Entretien II avec Yves Martin

Dans la première partie de cette Place des Grands Hommes publiée le samedi 3 février, Yves Martin nous parlait de son attachement au Lausanne-Sports, de ses plus belles émotions, de ses plus grosses désillusions, de ses 13 ou 14 «Grand Chelems»* consécutifs… Dans cette deuxième partie, Yves Martin évoque les problèmes actuels du Lausanne-Sports, les investisseurs brésiliens, «LS bouge !», la Ligue A, ses «amis» Cornu et Constantin, le nouveau stade… le tout sans détours et sans langue de bois ! Balle au centre, coup de sifflet, la deuxième mi-temps peut commencer !

Carton Rouge : Tu as dit lors du premier entretien que tu étais en froid avec les dirigeants actuels du LS, pourrais-tu nous en dire plus ?Yves Martin : C’est un secret de polichinelle… C’est un peu la tendance actuelle autour du club et je crois que les dernières affluences prouvent que je ne suis pas le seul, même si je n’en tire pas les mêmes conclusions car je continue d’aller au stade. Le gros problème du Lausanne-Sports actuellement, c’est que nous avons eu le vent dans le dos pendant trois ans avec deux promotions successives, un projet qui a beaucoup parlé aux Vaudois et la création d’un capital-actions qui, s’il n’a pas sauvé le club, a permis de repartir sur de bonnes bases. Le but de Guignard était de rendre le LS aux Vaudois et d’instaurer une politique de jeunes issus du centre de formation et entourés d’anciens joueurs tels que Stéphane Chapuisat ou Patrick Isabella. Sur tous les plans, les gens pouvaient s’identifier à cette équipe. M. Guignard avait un discours très cohérent, très calme, très posé que tout le monde pouvait comprendre.
Au moment de la faillite, Lausanne était fâché plus ou moins avec tout le monde. Durant une certaine période, lorsque le FC Aubonne nous demandait de jouer chez eux en match amical pour leur ixième anniversaire ou l’inauguration de leur buvette, LS leur demandait 10’000 francs alors que Xamax y allait gratuitement… On s’était également fâché avec le FC Renens à cause du contrat de Fabio Celestini qui – si mes sources sont bonnes – mentionnait que Renens toucherait une certaine somme si Celestini était transféré dans un grand club en Suisse. Or, vu qu’il a été transféré en France, LS n’a rien voulu payer à Renens, ce qui est une mesquinerie absolue et qui a fâché tout le FC Renens, ses centaines de juniors… et le double de parents ! Les exemples peuvent être multipliés à l’infini, avec également la façon unique qu’avait Kita d’engueuler les Vaudois par voie de presse… Finalement, un tas de gens faisait la gueule au LS ; l’image du club était extrêmement mauvaise à l’époque.


Yves Martin dans sa chambre, dit le «musée»

