L’improbable sacre d’une génération douée

Comme on pouvait s’y attendre depuis la défaite de Schalke 04 à Dortmund la semaine précédente, le VfB Stuttgart est devenu samedi champion d’Allemagne en dominant Cottbus 2-1. Les Stuttgartois, qui alignaient Magnin et Streller d’entrée, se sont faits une ultime frayeur lorsque le Roumain Radu a ouvert le score pour Energie à la 19e. L’espace de huit minutes, Schalke, qui menait déjà 2-0 contre Bielefeld, était virtuellement à nouveau en tête.

Mais Stuttgart a réagi sur un corner joué en l’air et en retrait par Pardo. Typiquement le genre de truc qui ne marche jamais et exaspère les supporters. Sauf que là, ça a marché : le ballon est arrivé sur Hitzlsperger dont la volée surpuissante est allée se ficher sous la latte du fantaisiste gardien Piplica, qui sur ce coup là n’y pouvait pas grand-chose. Le Gottlieb-Daimler-Stadion pouvait respirer : Stuttgart reprenait la tête du classement provisoire. Le titre sera définitivement assuré à la 63e sur un centre du Brésilien Da Silva repris victorieusement de la tête par Khedira. Les 56’000 spectateurs de l’ex-Neckarstadion et les dizaines de milliers réunis sur la splendide Schlossplatz pouvaient laisser éclater leur joie.


La Schlossplatz en liesse 

En soirée, pas moins de 250’000 supporters fêteront le titre au centre-ville. C’est un engouement incroyable pour un club qui, en début de saison, dans le scepticisme ambiant, peinait à franchir la barre des 40’000 spectateurs dans son Gottlieb-Daimler-Stadion. Les joueurs ont mis trois heures et demi pour parcourir, au milieu d’une foule en liesse, les six kilomètres séparant le stade de la Schlossplatz, qui accueillait la Fan Fest lors de la dernière Coupe du Monde. Des joueurs qui, si l’on en croit les déclarations de Ludovic Magnin à la TV allemande, allaient «ohne Alkohol zu feiern» pour préparer la finale de Coupe d’Allemagne de samedi contre Nuremberg. On n’y croit pas trop, à la fête sans alcool, mais ça nous rappelle que la belle épopée du VfB Stuttgart n’est pas terminée : en se qualifiant pour la Champion’s League, les Souabes avaient déjà réussi leur saison au-delà de toute espérance, le titre c’était la cerise sur le gâteau, alors je te laisse imaginer si en plus il y a le doublé… Petit retour sur la formidable saison d’une jeune équipe que personne n’attendait et présentations des héros de cette Bundesliga 2006-2007.

Même pas un outsider

En début de saison, la plupart des observateurs s’attendaient à un duel entre le tenant du titre, le Bayern Munich, qui a perdu Ballack mais enregistrait les arrivées notamment de Podolski, Van Buyten et Van Bommel et son dauphin le Werder Brême, avec ses stars de la Coupe du Monde Borowski, Klose, Frings, Mertesacker ainsi que le remplacement avantageux de Micoud par Diego. Principal arbitre attendu de ce duel au sommet : le SV Hambourg, 3e en 2005-2006 après avoir longtemps tutoyé la 1ère place, et qui avait passablement chamboulé son effectif durant l’été pour gravir les deux marches le séparant du sommet. En position d’outsiders, on trouvait les deux géants de la Ruhr, Schalke 04 et Borussia Dortmund, qui avaient fait une campagne de transferts raisonnable après quelques déboires financiers mais qui apparaissaient tout de même sensiblement renforcés par rapport à une saison 2005/2006 décevante. Autre outsider possible, le Bayer Leverkusen, éternel habitué des places d’honneur de la Bundesliga. Le VfB Stuttgart émargeait lui plutôt dans la catégorie des viennent-ensuite avec une équipe qui ne semblait pas vraiment plus costaude que celle qui avait fini 9e en 2005/2006, à 32 points du champion munichois.
Soldo a pris sa retraite, Gronkjaer, Ljuboja, Zivkovic, Tiffert et Hinkel sont partis. Pour les remplacer, le club souabe enregistrait le retour de Streller, fraîchement relégué avec Cologne et les arrivées de l’Allemand Hilbert (ex-Greuther Fürth), du Brésilien Antonio Da Silva (ex-Mainz 05), des relégués strasbourgeois Boka et Farnerud, ainsi que des internationaux mexicains Pardo et Osorio, dont c’était la première expérience à l’étranger. Bref, le recrutement du Verein für Bewegungspiele Stuttgart n’impressionnait pas grand monde, et ce d’autant plus que l’élément le plus coté du club, l’ex-Milanais John Dahl Tomasson, ne jouera presque pas de tout le premier tour en raison de blessures et quittera le Bade-Wurtemberg à Noël.


