LHC : l’histoire peut-elle se répéter ?

Le Lausanne Hockey Club est sans doute un club à nul autre pareil. Il peut suffire de quelques défaites pour que la crise s’installe, que les joueurs soient tétanisés par la peur de mal faire et que l’équipe s’enfonce dans les profondeurs du classement. A l’inverse, une série de victoire peut provoquer un engouement et un enthousiasme qui permettent à une équipe moyenne de devenir irrésistible.

En automne 1993, le LHC, qui vient d’échapper de peu à la relégation et à la faillite, se traîne en queue de classement et Malley est tellement vide que l’on peut assister aux matches assis dans le virage ouest. L’arrivée de Claude Verret et une confiance retrouvée transformeront l’équipe qui effectuera une remontée spectaculaire, enterrera à jamais les rêves de LNA de Martigny et René Grand lors d’une demi-finale d’anthologie, et n’échouera qu’en finale contre Rapperswil non sans avoir manqué une balle de match à 2-1 dans la série devant 11’000 spectateurs à Malley. L’état de grâce se poursuivra la saison suivante avec l’apothéose que l’on sait le 4 avril 1995. En septembre 2000, un changement d’entraîneur contesté (Fuhrer pour Laporte), une campagne de transfert jugée ratée et des matches amicaux catastrophiques font craindre le pire pour le LHC. Huit mois plus tard, le club retrouvera la LNA après avoir survolé la saison. Là aussi, l’euphorie durera encore une année, puisque les Lausannois, avec l’équipe sur le papier la plus faible des cinq saisons de LNA de leur passé récent, ne manqueront les play-offs que pour deux points et un sombre arrangement entre Zähringen.


Photo © Pascal Muller

Alors que le LHC a enlevé samedi sa dixième victoire consécutive à domicile contre une équipe de LNB, au terme d’un match de grande qualité contre le leader Langenthal, il est permis de se demander si une telle période d’euphorie n’est pas à nouveau en train de s’installer sur Malley. Ce qui pourrait valoir de grandes satisfactions au printemps prochain. Il peut certes paraître incongru d’évoquer une promotion alors que l’équipe se traînait encore sous la barre il y a peu. Néanmoins, force est de constater qu’il se passe à nouveau quelque chose à Malley. Pendant plus d’une saison, le Lausanne HC (dirigeants, joueurs, supporters) a traîné comme un boulet le traumatisme de la relégation contre Bâle. Aujourd’hui la page semble enfin tournée et le LHC en mesure d’avoir à nouveau des projets d’avenir. Tout n’est pas encore parfait, loin de là : l’équipe est encore trop inconstante en déplacement, le contingent suisse manque toujours de profondeur, certains éléments qui devraient être des leaders réalisent une saison en demi teinte (Conz, Kamber, Schäublin) et la défense reste trop perméable. Les dirigeants devraient sérieusement se poser la question s’il ne serait pas judicieux d’investir pour acquérir les deux ou trois renforts véritables qui permettraient de combler ces lacunes. Avec une finale de LNB, voire mieux, le retour sur investissement serait assuré.
Car actuellement, aucune formation de LNB ne nous paraît hors de portée du LHC. Cela a encore été démontré samedi contre le leader Langenthal dans ce qui s’apparentait à un match au sommet, même si cela ne ressortait pas clairement du classement. Il y a eu du rythme, des occasions, des buts superbes, peu de fautes et une belle ambiance, les 3095 spectateurs (score un brin décevant pour un samedi soir) sont repartis comblés. Bien que moyennement secondés par un Brechbühl en deçà de ses performances récentes, les Canadiens Bélanger et Lefèbvre ont une nouvelle fois pris une part prépondérante dans le succès lausannois. Avec quatre buts et un assist pour Bélanger, cinq mentions d’assistance pour Lefèbvre, les étrangers du LHC ont totalement surclassé la redoutable paire adverse Lecompte-Larouche. Les Lausannois ont une nouvelle fois pu compter sur un Sébastien Pellet en pleine réussite dans ses buts. Le gardien n°30 du LHC n’est pas très rassurant avec de nombreux pucks relâchés mais il a une telle baraka actuellement que ses quelques petites erreurs ne portent jamais à conséquence.
Pellet a ainsi pu permettre aux Lausannois de continuer à faire la course en tête lorsque Langenthal poussait pour égaliser après être revenu de 3-0 à 3-2. Cette remontée bernoise est sans doute le seul petit reproche que l’on peut faire aux Lausannois lors de cette partie : ils n’auraient jamais dû se faire une telle frayeur. Le match aurait dû être définitivement plié lors des époustouflantes dix premières minutes du deuxième tiers durant lesquelles les Lausannois se sont créés une multitude d’occasions (on ne comprend toujours pas comment Schäublin a pu rater à la 29ème à dix centimètres du but vide après une splendide triangulation). Lors de la dernière défaite lausannoise à Malley, le 3 octobre dernier, Thurgovie, mené 3-0, avait pu renverser la situation et s’imposer. Preuve des progrès du LHC, cette fois, face à un adversaire beaucoup plus redoutable que la bande à Félix Burgener, la remontée adverse a pu être contenue et est finalement demeurée sans conséquence. Pour la deuxième fois de la saison, Langenthal est reparti les mains vides de Malley, ce qui peut donner un petit avantage psychologique aux Lausannois si d’aventure les deux formations devaient se rencontrer en play-off. Car la participation du LHC aux séries finales ne fait aujourd’hui plus guère de doute. Les joueurs de Paul-André Cadieux pourraient définitivement assurer celle-ci cette semaine, en affrontant les deux équipes situées juste au-dessous de la barre, Olten au Kleinholz mardi et Martigny à Malley samedi prochain. Le venue des Octoduriens à Malley un 23 décembre est un beau cadeau de Noël fait au LHC : c’est l’assurance d’une belle affluence et d’une victoire facile.

LHC – Langenthal 5-2 (1-0, 2-2, 2-0)

Malley : 3095 spectateurs.
Arbitre : M. Eichmann.
Buts : 16e Merz (Bélanger, Lefèbvre) 1-0, 25e Bélanger (Lefèbvre, Pellet) 2-0, 27e Bélanger (Lefèbvre) 3-0, 35e Käser (Larouche, 5 c. 4) 3-1, 37e Müller (Gurtner, Moser) 3-2, 54e Bélanger (Lefèbvre) 4-2, 59e Bélanger (Lefèbvre, cage vide) 5-2.
LHC : Pellet ; Merz, O.Schäublin ; Grieder, Kamber ; Benturqui, Ermacora ; Villa ; Lefèbvre, Bélanger, Brechbühl ; Bieri, Aeschlimann, Conz ; Frunz, Staudenmann, Schönenberger ; Bernheim, Rex.
Langenthal : Eichmann ; D. Bochatay, Gautschi ; Kradolfer, Gurtner ; Kläy, Stoller ; Weibel ; Juri, Larouche, Lecompte ; Moser, Müller, Orlandi ; Käser, J. Schäublin, Wetzel ; Rezek, Baumgartner.
Pénalités : 1×2 contre Lausanne, 3×2 + 1×10 (Kradolfer) contre Langenthal.
Notes : LHC sans Botta, Tschudy, M. Bochatay (blessés) ni Lussier (avec l’équipe de France), Langenthal sans Tormen, Kamerzin ni Brütsch (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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