Quand Guignard est arrivé avec son projet, il a relancé le club, il y avait de l’ambition sur cinq ans, une bonne communication, un projet clair et précis. Tous les feux étaient au vert, le public était nombreux à la Pontaise, on a par exemple fait 7’600 spectateurs contre Vaduz ! Et là, depuis quelques mois, et malheureusement ça coïncide avec le départ de Guignard – sans qu’il y ait forcément rapport de cause à effet -, une alignée d’erreurs ont été commises par des dirigeants qui travaillent dans l’urgence. Lorsque certains dirigeants sont bénévoles et viennent travailler pour le LS après avoir bossé 12 heures pour leur société, ils n’ont pas la même disposition d’esprit ni le temps pour bien travailler vu qu’ils arrivent déjà avec tous leurs problèmes, qu’ils bossent sept jours sur sept et qu’ils ont de lourdes responsabilités. Tous les aspects qu’ils estiment comme accessoires tels que la communication, ont été complètement sabordés. Et qu’est-ce qui fait l’interface entre un club et son public ? C’est la communication ! Quand je parle avec les dirigeants, ils admettent qu’ils ne sont pas bons au niveau de la communication mais ne veulent pas comprendre à quel point c’est important. Pourtant, avec un bon communiqué de presse, tu peux tout faire passer si c’est bien expliqué, de façon claire, sans mentir aux gens.
Il y a six mois, Lausanne-Sports a augmenté le prix de ses abonnements d’une ampleur qui allait de 30 à 40%. Or, c’était la première année où nous n’avions pas fêté de promotion, Stéphane Chapuisat partait, les ambitions sportives étaient revues à la baisse, M. Castella n’était plus là, etc etc… Là-dessus ils ont donc augmenté le prix des abonnements de 30 à 40% sans aucune communication. Résultat, les supporters n’ont pas compris ; le club a finalement expliqué son choix trois ou quatre semaines après en balançant sur Internet un tableau comparatif qui prouvait qu’ils n’étaient pas les plus chers de Ligue B. Mais on ne leur demandait pas ça ! Un petit communiqué, expliquant par exemple que «pour renforcer le secteur administratif sans affaiblir le sportif, nous avons décidé d’augmenter le prix des abonnements», aurait pu passer. En l’occurrence, rien n’a été communiqué. Ce sont des choses qui fâchent. Un coup comme ça est anecdotique, mais quand il y en a vingt, ça explique en partie pourquoi les gens fréquentent moins la Pontaise. D’ailleurs, deux semaines avant le début du championnat, on n’avait pas reçu d’information pour commander nos abonnements. Il n’y avait aucune nouvelle, rien du tout. Le site n’était pas mis à jour !
D’un autre côté, pour une affaire comme Lugano, ils ont réussi à communiquer pour nous tirer dans le dos. Même si notre action était passablement bêbête et pas de la plus grande finesse (ndlr : en signe de protestation suite aux mauvais résultats et à la mauvaise gestion du club, les membres du Blue-White Fanatic Kop avaient exhibé leurs fesses en entonnant «Au clair de la lune» lors de la défaite 4-1 à Lugano), tu peux facilement la remettre dans son contexte et la mettre en balance avec tout ce que fait le BWFK pour le club. Les membres du Blue-White Fanatic Kop l’ont vraiment très mal pris.
Mais l’exemple le plus flagrant de la mauvaise communication du LS, ça a été l’affaire Geiger. En termes de perte de spectateurs au stade, ce fut une catastrophe. En sachant pertinemment qu’il ne pouvait pas imposer Gabet à cause du veto de certains parasites de la Confrérie, M. Laydu est néanmoins allé devant la presse dire que Gabet était le choix du département sportif. Dans la foulée, son ami d’enfance Dubath (ndlr : journaliste à 24 heures) a balancé un sondage démontrant que 80% des Vaudois étaient pour l’arrivée de Gabet. Résultat, deux jours après, le président de la Confrérie vient expliquer que ce ne sera pas Gabet mais Geiger ! Ça donne l’impression que le club est divisé, qu’il n’y a pas une communication cohérente. Ce qui a aussi fâché les gens, c’est le fait de comparer Gabet à Geiger. En termes de charisme, d’attachement au club et même de palmarès, c’est incomparable ! Geiger est le «permafrost» du football suisse ! Quand on perd 4-1 à Lugano, Geiger a le sourire devant les caméras ! En tant que supporter qui a fait plus de 600 km pour voir cette merde de match, tu as envie de le gifler, je m’excuse. Les Vaudois étaient donc très déçus. Depuis combien de temps dit-on que Gabet doit une fois avoir sa chance au LS ?


