Oh oui ! Quaresma à rebrousse-poil

Quel dommage que Paulo Bento ait mis l’attaquant de Porto en cale sèche. Car après avoir montré ses cojones à la secrétaire du Fenerbahçe, on pensait Quaresma capable de nous réjouir d’un bon fado dansé à poil sur Copacabana. Mais peu importe cette omission car la Selecção rouge-verte pourra compter au Brésil sur un CR7 prêt à cumuler tous les rôles pour amener la caravelle portugaise à bon port: capitaine, artilleur et maître-plongeur. Suffisant pour remettre de l’ordre dans l’ex-colonie? Mais que Nani, vous répondrais-je.

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays Mais que djiable ! En-ça par chez nous en Valais, on ne serait pas là où on est sans l’arrivage saisonnier de ces étranges plaques blanches à rayure rouge. En effet, dans notre belle contrée ensoleillée, le Portugais fait partie du décor; à l’image de la Conchita qui te poutze les trophées de chasse au salon ou de son mari,  Manuel, qui te remonte fissa les murs de pierres sèches parti à cupelet en-haut dans les tablards. Donc, vous l’aurez compris, en Valais, vu qu’on qu’on se sent plus proche de Fatima da Souza da Caichetoufoula que de Franz Schmidt de Fiesch, on s’intéresse passablement à leurs prouesses footballistiques qu’on a humées lors de quelques beaux combats sur les pelouses d’Aproz 3 ou de Saxon 2.
2) A quoi sert ce pays ?
Se considérant toujours «fièrement» comme la 51e province espagnole, le Portugal compris très vite qu’il fallait partir explorer le monde pour se faire remarquer. Ainsi Vasco de Gama déguerpit en Inde pour leur apprendre le cricket puis Pedro Cabral atterrit sur les plages de Copacabana et profita d’inculquer les rudiments du football aux autochtones, tout ça vers les années 1500. (note pour les prochains articles: vérifier si les informations de Wikipedia sont correctes). Plus récemment au niveau industriel, Gillette installa au Portugal tout son département R&D suivi depuis peu par Mercedes qui vient d’inaugurer un site de production d’avertisseurs sonores pour vieilles berlines. Produire des bouchons de Liège, pécher des hecto-tonnes de sardines ou enfiler un roitelet à la Commission de Bruxelles appartient donc au passé pour ce grand royaume.

