Alors que son meilleur résultat cette saison était un quart de finale à Barcelone en avril, David Nalbandian vient de s’adjuger deux Masters Series de suite : le premier à Madrid en sortant à lui tout seul les trois meilleurs joueurs du circuit, le second à Paris en battant à nouveau Rodg et Nadal. Impressionnant.
Plus frais que tous ses adversaires en cette fin de saison ou simplement meilleur ? Il est très difficile de se faire une opinion précise : Rodg lui-même disait dans une interview que la seule différence qu’il ait véritablement remarquée était un service qui passait plus qu’à l’accoutumée. Nadal quant à lui avançait que si l’Argentin maintenait son niveau de Madrid et Paris pendant une année, il pourrait éventuellement remonter jusqu’aux meilleurs mais que ce n’était guère probable. Toujours est-il que ses deux victoires lui permettent d’atteindre la 9e place de la Race, le classement annuel de l’ATP, une position qu’il avait déjà occupée en 2005. En tout cas, en battant Federer deux fois et en humiliant Nadal – ne lui laissant que 7 jeux en quatre manches ! -, on peut imaginer que sa fraîcheur physique n’est pas la seule explication à son retour sur le premier plan.
David Nalbandian est sur un petit nuage
Alors que Rodg ne semble plus trouver la faille face à l’Argentin, c’est un autre Suisse qui a la clé. Sur leurs six confrontations, Wawrinka a remporté les quatre dernières. Son tournoi de Paris fut même excellent, passant de peu à côté de l’exploit face à Nadal après avoir atteint la finale du tournoi de Vienne, battu assez largement par Djokovic. Le Vaudois termine l’année à la 36e place mondiale, 7 petites places derrière son meilleur classement atteint l’année passée, alors qu’il a complètement manqué son début de saison, reculant jusqu’à la 57e place. On espère vivement que la pause hivernale lui permettra de se préparer pleinement pour l’année prochaine pour éventuellement viser une place dans le Top 20, un objectif qu’il est capable d’atteindre à la vue de son parcours à Paris.
A Paris, les langues se délient
Lancée depuis cet été et l’abandon soi-disant suspect de Davydenko, la rumeur de matches truqués se répand de plus en plus. Malgré les affirmations des grands du circuit, les langues commencent à se délier, derniers en date : Clément et Llodra (même si ces deux là n’ont pas vraiment besoin de se faire payer pour perdre des matches…), et l’on ne peut s’empêcher de commencer à se poser quelques questions voire même d’imaginer le pire.
Si l’on en croit un article du Figaro, le Brésilien Flavio Saretta, matricule 157, a avoué avoir été approché par un homme lui proposant 100’000 euros pour se coucher lors d’un match à Roland-Garros. Imaginez donc : ce joueur a gagné 63’000 dollars cette année, vous voyez ce que ça représente par rapport à son salaire ? Si cet homme dit vrai, un petit détour par le site de l’ATP, où l’on peut voir les gains sur l’année, nous renseignera sur les personnes capables d’être touchées par le phénomène : prenons Juan Pablo Brzezicki, qui vient de faire son entrée pour la première fois de sa vie dans le top 100, il a gagné près de 125’000 dollars en 2007. Pour lui aussi 100’000 euros est une somme énorme, cela double son salaire annuel !
Alors je ne sais pas si le phénomène existe vraiment, toujours est-il qu’un vaudeville lancé par autant de joueurs sur un sujet aussi grave n’est pas imaginable. Et si des mafieux anti-sportifs sont capables de payer un joueur inconnu 100’000 dollars, on imagine assez facilement qu’une personne se démenant comme un beau diable pour ramener 50’000 dollars par saison se laisse tenter par une somme importante.
Davydenko a-t-il triché ?
Huit joueurs pour un sacre
Mais revenons au sport, au vrai, car après les incertitudes des derniers tournois, on connaît enfin le nom des qualifiés pour la Masters Cup de Shanghai. Petit tour d’horizon des forces en présence :
Pour la sixième année consécutive, Roger Federer se qualifie pour ce tournoi de fin d’année qu’il a déjà remporté trois fois. 2007 restera une saison en demi-teinte pour lui malgré trois titres du Grand Chelem et une finale à Roland Garros : s’il l’emporte en Chine, il dépassera d’une petite unité le nombre de tournois gagnés en 2003 (7), loin derrière 2004 (11), 2005 (11) et surtout 2006 (12). Après un US Open qu’il a parfaitement maîtrisé, on le sent moins incisif, se laissant aller parfois à effrayer son public (en oubliant son tennis lors du deuxième set de son premier tour à Bâle par exemple), sans parler de sa prestation en Coupe Davis loin d’être exempte de tout reproche. Bref, force est de constater qu’il n’est pas à son meilleur niveau et qu’il semble fatigué par sa saison. Le Bâlois vient de participer aux deux derniers Masters Series de la saison. Le constat est simple : c’est en général une période de repos pour le numéro un mondial ; ses mauvaises performances ne nous donnent que peu d’indication sur l’état dans lequel il arrivera à Shanghai.
Pronostic : une finale si ce n’est le titre.