Photo Pascal Muller

Toutes ces erreurs de communication et de choix mises ensemble, font que les gens se sont de nouveau fâchés avec le club. Et surtout, les gens ont l’impression d’avoir été trahis, que tout redevient comme avant. Depuis quelques mois, c’est la catastrophe. On a toujours parlé de cinq ans pour remonter en Ligue A. Lausanne ayant recommencé en 2ème ligue inter en 2003, on devrait donc parler de 2008, l’année prochaine, pour rejoindre la LNA. Depuis six mois, comme par hasard, on n’a plus du tout évoqué cet objectif. Maintenant on commence à parler de l’année de construction du stade. L’objectif ne sera pas tenu.
Toutefois je tiens à souligner, parce que je ne veux pas avoir l’air de toujours casser pour rien, qu’il y a eu un travail extraordinaire accompli ces trois dernières années. C’est seulement depuis quelques mois que tout s’écroule en termes de communication. J’aimerais également souligner que François Laydu a fait son travail en tant que directeur sportif. Quand Mauro et Balthazar étaient indisponibles, on a réussi à engager Thurre et Crettenand, c’est la preuve que ça marche. Je ne dis pas que le comité fait du travail de merde, je dis qu’au niveau de la communication, c’est catastrophique. 
Que penses-tu de ces investisseurs brésiliens et de l’arrivé surmédiatisée du Roi Pelé ?
Après avoir beaucoup réfléchi et essayé de me faire une idée sur ce fameux partenariat, avec les éléments que nous connaissons et les nombreuses zones d’ombre, je suis dans l’état d’esprit suivant :
L’arrivée de Pelé à Lausanne et la déferlante médiatique qui l’a entourée est une bonne chose pour l’image du LS, qui en a rudement besoin. Les journaux, la TV, la radio… Tout le monde a parlé en bien du LS et même dans mon entourage, des personnes qui s’éloignaient un peu du club ces temps ont retrouvé le sourire. 100% de réussite au niveau image donc, surtout pour ceux qui ne connaissaient pas l’existence des contacts avec le Brésil, et pour ceux qui n’iront pas chercher plus loin, ce qui est quand même le cas de la majeure partie des gens.
Personnellement, après avoir été séduit par les présentations TV et radio du projet, j’attendais avec impatience l’édition du lendemain du 24 heures, pour les informations complémentaires. Et c’est là que j’ai été très déçu. En effet, ceux qui se posent des questions et suivent le dossier depuis le début, entre bribes de communications du club et rumeurs diverses, n’ont presque rien appris. Faisons le point des «nouveautés» : nouvelle principale, le fait que Pelé soit partie prenante. Puis le fait que cette «structure» a des intérêts aujourd’hui déjà dans un club de deuxième division au Brésil. Ensuite le fait que Vité a toujours un pied dans le projet, et enfin l’hypothèse qu’un ou deux joueur(s) pourrai(en)t déjà débarquer à la mi-année. Rien d’autre. C’est déjà beaucoup ? Mmmhhh…

Je ne veux pas faire le rabat-joie mais le fait que Pelé soit garant du projet, s’il en donne une image très positive, ne signifie pas que ce soit un bon, ni un mauvais partenariat. Seule la connaissance de son contenu peut nous permettre de nous faire une idée. Je ne reviens pas sur le fait que Pelé est également apparu comme garant du projet de Marc Roger à l’époque, mais pour prendre l’exemple d’une autre légende dans un autre sport, je ne pense pas que ceux qui ont fait confiance à Bjorn Borg sur le plan financier après sa carrière se sont consolés après les faillites en pensant au fait que quand même, c’était un sacré joueur.
