Pigeon de mars 4 : Christian Dubé

On savait le directeur sportif et véritable homme-orchestre de Fribourg Gottéron excessivement zélé. On en veut pour preuve son travail d’assistant-matériel pour l’infortuné Jim Slater lors d’une confrontation face à l’anciennement turquoise et quasi invincible armada de Rapperswil qui a déjà sa place dans le musée des horreurs de la BCF Arena (non, cher correcteur automatique, pas d’accent aigu pour celle-là), aux côtés notamment de la faramineuse confrontation entre l’abominable Jeff Shantz et le photoshoppé Eric Landry en 2005. On sait maintenant également que si la poignée d’irréductibles ultras qui se rendent encore et toujours au stade à l’heure où nous écrivons ces lignes préfèrent faire la chenille dans les tribunes pendant que leurs joueurs font subir la torture du tour de placement le plus chiant de l’histoire à tout un canton, la responsabilité de l’idole des barbiers de Suisse occidentale est largement engagée.

En effet, Christian Dubé a réussi l’exploit non négligeable de passer d’un discours d’avant saison prévoyant un titre national dans un futur proche, une épopée au long cours en Coupe et bien sûr une qualification pour les playoffs (lâchant même au passage ce qui est maintenant devenu un hashtag cher à tout club romand dont les ambitions dépassent largement les moyens réels : #LaCultureDeLaGagne) à une fin de saison en queue de Dragon poussant certains fans belliqueux à jeter leur précieux abonnement à la tête des joueurs sans autre forme de procès. Le bilan de Julien Sprunger et ses potes est en effet famélique : 10ème de la saison régulière, un cinglant 6-1 à Berne en huitième de finale de la Coupe et les espoirs de titre(s) redevenus aussi flous que les modalités de mise en oeuvre du Brexit. Un autre Christian, monarque absolu de l’Olympique des Alpes, ne renierait pas un tel bilan. La seule différence notable étant que l’affreusement hermétique à la langue de Molière et donc bien mal nommé Mark French, coach de son état, est en place depuis 2017 à Saint-Léonard. Autant dire trois éternités dans l’esprit de CC. Le directoire dzodzet a même eu la brillante idée de prolonger son contrat jusqu’en 2021 avant même que la présente saison ne débute. Visionnaire.

Si la prolongation de l’entente entre Gottéron et son entraîneur ne peut être directement imputée à l’énergique et ô combien charismatique Québécois, que dire des erreurs de casting au niveau de la glace ? L’honnête tâcheron Andrew Miller était censé remplacer le virtuose Roman Cervenka (qui s’est consolé avec une saison encore plus pourrie chez les starlettes zurichoises), Philippe Furrer ne devait en principe pas avoir autant d’influence sur le nombre de lits d’hôpital disponibles dans le District de la Sarine et Noah Schneeberger est passé de renfort de choix à pendant fribourgeois de la Passoire Lindbäck de son ancien club des montagnes grisonnes. Si l’on ajoute à cela la terriblement peu surprenante descente aux enfers du jadis Top Scorer Kilian Mottet, métronome bien connu, dès la seconde où son stylo est entré en contact avec le document prolongeant son bail jusqu’en 2023, on jurerait que Christian Dubé est au mieux maudit et au pire coupable de choix sportifs plus que douteux.

Comme l’ancien attaquant, plus prolifique dans le slot qu’en costume trois pièces, a lui-même apposé sa griffe (avant la saison également, comme il se doit) au bas d’un texte le liant au club pour les quatre prochaines années, la rédaction de Carton-Rouge vous propose, chers lecteurs, de lui octroyer un pigeon pour égayer son bureau dans lequel il est promis à une multitude de grands moments de solitude durant les saisons à venir. Einstein a dit un jour que la définition de la folie était de sans cesse reproduire le même processus et de s’attendre à des résultats différents. A Fribourg, on adore. D’ailleurs on devrait le faire signer jusqu’en 2023 ce Einstein, histoire de ne surtout pas changer une équipe qui gagne.

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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