Tintin, ne t’emballe pas…

Contre toute attente – en tout cas la mienne -, le FC Sion s’est imposé 3-2 contre Galatasaray au match aller du 1er tour de la Coupe de l’UEFA. Malheureusement, ce succès risque d’être rapidement réduit à une victoire de prestige dans le palmarès de Valaisans qui auront bien du mal à résister à la formidable pression du stade Ali Sami Yen le 4 octobre.

Au Stade de Genève – j’étais pourtant sûr que Tintin voulait construire à Aigle, Colombey, Martigny ou Riddes -, la première demi-heure des jouets du dictateur fut tout simplement parfaite. Rien ne semblait pouvoir atteindre les hommes du Mister. Alioui faisait parler sa puissance, Dominguez volait sur la pelouse, Adeshina détruisait à coups de pilon les pathétiques défenseurs stambouliotes et Obradovic s’amusait avec ses adversaires au rythme de ses crochets décisifs.Je voyais déjà le sourire aux lèvres de tous les amoureux de l’Olympique du Léman. J’avoue que je n’affichais pas la même confiance. Il ne faut pas se leurrer, Sion est loin de transpirer la tranquillité et la maturité depuis bien longtemps. Je sais, on nous a souvent expliqué que Kali était un des meilleurs défenseurs de la planète, que Nwaneri impressionnait de puissance, que Chedli avait de l’expérience. Mais franchement, ce qui fonctionne contre Aarau ou Thoune – et encore, pas toujours – n’est pas aussi efficace sur la scène européenne.

Les Sédunois ont jubilé pendant 30 minutes

Tintin d’Octodure a beau dire que bon nombre de ses joueurs sont des internationaux, qu’ils ont le métier nécessaire pour permettre à Sion de triompher au plus haut niveau. Dans les faits, les Valaisans ont avant tout profité de l’attitude un peu hautaine des immondes Turcs durant la première demi-heure pour en enfiler trois, avant d’atteindre leurs limites dans la gestion du jeu et l’assise défensive.
Oui, certains Turcs ont été immondes hier soir. Un public qui a autant brillé par ses chants que par ses sifflets irrespectueux, ses fumigènes et les jets d’objets sur le terrain. Une équipe hargneuse de petits roquets enragés toujours prêts à faire un geste déplacé. Le spectre d’Istanbul et du Turquie-Suisse n’est pas bien loin… Permettez-moi de poser une question qui fâche : pourquoi l’UEFA continue-t-elle à laisser les formations de ce pays prendre part à ses compétitions ?
Parlons-en, justement, d’Istanbul. Le match retour, dans une ambiance de feu et un milieu hostile, ne sera bien évidemment pas une sinécure pour les Sédunois. Mais, avec une défense aussi hermétique que le bateau de Steve Ravussin, Galatasaray n’est pas totalement à l’abri. Sion peut marquer en Turquie. Une bonne nouvelle. Le tout sera de savoir si les jouets du dictateur sauront faire trembler les filets assez souvent pour passer l’épaule, tant il semble acquis que les Stambouliotes mettront Vailati à rude épreuve.

Du pain sur la planche

«L’équipe monte en puissance, à l’image de Dominguez», expliquait Tintin d’Octodure à l’issue de la rencontre. Selon lui, le contingent de Sion arrive peu à peu à son meilleur niveau. Un niveau qui va lui permettre de jouer le haut de tableau. Oui, peut-être. Mais, M. l’architecte, ne vous emballez pas !
Si la victoire contre Galatasaray est une performance de choix, elle ne constitue pas non plus – compte tenu du déroulement du match – un exploit qui fait de Sion une grosse cylindrée. Avant cela, n’oubliez pas que votre dream team avait perdu à Bâle, à domicile contre Zurich (5-0 tout de même !) et à St-Gall. Et que, ce n’est ni le succès contre un Ried insignifiant, ni le nul à Lucerne ou encore moins la promenade à Frontenex contre UGS qui permettent de réellement juger de l’état de forme de votre équipe.

Dominguez, auteur du 1er but, monte en puissance

Il faudra ainsi continuer le redressement en Supel League, où les points ne pourront plus être perdus à gauche et à droite si le tiercé de tête demeure l’objectif du club. J’espère pour vous que votre effectif retrouve vraiment la pleine possession de ses moyens. Car vous devez disputer trois matches en sept jours (dimanche 23 contre YB, jeudi 27 contre Thoune et dimanche 30 à Aarau), avant de plonger dans l’enfer d’Istanbul.
Il est alors trop facile de claironner que Sion est au top, puis de descendre tout le monde en flamme au moindre coup d’arrêt. Or, je suis persuadé que c’est ce qu’il va se passer. Peut-être même dès dimanche à Tourbillon contre les vilains ours bernois.
Toutes les photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller

Sion – Galatasaray 3-2 (3-1)

Stade de Genève : 15’000 spectateurs.
Arbitre : M. Megi Davila (Esp).
Buts : 7e Dominguez 1-0, 10e Vanczak 2-0, 32e Alioui 3-0, 39e Lincoln 3-1, 67e Linderoth 3-2.
Sion : Vailati; Nwaneri, Chedli, Kali (70e Mijadinoski); Alioui (50e Geiger), Vanczak, Bühler, Paito; Obradovic, Dominguez; Adeshina (63e Zaki). Entraîneur: Bigon.
Galatasaray : Orkun; Ugur, Servet, Song, Volkan; Carrusca (39e Ayhan), Linderoth, Sas; Lincoln; H. Sukur, Nonda (62e Karan). Entraîneur: Feldkamp.
Notes : Sion sans Di Zenzo, Joao Pinto, Beto. Galatasaray sans Arda, Sabri, Okan (tous blessés). 10e: but de Nonda annulé pour hors-jeu.
Cartons jaunes : Ugur (55e, faute sur Adeshina), Vanczak (68e, jeu dur), Nwaneri (92e, réclamations alors que Vailati était bombardé d’objets divers).
Corners : 10-5 (6-2).

Écrit par Psyko Franco