Je suis certain qu’il y a moyen de se faire de l’argent honnêtement en formant des joueurs brésiliens au Brésil et aux coûts du Brésil, et en les revendant en Europe aux prix européens. Donc l’idée directrice ne me semble pas viciée. Mais le fait que tout passe par un fonds d’investissements basé au Luxembourg ne donne pas une image très transparente du montage financier qui sous-tend le tout. Je rappelle que derrière le partenariat mort-né avec Lucchese se trouvait également un fonds d’investissements, SLC Consulting. On a vu ce que ça a donné. Chat échaudé craignant l’eau froide, vous me pardonnerez d’attendre de pouvoir juger sur pièce.
Mais pour moi le principal point d’incompréhension vient des quatre prochaines années. Ces 500’000 francs que les Brésiliens vont nous verser par saison, il y a quoi en contrepartie ? On est tous d’accord pour ne pas parler de philanthropie. Quand les Brésiliens vont vraiment débarquer dans 4 ans, on leur sera «redevables» de 2’000’000 de francs. Alors quelle marge de manœuvre, quelle contrepartie ? Il y a quelque chose qui cloche. Pourquoi n’ont-ils pas monté leur affaire tranquillement dans leur coin, puis dans 3 ans ils annoncent que les premiers joueurs, formés dans une structure professionnelle et avec le soutien de Pelé, sont prêts ? Pas difficile à ce moment de trouver un club «receveur», sans passer par la case «j’investis 2 millions dans le vide».
Peut-être suis-je trop pressé, mais j’aimerais bien que le LS communique rapidement sur les aspects sportifs de ce partenariat. Maintenant que c’est signé, ils ont quoi à perdre à nous éclairer ? Quelles sont les exclusivités qui se trouvent dans ce contrat ? Dans quelle mesure sommes-nous «obligés» d’aligner leurs perles ? Quelle exclusivité ont-ils conclus ? Aura-t-on le droit de faire venir d’autres joueurs que via leur filière ? D’autres extracommunautaires ? D’autres Brésiliens ? Et puis quand même au moins un indice financier : le LS paiera quel prorata du salaire de ces joueurs ? Et touchera quel prorata de leur somme de transfert ?
Il reste pour moi trop de questions pour m’emballer sans savoir. J’espère que nous aurons rapidement une bonne et solide communication à ce propos.
Tu es l’un des fondateurs de l’association «LS bouge !». Pourrais-tu nous en parler et expliquer pourquoi elle a été dissoute le 2 février 2007 ?
A la fin de l’époque Jaton / Kita, absolument personne ne voulait mettre un sou dans le LS car ce tonneau des Danaïdes n’inspirait pas confiance. De notre côté, nous avons essayé de créer une association de soutien financier. On ne pouvait pas laisser le club mourir sans tenter quelque chose. Nous nous sommes donc créés des statuts et avons lancé «LS bouge !». Notre leitmotiv était «ouverture, communication, transparence». Derrière ces mots-là, il y avait des exigences claires.
Pour nous, ouverture c’était de proposer des actions abordables pour le commun des mortels. Parce qu’au début le club parlait d’actions à 500 francs pièce ou à 200 francs pièce. On a finalement réussi à convaincre le club de vendre des actions à 50 francs. C’était un bon compromis. Je pense que «LS bouge !» a eu une grande part dans cette décision.
La transparence, c’était de demander au club de nous envoyer des factures qu’on paierait à sa place. Sur les 71’000 francs qu’on a versés au LS depuis notre création en 2002, chaque centime a servi à régler des factures, rien ne s’est retrouvé dans des poches non identifiées. A l’époque, ce clown de Jaton nous avait dit que si on payait les factures à leur place, le LS devenait notre créancier. Ce mec est juriste, ça fait peur… Il n’a jamais voulu saisir notre main tendue. Le seul truc que j’admets, c’est qu’on ne vivait pas sur la même planète : lui cherchait 1,2 million pour sauver le club, nous on arrivait avec 30’000 francs. Mais derrière ces 30’000 francs, il y avait 242 personnes, ce que Jaton n’arrivait pas à comprendre. Et 242 personnes, lorsqu’on jouait des matches devant 1’000 spectateurs, ça représentait le quart du stade.

