LHC 2007-2008 : grandes espérances et grandes attentes

Difficile exercice que celui de présenter une équipe alors qu’aucun fait réellement significatif n’a été enregistré depuis le début de la longue litanie des matchs de préparation. CartonRouge.ch se risque à l’exercice, un brin de subjectivité en plus.

Très rarement le LHC aura suscité autant d’attentes chez ses supporters (ndlr.: la vente d’abonnement a connu plus de succès que la saison dernière à même époque). Une formation incroyablement remaniée, un entraîneur charismatique – le premier peut-être depuis Benoit Laporte – et plusieurs talents membres des cadres juniors de l’équipe nationale, ce Lausanne HC-là a le potentiel d’être un aspirant aux grands honneurs. Malgré ce constat encourageant, il y a encore et toujours certaines zones d’ombres que le néo-management lausannois n’a pas encore eu le temps de résoudre, par manque de temps ou de disponibilité des éléments recherchés sur le marché. Au centre de ces problèmes, la défense, véritable talon d’Achille du précédent exercice et qui n’a pas été suffisamment renforcée. La faute à un manque criant de qualité sur le marché. Avec notamment les départs en retraite de plusieurs éléments, qui intéressaient la direction technique lausannoise (Giannini, Kout) ou le choix de certains joueurs de se tourner vers d’autres défis sportifs, – Heynen restant à Viège avec sa douce moitié ou Abplanalp à Fribourg, condamné à éviter le fond du classement de LNA. Résultat, le recrutement a été certes riche en qualité mais pauvre en quantité.


Lardi, futur patron de la défense ?

Avec Frederico Lardi, le Lausanne HC a décroché ce défenseur, le premier depuis Serge Poudrier, capable de tenir, sans difficulté, près de 25 minutes sur la glace. Le Grison, qui se retrouve pour la première fois dans un gros marché hockeystique après des expériences réussies à Martigny et à Viège, est rejoint par la grosse surprise des matchs amicaux : le Fribourgeois Antoine Morandi. Droitier, imposant physiquement et nettement plus complet que sa réputation le laissait entendre, le défenseur M20 a réussi à se rendre indispensable dans l’alignement. En compagnie de Malik Benturqui, il devra essentiellement faire déjouer les grosses lignes adverses. Un défi à la mesure d’un élément qui devra confirmer les bonnes dispositions entrevues du côté de la Chaux-de-Fonds l’an passé.
 
Outre ces deux bonnes recrues, le Lausanne HC a surtout reconduit ce qui valait la peine d’être gardé. Nicolas Villa devra confirmer les bonnes dispositions entraperçues lors de la dernière saison. Nul doute que Kevin Ryan donnera au Colombien d’origine les moyens de s’exprimer. En compagnie d’Oliver Schaublin, son partenaire favori, le jeune défenseur devrait disposer du temps de jeu nécessaire à son épanouissement. Le Lausanne HC a également prolongé les rugueux Benturqui et Grieder auxquels vient se joindre l’éternel espoir Loïc Merz qui ne devrait toutefois pas jouer à l’arrière tant son utilisation comme attaquant de devoir durant les amicaux à laisser entrevoir de bonnes choses.
Cette défense équilibrée manque toutefois d’un second élément de talent, un autre joueur fiable capable d’améliorer le jeu de transition vaudois qui reste probablement le gros point faible de l’équipe. Cet élément aurait pu être Laurent Emery. L’éternel «espoir» lausannois n’a pas su saisir sa «dernière chance de briller.» Las, une préparation d’été lamentable avait déjà mis le défenseur vaudois sur la touche. Le sursaut d’orgueil qui a suivi n’aura pas suffi au désormais ex-numéro 48 pour retrouver la considération perdue de Kevin Ryan. À juste titre d’ailleurs, ce dernier souhaitait maintenir le défenseur vaudois sous pression.


Kevin Ryan, le nouvel homme fort du vestiaire

Emery ne l’aura pas compris et il retourne, pour la troisième fois, en exil forcé par son seul manque de professionnalisme. Un gâchis regrettable, mais malheureusement prévisible tant la nature du défenseur lausannois peut être, par moments, détestable. Que l’on ne se trompe toutefois pas, Gary Sheehan, le seul entraîneur capable de faire évoluer Emery à quelque chose qui approche de son vrai potentiel, peut se frotter les mains. L’intransigeance de Kevin Ryan et consort lui permet de récupérer pour la énième fois son préféré de longue date. Malheureusement pour Emery, ce sera en LNB et pour longtemps encore.

