Tour de France : doping story, 2e et 3e étapes

Après 24 heures de coma à cause d’un caillot de sang qui s’est formé après une transfusion de sang de cheval réalisée un peu à la va-vite, notre reporter repart pour une étape marathon, puisqu’il doit parcourir deux étapes en une journée afin de refaire son retard. Comme les coureurs ne sont pas allés vite au cours de la 3e étape, il se fixe un objectif ambitieux : aller deux fois plus vite que les participants du Tour sur le même tracé.

Le départ n’a pas pu avoir lieu au km 0, notre ami étant hospitalisé. Il a donc été organisé un départ fictif dans la cour du CHU de Dunkerque. Il a tout de même dû s’évader par une fenêtre de l’établissement, tant ses constantes vitales étaient alarmantes. Son préparateur ayant été interdit d’entrer dans l’hôpital (puisque rayé de l’ordre des médecins), Henri a dû débuter cette double étape à l’eau claire, ce qui n’a pas manqué de le déstabiliser.Après 100 mètres et trois chutes, il décide d’ouvrir la porte d’un café-restaurant de cette bourgade du Nord de la France afin de reprendre un taux d’alcoolémie plus en phase avec ses habitudes. «On dit que le vélo ça ne s’oublie pas, mais comme moi j’ai roulé bourré depuis l’âge de 11 ans, ben à 0,0 j’ai jamais su en faire. Alors comme je ne titubais pas, j’ai jamais réussi à stabiliser mon centre de gravité», nous a-t-il informé. Trois marcs et six grappas plus tard, le teint rugi et les yeux enfin ouverts, il a pu reprendre la route.

Par chance, la voiture suiveuse est équipée d’un minibar et nous avons pu emmener avec nous les éprouvettes nécessaires. Par contre, nous n’avions pas prévu que le passage de la frontière allait s’avérer problématique… Pourtant avec Schengen on pensait être tranquilles, mais là, les douaniers nous ont demandé pour quelle firme pharmaceutique nous travaillions, tellement notre stock était pointu et bien fourni. Après leur avoir présenté divers documents et montré les cartes de presse, ils nous laissèrent passer non sans avoir rigolé un bon coup.
Broncand a donc pu repartir sur de bonnes bases. Bien que la transfusion de moelle épinière de bébé se soit avérée problématique en plein effort, la testostérone hétérogène a immédiatement fait effet. Ajoutez-y une bonne dose de caféine en intraveineuse et les routes plates de Belgique se sont avérées être une formalité pour notre athlète. Largement en avance sur les temps de passage, et ce d’autant plus que les coureurs du Tour n’ont pas une moyenne extraordinaire cette année, nous sommes arrivés en vue de Gand, juste pour l’heure de l’apéro.
Le temps pour notre cycliste de reprendre des forces : «Si je fais le Tour de France, ce n’est pas pour rien, faut que je puisse déguster un peu quand même», nous a-t-il déclaré après une demi-douzaine de Blanches de Namur et avant de descendre deux moules-frites en guise de ravitaillement. L’étape en retard avalée, il est reparti en direction de l’arrivée de la 3e étape. Pour pouvoir digérer et ne pas se sentir trop lourd sur sa monture, Nadel lui a fait prendre un puissant laxatif qui s’est avéré contre-productif.
Ne voulant pas altérer sa moyenne, notre expérience humaine ne s’est pas arrêtée pour faire ses besoins et a vite été prise en chasse par une meute de chiens errants, friands apparemment de l’odeur de ce cocktail de médicaments. Bien motivé par les quelques blessures aux mollets causées par les canines de ces canidés, Henri volait littéralement sur l’asphalte. Avec une moyenne de 74 km/h lors de la 6e heure de course, même un Chris Boardman qui aurait copulé avec Graham O’Bree n’aurait pas pu suivre son sillage.
Il ne restait alors que 50 km, lorsque l’impensable se produisit. Une averse de grêle en elle-même n’était pas capable de créer une telle réaction en chaîne. Mais conjuguez ces précipitations à certains médicaments et aux émanations polluantes dans la biosphère récoltées par les grêlons en chute libre, et vous obtiendrez un mélange inédit. Dès les premiers contacts avec la peau d’Henri Broncand, nous avons commencé à être inquiets. A chaque impact de ces précipitations, un point vert est apparu sur la peau de notre homme.
Nous nous sommes alors tournés vers le médecin, qui regardait cela de manière dubitative. Le pauvre avait oublié de prendre en compte les effets secondaires de l’eau sur un homme foncièrement alcoolique. L’allergie commençait à être impressionnante et malgré toute notre bonne volonté, il était impossible de tenir un parapluie au-dessus du coureur évoluant à plus de 80 km/h. C’est alors que notre chauffeur eut une illumination : «Puisqu’il ne supporte pas l’eau, envoyez-y du Pastis pur dessus, avec le mélange de l’eau et des glaçons, ça devrait le requinquer», nous a-t-il conseillé.

Bon sang, mais c’est bien sûr. Nous nous sommes donc arrêtés dans un Casino de la banlieue de la ville-arrivée, nous avons acheté quelques bouteilles de Ricard et un arrosoir. L’effet fut immédiat, mais a bizarrement fait chuter la moyenne de notre sportif. Pas facile pour lui en effet de conjuguer pédalage, vision de la route, et décaler sa bouche pour ne louper aucune goutte du précieux breuvage qui lui était lancé dessus. Une septantaine de chutes plus tard, heureusement sans dommages physiques vu le taux élevé d’alcool dans le sang d’Henri, nous sommes arrivés à bon port, vers 23 heures.
Hé oui, 23 heures. Alors que la moyenne de la journée d’établissait à 59 km/h malgré toutes ces péripéties, les 50 derniers kilomètres au Pastis ont été très longs, Henri retournant même sur ses pas pour vérifier qu’il n’y avait pas quelques gouttes dans les bouteilles vides. La nuit s’annonce courte et Nadel Spitze-Stich eut l’idée de plonger notre homme dans un sommeil paradoxal afin qu’il récupère au mieux de ses efforts.

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