Une des premières choses qu’a faite Guignard en arrivant, c’est de nous ouvrir les bras et d’accepter qu’on paie des factures du club. Nous avons alors acheté pour 22’000 francs d’actions et un des premiers versements effectués était de 10’000 francs pour du matériel, afin que le club puisse finir sa saison en Ligue B. Guignard a dit à au moins deux reprises : «S’il n’y avait pas eu le «LS bouge !», Lausanne ne finissait pas la saison». Ça c’était un peu notre petit titre de gloire, en toute modestie.
La troisième condition, c’était d’avoir une bonne communication de la part du club. Pendant les quatre premières années, on avait mis sur pied un principe de questions sur Internet. Les gens posaient des questions sur un forum et de mon côté, dès qu’il y en avait trois, je téléphonais à Laydu qui me donnait les réponses, et je les mettais en ligne. On a eu plus de 250 questions, de toutes sortes, qui ont été répondues ainsi. Jamais le club n’a refusé de répondre à une question. Par contre, ils étaient très forts pour répondre à côté de la plaque, pour botter en touche ; ma foi, ça reste une forme de communication. Finalement, on s’est un peu laissé endormir par cette formule, considérant que c’était un bon début et que c’était suffisant. Mais il y a huit mois, quand tout a commencé à partir en couilles, on s’est rendus compte que c’était en fait le cache-sexe de toutes les conneries qu’ils faisaient. Ils s’en servaient comme ça. Quand on leur faisait des remarques sur la communication, ils disaient qu’ils avaient répondu à toutes les questions sur le forum. Quand on essayait de leur expliquer que ce n’était pas suffisant, ils faisaient mine de ne pas comprendre. Voici résumé le principe du « LS bouge !».
Pour continuer cette action, nous avions deux exigences principales : la première était que le club réponde au courrier qu’on lui envoyait, ce qui est quand même la moindre des choses. Pourtant, en cinq ans d’existence on a envoyé quatre ou cinq lettres officielles au club, de comité à comité, sans jamais recevoir une réponse ! C’est hallucinant. On est tout de même un groupe qui donnait plus d’une dizaine de milliers de francs au club, et ils n’ont jamais daigné nous répondre ! (Enervé) J’ose espérer qu’ils traitent la Confrérie et le Onze d’Or un peu différemment. Je soupçonne que oui puisque c’est des gars qui mettent vingt fois plus que nous. On mettait 15’000 francs par année alors qu’ils en mettent 300’000 ou 350’000.
La deuxième chose qu’on demandait, sur laquelle on était absolument intransigeant, c’est que le club fasse un communiqué lorsqu’une information filtrait dans la presse. La dernière fois qu’on a vu le comité en octobre, ils ont accepté et trois semaines après ils avaient déjà violé cet engagement. C’est à ce moment que le comité du «LS Bouge !» a décidé de poser les plaques. Nos membres, à une majorité de deux tiers des présents, ont accepté la dissolution lors d’une AG extraordinaire le vendredi 2 février 2007. 
Qui serait le meilleur président pour le LS selon toi ?
Je ne connais pas MM. Nellen et Stretti, les deux personnes qui ont officiellement fait montre de leur intérêt. Ça m’est dès lors difficile de juger. Maintenant, plus que le nom du prochain président, ce qui m’intéresserait, c’est de voir la structure que le nouveau président aimerait amener au club. M. Stretti a déclaré vouloir s’entourer de gens représentatifs de la société (une personne du monde des affaires, une personne du monde sportif, une personne du monde politique, etc.) et en faire un pool de gens pour lequel il faudrait manifestement trouver un président, M. Stretti n’étant apparemment pas prêt à endosser ce rôle par manque de temps. Ce que je constate, ce qu’il y a des liens très étroits entre M. Laydu et M. Dubath et que ça a été très utile au club. Ce que je constate aussi, c’est qu’on n’a quasiment jamais évoqué MM. Stretti et Nellen dans le 24 heures, on en a surtout parlé dans Le Matin. Avec ma parano, je ne peux pas m’empêcher de dire que si ces candidatures plaisaient vraiment à Laydu, il s’arrangerait pour faire passer le message via le 24 heures. Je suis peut-être maniaque ou vois des complots partout mais je pense que si M. Laydu voulait vraiment mettre en avant l’une de ces candidatures, il se servirait de son relais extraordinaire avec le rédacteur en chef de la rubrique des sports du plus grand quotidien régional. Cependant, j’ai vu M. Laydu en match amical avec M. Stretti à au moins deux reprises, je me trompe peut-être…


