Un autre Pigeon d’Or pour le Lausanne-Sport ?

Après Laurent Roussey, sacré en janvier, c’est au tour d’Alain Joseph de concourir pour remporter le volatile doré des mois d’avril-mai et marquer ainsi de la plus belle des manières la triste saison du club vaudois. Face à lui, un hockeyeur pleurnicheur, un fêtard mal coiffé, une sale peste, deux entraîneurs losers et un raciste notoire tenteront de sortir leur épingle du jeu. Ami lecteur, tu as jusqu’au dimanche 6 juillet à minuit pour faire ton choix !

Sidney Crosby

Printemps 2014, prise 2. Une année après sa première nomination qui ne s’est hélas pas traduite par une consécration, le centre des Pingouins a remis le couvert pour les mêmes raisons : la mise en berne de ses performances couplée à une attitude exécrable durant les play-off de la Ligue nationale. Largement en tête du classement des compteurs au terme de la saison régulière avec 104 points en 80 rencontres, le Néo-Ecossais est une nouvelle fois passé sous le radar en cumulant une fiche extraordinaire de 8 points en 13 matchs (1 seul but inscrit).
Depuis leur dernier sacre en 2009, Pittsburgh n’a jamais pu rééditer son exploit en dépit d’une équipe bâtie pour enchaîner les coupes, la faute en partie à ses meneurs ayant une fâcheuse tendance à devenir transparents lors des rencontres décisives. Transparents, pas tout à fait : très vite frustré, Crosby est toujours enclin à avoir une attitude aussi détestable que puérile sur la glace lorsque les événements ne tournent pas en faveur de la diva des Pingouins. Cross-checks dans la nuque, cinglages par derrière, coups de canne dans les chevilles, le tout en s’assurant qu’aucun officiel ne regarde dans sa direction tout en allant continuellement pleurnicher auprès d’eux à chaque arrêt de jeu.
Contrairement à ses illustres prédécesseurs et gentlemen dans l’âme – ou même à d’autres leaders en activité tels que Jonathan Toews, Patrick Kane ou Ryan Getzlaf –, Sidney Crosby est doté d’un comportement de mioche caractériel pourri à la limite du tolérable. La brutale élimination de Pittsburgh contre les Rangers de New-York alors que les Pingouins menaient aisément la série par 3-1 a permis une fois de plus de révéler le vrai Sidney Crosby : un leader par beau temps, flambant en saison régulière et lorsque les matchs ne comptent pas vraiment pour mieux s’illustrer dans le mauvais sens du terme en étant au pied du mur. Le plus consternant est que le prodige canadien n’a aucune raison d’agir de la sorte et de se faire justice lui-même – il y a des joueurs robustes spécialement dévolus pour cela. A force de craquer à chaque contrariété, «Cindy» n’est pas près d’avoir un palmarès à la hauteur de son talent.

Kevin Grosskreutz

Le goût de Kevin Grosskreutz pour la fête et la dive bouteille était un secret de Polichinelle : les images du joueur du Borussia Dortmund soutenu par un agent de sécurité pour aller vomir lors des festivités du titre de 2011 avaient été largement diffusées. Ce printemps, l’enfant de la Südtribüne n’a aucun trophée à fêter mais cela ne l’empêche pas de squatter la rubrique «faits divers» de la presse à scandales allemande. Il y a quelques semaines, lors d’une virée dominicale vespérale à Köl avec son pote Julian Schieber, Kevin Grosskreutz s’embrouille avec des fans du FC local et finit par balancer un kebab au visage de l’un de ses interlocuteurs qui se plaindra de brûlures à l’oeil. Rien de bien méchant mais pas très sérieux pour un mec censé préparer une finale de Coupe d’Allemagne.
Aussitôt dite finale jouée et perdue, le joueur dortmundois est allé noyer son chagrin dans l’alcool. Ces libations pas si joyeuses s’achèveront aux petites lueurs de l’aube par une bagarre et une déposition au commissariat, après que l’incorrigible fêtard eût uriné dans le hall de son hôtel de luxe. Cette fois, son club n’a pas passé l’éponge – c’est le cas de le dire – et lui aurait infligé une amende de 60’000 euros. Ces frasques à répétition étaient d’autant plus malvenues que Kevin Grosskreutz faisait partie des présélectionnés pour la prochaine Coupe du Monde. Longtemps boudé par Joachim Löw, le joueur le moins bien coiffé d’Allemagne a profité de sa polyvalence, de sa brillante reconversion comme latéral et de la pénurie germanique à ce poste pour réintégrer les cadres de la Mannschaft. Mais, à l’heure où le sélectionneur national devait encore retrancher trois noms de son effectif, Kevin Grosskreutz ne s’est pas fait la meilleure des publicités en préparant son WM dans les bars. Finalement, le sélectionneur national a décidé de ne pas tenir compte des exploits alcoolisés de l’idole de la Veltins-Arena et de l’emmener au Brésil – sous haute surveillance. Il n’en demeure pas moins que 60’000 euros d’amende, ça fait cher le prix de la cuite !  

