L’impensable exploit reste possible

Malgré un tirage au sort impossible, Young Boys peut toujours rêver d’une participation à la Ligue des Champions. Eblouissants durant la première demi-heure, les Bernois ont toutefois laissé passer une belle chance de se déplacer à White Hart Lane avec un avantage plus conséquent.

En mai dernier, après la défaite de Young Boys lors de la finale du championnat contre le FC Bâle, je m’étais amusé à imaginer quel pourrait être le tirage au sort le plus ardu pour les Bernois sur la route de la Ligue des Champions. J’étais arrivé à la conclusion que le tirage le plus compliqué serait Fenerbahçe puis Tottenham, je n’étais pas tombé loin du compte. Rassure-toi, je n’ai rien à voir avec Paul le Poulpe, je ne pronostique jamais une victoire de l’Espagne et, quand je vais dans la Ruhr, ce n’est pas à Oberhausen, mais c’était juste pour souligner l’ampleur de la tâche qui attendait YB s’il entendait accéder pour la première fois de son histoire à la Ligue des Champions. Soit éliminer deux équipes au budget environ dix fois supérieur au sien en l’espace de quelques semaines !

Comme dans un rêve

Et pourtant, cet exploit il reste parfaitement envisageable après la double confrontation contre Fenerbahçe et le match aller contre Tottenham Hotspurs. Et ce en premier lieu grâce à une première mi-temps quasi-parfaite : après un premier tir sur le poteau (2e), Senad Lulic allait réussir ce qu’il avait manqué à l’aller contre Fenerbahçe en logeant au bon endroit un tir préalablement contré. Dans l’enchaînement, Marco Wölfli réussit une sortie décisive dans les pieds de Giovani Dos Santos, avant qu’Henri Bienvenu ne profite d’une passe manquée de Pavlyuchenko à mi-terrain pour prendre de vitesse la lourde défense anglaise pour inscrire le 2-0 avec beaucoup de sang-froid. Le Stade de Suisse n’était pas encore remis de ses émotions que Moreno Costanzo, éblouissant en 1ère période, délivrait une merveille d’ouverture pour Xavier Hochstrasser qui ne se posait pas de question et triplait la mise en force.

Suisse – Angleterre, répétition générale ?

Cette démonstration initiale est d’autant plus réjouissante qu’elle a été réalisée avec sept joueurs suisses sur le terrain, c’est de bon augure alors qu’un certain Suisse – Angleterre approche à grands pas ; accessoirement, ça devrait donner quelques idées à certains présidents romands qui ont fait de l’engagement de mercenaires étrangers de troisième zone une religion. Les supporters anglais étaient eux complètement abasourdis, on ne sait pas si c’est la YB-Wurst, toujours aussi terrible, ou le score qui leur restait sur l’estomac, sans doute un peu des deux. Le Stade de Suisse lui en revanche était en ébullition : quand on voit l’ex-Wankdorf dans ce genre de soirée, on regrette que l’équipe de Suisse n’y joue pas plus souvent, l’ambiance rend mieux qu’à Saint-Jacques. Sans compter que le déplacement est quand même un peu plus court pour nous autres Romands.

L’accident

On a dit qu’YB avait réussi une mi-temps seulement presque parfaite car il y a eu un couac juste avant la pause. En plus, on l’a vu arriver : un corner pas complètement inévitable, le monumental Bassong qui monte à contretemps, les défenseurs bernois se regardent pour savoir qui doit aller au marquage, Wölfli hésite à sortir et ça fait 3-1. Après la pause, les Bernois nous ont fait peur en reculant, le peu inspiré Roman Pavlyuchenko galvaude deux balles de but en début de seconde période. Mais YB a ensuite parfaitement contrôlé le match et endigué les assauts anglais. Ce sont même les Bernois qui auraient pu et dû inscrire le 4-1 sur deux reprises trop enlevées de Christian Schneuwly, à chaque fois sur des services d’un David Degen une nouvelle fois excellent. Je sais que ça va faire plaisir à certains d’entre vous mais, avec ce genre de performance, l’ancien joueur de Mönchengladbach devient un candidat très crédible à la sélection en équipe nationale, à l’heure où cette dernière manque cruellement d’éléments capables d’amener de la vie et de l’animation dans le jeu.

L’exploit est en marche

Las pour les Bernois, au lieu de 4-1, cela allait être 3-2 sur un une-deux ponctué d’une frappe surpuissante de Pavlyuchenko, qui avait pourtant tout raté jusque-là. Personnellement, je l’aurai sorti mais c’est peut-être pour ça qu’Harry Redknapp est entraîneur en Premier League, alors que moi je me contente de faire de vagues théories sur un obscur site romand. Ce score de 3-2 a semblé satisfaire les deux équipes et plus rien ne se passera jusqu’au coup de sifflet final de M. De Bleeckere, auteur d’un match parfait et qui a confirmé qu’il était bien le meilleur arbitre du monde.
Battre le 4e du dernier championnat d’Angleterre, cela reste un exploit considérable pour un club helvétique même si (parenthèse TSR), 4-1 ça aurait été mieux que 3-2. L’avantage paraît donc mince avant le déplacement à White Harte Lane, surtout que les Spurs ne devraient pas faire preuve de la même suffisance que Fenerbahçe et que leurs supporters ne siffleront pas leur équipe à la première mauvaise passe. Tottenham n’a pas cravaché durant tout un championnat pour devancer Manchester City, Liverpool et Aston Villa pour échouer aux portes de la Ligue des Champions contre un club suisse. Toujours est-il qu’au coup d’envoi du match retour, c’est bien YB qui sera qualifié et que les Bernois, lors de leurs deux derniers grands déplacements européens, restent sur une victoire 1-0 (Fenerbahçe et Bilbao). Young Boys peut donc toujours rêver de l’impensable exploit de se qualifier pour la Ligue des Champions tout en ayant hérité du pire tirage au sort possible. Voilà qui ferait date dans l’histoire du football suisse.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

