Fléau de notre époque, le manque de temps nous guette. Putain d’époque, quel sale temps ! Moi, j’ai envie de me donner le temps, je serai même prêt à payer pour avoir plus de temps ! Mais le temps ne s’achète pas. Par contre, notre société a développé les solutions pour gagner du temps : les fast-food prolifèrent, les TGV vont de plus en plus vite, les chemises sans repassage et même les journaux où il n’y a rien à lire ont vu le jour !
Je n’adhère pas du tout à cette tendance du vite fait bon marché. Suis-je donc de mon temps ? Je ne sais pas, mais en tous les cas, je viens d’effectuer une réservation chez un certain Philippe Rochat pour apprécier un temps fort !Matin Bleu ou 20 Minutes, même combat, même torchon. Si vite lus, tant le contenu et la substance sont faibles, ces journaux se retrouvent vite abandonnés et viennent ensuite polluer les banquettes des trains, des bus et les autres places publiques des grandes villes. Le leitmotiv trop entendu de «journaux pour les jeunes» avec en résonance «du gratuit de qualité», mais en non-dit «faire du gratuit pour survivre» peinent à me convaincre. De qui se moque-t-on avec ces journaux alimentés presque uniquement de brèves d’agence de presse ? Ces journaux correspondent néanmoins assez bien avec notre époque : désabusée et inculte. Je continue d’aller à contre-courant par rapport aux idées de bon nombre de personnes et comment dire, j’attache un certain prix à ne pas lire un gratuit.
Je préfère rester fidèle à «mon» Temps, le journal qui distrait mon voyage matinal entre Lausanne et Genève. Le journaliste Alain Campiotti que j’avais clairement cité dans mon premier édito Le Dessus du Panier fut nommé journaliste romand de l’année 2006 alors qu’il était rédacteur dans ce journal. Voilà qui me fait dire que c’est un journal absolument nécessaire dans l’offre des quotidiens romands. En effet, il propose des articles de fonds, des reportages intéressants et une vue approfondie sur l’actualité suisse, internationale, sportive ou culturelle. Mais une fois de plus, le dilemme est propre au Temps : en 35 minutes entre les deux chefs-lieux, je n’ai pas le temps de le savourer complètement.
Alors si l’on cherche dans le prêt-à-consommer, mais indigeste, on prendrait presque le temps de zapper vers la télévision. Néanmoins, on s’aperçoit vite que nous ne sommes pas gâtés. Le temps d’antenne des commentateurs sportif de la TSR devrait être fortement réduit. La TSR et ses commentateurs sportifs ont déjà fait l’objet d’un excellent article de la part de mes confrères Vince McStein et David Despont. Il n’y a rien d’autre à ajouter tant l’article fut un fidèle portrait d’une équipe de poissons-clowns dans leur aquarium télévisuel. Et le Pigeon d’Or de Mars vient de confirmer que Jean-François Develey et sa fatuité insupportable ne sont guère appréciés.
De mon côté, j’ai manqué à ma mission d’écrire des articles sur une base régulière et cela pourrait se reproduire. Mon portable m’a abandonné lorsque je me trouvais à Bangkok le mois passé et dès mon retour dans notre chère Helvétie, j’ai été terrassé par une grippe. Ma petite rubrique de basketball au sein de CartonRouge.ch va-t-elle survivre à tant de mésaventures ? Le temps mort fut long, j’en conviens… Je pense quand même pouvoir assumer ma fonction, même si – comme certains – je prétends trop facilement que «je n’aurai pas le temps».
Depuis maintenant six mois, la rédaction de CartonRouge.ch fait un travail extraordinaire, à l’aide d’une équipe qui ne l’est pas moins ! Le mauvais bâtisseur valaisan, la princesse de Saxon ou encore les journalistes arrogants en prennent pour leur grade ! J’avoue volontiers que je suis impressionné par la qualité des articles de mes collègues. Oui, la rédaction a vraiment réalisé un beau travail durant ces premiers mois de diffusion et cela doit être souligné. La critique aiguisée a encore du bon temps, si seulement vous prenez le temps de consulter CartonRouge.ch quotidiennement !
Écrit par Anthony Reymond
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