Armin Veh, ce héros

Pour diriger cet équipage hétéroclite et inexpérimenté, un capitaine aux références incertaines : Armin Veh, arrivé au VfB en février 2006 en remplacement de Giovanni Trapattoni. L’entraîneur stuttgartois a vu sa carrière de joueur culminer avec 65 matches de 1ère Bundesliga sous les couleurs du Borussia Mönchengladbach, suivis de saisons dans l’anonymat au FC Saint-Gall, en 2e Bundesliga ou en Regionalliga. Comme entraîneur, Armin Veh n’avait guère qu’une expérience de dix-huit mois en 1ère Bundesliga à faire valoir à la tête d’Hansa Rostock et pour le reste des aventures prestigieuses aux SpVgg Greuther Fürth, SSV Reutlingen et, avant son arrivée sur les bords du Neckar, au FC Augsburg, en Regionalliga Süd. Avec un effectif modeste et un entraîneur inconnu, le VFB Stuttgart paraissait donc condamné à une saison de transition dans le ventre mou du classement, au mieux à briguer une place en Coupe UEFA.

Une mise en route laborieuse

Le début de saison du VfB confirme ces pronostics pas franchement optimistes : les joueurs d’Armin Veh débutent par une défaite à domicile 0-3 contre le 1. FC Nürnberg et ne réalisent qu’un seul point lors de leurs trois premiers matches au Gottlieb-Daimler-Stadion. On connaît des présidents qui ont limogé leur entraîneur pour moins que ça… Une défaite contre Dortmund (1-3) où il a inscrit un autogoal coûtera sa place de titulaire à Ludovic Magnin sur le flanc gauche de la défense stuttgartoise. Le Challensois devra attendre le début du 2e tour pour redevenir titulaire à part entière. Après six matches, le VfB n’occupe que le 12e rang, avec huit points mais n’accuse que deux longueurs de retard sur le leader, le Hertha Berlin, étant donné qu’aucune équipe ne parvient à se dégager en tête du classement. Principale éclaircie dans ce début de saison mitigé : une victoire sur la pelouse du favori Werder Brême 3-2 après avoir été mené 0-2 après 33 minutes. En égalisant à la 57e, le Mexicain Pavel Pardo ouvre son compteur en Bundesliga, alors que le but victorieux est inscrit à la 87e, sur une passe de Marco Streller, par Mario Gomez, son premier but de la saison. Le premier d’une longue série pour un joueur quasi inconnu jusque là.

