Baulmes, entre tristesse et colère

Ça ressemblait à un conte de fée moderne. Une de ces histoires un peu faciles que les scénaristes hollywoodiens adorent et qui finit par «ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants…» L’aventure du petit FC Baulmes en Challenge League a cependant pris fin dans la douleur samedi dernier après 1085 jours. Un dénouement cruel car le club du président Fabian Salvi a subi l’égalisation synonyme de descente aux enfers à la 92ème minute de l’ultime match de la saison. Dur !

Baulmes au coeur de Paul-André Cornu

Cette relégation réjouira toutefois pas mal de pisse-froids qui estimaient que Baulmes n’avait rien à faire en Challenge League. En tête de ceux-ci : le baron champagnoux, accessoirement président d’Yverdon Sport, qui a dû avoir un sursaut de virilité dans son slip andropausé à l’annonce des résultats sur le coup de 21h20. Suffisamment pour se tailler une flûte ? Je ne préfère pas savoir, sinon je vais faire des cauchemars. Une chose est certaine néanmoins, il ne s’est pas gêné pour nous ressortir, dans le 24 heures de mardi, sa théorie fumeuse du quota de club par habitants. Un refrain arguant que Baulmes et Yverdon ne pouvaient pas vivre au même niveau de jeu, parce que le bassin de population et le potentiel financier ne sont pas assez grands. Une théorie à la con oui…
Comme si Jens Byggmark n’avait pas le droit de faire des podiums en Coupe du monde de ski alpin, sous prétexte qu’il vient, comme Anja Paerson, de Tarnaby, un bled suédois de 533 habitants (soit presque deux fois moins que Baulmes…), qui a également enfanté Ingemar Stenmark en son temps. Comme si Ambri-Piotta n’avait pas le droit d’évoluer en LNA, car il est situé pas très loin de Lugano et qu’il peut lui piquer des titres, ou pire, des sponsors. Faut arrêter les pitreries ! Baulmes a en moyenne eu une affluence deux fois supérieure à celle d’YS depuis qu’il a son nouveau stade et Fabian Salvi n’a volé aucun sponsor à son voisin. Il a été plus malin, ratissant où personne n’était allé jusque-là : jouant les valeurs régionales à fond – à l’opposé du FC Romandie -, arborant sur son maillot le fameux timbre vert du saucisson vaudois !

Salvi : un président charismatique et apprécié
(Photo Pascal Muller)

Pour ce fantastique travail fait par le président baulméran, pour des joueurs exemplaires comme Geijo, Cottens, Zari, Gilardi, Margairaz, pour tous les bénévoles et tous les supporters, Baulmes ne méritait pas cette relégation. Par contre, pour toutes les erreurs commises au long de l’année, l’issue était inéluctable. Et c’est là que la tristesse devient colère !
Les Baulmérans ont eu mille occasions de se mettre à l’abri, mais ils ont été incapables de maîtriser un seul des moment-clé tout au long de la saison. A croire qu’ils étaient coachés par Joël Gaspoz ! Ça a déjà été dit et ce n’est que retourner le couteau dans la plaie, mais les trois penalties manqués contre Lugano, Chiasso et Locarno (tiens, tous des Tessinois !) valent à eux seuls quatre points, synonymes de maintien. Et ces nuls concédés face à YF Juventus et samedi contre Locarno dans les arrêts de jeu ont également le poids d’une place en Challenge League…
Reste que le mal était plus profond que ces quelques instants décisifs mal négociés et prend sa source dans la campagne de transferts manquée des Baulmérans. Habitués aux bonnes pioches en ce qui concerne les joueurs étrangers (Marque et Langlet par exemple), les Nord-Vaudois se rapprochaient statistiquement de l’erreur. Et autant dire que cette année, ils ont misé sur les mauvais chevaux. Aksic et Begovic, pour ne citer qu’eux, étant plus proches de Bourriquet que de Tonnerre, le cheval de Zorro. L’entêtement à garder Bertine Barberis en poste a également été une décision fatale. Au risque d’égratigner un mythe, je n’ai rien à redire sur le joueur qu’il a été et l’homme. Mais alors l’entraîneur, quelle misère ! Baulmes est l’équipe qui présentait depuis des mois le jeu le plus chiant de la ligue, fait de longs ballons sur la fusée Drago. Ça n’a pas payé, mais Christophe Moulin a au moins montré que les Nord-Vaudois savaient bien jouer au ballon. Un signe encourageant en vue de la saison prochaine… Ben oui ! On se console comme on peut… et on se motive à l’idée de voir un FC Baulmes super ambitieux. Salvi l’a dit, il a pris goût à la Challenge League et veut la retrouver au plus vite.

Photo Yann Verdon copyright Sylvain Liechti

Écrit par Jonathan Kaora