«On ne peut pas continuer comme ça»

Quelqu’un a lu le dernier commentaire de Lucien Favre sur son rôle délicat d’entraîneur de LNA ? Non ? Sûr ? Bon, je vous explique, je suis une bonne âme et Van Helsing sur la TSR, franchement, merci, autant éteindre la TV, en voyant ce super-héros propre sur lui combattre de vilains monstres, j’ai toujours l’impression de voir un entraînement de l’OM et Nasri tacler Ribéry et ça me fait faire des cauchemars (je me réveille toujours en sueur, persuadé d’être en train de me faire arracher un bras, de me plonger une jambe dans l’acide ou d’assister à une conférence de Pierre-Alain Dupuis).

Bon, donc, Lucien Favre a réagi au stage de l’équipe suisse en Floride de la manière suivante : «Il n’y a presque plus personne à l’entraînement ! Mercredi, il y avait les gardiens, Stahel, Von Bergen et… c’est tout. Ça ne peut plus continuer comme ça». Et encore, il a eu chaud, Von Bergen était pré-sélectionné (pour ses gardiens, c’est vrai qu’il y a pas trop de risques). Et Favre en remet une couche : «Je ne remets nullement en cause les équipes nationales mais qui, au bout du compte, paie les joueurs ? Ce sont les clubs. Il y a trop de matches. Cela devient difficile pour tout le monde. Je m’inquiète aussi pour la santé et la fatigue des joueurs concernés. Compte tenu du décalage horaire, dans quel état rentreront-ils de Floride ?»

On constatera que Favre aura eu la décence de ne pas critiquer explicitement Kuhn pour avoir sélectionné ses joueurs (au contraire de Wenger ou d’Houllier avec l’équipe de France), mais franchement, quelle est l’utilité d’une telle réaction, sinon jeter encore un peu plus le trouble dans la maison helvète, à quelques mois d’un championnat d’Europe disputé à domicile ? Favre joue sur deux tableaux : il semble d’abord s’en prendre à la FIFA («il y a trop de matches»), mais dérive gentiment vers l’encadrement de l’équipe suisse en remettant en cause le choix de partir en Floride. On imagine bien que Favre aurait préféré que la Suisse reste dans ses murs pendant ses dix jours et son opinion peut se défendre et se comprendre. Mais enfin, qu’il s’écrase devant l’intérêt général et l’intérêt supérieur du football suisse au lieu de ne pas voir plus loin que le coin sud du Letzigrund et laisse la fédération faire son travail ! Cette tournée, si elle a également été organisée pour des motifs financiers (comme l’a reconnu Ernest Lämmli, délégué aux équipes nationales), aura aussi servi à remettre les choses à plat dans le contexte conflictuel que l’on connaît et aura surtout permis à nos internationaux de se retrouver entre eux loin de l’agitation médiatique. Qui peut prétendre aujourd’hui que ce stage ne sera pas bénéfique à la cohésion de notre équipe nationale en juin 2008 ? Certainement pas Lucien Favre. Alors oui, M. Favre, la qualité de votre travail de formation depuis des années a permis l’éclosion des formidables talents que sont Inler, Dzemaili et Margairaz, et aujourd’hui arrive la monnaie de la pièce : vos poulains sont sélectionnés en équipe nationale, ce qui va leur permettre de prendre de la valeur et rapporter relativement pas mal d’argent à votre club au moment de négocier leur départ. Réjouissez-vous en, félicitez-vous des résultats obtenus, arrêtez de vous plaindre et battez-vous pour le titre, que beaucoup d’amateurs de football, dont l’auteur des ces lignes, souhaitent vous voir remporter une fois de plus. Votre club est une chose, mais l’intérêt supérieur du foot suisse en est une autre, bien plus importante.

Écrit par Cnaptak

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.