Coté foot, c’est dans les années 60 que le Sporting (Coupe des Coupes en 1964), le Benfica (Coupe des Champions 1961 et 1962), et la Selecção das Quinas (troisième en 1966) installèrent véritablement le foot portugais sur les scènes européennes et mondiales. Merci aux Eusebio, Mario Coluna, Fernando Mendes et surtout Morais, lui qui inventa le but marqué depuis la cantine du stade (o cantinho de Morais).
3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
Par les poils. Jamais convainquant (2 nuls face aux agents immobiliers palestiniens), puis chanceux face au Grand-Duché et aux artificiers irlandais, le onze de Paulo Bento survécut à la roulette russe uniquement grâce à un extraordinaire CR7. Déjà décisif à Belfast (3 buts), Ronaldo remit le couvert face à des Suédois qui avaient décidé de construire un grand port marchant au milieu de Stockholm en l’honneur du numéro 7 lusitanien. Au final, Ronaldo 3 – Ibra 2. Obrigado Cristiano.
4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Parce que leur palmarès récent en compétitions européennes et mondiales est aussi pulpeux que le popotin de mam’selle Salma Hayek. Observez-le de plus près, petits coquins: finaliste de l’Euro 2004, demi-finaliste de la CM 2006, quart de finaliste de l’Euro 2008 et demi-finaliste de l’Euro 2012. Et pour ne pas faire les mêmes erreurs que ses prédécesseurs, Paulo Bento a misé sur l’expérience des trentenaires Bruno Alves, Pepe, Postiga, Almeida, mais surtout monsieur Ronaldo car comme dit un proverbe portugais: «Tout âne mange de la paille, il suffit de savoir la lui donner». Et pis, comme me l’a rappelé mon pote Joao, «Tou as vou qui oun’a dans notre groupe? Les Allemands y sont cramés comme les sardines de tata Fatima (surtout leurs Bayernois), les Etats-Ounis, ils ont un tout jeune sélectionneur (ndlr: Jonathan Klinsmann, 17 ans) qui a encore moins de poils au zizi que les moustaches d’Artur Jorge et pis le Ghana, ils ont Jordan Ayew».
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Parce qu’à force de tout miser sur les exploits d’un seul homme, la pèche miraculeuse ourdie par Bento pourrait s’avérer infructueuse surtout que la cuisse gauche de Ronaldo a semble-t-il assez mal réagi aux injections de plasma d’un canasson serbe. D’ailleurs, le sélectionneur ghanéen Kwesi Appiah aurait affirmé auprès de nos sources bancales du coté d’Accra: «Mieux vaut déraper avec le pied qu’avec la langue.» Ce qu’apparemment John Boye aurait interprété un peu trop littéralement en partant aiguiser ses crampons en prévision de son tête à tête avec la star gominée du Réal.
Et puis, l’arrière-garde des poissonniers de l’Atlantique a méchamment tangué lors des éliminatoires en connaissant notamment des avaries récurrentes face à de faiblards adversaires. Reconnaissant ces signes de panique à bord, il se peut fort que les Klose, Boateng et autres Dempsey se lèchent les babines à l’idée de couler la défense portugaise présidée par cet imbuvable de Pepe.
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Cristiano Ronaldo est devenu omniprésent soit dans la presse sportive, soit sur les réseaux sociaux (numéro 6 au classement de la revue Forbes juste devant David Guetta, ouf !), et s’étale même allègrement dans mon papier (scuse !).
Alors, branchons plutôt le néon sur le futur Fernando Chalana du foot portugais, je veux parler de William Carvalho. Assez puissant physiquement pour son âge et précis dans ses relances devant sa défense, le joueur du Sporting a avancé ses pions durant l’échauffement hellénique pour chiper la place du vieillissant Meireles. De là à parvenir à rafler la gomina de Ronaldo, peut-être pas, mais Carvalho est surement en lice pour le titre du meilleur jeune joueur du tournoi brésilien (juste derrière Seferovic bien entendu).
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
Les ralentis de la RTS brésilienne nous permettront de jacasser suffisamment sur les plongeons burlesques de Ronaldo, alors arrêtons-nous sur les tatouages infantiles de Raul Meireles. Non content de graver femme et enfants sur sa jolie peau bronzée, le joueur du Fenerbahçe a trouvé de bon goût de venir soutenir Gottéron à tout prix en s’infligeant un dragon dans son dos fort peu velu considérant l’origine de son passeport. Pour couronner ce vitrail ambulant, Meireles trouva esthétiquement opportun de s’imprimer un tramway lisboète sur ses jambes, qui contrairement au film, laisse vraiment à désirer.

8) Une bonne raison de les supporter ?
Parce que comme tout bon contribuable zurichois, vous vous réjouissez de vous faire des ronds sur le dos de ces pauvres supporters portugais qui auraient eu l’outrecuidance d’abuser du klaxon à des heures indues: celles de la salade au cervelas et du bon vieux Derrick à la TV. Si vous êtes possesseurs du passeport zurichois, allez directement au point 10 ci-dessous.
9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Si vous souffrez d’insomnie, faites de l’urticaire au bacalhau ou pensez que le plongeon sur herbe n’est de loin pas un futur sport olympique, ruez vous chez Buchard Voyages et partez vite en vacances. Chais pas, allez au Mozambique, à Macao ou en Guinée-Bissau. La mer y est belle, apparemment.
10) Bon d’accord, mais sinon ?
L’équipe du Portugal ne laisse personne indifférent, surtout en Suisse où une saine rivalité s’est installée entre les faiseurs de routes et les fabricants d’argent. En effet, la Selecção das Quinas a pu par le passé à la fois nous faire rigoler (double défaite face à Charisteas & Co durant leur propre Euro 2004) mais également nous horrifier (la fameuse bataille de Nuremberg face aux Bataves en CM 2006).
Une chose est sûre, le peuple portugais ne soutient pas du bout des lèvres leur équipe nationale et si tous les coincé(e)s du cul envers notre Nati pouvaient en prendre de la graine (ou plutôt une bonne cuillerée de cette revigorante huile de foie de morue), toute la Suisse pourrait à son tour ronronner au doux son des klaxons, qu’à quelque part, nous jalousons… non ?

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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2 Commentaires

  1. Excelent article. Je commençais à desesperer, le niveau n’y était plus. Mais on renout avec l’humour le vrai, ça fait plaisir

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