L’attaque comme point fort ?

À l’inverse du secteur défensif, l’attaque vaudoise sera le grand point fort du contingent. Un luxe qui ne devrait pas être de trop lorsque l’on connaît l’exigence du public lausannois aussi prompt à s’enflammer qu’à descendre en flèches ses protégés. La brigade offensive promet d’être l’attraction des Lions. Le casting est alléchant. Avec André Baumann, le LHC possède enfin un avant de puissance – véritable denrée rare du côté de Malley ces dernières saisons – qui plus est champion de Suisse de LNA en titre (et qu’on ne me parle pas de Matthias Holzer). Certes, l’avant est un élément imprévisible et il reste de nombreuses zones d’ombre autour du personnage. Pour mémoire, sa seule expérience en Romandie aura tourné très court. Recruté par Chris McSorley, le Zurichois aux mensurations «NHLiennes» sera écarté comme un malpropre par le manager des Aigles. À ce jour, sa seule expérience dans la partie francophone du pays a plus que déçu. L’attaquant est inconstant, parfois un peu léger à la tâche, mais bien entouré, il n’a aucun mal à briller. Sa meilleure saison (16 point en 32 matchs à Rapperswil) prouve que son physique peut être utilisé autrement qu’à de basses besognes défensives.


André Baumann

Autre joli coup, la signature de Bernie Siegrist, 56 points en 76 matchs avec Ajoie ces deux dernières saisons. Le Canadien d’origine fut l’un des grands artisans de la descente du LHC en LNB lors de la saison 2004-2005 avec 6 points lors des 7 rencontres de la «Ligaqualification». Le néo-lausannois devait prolonger à Ajoie, mais c’est finalement l’offre «alléchante» de Jim Koleff qu’aura privilégié l’Ontarien.
En dehors de ces deux vétérans, le LHC a littéralement fait main basse sur le contingent offensif viégeois. Mais, à l’inverse des autres saisons, le Lausanne HC n’a pas recruté les meilleurs compteurs suisses de la formation haut-valaisanne. Pas de retours de Phlipp Orlandi ou de Stephan Gähler – les deux meilleurs compteurs du HC Viège l’an passé – mais une option mise sur le talent et le potentiel. Kevin Lötscher, Sylvan Lüssy et Thomas Rüfenacht retrouveront Jeremy Gailland – prêté par le Genève-Servette – qui avait lui aussi évolué du côté de la Liternahalle lors des play-offs 2006. Ces quatre renforts ont été parmi les plus difficiles à signer, mais la concurrence n’aura pourtant pas réussi à les détourner de Malley. En Gailland et Lötscher, le Lausanne HC a mis la main sur deux cadres de l’équipe nationale junior. Sylvan Lüssy, capitaine viégeois et néo-capitaine lausannois, devrait apporter son leadership aux Lions. Pour Kevin Ryan le fait de pouvoir compter, à nouveau, sur son homme de confiance dans le vestiaire aura une influence positive sur l’adaptation du groupe à son nouvel environnement. Enfin, en Thomas Rüfenacht qui a préféré le Lausanne HC à un troisième retour dans l’Emmental, Kevin Ryan bénéficiera d’un attaquant polyvalent et talentueux qui cherchera à prouver que malgré son petit gabarit, l’Américain d’origine a sa place dans un bon club de LNA.
Jim Koleff n’a choisi de conserver que deux éléments – le cas Gailland mis à part – du précédent contingent d’attaquants. Julien «Feu Flamme» Staudemann a gagné son contrat lors des play-offs de la saison passée alors que le bosseur et polyvalent Antoine Lussier avait été signé pour deux saisons par le prédécesseur de Jim Koleff, Paul-André Cadieux durant l’été 2006. Si nous ajoutons encore l’acquisition des deux nouveaux étrangers Eric Himelfarb et Cory Pecker, un gros 80% de la brigade offensive vaudoise aura été remplacée par le duo Koleff – Ryan.


Cory Pecker : la nouvelle idole de Malley ?

