Bâle – Lucerne ou l’itinéraire d’enfants gâtés…

Samedi 15 heures exactement, centre ville de Lausanne où grouillent les gens, s’animent les rencontres, se bousculent les accrocs du shopping. 15 heures, c’est le rendez-vous ce samedi de quatre potes, chanceux de prendre la route deux heures durant et de s’installer au cœur du football spectacle, du football business. Objectif Parc St-Jacques pour Bâle – Lucerne, l’affiche d’un samedi ordinaire en championnat de Suisse, l’affiche d’un match un peu spécial pour tes deux «serviteurs».

En effet, après LHC – Chaux-de-Fonds le vendredi soir, le confort d’un match en bordure du kop, la bière sans gaz et les schubligs mal cuits des buvettes de Malley, nous sommes invités en loge à St-Jacques.Première étape de cet itinéraire un peu particulier : le Hilton de Bâle, histoire de récupérer billets, bracelets VIP et cartes de parking ou l’équipement standard d’un match placé sous le signe du privilège. Histoire également de saluer l’arrivée de Paul, le p’tit Polo, 6 ans, fan du FCB, tout de bleu et de rouge vêtu, chanceux du jour lui aussi.
En route pour une soirée unique !

Le stade St-Jacques tout d’abord…

St-Jacques se découvre depuis l’autoroute, comme la Praille. A la différence près que si la Praille est une tentative d’œuvre architecturale, un bloc de béton ragoûtant que l’absence de budget aura fini de décorer, St-Jakob triomphe de sa nouvelle tribune, dont la couverture blanche semi-transparente, comme le reste du stade, témoigne si besoin est de l’ambition esthétique et architecturale qui a accompagné la réalisation de ce dernier. Bref, ce cube blanc est splendide et laisse de jour transparaître le bleu et le rouge, couleurs reines de ce magnifique chaudron. C’est le bleu et le rouge qui s’illumineront la nuit tombée et convaincra le plus vaudois des pessimistes que ce stade est magnifique ! Le BASEL.ch de lettres rouges qui s’inscrivent en long et en large à l’extérieur de la tribune visible du bord de l’autoroute est là pour nous confirmer que Bâle n’a rien à envier à sa «cousine» zurichoise, où le nouveau stade sera paraît-il prêt pour l’Euro 2008 – à moins qu’ils n’engagent Nelly Wenger comme cheffe de projet et Marc Roger comme contremaître…
La nouvelle tribune, parfaitement intégrée dans l’enceinte, achèvera les dernières réticences du Vaudois moyen. Une réussite qui a sans aucun doute inspiré Berne et Neuchâtel et qui ne restera nous l’espérons pas lettre morte à Lausanne. Le nez dans les effluves immondes de la STEP, il serait en effet lamentable de se gâcher également la vue, car s’il ne s’apprécie pas avec le nez, le foot se consomme avec les yeux.

Avant de s’engouffrer dans le parking souterrain du stade, privilège d’une de leurs nombreuses cartes d’accès, nous aurons pris note et discuter de la présence massive et fortement équipée des forces de l’ordre cantonales. Comme pour nous rappeler qu’au-delà de l’esthétique et de la ferveur, Bâle est un public, pour sa partie la plus ultra, imprévisible et parfois dangereux, acteur des images les plus tristes de notre championnat.
Le p’tit Polo lui s’en fout ! Pressé de voir ses idoles à l’échauffement, il piaffe devant l’ascenseur qui emmènera nos joyeux drilles au sommet de St-Jacques.

Un accueil et un service 5 étoiles !

Alors que l’ascenseur ouvre ses portes sur l’entrée du restaurant de mille places logé au-dessus de la tribune principale, c’est une petite boutique du FCB et quelques charmantes hôtesses qui nous accueillent. Le restaurant est déjà lui impressionnant : au trois quarts plein près d’une heure avant le match, il laisse transparaître derrière sa longue baie vitrée et ses tables rondes où plusieurs centaines de Bâlois dînent, les tribunes et la pelouse de St-Jakob, superbe !
Mais nos joyeux drilles n’ont pas fini de s’extasier. Après quelques marches d’escalier et un long couloir où s’ouvrent les portes des loges particulières au dessus du restaurant, ils vont prendre place dans ce qui va être pour une soirée leur petit salon privé !
Une table digne d’une étape gastronomique, un écran plat et une vue plongeante sur la pelouse font – entre autres – partie du décor. Ce cadre tend à rendre au foot ses lettres de noblesse. On peut discuter des privilèges, mais ce mélange de spectacle, de ferveur et d’exclusivité est un cocktail unique.

