Alors ça, c’est fait…

On a les enjeux qu’on peut. Englué dans le ventre mou de la LNA, Genève-Servette se rendait mardi soir dans le riant Emmenthal avec pour seul objectif un exploit inédit de sa part depuis son retour dans l’élite, même à l’époque où Lausanne y évoluait (façon de parler) : gagner les quatre matches de saison régulière contre un adversaire donné.

Était-ce le voyage qui semble toujours prendre le double de sa durée réelle ? Ou l’abus de fonduettes et de frites au curry ? Ou encore le total manque d’intérêt de l’affiche ? Nul ne le saura jamais. Il n’empêche que les joueurs genevois passaient totalement à côté de leur début de rencontre. Après 15 secondes, Robin Breitbach avait déjà réalisé deux énormes bourdes défensives. Et il ne fallait pas plus de 30 secondes supplémentaires pour que le premier bloc, fraîchement entré sur la glace, ne se lance dans une partie de «celui-qui-va-dans-le-slot-a-perdu», laissant Peter Högardh seul devant le but. Celui qui fut meilleur buteur du championnat de Suède (si si) faisait preuve d’un rare instant d’efficacité et déviait un parfait centre de son top scorer hors de portée de Gianluca Mona.Pire : cinq minutes ne s’étaient pas encore écoulées que, sur le premier jeu de puissance, Martin Stettler trouvait un Marko Tuomainen totalement délaissé au deuxième poteau. Le grand pin finlandais avait même le temps de contrôler avant de pousser le palet dans le but à moitié vide.


Photo Pascal Muller

Reto et la mitaine magique

À ce moment, chez les supporters genevois, on se disait que l’équipe avait soldé la rencontre, et l’on craignait un score final habituellement réservé aux déplacements à Rapperswil. Mais il n’allait pas en être ainsi. Les Aigles réagissaient enfin, évoluant maintenant sur un demi-patin. Deuxième bonne nouvelle : Reto Schürch avait été titularisé pour la première fois depuis sa blessure. Le numéro 75 laissait ainsi étrangement passer un tir de Jamie Wright entre sa mitaine magique et sa jambière, rappelant ainsi aux nostalgiques la lointaine époque des derbies à Malley.
Les Grenat étaient relancés et poussaient leur avantage. Au moment où s’achevait une supériorité numérique, Serge Aubin déviait un tir de Jonathan Mercier entre les jambes du rempart à lézardes emmenthalois. Dans la foulée, la défense locale décidait d’imiter celle de ses hôtes et laissait Laurent Meunier, idéalement lancé par Yorick Treille, s’y reprendre à deux fois pour donner l’avantage à ses couleurs.

Circulez, y a plus rien à voir

Et le match était joué. Oh, bien sûr, Langnau, vexé, tentait une réaction en début de deuxième tiers, parvenant même plusieurs fois à passer la ligne rouge, ce qui n’allait pas souvent être le cas par la suite. Mais ayant bêtement claqué tout son capital de buts marqués en cinq minutes, les Tigres ne faisaient pas véritablement souffrir le gardien genevois. Et comme de l’autre côté, on avait décidé de ne pas forcer outre mesure, on s’ennuyait sec dans les gradins de la patinoire fermée la plus froide de Suisse. Seul M. Kunz, estimant certainement, et c’est tout à son honneur, qu’il ne fallait pas laisser dégénérer un match aussi tendu, animait un peu la partie par ses coups de sifflets pinailleurs. Voire totalement fantaisistes, comme cette charge imaginaire de Matthias Joggi sur un Mona assez mauvais comédien en la circonstance.


Photo Pascal Muller

La plaisanterie se poursuivait dans la période finale, où seule émergeait une magnifique combinaison entre Fedulov, Meunier et Treille. Le tir du poignet de ce dernier étant trop soudain pour que Schürch n’ait le temps de déployer sa fulguro-mitaine, la cause apparaissait désormais définitivement entendue. Sauf pour Christian Weber, qui trouvait qu’il était temps de secouer un peu ses troupes. (On n’est pas très vif dans ce coin de pays.) Mais ni son temps mort, ni la sortie du gardien ne changeait quoi que ce soit à l’issue de la rencontre.
Ainsi, forts de leur premier succès à l’extérieur en 2007 et quasiment certains de terminer septièmes, les Genevois, qui n’auront pas trop entamé leurs réserves, peuvent maintenant se concentrer sur le grand objectif du week-end : gagner une fois à la Resega. On s’occupe comme on peut en attendant les play-offs.

SCL Tigers – Servette 2-4 (2-3 0-0 0-1)

Ilfishalle : 3’687 spectateurs.
Arbitres : Peter Kunz ; Dominique Hofmann, Laurent Schmid.
Buts : 0’46 P. Högardh (M. Tuomainen, M. Stettler) 1-0, 4’43 M. Tuomainen (M. Stettler, M. Joggi / 5 contre 4 / P. Rytz) 2-0, 15’08 S. Aubin [?] (J. Wright, G. Bezina) 2-1, 17’55 S. Aubin (J. Mercier, K. Law) 2-2, 18’10 L. Meunier (Y. Treille, I. Fedulov) 2-3, 53’08 Y. Treille (L. Meunier, I. Fedulov) 2-4.
SCL Tigers : R. Schürch ; M. Stettler, E.-R. Blum ; S. Lüthi, A. Ramholt ; D. Aegerter, C. Moser ; Mich. Jenni ; J. Toms, M. Liniger, T. Miettinen ; M. Tuomainen, N. Sirén, P. Högardh ; C. Neff, F. Sutter, M. Joggi ; A. Rizzello, A. Gerber, F. Debrunner ; S. Moser. 
Genève-Servette HC : G. Mona ; G. Bezina, J. Mercier ; R. Breitbach, O. Keller ; J. Gobbi, S. Schilt ; P. Rytz ; J. Wright, S. Aubin, K. Law ; Y. Treille, L. Meunier, I. Fedulov ; J. Cadieux, M. Trachsler, P. Savary ; C. Rivera, G. Augsburger, M. Knoepfli ; Jér. Bonnet.
Pénalités : 4 x 2’ + 10’ (C. Neff / geste d’humeur) contre les Tigers, 8 x 2’ + 10’ (K. Law / protestations) contre Genève-Servette.
Notes : 53’08 Temps mort pour Langnau. 58’30 Reto Schürch abandonne ses petits camarades. 59’21 Reto Schürch regagne son enclave. Langnau sans B. Fast et M. Leuenberger (blessés). Servette sans Horak (dos) et T. Déruns (épaule).

Écrit par Yves Grasset

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