L’autre gros point d’interrogation concernera incontestablement le duo d’étrangers. Tout droit venus des bons papiers de Jim Koleff, les deux attaquants canadiens ont surtout écumé les glaces de AHL. Avec moins de succès que plusieurs de leurs prédécesseurs en terres helvètes – ce qui n’est pas forcément gage de réussite, n’est-ce pas MM. Balej, Skalde et Suchy – le duo d’importés des Lions devra essayer de faire oublier le binôme Bélanger – Lefebvre auteurs d’un impressionnant total de 146 points, malgré le poids des ans et un «contingent défensif» aberrant plus à même de mettre les deux Canadiens dans la panade que de les servir dans leur quête offensive.
Des deux étrangers, Eric Himelfarb sera l’élément-clé de l’équipe vaudoise. Complet, intense, rapide, physique et excellent au chapitre des mises au jeu, l’Ontarien occupera le poste de premier centre avec un temps de jeu très important. Sur beaucoup de points, Himelfarb rappelle Eric Landry, un autre favori de la foule lausannoise exilé du côté de Moscou et de ses pétrodollars cette saison. Cory Pecker épaulera son compatriote sur la première triplette. L’intensité et un grand talent offensif caractérisent le mieux cet ailier capable d’évoluer également au centre. Pecker est aussi doté d’un bon lancer et de mains très supérieures à la moyenne. Les deux Canadiens devront toutefois surveiller leurs nerfs et s’habituer au rôle particulier incombant aux étrangers en LNB. Leur manque d’expérience pourrait aussi être un handicap pour deux éléments plus difficiles à canaliser que les vieux briscards auxquels ils succèdent.


Eric Himelfarb

La profondeur, un groupe à (re)construire et les gardiens comme zone d’ombre ?

Le talent dont regorge le Lausanne HC ne fait pas oublier tout le travail qui reste à accomplir. En premier lieu, Kevin Ryan devra réussir à construire un groupe autour de son ossature… viégeoise. Un constat qui pourrait être difficile à accepter pour les joueurs qui ont évolué l’an passé à Lausanne – ces éléments se retrouvant pratiquement transférés au sein d’un club qui était déjà le leur lors du précédent championnat ! La difficulté de construire une identité à cette équipe est le premier grand défi de la formation lausannoise. Kevin Ryan parle déjà de novembre pour que le club atteigne son plein potentiel. Ces paroles de l’entraîneur des Lions se sont traduites par les faits durant les différents matchs amicaux.
Dans toutes les circonstances de jeu sans le disque, les Lausannois ont fait forte impression en appliquant un gros fore-checking, pratiquant un bon box-play et un jeu de transition défensive enfin cohérent. À l’inverse, la tâche s’est avérée plus scabreuse avec un homme de plus sur la glace ou lorsque les Vaudois devaient faire le jeu, les automatismes entre les différentes lignes d’attaque étant actuellement encore à un état par trop embryonnaire. Résultat, le LHC a bien tiré son épingle du jeu contre des formations supérieures – comme contre Fribourg, Genève et le Lokomotiv Yaroslavl – mais nettement moins contre des concurrents de LNB qui préféreraient subir le jeu de la formation de Ryan.
Plus vite, le LHC trouvera l’équilibre entre ses différentes composantes, plus rapidement l’équipe pourra atteindre son plein potentiel, celui d’une formation capable de jouer le top-3 de LNB.
Autre souci de ce Lausanne HC new-look, son absence de profondeur offensive. Sans l’apport de Merz, défenseur (fébrile) de métier, les Lions ne possèdent pas quatre lignes complètes. Un pré requis pourtant nécessaire lorsque l’on connaît la propension de Kevin Ryan à user de quatre trios pour harceler son adversaire. Certes, Genève-Servette, le «grand frère désintéressé au grand coeur», a promis de prêter certains de ses éléments – probablement Bonnet, Rivera, Le Moine ou Augsburger – mais l’absence d’un douzième et d’un treizième attaquant sous contrat pourrait s’avérer problématique à terme. Le Lausanne HC devra, en effet, constamment tenter d’intégrer de nouveaux éléments au sein d’un groupe dont la stabilité est à construire. Dans ce registre, la non promotion de certains membres des juniors élites du LHC rend sceptique sur la volonté de Kevin Ryan de construire son groupe avec les jeunes du cru. Ainsi, tout comme dans le cas des défenseurs, il y a fort à parier que le duo Koleff – Ryan gardera un œil attentif sur l’évolution du marché des transferts.