Alain Joseph

Ainsi donc, le Lausanne-Sport a subi la première relégation sportive de son histoire en cette triste saison 2013-2014. Comme toujours dans ce genre de cas, il y a beaucoup de coupables : les joueurs, les entraîneurs et la direction du club. Vu qu’on ne peut pas sélectionner l’ensemble du contingent lausannois et que Laurent Roussey a déjà brillamment remporté l’élection de janvier, c’est sur le président Alain Joseph que notre choix s’est porté. Parce qu’au final, le capitaine de ce Titanic à la sauce vaudoise, c’est bien lui.
Pour sa première vraie année à la tête du club, le patron de la boîte G. Dentan a vécu un véritable cauchemar et, qu’on le veuille ou non, il en est principalement responsable. Ce qu’il reconnaît d’ailleurs sans se cacher. En prolongeant le contrat de Laurent Roussey malgré un printemps 2013 pitoyable et un sauvetage quasi miraculeux, le président a creusé sa propre tombe et celle de son club de coeur. Il a surtout commis l’erreur de laisser les clés à l’entraîneur français en lui faisant une confiance aveugle pour les transferts, avec pour conséquence les résultats que l’on sait. Mais nous n’allons pas remuer le couteau dans la plaie, nous en avons déjà assez parlé ici ou là.
Suite à ces transferts ratés couplés à une préparation physique digne de Koh Lanta, le LS a connu un début de saison pathétique. Alors que la sonnette d’alarme aurait dû être tirée bien plus tôt, Alain Joseph a attendu la fin du mois d’octobre pour mettre fin au pensum de l’imposteur Roussey. Malheureusement, le mal était fait et, malgré un sursaut d’orgueil de courte durée sous l’impulsion du duo Atamaniuk – Simone, le club des Plaines-du-Loup a terminé l’exercice avec… 18 points de retard sur l’avant-dernier. Un record négatif qui pourrait bien permettre à Alain Joseph de rejoindre la longue liste des présidents de clubs romands à avoir remporté le Pigeon d’Or mensuel ou même annuel : Christian Constantin, Bulat Chagaev, Majid Pishyar, Waldemar Kita et autre Dominique Warluzel… Vive le football romand !