Une éphémère prise de pouvoir

Lors de la 7e journée, les Souabes remportent enfin leur premier succès devant leur public (3-0 contre Leverkusen). Après un nul à Wolfsburg, le VfB enchaîne une série de quatre succès consécutifs (3-0 contre Schalke, 4-2 à Aachen avec un doublé de Streller, 2-0 contre Hambourg, et 2-1 à Hanovre). Le succès le plus significatif est bien sûr celui obtenu contre Schalke 04, qui était venu en co-leader au Gottlieb-Daimler-Stadion. Un doublé du demi Sami Khedira et un but du défenseur Serdar Tasci permettent au VfB de dominer les Knappen. Les points communs entre ces deux joueurs, allemands comme leur nom ne l’indique pas : ils sont nés en avril 1987, ont été formés au club et n’avaient jamais disputé le moindre match de Bundesliga avant cette saison. Le jeunesse stuttgartoise est en marche ! Au soir de la 12e journée, le VfB s’empare, pour la première fois de la saison, de la tête du classement. C’est donc en leader que Stuttgart se rend à l’Allianz Arena lors de la 13e ronde. Gomez ouvre la marque en début de match mais le Bayern inverse la tendance et s’impose 2-1, infligeant aux Souabes leur première défaite de la saison en déplacement. Stuttgart doit céder sa première place à Schalke 04. Il devra attendre la 33e journée pour la récupérer. Qu’à cela ne tienne, le VfB a pris le bon wagon, à l’heure où d’autres favoris piétinent (Dortmund, Leverkusen) ou s’enfoncent carrément (Hambourg).

Une fin de 1er tour poussive

Après la défaite à Munich, les joueurs d’Armin Veh bénéficient d’un calendrier favorable mais la fatigue commence à se faire sentir et les buts peinent à tomber. Les Stuttgartois assurent l’essentiel avec deux victoires à domicile 1-0 sur le tard contre Mönchengladbach et Bochum et deux matches nuls et vierges à Mainz et Cottbus. Contre le club de la Ruhr, le héros s’appelle Marco Streller qui surgit dans une mêlée indescriptible à la 87e pour offrir à ses couleurs deux points supplémentaires qui s’avéreront tellement précieux au décompte final. Impressionnant de puissance offensive, le Werder Brême est sacré champion d’automne, à égalité avec Schalke 04, trois points devant le Bayern et quatre devant Stuttgart. Le titre et les deux autres places qualificatives en Champion’s League se joueront entre ces quatre équipes. Malgré son bon premier tour, la plupart des observateurs pensent que Stuttgart ne parviendra pas à suivre le rythme de ses trois rivaux et finira à la 4e place.


Les deux Suisses du VfB Stuttgart

L’échappée belle de Schalke 04

Pour Stuttgart, le deuxième tour commence comme le premier : par une défaite par trois buts d’écart contre le 1. FC Nürnberg (1-4 à l’EasyCredit Stadion). Ce couac permettra à Ludovic Magnin de récupérer sa place de titulaire au détriment d’Arthur Boka. Le Bayern commence également mal (défaite à Dortmund, nul contre Bochum) et Hitzfeld remplace Magath. Après le revers de Nuremberg, Stuttgart est relégué à sept points du Werder et de Schalke. Ce sera le retard maximum du VfB sur la tête. Le Werder connaît à son tour une mauvaise passe et perd les matches au sommet contre Schalke (0-2, doublé de Løvenkrands) et à Stuttgart. Emmené par un exceptionnel Ludovic Magnin, le VfB réalise un match d’anthologie contre Brême (victoire 4-1, avec un but pour Ludo et un pour Streller) et revient à une petite longueur des hommes de Thomas Schaaf mais reste à sept points des Knappen qui viennent d’aligner quatre victoires d’affilé et paraissent filer vers le titre. Moribond, le Bayern est relégué à douze points.

