Saga 1994 : la richesse ne s’achète pas

Thomas Bickel adore la musique, mais ses goûts varient. Thomas Bickel ne nourrit pas de rêves extravagants. Si ce n’est de mener l’existence qu’il souhaitait tant, enfant: «Mon club préféré, c’était le FC Zurich. Maintenant, c’est Barcelone ou Milan. Ces deux équipes sont proches de la perfection. Mais là, je suis réaliste, je connais mes limites.»

Le milieu de terrain a surtout trouvé le plus important, selon lui, l’équilibre: «Je n’arrive pas encore à voir à l’intérieur de moi. Mais je suis certain que je suis sur le chemin pour y parvenir.» Sagesse, Bickel a ouvert une porte, un jour de profonde déprime, alors qu’il traversait un long tunnel: «Je ne peux pas constater un Dieu. C’est très individuel. Mais je pense qu’il y a un autre monde. Cela n’influence pas ma vie pour l’instant. Un jour, plus tard, je me plongerai dans des lectures, je rechercherai ces valeurs. Je connais bien Wynton Ruger, le buteur de Werder Brême. Sa vie s’est transformée quand il a commencé à lire la Bible. Il a trouvé ce à quoi il aspirait. Je respecte le choix des gens. Si cela les aide à avancer, c’est l’essentiel. Je suis très tolérant!»

Bien ancré à Zurich, puisqu’il a resigné avec Grasshoppers pour deux saisons, Bickel y entrevoit volontiers son avenir: «On parle beaucoup du Japon ces temps, c’est surtout pour l’argent. Moi j’ai une richesse bien plus belle, l’expérience. Cela ne s’achète pas.»

Indiana Jones

Les voyages, ça le connait: «Je vous parlerai de ce que je n’ai pas visité. Ce qui m’attire particulièrement, le Pakistan, l’Himalaya ou encore quelques coins d’Amérique du Sud. Si je n’avais réalisé mon rêve d’enfant, devenir footballeur au FC Zurich, je pense que j’aurais pu être un aventurier de la veine d’Indiana Jones. J’aurais pris des risques, voyagé un ou deux ans autour du monde pour faire l’expérience de la vie.»
Thomas n’a pas d’idoles mais vit l’idéal: «J’aspire à la liberté, à la tolérance, aux sentiments vrais. Aimer est très important, être aimé aussi. Mais aimer seulement, c’est possible. C’est d’ailleurs la base de tout.  Ce sont des traits de caractère que j’aime à retrouver chez les autres. Je ne supporte pas les opportunistes et les égoïstes.»
Bickel et un homme amoureux mais se garde bien de promettre un voyage au long cours. «L’amour pour toute la vie, ça n’existe pas. Le feu et la passion qui existent dans les premiers mois d’une relation, se transforment.»
«L’hymne national? Pouah! C’est quoi la question?» Puis, se raclant la gorge: «Je ne vais pas le chanter. Je fais ça très mal. Je suis très heureux d’être né en Suisse mais je n’en suis pas fier outre mesure, c’est certainement un hasard. Je sais que je suis un privilégié. Figurer dans l’élite, entendre l’hymne national sur la pelouse, il me passe de belles images pas la tête pendant ce moment-là.»
Tom n’est pas collectionneur, change souvent d’appartement. Bref, ne s’attache pas. Il rigole bien en songeant qu’il n’a pas de tics, ni de talismans: «Ça change toujours. Je prends par exemple une fois une douche avant le match une fois pas. Non, vraiment, ce n’est pas régulier.»
Il adore la musique et ses goûts varient: «Du classique, Miles Davis, Phil Collins. Cela dépend de l’humeur du moment.» Après l’échec à la course au titre national, à Aarau, par exemple, Thomas n’a pas branché sa stéréo: «Je suis rentré très tard. Une désillusion de la sorte dure quelques jours. Mais je suis un routinier, je digère peut-être mieux les échecs que mes jeunes coéquipiers. Mais quand on joue avec le cœur, on perd aussi avec le cœur.»

Ses hobbys: «Ce que l’on fait dans le cadre de cet entretien. Parler de la vie, ouvrir son cœur, découvrir les autres. Mais cela dépend des gens.» Son avenir est lumineux, coloré, bardé d’étoiles: «J’ai au moins l’avantage d’avoir déjà fait des erreurs. A 31 ans, j’ai gagné du temps. Je ne les referai plus.»

Interview, 20 ans plus tard

1. Quel est ton meilleur souvenir de la Coupe du monde aux Etats-Unis ?
Déjà, la façon dont on est arrivé dans la compétition était très impressionnante car l’équipe suisse n’avait pas été qualifiée pour un tournoi de cette envergure depuis des décennies… L’euphorie était donc énorme.
Je me souviens aussi de notre arrivée dans le stade Silverdome pour le premier match contre les Etats-Unis: 70’000 spectateurs, un contexte incroyable, avec l’odeur des hamburgers et des frites, bien entendu dans une salle fermée, pour la première fois de l’histoire de la Coupe du monde, et avec de nombreux supporters de la Suisse.
2. Quel est ton plus mauvais souvenir ?
C’était ma grande chance de but dans le match contre l’Espagne en huitièmes de finale à Washington, lorsque le score était 0-0. Mais tout a été bien sûr éclipsé par la mort d’ Escobar…
3.  Quelle est ton occupation actuelle ?
Depuis le 1er juillet 2013, je travaille pour le FCZ: d’un côté pour la détection de talents et de l’autre côté je suis responsable pour certains talents dont je m’occupe de la planification de carrière.
Au FC Seefeld Zurich – où Heinz Hermann a grandi par exemple – j’entraîne les juniors C et je passe mes diplômes d’entraîneur. Je fonctionne également dans ce même club en tant que directeur technique des juniors.
Je suis également dans le conseil d’administration du club qui regroupe tous les anciens internationaux suisses (www.4football.ch), une tâche qui me tient beaucoup à cœur, avec mes amis Heinz Hermann, Andy Egli, Stéphane Chapuisat, Erni Maissen et Kubilay Türkylmaz. Notre président est Walter Gagg.

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