Hervé Gantner 11ème à Monza

Après une première course au Mugello pénible, perturbée par des contre-temps et des mauvais réglages, «RV» Gantner a bien redressé la barre lors de la 2ème manche du championnat d’Italie à Monza en terminant 11ème.

Pourquoi parler d’un mec qui termine 11ème d’une course de championnat d’Italie me diront certains ? Eh bien toi, ami lecteur, si tu fais partie de ces certains, continue de lire cet article, il va te permettre de passer du statut de simple lecteur à celui d’initié ; il va te permettre, je l’espère, d’entrer dans l’esprit de ce qu’est «être un pilote suisse». Hervé Gantner, c’est pour moi un des symboles du sport motocyclisme en Suisse.

 Hervé Gantner, 25 ans, est originaire de Satigny (GE) 

En 2004, il devient le dernier champion suisse de l’histoire en catégorie Supersport. En 2005, il dispute la coupe du monde Superstock 1000 avec des classements plus qu’honorables vu le peu de moyens à disposition. En 2006, il débute la saison également en coupe du monde Superstock 1000 avant de devoir l’interrompre à cause de certains sponsors qui ne tiennent pas leurs engagements. Il revient pour les quatre dernières courses et montre à tous ceux qui sont au bord de la piste que la Suisse ne produit pas que des montres et du chocolat, mais aussi des pilotes. Hélas, pour la saison 2007, il est atteint par la limite d’âge et ne peut pas disputer la coupe du monde Superstock 1000 ; aller au mondial Supersport l’aurait condamné à vendre jusqu’à ses vieilles grolles qu’il porte depuis trois ans (et il aurait probablement même pas eu le 10% du budget requis). Il lui restait donc deux options : la retraite forcée à 25 ans ou alors aller se faire voir non pas chez les Grecs, mais chez les Italiens. C’est clair que ça sonne moins bien de dire «je roule en championnat d’Italie» que «je dispute la coupe du monde» mais le niveau est plus ou moins identique, surtout lors de la course de Monza, puisqu’elle avait lieu une semaine avant l’épreuve de coupe du monde Superstock 1000 sur le même circuit. Autant dire que toutes les stars du mondial étaient présentes lors du championnat d’Italie pour s’entraîner en vue de cette manche de coupe du monde. Voilà qui donne encore plus de valeur à cette 11ème place.
Je disais que Gantner était pour moi un des symboles du sport motocyclisme en Suisse. Après la brève présentation de son parcours, il est temps de t’expliquer, cher lecteur, pourquoi j’affirme cela.
Comme tout pilote suisse talentueux, Hervé Gantner se bat avec des moyens très limités, ne connaît pas des termes tels que «avoir la meilleure moto» et malgré ça, il parvient à faire mieux que de la figuration.

Hervé Gantner au volant de sa moto

A part quelques sponsors, il doit payer une grande partie de ses frais lui-même, et on est tous d’accord qu’il serait mieux à s’entraîner sur un circuit ou dans un fitness – comme peuvent se permettre ses concurrents étrangers – que derrière un guichet d’un aéroport pour combler les trous de son budget.
De plus, il est atteint par la limite d’âge de sa catégorie, non pas parce qu’il est nul et qu’il a explosé trop tard, mais parce qu’en Suisse, il n’y a aucune structure pour former nos jeunes talents, ce qui les fait arriver plus tard que les autres sur la scène internationale.
Malgré toutes ces embûches, la passion reste la plus forte, et il continue à se battre pour vivre son rêve et nous faire rêver. Et la suite passait obligatoirement par l’Italie, où une 11ème place vaut plus qu’une victoire en Suisse.
J’ai choisi Gantner comme symbole parce qu’il y a plusieurs talents comme Hervé dans le pays, mais lui c’est l’exemple le plus flagrant du gars doué qui doit se mordre les doigts de pas être né Italien, Espagnol ou Anglais. On ne peut que lui souhaiter bonne chance pour la suite de sa saison et de sa carrière.
A découvrir : le site web d’Hervé Gantner

Écrit par Sébastien Junod