Tout est tombé à plat, c’est la faute à Gianluca

N’importe quel observateur genevois vous le dira : traditionnellement, les Aigles produisent de piètres performances après la pause de la Deutschland Cup. Peu importe que cette «tradition» se soit vérifiée uniquement — mais de façon retentissante – la saison dernière. C’est avec une certaine fébrilité que le public a retrouvé le chemin des Vernets. Le résultat du match ne l’aura pas déçu à ce niveau-là au moins. À tel point que l’on commence parfois à échafauder des scénarios apocalyptiques.

Pour expliquer la défaite contre Bâle, beaucoup de monde (dont le Matin, ce qui n’étonnera pas grand monde) a trouvé une explication confortable, quoique aussi originale et inventive qu’un tableau de Michel Kamber : c’est à cause du gardien. Concentrés sur les prestations du dernier rempart sur les buts rhénans, ces critiques ont malencontreusement oublié d’observer le reste de l’équipe à la recherche d’éléments permettant de relativiser la responsabilité du Léventin.Par exemple, Gianluca Mona contrôle incontestablement mal le tir de Thomas Nüssli sur le 2-1. Cela dit, si le topscorer rhénan ne s’était pas retrouvé seul juste devant le but, toute la défense ayant été mise dans le vent par une passe dans le dos somme toute classique de Stefan Voegele, la tâche du gardien en aurait sans doute été facilitée. Si Robin Breitbach n’avait pas livré une émouvante interprétation de la «Mort du Cygne» par une chute d’une grâce admirable que n’aurait pas reniée Brian Joubert, peut-être que Régis Fuchs n’aurait pu servir un Andreas Camenzind totalement libre de ses mouvements dans le slot, avant que Jussi Tarvainen, encore plus isolé ne puisse transformer le rebond. Et peut-être que si Mona n’avait pas admirablement stoppé une reprise à bout portant de Voegele, là encore totalement oublié, les derniers espoirs genevois auraient été anéantis à dix minutes de la fin.
La recherche du bouc émissaire est vaine, on le voit, tant les explications sont nombreuses et imbriquées. Le hockey serait un sport d’équipe, paraît-il. Si Gianluca Mona n’a de loin pas livré sa meilleure prestation de la saison, la défense, orpheline de Goran Bezina, inaugura une opération «patinage libre» devant le but. La ligne Treille-Meunier-Fedulov, si admirable d’habitude, ne se fit remarquer que par sa présence sur trois buts bâlois. Entre autres.


Photo ©Pascal Müller

Mais malgré toutes les lacunes qu’ils ont démontrées, les Grenat n’ont en fin de compte pas livré un si mauvais match que cela. Ils ont souvent dominé, avec leur habituel manque de réussite dans le dernier geste, certes. Et les Aigles y ont cru jusqu’au dernier engagement à 4 secondes de la fin. Jamais on a eu l’impression qu’ils laissaient filer le match.
Autre satisfaction : malgré ce que Thomas Dayer — encore lui — veut bien en dire, le jeu de puissance fut d’une efficacité remarquable, avec un but toutes les 4 minutes 55 de supériorité. Responsable de cette performance, la ligne des Canadiens, parfois décriée avant la pause, fut absolument intenable. Elle signe d’ailleurs les 4 réussites genevoises.
Gâtés par un début de saison hors normes, nous avons un peu tendance à oublier que l’on ne peut pas gagner tous les matches. Il n’est jamais agréable d’essuyer les plâtres, mais il fallait bien que ce Bâle très réaliste l’emporte une fois à l’extérieur (Lugano en fera un jour autant hors du Tessin, vous verrez). Il vaut mieux en tout cas attendre que ce qui a été vu mardi se confirme sur plusieurs matches avant de jouer les redresseurs de torts. N’en déplaise à certaines personnes en mal de sensationnalisme et d’explications simplistes.

Genève-Servette – Bâle 4-5 (1-3 2-2 1-0)

Patinoire des Vernets: 5’029 spectateurs

Arbitres : Daniel Stricker ; Matthias Kehrli, Adrian Sommer.

Buts : 1’13 J. Tarvainen (L. Gerber) 0-1, 5’40 K. Law (J. Wright, J. Gobbi / 5 contre 4 / S. Tchuor) 1-1, 11’35 T. Nüssli (S. Voegele, A. Châtelain / 5 contre 4 / M. Knoepfli) 1-2, 13’01 N. Anger (P. Della Rossa, J. Campbell) 1-3, 20’30 S. Aubin (O. Keller) 2-3, 22’01 J. Tarvainen (A. Camenzind, R. Fuchs) 2-4, 24’07 K. Law (J. Wright, S. Aubin / 5 contre 4 / R. Bundi) 3-4, 32’00 P. Della Rossa (R. Fuchs, A. Camenzind) 3-5, 44’22 S. Aubin (J. Gobbi, J. Wright / 5 contre 4 / P. Liimatainen) 4-5.

Genève-Servette : G. Mona ; R. Breitbach, P. Rytz ; O. Keller, J. Gobbi ; S. Schilt, J. Mercier ; J. Wright, S. Aubin, K. Law ; Y. Treille, L. Meunier, I. Fedulov ; M. Knoepfli, M. Trachsler, J. Cadieux ; G. Augsburger, P. Savary, C. Rivera ; Jér. Bonnet. Absents : G. Bezina (adducteurs), J. Horak (dos), T. Déruns (côtes).

Bâle : D. Manzato ; P. Liimatainen, C. Bright ; A. Plavsic, G. Voisard ; R. Bundi, L. Gerber ; F. Collenberg, S. Tchannen ; N. Anger, J. Campbell, P. Della Rossa ; T. Nüssli, A. Châtelain, S. Voegele ; R. Fuchs, A. Camenzind, J. Tarvainen ; S. Schnyder, S. Tschuor, J. Walker. Absents : M. Wütrich, M. Astley (blessés), R. Stalder, C. Ruhnke (prêtés à Olten).

Pénalités : 6 x 2′ contre Genève-Servette, 13 x 2′ contre Bâle.

Notes : 59’00 Gianluca Mona quitte sa cage pour 23 secondes. 59’46 Temps mort Genève-Servette, qui fait ensuite contrôler avec succès la crosse de Jussi Tarvainen. Gianluca Mona cède sa place à un attaquant jusqu’à la fin du match.

Écrit par Yves Grasset

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