Milan Lucic

Prenons d’abord l’équipe la plus détestable de la Ligue nationale, les Bruins de Boston, dont la marque de fabrique est la perfidie, le jeu sale et l’intimidation – une formation qui a même réussi l’exploit de rendre Jarome Iginla antipathique, c’est dire. Ensuite, piochez la pire des nombreuses têtes à claques qui composent cette équipe de bouchers et vous trouverez Milan Lucic. Capable de faire passer Goran Bezina pour l’incarnation suprême de la féminité, le bourrin des Oursons s’est encore surpassé dans la connerie, et pas qu’une fois.
Contre Detroit tout d’abord, le toujours très fin attaquant s’est fait l’auteur d’un «spearing» – un levé de canne dans les parties – à l’encontre des bourses de Danny DeKeyser. Bizarrement, le coupable ne se souvient de rien : «Franchement, je ne sais pas ce qui s’est passé dans ma tête». Bon, si on cherche on ne risque pas de trouver grand-chose… Heureusement pour lui, Lucic évolue dans une équipe qui bénéficie systématiquement de la clémence de la Ligue ; il s’en sort avec une amende de 10’000 dollars et aucun match de suspension. Des «peanuts», surtout que le sieur Lucic n’en est pas à son coup d’essai alors même que Stéphane Quintal, le nouveau juge unique de la NHL, se plaît à rappeler le caractère aggravant de la récidive dans les décisions qu’il prend…
Au tour suivant, le bougre en rajoute une couche. Contrôlant bien sa série contre Montréal avec une avance de 3-2, Boston s’effondre et concède un revers mortifiant dans son antre du TD Garden au 7e match. Réduit au silence durant toute la série et doté d’une frustration maladive, Milan Lucic proférera de nombreuses menaces à l’encontre notamment d’Alexei Emelin et Dale Weise lors de la poignée de main, incluant des menaces de mort. Un monsieur très humble et respectueux dans la défaite. Interrogé sur ces événements, le goujat en rajoute une couche tout en rejetant la faute sur les joueurs des Habs qu’il qualifie de «bébés». Si après cela, certains continuent de le défendre…

David Moyes

Certes, remplacer une légende telle que Sir Alex Ferguson n’était pas une sinécure. Il n’empêche que les dirigeants de Manchester United étaient en droit d’attendre beaucoup plus de la part de l’ancien entraîneur d’Everton. Largués en Premier League dès les premières journées de championnat, éliminés piteusement en Coupe de la Ligue et en Coupe d’Angleterre par des équipes de seconde zone, les champions en titre ont vécu une saison calamiteuse, très loin de leur standing. Pour ajouter une couche à leur calvaire, les Mancuniens ont subi deux humiliations à domicile contre Liverpool et Manchester City, leurs rivaux de toujours.
Paradoxalement, c’est en Ligue des Champions que les Red Devils ont été le moins ridicules, avec une élimination «honorable» en quart de finale contre le Bayern Munich. D’ailleurs, de Coupe d’Europe, les Mancuniens n’en verront point la saison prochaine : une première depuis… 1990 ! Autant dire qu’il n’en fallait pas plus pour mettre un terme au contrat de David Moyes, viré logiquement à quelques journées de la fin du championnat et qui a semblé prendre 10 ans en l’espace de 9 mois. 9 mois qui furent bien pires qu’une grossesse douloureuse… Souvent raillé par les fans adverses, l’Ecossais aura complètement raté son défi, ne réussissant pas à gérer les égos surdimensionnés et imbuvables du vestiaire d’Old Trafford. Gageons en effet qu’avec le melon de Van Persie, Ferdinand et autre Evra, le caractère fort de Louis Van Gaal ne sera pas de trop. David Moyes, lui, devra se trouver un club à son niveau, c’est-à-dire moyen.