François Laydu

Bref, pour quel président faut-il voter ? Je ne sais pas. En tout les cas, il y a un avis que je défends qui est sûrement irréaliste et archi minoritaire : il nous faudrait un président professionnel, une personne qui aime le LS ou, en tout cas, qui connaît très bien le foot et ce milieu-là. Sur un budget annuel de 2,5 millions, il faudrait 200’000 francs pour salarier un président. A l’heure actuelle, on ne peut plus travailler avec des gens qui font ça bénévolement à côté de leur boulot. On l’a vu, on a «cramé» Vité à cause de ça et on n’était pas très loin de «cramer» Guignard aussi. Il nous faudrait un président à plein temps, qui bosserait 15 heures par jour pour le LS, qui serait compétent, qui aurait à disposition le réseau de connaissance de la Confrérie et du Onze d’Or. Je crois en cette solution. Après c’est clair, il faut 200’000 balles par année…
Certaines personnes disent qu’il faudrait un président-mécène qui puisse injecter quelques millions. C’est une solution à laquelle je ne crois plus. S’il y avait un mécène dans le canton de Vaud, on l’aurait déjà trouvé depuis le temps qu’on le cherche ! En plus, on voit les résultats quand le mécène quitte le club. Quand Gigi Oeri arrêtera de mettre ses millions dans le FC Bâle, ils vont prendre une jolie baffe. Quand Luisier a quitté Sion, ils ont pris une sacrée branlée. Sans parler du LS avec Kita… Je ne crois plus aux présidents-mécènes.
Par rapport au futur, dans combien d’années le LS pourra-t-il raisonnablement viser la promotion en Ligue Nationale A ?
J’ai une grosse peur actuellement sur au moins trois sujets. Le premier, c’est qu’à ma connaissance, il doit y avoir à peu près les deux tiers des joueurs qui sont en fin de contrat cette saison. Connaissant le club, je ne prends aucun risque en affirmant qu’ils n’ont pas encore été approchés. Parmi ces joueurs, certains ont rendu de fiers services à la nation et peuvent partir la tête haute. Des gamins comme Scalisi ou Rey ont été sollicités pendant des années par d’autres clubs mais sont restés fidèles au LS, ils ont rendu service au centuple ! Si ces gars-là veulent partir, je ne pourrais jamais leur en vouloir. Ça c’est mon premier gros souci.
Mon deuxième gros souci, c’est qu’on n’a pas d’équipe de moins de 21 ans ; dès lors, je ne vois par comment on peut s’en sortir. Lausanne voulait avoir une équipe de M21 mais ne l’a pas fait sous la pression des petits clubs vaudois, car ça aurait entraîné la relégation d’un autre club, ce qui – si c’est vrai – est la pire et la plus débile des décisions prises par le LS ces deux dernières années. Le club a absolument besoin d’une équipe de moins de 21 ans ! Dans l’intérêt du football vaudois, LS doit se retrouver en haut de la pyramide. Les intérêts du LS et du foot vaudois sont plus importants que les intérêts du «FC Moche-les-Trois-Clapiers» qui a mené la fronde contre son éventuelle relégation en 3ème ligue. Mais je pense que la vraie raison pour laquelle cette équipe de M21 n’a pas été créée, c’est parce que nous n’avions pas les moyens, une équipe de M21 coûtant environ 200’000 francs. Si nous avions eu les ronds, on serait passé en force, j’en suis presque sûr. Nous allons droit dans le mur sans équipe de M21 ! Notre équipe de moins de 18 ans n’est pas suffisante, il leur manque une étape pour intégrer la première équipe. Des partenariats avec des clubs comme Malley ou Stade Lausanne ne remplacent pas une équipe de M21.
Mon troisième gros sujet d’inquiétude, c’est le nouveau stade dont on parle à Lausanne. J’ai peur que tant qu’il n’y ait pas ce stade, il ne se passe rien au LS. Imaginons qu’on termine ce stade en 2013, j’ai l’impression que pendant les 6 années qui nous séparent de cette date, les gens vont de moins en moins venir à la Pontaise car il y aura «l’effet nouveau stade». Je suis certain que nous allons subir un contrecoup en termes d’affluence. J’ai donc peur qu’il ne se passe rien jusqu’au nouveau stade et qu’on entre dans une «ère glacière», sauf si le championnat de Ligue A passe de 10 équipes à 14 ou 16. Si la formule ne change pas, Lausanne est cliniquement mort jusqu’à l’avènement du nouveau stade.   

Justement, que penses-tu de ce projet de nouveau stade ?
Ce nouveau stade est absolument obligatoire. On ne peut pas s’en passer étant donné que le stade de la Pontaise, sauf erreur, ne sera plus homologué pour la Ligue A à partir de 2009. Je suis tombé des nues en apprenant cela sur le site de l’ASF. Par exemple, une des conditions pour être un «stade LNA», c’est d’avoir des loges. Si on n’a pas de nouveau stade, Lausanne-Sports ne pourra pas jouer en Ligue A. Sauf erreur, il y a une dérogation pour les clubs, pour autant qu’ils aient un projet en route. Ce qui veut dire que même si notre stade est pour 2013, on pourrait continuer à jouer en Ligue A à la Pontaise de 2009 à 2013. Il ne s’agit pas de polémiquer si nous voulons ou pas un stade, on doit avoir un stade ! C’est impossible autrement. La Pontaise est un stade d’un autre âge. On pouvait encore s’en contenter il y a dix ans mais maintenant avec les nouveaux stades qu’il y a en Suisse et en Europe, on ne peut plus continuer avec cette Pontaise, avec sa piste d’athlétisme, ses publicités sur roulette, son Totomat qui ne fonctionne plus tellement il est rouillé… Un nouveau stade à Lausanne est absolument obligatoire. Il n’y a pas de discussion possible.
    
