Tour de France : doping story, 1ère étape

Après le prologue de la veille, Henri Broncand s’élance sur les traces des coureurs entre Londres et Canterbury. Notre reporter est frais et dispo, malgré les quelques problèmes rencontrés la veille. Grâce à son médecin Nadel Spitze-Stich, il a pu récupérer de ses abus sans coup férir et continuer son périple sur les routes du Tour.

L’Allemand lui a prodigué les soins indispensables pour pouvoir repartir dans les meilleures conditions. Bien que la cuite engrangée en course l’ait diminué et que la dépense d’énergie pour venir à bout du contre-la-montre d’ouverture lui ait coûté un peu de réserve physique, il est très motivé au départ de cette 1ère étape. Stretching interne des canaux sanguins et de l’aorte, goutte-à-goutte de sang de bébé mouton et steak de vautour (pour les protéines) pané avec pâtes à la sauce amphétamine ont remis notre expérience humaine sur roue et prêt au combat.Seul ennui rarement évoqué par les comptes-rendus sur les cyclistes «chargés», les cocktails de médicaments empêchent souvent les «champions» de s’endormir. Après la cure de sommeil que notre cycliste a subi en préparation en Colombie, cela ne porte pas encore préjudice à ses performances, mais nul doute que les somnifères ingurgités hier soir ne sont pas pour améliorer le rendement de ses muscles. Et encore… Notre médecin voulait tenter la même expérience que sur ses athlètes de 100 et 200 mètres à l’époque du bloc communiste, c’est-à-dire mettre l’athlète enceint avant le départ. Il a fallu de nombreux arguments et beaucoup de persuasion pour l’empêcher de mettre son plan à exécution.
On pensait Henri fatigué, mais notre cobaye va très vite démentir cette illusion sur ce parcours plat et roulant. Réveillé par son préparateur aux premières lueurs du jour, il ingurgita sans problèmes une omelette à la cocaïne et une sorte de milk-shake d’hormones de croissance à la mangue des bois. Un peu ballonné, il passa les premiers kilomètres à roter et à tituber sur la route tout en gardant une moyenne honorable de près de 54 km/h vent de face.

Revigoré par l’air frais du Kent, Broncand passe à la vitesse supérieure, mais comme il n’a plus toute sa tête à cause des anabolisants et qu’il est Français d’origine, il oublie régulièrement de rouler sur la gauche de la route. Il en survient donc quelques complications frontales pas piquées des vers, comme cette fois où il s’est pris pour James Dean et qu’il a décidé de défier un tracteur «à la dégonfle» ou quand il est entré dans un rond-point à contre-sens alors qu’un camion se présentait en sens inverse. Lors de cette dernière erreur, il a été déventé et a fini les quatre fers en l’air sur le bas côté. Pas de chance, le Tour étant passé le jour précédent et ce fossé ayant servi à quelques médecins peu scrupuleux pour se débarrasser de sacs poubelles remplis de seringues, de médicaments et d’éprouvettes, notre reporter n’a rien pu faire et s’est empalé sur ces détritus. Immédiatement, une équipe médicale est appelée à la rescousse, c’est la panique, Broncand commence à voir des éléphants verts et jaunes. Rose eût été normal, les autres couleurs nous mettent en émoi.
Il faut de toute urgence lui retirer les 24 aiguilles qui sont allées se figer dans sa fesse droite. Une à une, comme avec les cactus dans les bandes dessinées, les seringues sont enlevées et Henri souffre le martyr. Pas de bol, avec toutes ces médications, il a attrapé le typhus et une variante d’ebola encore inconnue, mais pour la science, il occulte la douleur, se fait un petit shaker d’anti-viraux et reprend la course, comme si de rien n’était. Problème, après quelques mètres il s’aperçoit que sa roue est voilée et que les vitesses ne passent plus. Nous avions tout prévu et lui proposons depuis la voiture suiveuse de changer de monture, mais notre reporter est déjà en plein trip à cause des soins qu’il a reçu. «Rien à foutre», nous indique-t-il, «je veux faire comme André Darrigade en 1954. Il avait les boyaux sur l’épaule et personne pour son petit confort, je vais vous montrer que je ne suis pas une de ces lopettes de cyclistes sur piste». Il commence à ouvrir tous les garages de la bourgade la plus proche. Après s’être fait tirer dessus à la chevrotine dans la première maison puis chasser à coups de balai de la deuxième, il trouve son bonheur dans une bâtisse typique de ce coin d’Angleterre. Il le vole, prends quelques mètres d’élan et enfourche un BMX conçu pour garçonnet de 8 ans.

Comme il est en mode équipier dans cette étape, il fait le porteur d’eau, sauf que son penchant naturel l’incite à transporter de l’alcool et à tout boire avant de simuler le don du liquide à son équipier. Une fois de plus, il terminera l’étape au sol dans un état d’alcoolémie avancé, sans pouvoir rallier son hôtel après l’arrivée. Le cocktail dopage-médicament-alcool a fait son petit effet, mais cette fois seules des plaques rouges au niveau du torse et une légère infection cutanée au fessier sont à noter. Il ne semble pas éprouvé par l’effort physique, malgré les 202 km couverts en moins de 4 heures..
«J’avais le vent de trois quarts face», nous a assuré Henri Broncand. «Si y’avait pas eu toutes ces connes de voitures, je bouclais l’étape en moins de 3 heures. C’est vraiment pas un exploit, j’ai eu l’impression de faire du surplace». Quand on le questionne sur sa santé, il indique «que ça va bien, je ne vois plus qu’en trois couleurs et des fois j’ai un peu froid, mais c’est parce que mon sang coagule mal avec les rétro-viraux. Ça ira mieux après un petit séjour dans une de ses tentes où on peut simuler une altitude de 3000 mètres. Bon je vous laisse, je vais au pub, j’ai besoin de récupérer pour demain en Belgique, il faudra que je m’habitue à d’autres conditions. Dites au médecin de m’y rejoindre, comme ça on joindra l’utile à l’agréable».

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