Sept points de retard, encore et toujours

Schalke 04 voit sa marche en avant freinée lors d’une partie à Wolfsburg, dans lequel le club de Gelsenkirchen concède le nul après avoir mené 2-0 et perd sur blessure son Danois Løvenkrands. Encore handicapé par la suspension de Lincoln, le club de la Ruhr concède deux défaites consécutives à domicile (Leverkusen et Hambourg) et est tenu en échec à Hanovre. Stuttgart n’en profite pas vraiment : après un succès brillantissime à Francfort (4-0), les Souabes concèdent deux nuls à domicile 0-0 contre Wolfsburg et Hertha Berlin et perdent à Leverkusen. Comble de malchance, Mario Gomez, leader du classement des buteurs à ce moment-là de la saison, se blesse contre le VfL. Des sifflets montent même des travées du Gottlieb-Daimler-Stadion devant l’impuissance des joueurs d’Armin Veh. Le public stuttgartois n’est pas le plus chaud d’Allemagne et il faudra attendre les dernières journées pour qu’enfin l’ex-Neckarstadion fasse régulièrement le plein. Le match au sommet de la 26e journée voit donc s’affronter deux équipes en plein doute. Schalke remporte un succès heureux sur un but en fin de match du défenseur Krstajic. Le VfB est à nouveau relégué à sept longueurs des Königsblaue. Tout laisse alors à penser que le titre se jouera entre Schalke et Brême (2e à 3 points), alors que Stuttgart devra se démener pour défendre sa 3e place contre le retour du Bayern. Ce que personne n’imaginait, c’est que les Souabes, malgré l’absence de leur star Gomez, n’égareront plus le moindre point lors des huit dernières journées !

La marche triomphale !

La série commence par un succès 3-1 contre Aachen, avec une ouverture du score signée Streller, se poursuit avec un formidable succès à Hambourg (4-2, avec quatre buts marqués en quarante minutes) et une victoire dans la douleur contre Hanovre grâce à un autogoal en fin de match, après un lob trop court de Streller. Lors de la 30e journée, Stuttgart attend le Bayern, qui, avec deux points de retard sur la 3e place du VfB, joue sa dernière carte pour jouer la Ligue des Champions. Un doublé de Cacau en trois minutes en milieu de première mi-temps anéantit les espoirs bavarois (2-0). Stuttgart assure sa place en C1 la semaine suivante en s’imposant sur la pelouse de la lanterne rouge Mönchengladbach (1-0), alors que le Bayern est défait à domicile par Hambourg et un prodigieux coup franc de Van der Vaart. Les Stuttgartois ne sont plus qu’à un point du leader Schalke, battu à la surprise générale par son petit voisin Bochum (1-2), et dépassent le Werder, surpris à Bielefeld (2-3). Le championnat basculera définitivement en faveur des Souabes lors de la 33e journée avec la défaite de Schalke dans le Revier-Derby à Dortmund et le succès de Stuttgart à Bochum (grâce notamment au revenant Gomez), qui a permis au VfB de s’emparer, pour la deuxième fois seulement de la saison, de la première place et ainsi de s’offrir un final en apothéose contre Cottbus.


Stuttgart en délire samedi contre Cottbus !

Les héros

A seulement 28 ans, le gardien Timo Hildebrand est le joueur le plus expérimenté du cadre stuttgartois (en dehors de Markus Babbel qui n’a quasiment pas joué). Le futur portier du FC Valence a joué un rôle prépondérant dans la conquête du titre, non seulement par ses parades décisives mais aussi par son tempérament de gagneur et le rôle de leader qu’il a parfaitement assumé. Son départ va laisser un grand vide et son successeur Raphael Schäfer va devoir endosser un lourd héritage. Le capitaine et patron de la défense, c’est l’international portugais Fernando Meira (3 buts cette saison), révélé en 2003 avec l’équipe de Stuttgart qui avait atteint les huitièmes de finale de la Ligue des Champions (défaite contre Chelsea). Contrairement à son compère de l’époque, Bordon, parti à Schalke, le Lusitanien est resté fidèle au club souabe et a lui aussi été l’un des pions essentiels du VfB même s’il a été handicapé par plusieurs blessures. A ses côtés, le discret français Matthieu Delpierre, ex-Lille, défenseur pas très spectaculaire mais efficace, qui n’a raté qu’un peu plus d’un match de toute la saison. Si ses latéraux n’ont pas toujours été un modèle de sécurité défensivement (c’est une tradition en Allemagne), le VfB a pu compter sur l’immense apport offensif de Boka (essentiellement au 1er tour, 1 but) et Magnin (2e tour surtout, 1 but) à gauche, du Mexicain Osorio (1 but) à droite. Après un premier tour difficile, le Vaudois a été souvent décisif ce printemps. Le jeune Serdar Tasci (3 buts), régulièrement appelé pour pallier une absence en défense, a prouvé qu’il était davantage qu’une solution de remplacement. Incontestablement un joueur à suivre.


