vinnie Jones, de Noby Stiles à Eric Cantona. Ils ajoutent au football ce sel qui en fait le plus beau spectacle du monde. Face à eux, le gardien du jeu, l’arbitre censé maîtriser ces tempéraments, les ramener à la raison. Comment les hommes en noir gèrent-ils ces fortes têtes ? Tiennent-ils des listes noires ? Et qui sont les bad boys suisses s’il y en a ?
L’arbitre et les mauvais garçons, c’est jeudi 5 juin dans Temps Présent à 20h10.

Écrit par un joueur ghanéen anonyme

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