Rachel Moret, la reine du ping !

Photo: Rémy Gros

Dans la rubrique « Le régional de l’épate », découvrez ce mois Rachel Moret, n°1 suisse de tennis de table.

Salut Rachel ! Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

Salut Valentin, j’ai 27 ans et je viens de la région morgienne. Je suis joueuse professionnelle de tennis de table et j’occupe actuellement la 126e place mondiale. J’ai aussi un petit pourcentage en tant qu’enseignante dans un petit village vaudois. Mais l’année prochaine, je n’aurai plus le temps d’enseigner. Je vais continuer à m’entraîner et à jouer au club de Nîmes (ASPC Nîmes) où notre équipe a été promue en Pro B (ndlr : 2ème division française). L’année passée, j’ai eu quelques blessures et je pense qu’elles sont en partie dues à un excès de fatigue donc je vais essayer d’éviter de multiplier les trajets entre la Suisse et la France. Je suis du reste heureuse d’avoir quelques jours de vacances maintenant ! Mais je vais tout de même revenir de temps en temps en Suisse pour les entraînements de l’équipe nationale, pour mon rôle de présidente du club de Rolle et pour voir ma famille et mes amis.

Pourquoi joues-tu en France ?

Malheureusement, il n’y a pas assez de concurrence en Suisse. On n’est pas beaucoup chez les filles. Du coup, on est obligées d’aller jouer à l’étranger. En jouant en Pro B, je rencontre des adversaires de mon niveau et je peux réellement progresser. L’année passée, je jouais aussi dans le championnat suédois et dans le championnat suisse, chez les hommes à Meyrin. Mais il y a eu un changement dans le règlement français qui interdit de jouer dans plusieurs championnats lorsque l’on joue dans les deux premières divisions. Je vais donc jouer uniquement à Nîmes l’année prochaine.

Comment as-tu commencé ce sport ?

J’ai commencé par jouer au tennis. Puis, j’ai gagné un tournoi amateur de ping-pong et j’ai reçu un an de cours gratuit au club de Morges. J’ai tout de suite adoré cela et avec mon frère on a progressé ensemble. Comme il y avait peu de joueuses suisses, j’ai vite gagné des titres. 15 ans plus tard, me voilà pro…

Photo: Rémy Gros

En parlant de titres, quel est ton palmarès ?

J’ai 16 titres de championne suisse, 5 en simple, 5 en double mixte et 6 en double dames. Au niveau international, j’ai gagné un titre : l’Open du Chili. Et cette année, en double avec la Slovène Alex Galic, j’ai accédé aux ¼ de finale des championnats d’Europe et en juin dernier aux 1/8 de finale des championnats du monde. Je suis contente car cela fait longtemps qu’un Suisse n’avait pas atteint ce stade.

En double, tu as joué avec Alex Galic. Pourquoi pas avec une Suissesse ?

J’avais joué quelques doubles avec la Suissesse Rahel Aschwanden. Mais nous n’avions pas eu de très bons résultats. Et puis lors d’un tournoi, Rahel n’a pas pu venir. Alex, qui jouait dans le même club qu’elle, était libre. On a donc joué ensemble et on a fait un super tournoi. Du coup, on a décidé de poursuivre notre collaboration. Nos deux entraîneurs s’entendent bien et elle vient faire des stages de préparation avec l’équipe suisse. Cela nous permet de bien nous entraîner ensemble. De plus, on est complémentaires. Elle fait très peu de faute mais a quelques fois de la peine à finir les points et moi j’essaie de jouer de manière offensive.

Comment expliques-tu ces bons résultats de double ? Y a-t-il des joueurs de double comme au tennis par exemple ?

Non il n’y pas de joueurs de double à proprement parler. Je dirais juste qu’il y a déjà moins d’adversaires et qu’il y a plus d’exploits possibles en double qu’en simple. L’entente entre les joueuses est primordiale. Je dirais aussi que j’ai un bon service et une bonne remise (ndlr : terme utilisé pour le retour de service au tennis de table) en double. Je précise bien en double (rires). Je suis gauchère et Alex est droitière, c’est aussi un avantage.