BSC Young Boys – Tottenham Hotspurs 3-2 (3-1)

Stade de Suisse, 30’166 spectateurs.
Arbitre : M. De Bleeckere.
Buts : 4e Lulic (1-0), 13e Bienvenu (2-0), 28e Hochstrasser (3-0), 42e Bassong (3-1), 83e Pavlyuchenko (3-2).
Young Boys : Wölfli; Sutter, Affolter, Jemal, Spycher; Degen (90e Raimondi), Hochstrasser, T. Doubaï, Lulic; Costanzo (65e C. Schneuwly); Bienvenu.
Tottenham : Gomes; Corluka, Dawson, Bassong, Assou-Ekoto (36e Huddlestone); Giovani, Palacios, Modric (46e Kranjcar), Bale; Pavlyuchenko, Defoe (66e Keane).
Cartons jaunes : 4e Assou-Ekoto, 68e Bassong, 72e Bienvenu.

Écrit par Julien Mouquin

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13 Commentaires

  1. « c’est peut-être pour ça qu’Harry Redknapp est entraîneur en Premier League, alors que moi je me contente de faire de vagues théories sur un obscur site romand ».

    Haha, génial !
    :o)

    Sympa le clin d’oeil à DeBleeckere.
    En effet un tout bon arbitre mais, nul n’étant prophète en son pays, souvent critiqué lors de ses arbitrages en Belgiques ! pourtant, il est bel et bien excellent et aurait mérité peut-être la finale de la dernière CDM. il ne pouvait malheureusement pas l’arbitrer car les Pays-bas était en finale et qu’en vertu d’une collaboration entre arbitres belges et néerlandais (échanges dans les championnats), ceux-ci ne peuvent pas arbitrer l’équipe nationale du voisin…

  2. C’est clair que c’est emmerdant que la Nati joue à Bâle… C’était une décision super « intelligente » en plus que l’ASF a pris il y a quelques années…

  3. Si l’équipe de Suisse ne joue pas à Bern, c’est sauf erreur à cause du terrain synthétique qui n’est pas encore autorisé pour les équipes nationales.

    (Mais à confirmer comme je ne suis pas sûr de ce que j’avance…)

  4. Oui c’est à cause du synthétique et des coûts excessifs pour installer une pelouse naturelle juste pour un ou deux matchs (comme cela avait été fait à l’Euro) mais il n’y aurait pas eu de synthétique au Wankdorf si on avait décidé d’en faire le stade national de 40’000 places comme initialement prévu.
    L’erreur ça a été de déplacer le stade national en aggrandissant Saint-Jacques.

  5. Perso, depuis que l’ancien Wankdorf a disparu, j’ai toujours préféré Bâle et le Parc Saint-Jacques… En plus, sans vouloir faire une pique gratuite, les supporters d’YB sont d’un antipathique… Alors que pour ceux qui ont connu les déplacements Ligue des champion du FCB en 2002, ils seront juger ce public à sa juste valeur: de très très très loin le meilleur de Suisse..

  6. Match énorme hier soir et belle ambiance, ai pas osé les YB Wurst par contre:)
    Sinon je trouve tout à fait normal que la Suisse joue les grands matchs dans le plus grand stade de Suisse, même Si ca allonge le déplacement

  7. Etant le Lausanno-bernois que je suis, le fait que YB et LS font des resultats Europeen exceptionnels durant la meme annee.. ca me fait presque bander!! Les buts de Tosi? Le missile de Hochstrasser (je lui pardonne d’etre G’nevois, c pas de sa faute;)? Tout simplement genial! Continuer a me faire rever les gars! Vive le LS et hopp III BEE 🙂

  8. Dénouement du match très très similaire a ce qu’a vécu Sion en 2006 contre Galatasaray.

    3-0 après une demi heure, 3-1 à la mi-temps, 3-2 score final.

    J’espère pour YB que le match retour ne sera pas non plus du même type (rappel : 5-1 pour Galatasaray)

  9. Nouveau grand match d’YB. Ca fait plaisir, et espérons en effet que le retour soit du même niveau que celui en Turquie.
    Sur le premier but des Spurs, j’ai pas eu l’impression que Wölfli ait hésité… Il a surtout été géné par le défenseur sur la ligne m’a-t-il semblé…
    Bref, croisons les doigts pour Lôzâne demain soir!

  10. Superbe ambiance mardi soir à Berne en effet.
    Je n’y étais plus retourné depuis la reconstruction du stade. Et je ne regrette pas le déplacement.
    En plus avec les fans de Tottenham c’était super sympa.
    Allez Loz pour ce soir.

  11. @ Dazzy:

    Sisi, le synthétique est tout à fait autorisé pour les équipes nationales.
    D’ailleurs, le Russie – Allemagne de l’automne dernier, en qualifs pour la Coupe du monde, avait eu lieu sur le synthétique du Loujniki à Moscou.

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