Par rapport à ce stade, quel serait le meilleur emplacement pour le construire ?
Ça fait 15 ans que je fais une collection de bronchites parce qu’il fait -15 à la Pontaise ! Ça fait également 15 ans que je fais plus de bruit le matin en chantant sous ma douche qu’à 40 à chanter à la Pontaise, tellement on est loin et tellement il y a du vent. Ça ne s’appelle pas les Plaines du Loup par hasard ! Si le stade est au sud de Lausanne c’est tant mieux. Pour moi, ils peuvent le construire où ils veulent mais il nous faut un stade à Lausanne !
Une question qui va sûrement te fâcher… Faudra-t-il un jour évoquer à nouveau une fusion du LS avec Yverdon ou Baulmes voire avec le FC Sion ou Servette ?
Voilà une idée qui ne peut sortir que d’un cerveau malade. Cela ne réglerait aucun problème, puisque cela tuerait simplement les clubs pour en fonder un autre. Certes les problèmes du LS seraient résolus en cas de disparition, mais je ne vois pas la plus-value. Personne ne se suicide pour soigner son hoquet. Les problèmes de Malcantone Agno sont résolus aujourd’hui qu’ils ont été avalés par l’AC Lugano, mais ça doit faire une belle jambe à leurs supporters.
Même Constantin qui avait lancé l’idée de son «Olympique Désalpe» n’y pense plus aujourd’hui qu’il truste le haut de l’affiche avec le FC Sion. Cela ne l’intéressait que si cela pouvait le mettre à la tête d’un club qui serait dans le top 5. Allez lui parler de fusion aujourd’hui, il va bien rigoler, ce «marlou» qui avait proposé de racheter le palmarès du LS lors de notre faillite. On voit bien les valeurs du sport que véhicule ce gars…


Photo Pascal Muller

L’autre porte-drapeau de ces fusions est ce pauvre Cornu, avec son FC Romandie. Il est plus proche ces temps de fusionner avec Cuarny, Pomy et Treycovagnes qu’avec nous. Et c’est tant mieux. Ce triste bonhomme, persuadé que le centre de gravité du football vaudois se déplace en même temps que son vieux cul, a par ailleurs tout fait à l’époque pour couler le LS. Juste après la faillite, cette «hyène» se frottait les mains, voyant là la possibilité d’enfin devenir le numéro un vaudois, lorgnant sur notre centre de formation, multipliant les coups bas. Alors que tous les clubs ont été appelés à voter pour permettre au LS de redevenir un club comme les autres (nous avions recommencé en 2e inter avec les statuts d’une équipe M21), seuls deux clubs en Suisse s’y sont opposés : le FC Yverdon et le FC Champagne, dirigé par le fils «papamadi» Cornu. Que personne ne s’étonne de la joie mauvaise que je ressens à voir Yverdon où ils sont aujourd’hui.
Ceci dit, il est clair qu’une fusion ferait perdre aux clubs concernés une partie de la génération actuelle de supporters. Moi, j’arrête demain si le LS ne s’appelle plus LS, qu’il perd son palmarès et ses couleurs. Et je sais ne pas être le seul : j’ai eu l’occasion de longuement en parler avec les potes lors de la faillite, et plus tard avec des copains servettiens lors de la leur. Mais nos fils, quand ils seront en âge de s’y intéresser, s’il n’existe dans ce coin de pays que le FC Trouduc, ils tiendront tout naturellement pour ce club.
Quel âge auras-tu lors du prochain titre du LS ?
Faisons les calculs… Disons qu’on construise ce nouveau stade pour 2013, on monte en Ligue A en 2014, on est champion en 2015, champion d’Europe en 2016 et on gagne la Coupe intercontinentale en 2017 à Tokyo ! (Rires) J’aurai 43 ans, ça me va très bien !
Selon toi, quel est le plus grand joueur du LS de tous les temps ?
On a joué à ça il y a peu avec quelques membres du noyau dur du BWFK. Sachant que nous sommes trop jeunes pour avoir connu l’époque Richard Dürr et les précédentes, on est à peu près d’accord sur les 25 dernières années pour un podium Stéphane Chapuisat – Stefan Rehn – Frank Verlaat. Suivent dans le désordre Brunner, Kuzba, Tychosen, Mazzoni et quelques autres…
Ainsi se termine cette Place des Grands Hommes passionnante, un grand merci Yves !

1ère partie de la Place des Grands Hommes avec Yves Martin * Un supporter réalise un «Grand Chelem» lorsqu’il a suivi tous les matches officiels de son club durant une saison.

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1 Commentaire

  1. Si jamais monsieur le modérateur le commentaire ci dessus contient un lien vers un site qui vend du matériel pour néonazis.

    urgh…

    Sinon la passion dYves Martin mérite vraiment le respect, bravo à toi Yves, …si tu me lis 🙂

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