Sébastien Pellet

Enfin, le dernier mystère concerne les gardiens. Le Lausanne HC a toujours pu compter sur de bons portiers (là aussi, comme pour Holzer certaines exceptions confirment la règle, que l’on ne vienne donc pas me parler de ce cher Reto Schürch). Aux Kindler, Hiller ou Streit succèdent un éternel espoir, balancé au poste de titulaire à 18 ans dans la cage du EV Zoug (saison 2003-2004) : Michael Tobler. Ce dernier sera flanqué de l’énigme Sébastien Pellet en back-up. Si les deux cerbères lausannois possèdent un indéniable talent, aucun des deux n’a tenu le choc devant le filet durant une saison complète. Pellet a craqué en début d’année 2007 alors qu’il avait tenu le fort durant de longues semaines pendant que Tobler jouait de temps en temps un demi-match, les soirs où les Aigles jetaient la serviette. Kevin Ryan devra trouver un équilibre entre ces deux cerbères, histoire de bien gérer leurs inévitables black-out. Un autre défi en perspective.
À la tournée des chemins, le Lausanne HC a les moyens de jouer le haut du tableau. Mais, contrairement à ce que beaucoup pensent, cette édition des Lions ressemble plus à l’équipe qui a échoué en finale de promotion contre Rapperswil en 1994 qu’à celle qui a atteint l’élite un an plus tard lors de l’apogée de l’ère Jayet ou de celle, bénie des Dieux, qui a «sorti» la Chaux-de-Fonds en 2001. Le seul gros défaut de cette phalange lausannoise, certainement la plus talentueuse de la décennie, est peut-être le manque de temps mis à sa disposition pour se construire. D’un certain côté, l’histoire de ce groupe pourrait rappeler la dernière formation du LHC du duo Laporte – Vincent. Le Lausanne HC d’alors n’avait pas joué à sa vraie valeur, mais plusieurs de ses composantes – Monnet, Wirz, Guignard, voire Flueler – ont ensuite (re)lancé leur carrière helvétique.
Kevin Ryan aura une pression énorme, nettement plus difficile à supporter que celle de ces prédécesseurs. Au contraire de ces derniers, le nouvel entraîneur lausannois est probablement le premier à posséder une formation capable de dominer la ligue. Reste à savoir si l’Ontarien sera à la hauteur du plus gros défi de sa carrière naissante. Au vu du charisme du bonhomme, on se permettra d’y croire !
Toutes les photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller


Départs :

Laurent Emery (Chx-de-Fds), Bernhard Schümperli (Ajoie), Bruno Brechbühl (Viège), Daniel Bieri (Napf/1.L), Florian Conz (Servette), Jean-Jacques Aeschlimann (Ambrì), Jesse Bélanger (Saint-Georges/LNAH), Lovis Schönenberger (Ambrì), Michael Bochatay (Chx-de-Fds), Michel Kamber (YS Neuchâtel), Patrice Lefebvre (Pontebba/ITA), Roman Botta (Chx-de-Fds), Ronny Keller (Thurgovie), Thomas Berger (Retraite), Vincent Ermacora (Martigny), Marc-Pierre Tschudy, Rémy Rimann.

Arrivées :

Bernie Sigrist (Ajoie, 2008), Antoine Morandi (Chx-de-Fds, 2009), André Baumann (Davos, 2009), Federico Lardi (Viège, 2008), Kevin Lötscher (Viège, 2008), Silvan Lüssy (Viège, 2009), Thomas Rüfenacht (Viège, 2009), Yanick Bodemann (Viège, 2008), Kevin Ryan (Viège, 2009), Cory Pecker (Binghamton/AHL, 2008), Eric Himelfarb (Grand Rapids/AHL, 2008).

Prolongations :

Antoine Lussier (2008), Jérémy Gailland (2008), Julien Staudenmann (2010), Loïc Merz (2008), Malik Benturqui (2008), Marc Grieder (2008), Michael Tobler (2008), Nicolas Villa (2010), Olivier Schäublin (2009), Sébastien Pellet (2008).

Écrit par Jérôme Verrey

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6 Commentaires

  1. belle article
    j adore cartonrouge

    seb avec tout le respect je te dois je suis aussi un fan genevois
    mais je coris faut souhaiter le maximum de reussite a lausanne pour le saison maintenant on est partenaire
    alors que lausanne monte au plus vite en LNA

    mais je suis d ak avec toi sur le point que le meilleur de hockey suisse romande est http://www.gshc.ch
    et pour des annee a venir enocore

    alors alle geneve
    et bonne chance au lausannois

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