A peine le temps de poser nos vestes que la serveuse remplit les premiers verres. La bière a meilleur goût qu’à Malley et le plateau de sushis nous fait vite oublier le pain sec et la moutarde Thomy de la vieille. Heureux, nous oublions presque qu’il y a un match ; Bâle – Lucerne en l’occurrence, le grand FCB et son budget de 30 millions contre le FC Lucerne de Sforza, Lustrinelli et Cantaluppi. C’est également une rencontre entre deux clubs populaires, deux vraies villes de foot.
Coup de sifflet, les tribunes sont clairsemées, le speaker annoncera plus tard près de 20’000 spectateurs. Bâle reste le meilleur public de Suisse même si on est loin des folles affluences des années 2002-2005. Aussi, on regrette le nouveau visage de la Muttenzerkurve qui, depuis les événements contre Zurich, ressemble un peu à une cage : un grillage et un filet de protection font désormais partie du paysage. Le tifo à l’entrée des joueurs nous rappelle la ferveur de ce kop, toujours aussi bruyant et nombreux. 
Le match commence alors que nous trempons nos lèvres dans un rouge californien. Des Lausannois buvant du vin américain dans une loge à Bâle, l’image est pour le moins insolite. Le match est aussi plaisant que les amuse-bouches concoctés par le traiteur de St-Jacques. Le ballon va d’un camp à un autre, Bâle anime le jeu mais c’est Lucerne qui se procure les plus belles opportunités. Malheureusement pour eux, Lustrinelli est aussi inspiré que Marco Streller lors d’une séance de tirs aux buts…

Le match s’anime à la 40ème lorsque Majstorovic glisse dans les 16 mètres adverses. Assis dans notre loge à plus de 60 mètres de l’action, nous savons tous que le Suédois s’est lamentablement encoublé. L’arbitre, à moins de 2 mètres de l’action, siffle pourtant penalty. C’est le début d’un show lamentable de l’homme en jaune et d’une succession de mauvais choix.
Petric transforme sans trembler et le p’tit Polo peut sauter dans les bras de son père qui s’écrie : «Faites gaffe aux verres de rouge !» Lors du dernier match, les sauts de joie du p’tit Paul auraient fait des dégâts dans la vaisselle de la loge…
Le «tartare de saumon et pomme clochard au jus d’agrumes, accompagné de sa petite salade de feuille d’hiver» (en français sur la carte !) enchantera nos papilles gustatives durant la mi-temps, alors que l’on suit d’un oeil le score des autres rencontres sur le teletext. Mauvaise nouvelle pour Bâle : Zurich mène contre YB.
La seconde mi-temps ne soulèvera pas la foule, mis à part lors des trois minutes de folie de Mario Cantaluppi, ex-joueur du FCB. Quatre à cinq coups de latte distribués, deux coups de pied circulaire, un carton rouge et une sortie sous la bronca de la Muttenzerkurve et une pluie de projectiles.

Le match est terminé, le dîner se prolonge par «une côte de veau sous la mère juste rosée, une presse de rattes du touquet au lard fermier et une perle du nord braisée au jus de viande»… et un hamburger – frites pour le p’tit Polo ! Aujourd’hui, le spectacle était davantage dans l’assiette que sur la pelouse !
La conférence de presse d’après match est diffusée sur l’écran plat mais ne suscite guère notre attention. La côte de veau est plus appétissante que la boule à zéro de Christian Gross ! Et de toute façon, nous ne pipons pas un mot de «schwitzerdutch».
La soirée se termine en apothéose :
parfait glacé au rhum
compote d’ananas vanille
moelleux au gingembre
tuile au grué
N’en jetez plus, la coupe est pleine. Pleine de bonheur ! Nos joyeux drilles n’ont plus qu’à rentrer sur Lausanne et prendre congé des autres convives et du p’tit Polo, qui agite son écharpe pour nous dire au revoir. Dernière anecdote, la rencontre à distance dans une station service avec quatre nazis peu amènes de retour d’un rassemblement en Alsace. Eux, nous en sommes certains, n’auraient pas applaudi les débordements de Tchouga en deuxième mi-temps !

 

Bâle – Lucerne 1-0 (1-0)

Parc St-Jacques : 19’851 spectateurs.
 
Arbitre : M. Zimmermann.
 
But : 40e Petric (penalty) 1-0.
 
FC Bâle : Costanzo; Zanni, Majstorovic, Smiljanic, Nakata; Rakitic, Ba, Ergic, Chipperfield (66e Caicedo); Petric, Sterjovski.
 
FC Lucerne : Zibung; Lambert (87e Diethelm), Mettomo, Dal Santo (87e Bader), Claudio Lustenberger; Cantaluppi, Seoane; Makanaki, Fabian Lustenberger (87e Munsy), Tchouga; Lustrinelli.
Cartons jaunes : 31e Seoane, 57e Claudio Lustenberger, 71e Mettomo, 76e Cantaluppi, 78e Dal Santo, 84e Makanaki, 93e Smiljanic.
 
Carton rouge : 78e Cantaluppi.

A propos Marco Reymond 470 Articles
Un p'tit shot ?

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.