Entretien avec N’Tiamoah à J-2 du derby

On arriva un peu à la bourre et dut attendre que la salle de presse du centre sportif de Balexert soit libérée pour commencer l’interview. L’entretien se déroula en présence du responsable de la communication du Servette FC, Didier Rieder.

Avant de commencer à poser nos questions, Didier nous demanda de ne pas évoquer des sujets extra sportifs tels que le changement de présidence et la valse des entraîneurs car une charte a été établie au niveau de la 1ère équipe. Nous nous attendîmes, du coup, à une interview saturée. Malgré cela, Edmond répondit à nos questions avec une franchise exemplaire (quand il a parlé de Vinas, il a quand même demandé confirmation à Rieder). Sur ce, nous vous laissons découvrir cette interview d’un joueur sympathique et ouvert au dialogue… bonne lecture !
CartonRouge.ch : Tu es un joueur au parcours assez atypique : tu as certes passé une grande partie de ta carrière en Suisse avec plusieurs clubs (Delémont, Bâle, Concordia, Lucerne, Servette) mais tu as aussi évolué une saison en Azerbaïdjan, sous les couleurs du FC Khazar Lankaran. Peux-tu nous raconter un peu ton expérience dans ce pays de l’est méconnu ?
Edmond N’Tiamoah : En fait, je suis parti là-bas en sachant que j’allais revenir en Suisse. J’avais un bon contrat avec Lucerne, d’une durée de trois ans, mais au niveau financier ils m’ont proposé un contrat que je ne pouvais pas refuser. J’ai donc signé avec Lankaran et suis parti à l’aventure pour une saison ! C’était bien, on a été sacrés champions et on a disputé le 1er tour qualificatif de la Champions League contre le Dinamo Zagreb. On n’est pas parvenus à se qualifier mais c’était une très belle expérience. Ça en valait la peine !

Revenons un peu au Servette et à son début de saison complètement raté. Que s’est-t-il passé ? Car l’effectif ne laissait pas présager une telle débandade…
Je pense que les problèmes extra-sportifs qui englobaient le club à l’intersaison n’y sont pas complètement étrangers. On a changé trois fois d’entraîneur en un mois et demi : d’abord Aeby, puis Fournier par intérim et Sauthier. Ce n’est pas facile à vivre pour les joueurs ; les attentes et exigences varient en fonction de chaque entraîneur et il faut s’adapter. Evidemment, on doit aussi prendre nos responsabilités car c’est nous qui jouons, mais c’est clair que ces facteurs ne nous ont pas aidés.

Est-ce que tu sens qu’il y a enfin un projet concret qui est en train de se structurer au Servette FC ?
Je pense que oui ! Depuis l’arrivée de Castella, le groupe semble plus soudé, plus uni et on essaie de pratiquer un meilleur football. Comparé aux autres entraîneurs, les directives de Castella sont claires : il veut la gagne. Avec les autres, les objectifs étaient plus ambigus, la priorité était de ne pas encaisser de but afin d’éviter la défaite.
Désormais, on sait exactement ce qu’on doit faire : on va sur le terrain pour gagner. Je trouve qu’il y a des choses qui commencent à bouger. Je ne connais pas trop l’ancien président (ndlr : Viñas) mais en tout cas il a toujours été correct avec moi et je n’ai rien à lui reprocher. Je ne comprends pas pourquoi le public s’en est pris à lui de la sorte. Mais le football est comme ça : les gens vont et viennent.

Tu as débloqué ton compteur buts de la saison lors du match face à Bienne, puis t’en as mis deux en Coupe contre La Sarraz deux semaines plus tard et encore un hier soir (ndlr : mardi soir) contre Grand-Lancy en amical. Tu es donc parti pour en mettre trois aux Lausannois dimanche ?
En tant qu’attaquant, je me prépare chaque semaine pour marquer et aider mon équipe. C’est mon boulot, c’est ce qu’on attend de moi. Quand ça ne marche pas, que tu n’as pas d’occasions, tu te remets en question. Tu te demandes si tu t’es mal placé sur le terrain, si t’es pas dans d’assez bonnes conditions pour être servi. Mais c’est clair que j’aimerais bien marquer contre Lausanne, j’y ai travaillé avec l’équipe afin d’y parvenir.

Entrée gratuite à la Praille pour le derby !

C’est le premier match à la Praille depuis le retour de Castella. C’est aussi le premier match depuis que les Pishyar ont pris la tête du club… et surtout il s’agit d’un derby. On sent qu’après avoir vécu un long calvaire, il y a enfin une certaine euphorie qui est en train de monter au sein des fans. On s’attend à une belle affluence (comprenez meilleure que d’habitude…) surtout que l’entrée est offerte par le club ! En tant que joueur, comment vis-tu l’approche de ce «grand» match ?
Servette – Lausanne ça devrait être un derby de Super League. Mais même en Challenge League, ça reste un match important en Suisse. Nous sommes confiants, on a bien travaillé pendant ces deux semaines d’intervalle. On a joué deux matchs de préparation qu’on a remportés. On est sur la bonne voie et je pense qu’on ne peut pas passer à travers cette occasion de se racheter auprès de notre public. Je ne veux pas dire que ce serait catastrophique, mais je pense qu’on n’a plus le droit de perdre à la Praille. On va tout faire pour gagner ce derby et donner du plaisir au public qui se déplacera en grand nombre, du moins je l’espère, vu que l’entrée sera gratuite.

Merci beaucoup Edmond et… dimanche il va falloir prouver que le lac s’appelle bien le Lac de Genève !
(Il se marre) Oui !

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Laurent Arpagaus et Grégory Soldati