Ces résultats t’ont permis de gagner beaucoup en visibilité ?

J’aurais bien voulu ! Après mon 1/8 de finale aux championnats du monde, j’ai seulement eu 3-4 lignes dans le 24 Heures. Dans un sport plus populaire ça aurait sûrement fait une pleine page. Mais malheureusement, c’est le sort des « petits » sports et je m’y suis faite. Mais en Chine, le ping est très populaire. Les meilleurs joueurs sont des stars à l’image de Roger Federer chez nous. Par exemple, lorsque Zhang Jike a déclaré forfait à l’Open de Chine il y a quelques jours, les réactions ont été énormes. Surtout les filles, car il est considéré comme « le beau gosse du ping chinois ». J’ai vu une vidéo où certaines pleuraient dans le public (ndlr : voici la vidéo en question). Les derniers championnats du monde ont aussi été très suivis avec plus de 219 millions de téléspectateurs sur la télévision chinoise sur la durée du tournoi. En Suisse, on en est tout de même bien loin.

Ce manque de visibilité a une influence sur l’argent dans le ping ?

Oui, c’est clair que c’est un peu la galère (rires). Mais je peux difficilement me plaindre car je suis assez bien lotie. En étant numéro une de mon pays , la fédération m’aide beaucoup. Ce n’est pas la même chose dans d’autres fédérations plus grandes. En France par exemple, certaines joueuses qui ont un niveau plus ou moins équivalent au mien n’ont pratiquement pas d’aide financière car elles ont un ranking national plus bas. C’est la chance de jouer pour un petit pays.

Quels sont tes objectifs ?

La saison prochaine, on va essayer de se maintenir en Pro B avec mon club de Nîmes. Mais mon objectif principal reste de participer aux Jeux Olympiques de 2020. L’année prochaine, il y aura un nouveau ranking mondial qui se basera sur le même système que celui du tennis. Un nombre de points attribués par tour passé dans chaque tournoi dépendant de l’importance de celui-ci. Comme je participe à beaucoup de tournois, ce système m’avantage. Selon les estimations actuelles, si ce système avait été mis en place pour cette saison, je serais à la 85e place mondiale environ. Cela augmente donc mes chances de participation. Mais une blessure de quelques mois peut vous faire perdre de nombreuses places. Donc il faudra être en forme pour les 2 années précédant les JO.

Photo: Rémy Gros

Existe-t-il une grosse différence entre les femmes et les hommes au tennis de table ?

On me pose souvent la question. Oui il y a une différence. Déjà au niveau physique, comme dans tous les sports : force, vitesse, etc. Mais il y a également une différence au niveau tactique. En effet, les femmes jouent généralement plus près de la table.

Petite question vocabulaire : soyons enfin fixés, on dit ping-pong ou tennis de table ?

Dans le milieu, on dit plutôt « ping ». On dit rarement ping-pong. Mais quand on parle avec des personnes externes au ping, on essaie de dire tennis de table. Cela fait plus pro.

Dernière question, on dit souvent que le ping, c’est pas vraiment un sport et que c’est plutôt une activité d’été avec une bière à la main. Y a un peu de vrai non ?

C’est vrai que quand je dis que je suis joueuse pro, les gens rigolent généralement. Mais je pense qu’on peut y jouer de façon détendue à la piscine. C’est ce qui fait la popularité de mon sport. Tout le monde y a joué au moins une fois dans sa vie. Cependant, si on veut jouer à haut niveau cela demande des sacrifices comme tous les autres sports. Des entraînements tous les jours, de la technique, de la tactique, du mental. Je fais aussi plusieurs entraînements physiques durant la semaine car c’est un sport exigeant. Donc je répondrais que ça dépend de quel est notre objectif. L’important est de prendre du plaisir ! C’est le principal !

 

Merci beaucoup à Rachel pour cette interview. On lui souhaite plein de succès pour la suite ! Si vous souhaitez la suivre, vous pouvez visiter le site web de la fédération suisse de tennis de table.

A propos Valentin Henin 67 Articles
Je raconte des trucs, je fais des vidéos, tout ça, tout ça...

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