Sean Simpson

C’est bien connu, lorsqu’il n’est pas possible de mettre la faute sur un ou plusieurs joueurs en particulier lors d’une déroute, c’est l’entraîneur qui trinque. Sean Simpson a donc l’honneur de payer pour l’insipide campagne de la Suisse lors des Mondiaux disputés dans la dictature biélorusse, échouant à une piteuse 10e place, suivant la même lignée que l’échec olympique.
Une nomination sévère ? Pas vraiment en regardant le bilan de la Suisse sous l’ère Simpson. Revenons en arrière : en 2010, unser Nati s’impose avec la manière contre le Canada et les futurs champions du monde tchèques lors des Mondiaux disputés en Allemagne. Fraîchement intronisé à la tête que l’équipe nationale, tout le monde hurle au génie et érige une statue dans un cortège de dithyrambes à un Sean Simpson qui emmènera assurément une Suisse offensive et décomplexée vers le sommet de la hiérarchie mondiale. Quatre ans plus tard, le constat est amer. Si l’on excepte l’argent historique glané en Suède l’année dernière, le bilan du Canadien est très mitigé : en six tournois majeurs (Mondiaux et JO), les Helvètes ne se sont hissés que deux fois en quart de finale (dont une où elle a essuyé une misérable défaite face à l’hôte germanique), le sempiternel objectif.
Le décrié – à tort – Ralph Krüger avait permis à la Suisse de réaliser une progression remarquable en hissant le pays à la 7e place mondiale tout en lui donnant une crédibilité enfin reconnue. Sean Simpson avait pour mandat de poursuivre cette progression, au pire de maintenir la place helvétique sur l’échiquier international en se qualifiant régulièrement pour les quarts. Force est de constater que l’objectif a été loin d’être rempli et que la Suisse se remet à trembler face à des nations telles que la Biélorussie, l’Allemagne et même la France. Les détracteurs de Krüger ont crié victoire un peu trop vite, rattrapés par la réalité du paysage hockeyistique suisse et international que Sean Simpson aura ignoré en oubliant certains fondements essentiels à la réussite de la Suisse.

Donald Sterling

On croyait ce genre de tare définitivement révolue au IIIe millénaire, mais le génial Donald Sterling a remis le concept au goût du jour : le racisme délibéré, assumé, sans même s’en cacher, comme si c’était une composante normale de la vie de tous les jours. Le propriétaire des Clippers de Los Angeles a donc sorti l’artillerie lourde via les réseaux sociaux en exhortant son ex-conjointe de ne pas s’afficher avec des Noirs et de ne pas en amener aux matchs des Clippers, y compris l’icône Magic Johnson. Le scandale est immédiat, les propos unanimement condamnés à travers le monde. A ce moment, on ose espérer une malencontreuse fuite ou des propos détournés ; on s’attend à voir un Donald Streling accablé et miséricordieux faire des excuses publiques.
Mais il n’en est rien. Le milliardaire persiste et signe ! Il faut dire que le gugusse est un multirécidiviste : il s’est déjà fait épingler par le passé pour des propos discriminatoires anti-noirs et anti-hispaniques tombant sous le coup de la loi. Banni à vie par le commissaire de la NBA afin d’en faire un exemple et mis sous la pression de vendre la franchise, le propriétaire des Clippers compte non seulement faire appel de sa sanction, mais refuse catégoriquement de vendre. Il faut dire qu’il n’est plus à ça près, mais il est assez incroyable de voir son intérêt pour un sport pratiqué en grande partie par des joueurs de couleur. Ces mêmes joueurs qui lui ont permis de faire passer la valeur de la franchise de 12 millions de dollars lors de son acquisition à près de 2 milliards aujourd’hui, et donc de bâtir la fortune de Sterling. Une belle marque de reconnaissance. Etre raciste est toujours un sport national aux Etats-Unis, surtout si l’on vient du Texas, du Kentucky, du Mississippi, de l’Utah ou d’autres états ruraux dévolus aux républicains. Et le pays regorge hélas d’un trop grand nombre de Sterling. En mettre un à terre n’est peut-être pas grand-chose, mais c’est toujours ça de gagné.

A propos Marco Reymond 470 Articles
Un p'tit shot ?

Commentaires Facebook

7 Commentaires

  1. Ah enfin ! Je vois que j’ai été écouté.

    Le seul qui mérite un pigeon doré dans cette sélection est Alain Joseph.

    Il est où il voulait être…

  2. Joseph clairement. Cela fait d’ailleurs 8 ans qu’il le mérite. Une telle succession de c….ries depuis qu’il est arrivé, c’est vraiment digne des meilleurs Champions du Monde. Lui, c’est clairement le type qu’il faut inviter à manger. Et il l’a bien cherché, avec son compère Collet depuis qu’ils sont arrivés.

  3. Je vous trouve bien durs avec mon petit cousin Sean… Si effectivement le bilan global est mitigé, moins bon et surtout moins régulier que celui de Ralph Krueger, l’argent historique remporté l’année passée aurait du lui éviter une nomination aux pigeons.. à mon avis.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.