Xamax : fête fédérale de lutte

Dominateurs, les Xamaxiens ont bien failli une nouvelle fois concéder un match nul rageur. Mais il était dit que ce match serait celui dont on dit après coup «qu’il y a une justice dans le foot». On ira pas jusque là, mais on ne peut s’empêcher de relever quelques faits réjouissants pour le moral des troupes. Tout comme d’autres, moins réjouissants.

Soirée parfaite, fin de vacances, résultats honorables et pourtant la première impression au coup d’envoi vous glace le sang. Moitié plein, moitié vide ? Pas de quoi chipoter, l’affluence ce soir sera catastrophique. Indigne. Alors qu’il y a deux semaines le stade affichait complet, comment expliquer le fiasco de ce soir ? Entre temps il y a eu la brillante victoire justement devant ces 12’000 personnes et une défaite avec les honneurs à St-Gall. Cela suffit-il à ces milliers de Neuchâtelois pour renoncer à venir au match ? Sûrement pas, à Neuchâtel le mal est plus profond. Toujours est-il que les 5’220 personnes finalement annoncées n’auront pas regretté, une fois de plus, leur soirée.Pourtant tout commence assez calmement. A l’évidence, les Argoviens ne sont pas venus pour emballer le match et encore moins l’assistance, on attend des locaux qu’ils en profitent pour montrer une entame de match plus percutante que le week-end dernier à St-Gall. Mais pas grand chose en fait, si ce n’est la tête de Chihab miraculeusement bloquée par Benito devant sa ligne. L’occasion de remarquer qu’il manque un opportuniste dans le clan rouge et noir, capable d’intervenir sur ces seconds ballons errants.
 
Peu à peu les Xamaxiens vont prendre le jeu à leur compte, commencer à mettre en difficulté les Argoviens. L’occasion de constater le rayonnement d’un Coly dans un état second. Le brave «Marou» se plie (mais ne romps pas), se détend, s’écartèle, s’extirpe et rit même. Bagarreur comme jamais, il nous offre même les deux gestes de la soirée : tout d’abord aux alentours de la 20ème minute, venu prêter main forte sur le côté droit il voit s’échapper un ballon à 1 mètre du sol. Coup de rein, coup d’œil, coup de maître, une aile de pigeon en profondeur, ne me demandez même pas comment on fait ça sur sa Playstation je ne saurais vous répondre.

Matar Coly a assuré le spectacle !

Quelques minutes plus tard, son deuxième geste sera moins académique, mais bien plus marrant. Revenu cette fois à mi-terrain, il hérite d’un ballon d’Everson un brin trop haut une nouvelle fois. Courant à toutes enjambées en direction du cuir, c’est avec une main sur le front pour se protéger du soleil que le Sénégalais bondit pour contrôler de la poitrine. De toute façon, Matar a toujours fait les choses comme il les sentait. Je suis preneur de la photo si quelqu’un a pu immortaliser ce moment.
Toujours est-il que faire le «garde-à-vous» pendant un contrôle de la poitrine ça détend l’atmosphère, mais pas tellement la tableau d’affichage. Et alors que Zubi n’a pour ainsi dire pas été inquiété une seule fois, Rapisarda trouve la faille sur un corner de Sermeter. Juste avant la pause. Silence.
Agressifs, les Argoviens vont tenter de casser au mieux le rythme dès la reprise. Bien malchanceux à St-Gall avec une frappe d’anthologie repoussée par la latte, le Biennois Nuzzolo voit cette fois son missile heurter l’intérieur du premier poteau d’un Benito pétrifié. Mais si vous avez été attentifs, vous vous souvenez que j’ai dit en préambule que ce soir il y allait avoir une justice pour Neuchâtel Xamax. Moins de 10 minutes plus tard (56ème), Coly une fois encore accroché mais accrocheur contrôle d’une de ses tentacules, «happe» le ballon pour Rossi qui démarque Nuzz’ dans une position qu’il affectionne (remember Kriens). Ce dernier ne réfléchit pas plus que moi (c’est dire) et croise sa frappe en haut du deuxième poteau (enfin suffisamment à l’intérieur cette fois). Une égalisation largement méritée.
Avec des Everson (fatigué) et Chihab (peu concentré), les rouge et noir aborderont la dernière demie-heure avec moins d’allant qu’à l’accoutumée. Pire, malgré l’expulsion d’Elmer, impossible d’installer un power-play digne de ce nom. 5 minutes avant la fin du match, Coly se rate pour la première fois de la soirée et butte sur Benito. A la 90ème Malenovic galvaude un corner provoquant l’ire du public. On s’irrite. 93ème minute, Mesbah concède un corner bête alors que derrière lui Benito ne s’est apparemment pas fait entendre. Botté une fois encore par Malenovic, le ballon finit cette fois sur la poitrine de Besle qui «amortit» aussi bien qu’une plaque de marbre. Mais Steph est un battant, il se jette trois mètres en avant pour propulser «son» ballon au fond des filets. A la toute dernière minute. Le héros malheureux de St-Gall s’est racheté et rappelle qu’il reste une valeur sûre de l’effectif xamaxien. Besle d’ailleurs, qui comme Quennoz, est à créditer d’un nouveau match solide.

Stéphane Besle, le héros du match

Cette victoire in-extremis, qui propulse les Neuchâtelois à la 3ème place du classement, ne doit pas occulter des réalités plus alarmantes. La maîtrise du mi-terrain dépend largement de la forme des compères Chihab et Everson, or la forme de l’un et de l’autre semble fluctuer de match en match. Si Everson reste très précieux, notamment grâce à ses compétences techniques et son rythme, Chihab est capable d’inquiéter comme d’émerveiller. Mais face à Aarau comme contre St-Gall le week-end dernier, il a perdu bien trop de ballons et a galvaudé deux sérieuses occasions de but de la tête. Concentration et application défectueuse donc pour le Marocain qui ne devrait pas oublier qu’il y a sur le banc des allergiques au chasuble de remplaçant tels que Baettig (ce n’est pas son allergie qui fait qu’il est toujours tout pâlot hein).
Quant aux avant postes, il manque indiscutablement un renard des surfaces, capable de mettre à profit la force de pénétration toute en puissance de Coly, ou tout en finesse de Rossi.
Toutes les photos copyright Mediasports – Pascal Muller

NE Xamax – Aarau 2-1 (0-1)

La Maladière : 5220 spectateurs.
Arbitre : Mme Petignat.
NE Xamax : Zuberbühler; Jenny, Besle, Quennoz, El Haimour; Nuzzolo (81e Merenda), Chihab, Everson, Szlykowicz (88e Rak); Coly, Rossi (77e Malenovic). Entraîneur: Castella.
Aarau : Benito; Menezes, Rapisarda, Christ, Elmer; Sermeter (70e Mutsch), Burki (58e Antic), De Almeida, Bastida, Mesbah; Rogerio (58e Ianu). Entraîneur: Komornicki.
Notes : Xamax sans Jaquet. 48e : frappe de Nuzzolo sur le poteau. 56e : sauvetage de Szlykowicz sur la ligne (tir de Sermeter).
Cartons jaunes : Besle (34e, main), Elmer (57e, jeu dur), Christ (63e, jeu dur), Antic (89e, jeu dur), Benito (93e, antisportivité).
Carton rouge : Elmer (65e, 2e carton jaune).

Écrit par Roby Steedman