Le Portugais Meira et le gardien Hildebrand

A mi-terrain, la baraque a été tenue par le Mexicain Pavel Pardo (1 but), qui a joué tous les matches en entier sauf un. Ratisseur infatigable, doté d’une technique au-dessus de la moyenne, le joueur d’Amérique centrale s’est vite imposé à Stuttgart. Depuis plusieurs Coupes du Monde, le Mexique ravit les amateurs de beau jeu (souviens-toi : Mexique – Pays-Bas en 1998, Mexique – Italie en 2002, Mexique – Argentine en 2006) mais ses joueurs, à quelques exceptions près (Hugo Sanchez, Marquez, Borgetti), tentent rarement l’aventure européenne, préférant rester dans leur championnat, qui est de bonne qualité. Stuttgart a donc fait office de précurseur et nul doute que le coup de maître réussi avec Pardo et Osorio par le manager Horst Heldt va donner des idées à d’autres.
L’un des autres atouts majeurs du VfB cette saison, cela a été ses demis de couloir, Thomas Hitzlsperger (7 buts) à gauche et Roberto Hilbert (7 buts) à droite. On connaissait déjà le premier, sa frappe de mule, de retour au pays après une expérience prématurée en Angleterre (Aston Villa), qui avait eu droit à onze petites minutes de jeu lors de la dernière Coupe du Monde (contre le Portugal) mais qui a pris une dimension supplémentaire cette saison. On a découvert le second, directement issu de 2e Bundesliga, auteur de buts capitaux et qui vient frapper à la porte de l’équipe d’Allemagne, malgré un physique un petit peu fluet. Une révélation, tout comme Sami Khedira (4 buts), auteur du goal du titre contre Cottbus. Le meneur de jeu, le Brésilien Da Silva n’a pas totalement convaincu, malgré une certaine aisance technique. Son compatriote Jeronimo Cacau (13 buts) a lui en revanche réussi une saison pleine. Très constant, le Brésilien a régulièrement claqué les buts et, s’il est moins spectaculaire que certains de ses compatriotes, il a gagné en efficacité. A ses côtés, l’étoile montante du foot allemand Mario Gomez (14 buts) qui, sans ses deux mois d’absence au printemps, aurait certainement pu contester le titre de roi des buteurs à Gekas. Marco Streller (5 buts) n’a sans doute pas joué autant qu’il l’aurait souhaité mais, lorsqu’il a eu sa chance, il a souvent été déterminant. Ce titre est donc aussi un peu le sien. Le Bâlois regrettera de n’avoir pas eu davantage de temps de jeu en l’absence de Gomez, son entraîneur ayant souvent choisi de n’aligner que le seul Cacau en pointe ou lui a préféré Benjamin Lauth (1 but). Venu d’Hambourg pour relancer une carrière en veilleuse après un début prometteur, l’ex-international allemand n’a pas convaincu sur les bords du Neckar. Si tu veux découvrir par toi-même cet étonnant champion d’Allemagne 2006-2007 et ses nombreuses révélations, branche-toi sur la télé allemande samedi soir, tout ce petit monde sera sur la pelouse de l’Olympiastadion pour une finale de Coupe qui promet beaucoup.

Écrit par Julien Mouquin

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