Rodg reste le grand favori des Masters
En s’inclinant à Paris, Rafael Nadal est entré dans sa moins bonne série depuis 2004 puisqu’il n’a remporté aucun des cinq derniers tournois qu’il a disputés depuis Stuttgart et sa victoire sur Wawrinka. Après un début de saison en mode FedEX, le revers subi à Wimbledon semble avoir laissé des traces : si l’on excepte le tournoi allemand où son plus sérieux adversaire était classé 29e, il n’a participé qu’à une seule finale, celle de Paris-Bercy. L’année passée, lors de sa première participation à Shanghai, il s’était qualifié de justesse pour les demi-finales avant de subir la loi du maître. Il ne faut tout de même pas enterrer le Majorquin capable de tout si son corps le suit.
Pronostic : pas plus loin que les demi-finales, et encore.
Véritable révélation de la saison, Novak Djokovic a subi un énorme revers à Paris en se faisant sortir au premier tour par papy Santoro, tandis qu’il n’avait rien pu faire face à la locomotive argentine lors du Masters Series de Madrid. Difficile de se faire une réelle opinion sur la forme du jeune Serbe : sauf face à Santoro et Nalbandian, il a remporté tous ses matches depuis l’US Open mais contre des joueurs largement moins bien classés que lui et en perdant quelques sets au passage. Il faudra attendre le premier match pour juger de sa valeur pour sa première participation en Chine. Sa rapide élimination à Paris lui a laissé plus de temps pour récupérer que ses adversaires, une donnée qui n’est pas négligeable en fin de saison.
Pronostic : on le retrouvera en deuxième partie de tournoi, mais il est trop tôt pour savoir où.
Novak Djokovic pourrait créer la surprise
Le marathonien Nikolay Davydenko n’est pas dans sa meilleure saison en se qualifiant pour une seule finale lors d’un petit tournoi sur sa terre natale. 4ème mondial, il n’a battu que deux membres du Top 10 cette année et aucun des autres qualifiés pour Shanghai. On ne l’imagine pas créer l’exploit pour son 26e tournoi de l’année, à moins d’une obscure manœuvre ayant rapport à des paris sportifs, mais nous ne nous aventurerons pas plus loin sur ce sujet.
Pronostic : comme lors de 16 tournois cette année, on le voit mal gagner plus d’un match en Chine.
Andy Roddick est l’une des grandes incertitudes de ce tournoi. Revenu à un excellent niveau après la claque subie face à Federer en Australie, l’Américain a paru en délicatesse avec un genou lors de sa défaite face à Santoro à Lyon (et bien dis donc, il y va fort l’ancêtre français). De plus, il n’a joué que trois matches depuis l’US Open et ce quart de finale où il avait failli renverser le maître.
Pronostic : impossible de juger son niveau actuel avant le premier match, en espérant qu’il soit bel et bien à Shanghai.
Andy Roddick pourra-t-il jouer à Shanghai ?
Auteur de la meilleure saison de sa carrière, David Ferrer est l’une des bonnes surprises de l’année. Un excellent US Open et une victoire à Tokyo lui ont permis de se qualifier pour le Masters malgré les déconvenues de Bâle et Madrid. A Paris, l’Espagnol n’est pas passé loin de sortir l’homme fort du moment, Nalbandian. De plus, ses récentes victoires sur Nadal et Gasquet pourraient lui donner la confiance nécessaire à la réalisation d’une excellente Masters Cup.
Pronostic : une place dans le dernier carré ne serait pas étonnante.
Fernando Gonzalez arrive chaud bouillant en Chine. Après une énorme déception à New York où il s’était fait sortir au premier tour, le Chilien est celui qui a le plus joué depuis, avec des résultats en dents de scie. Vainqueur à Pékin, il a ensuite enchaîné en perdant en Coupe Davis en Israël face au 105e mondial (!) puis à Madrid face à un Nicolas Kiefer.
Pronostic : il serait étonnant de le voir remporter plus d’un match.
Gonzalez a alterné le bon et le catastrophique
Un second «Suisse» sera à Shanghai cette année : Richard Gasquet, le joueur qui a dû le plus lutter pour conquérir sa place de qualifié. Devançant de justesse Nalbandian, il doit sa qualification à deux excellentes sorties à Mumbai et Tokyo avant d’atteindre le dernier carré à Paris. Pour sa première participation, le résident de Neuchâtel devrait avoir beaucoup de peine : en termes de confrontation directe, il ne domine aucun des joueurs présents. Malgré tout, ses derniers résultats sont en dessus de la plupart de ses adversaires. Le prodige tricolore pourrait éventuellement venir jouer les trouble fête.
Pronostic : soit la bonne surprise, soit rien du tout.
En ce qui concerne les viennent ensuite, on commencera par le premier d’entre eux : David Nalbandian. En cas d’abandon d’un «titulaire», l’Argentin pourrait être de la partie et même lorgner vers le titre si son état de forme se confirme. Si Nalbandian a des chances de se retrouver en Chine, il n’en ait rien de Tommy Robredo qui devra compter sur deux défections de dernière minute pour pouvoir jouer. Autant dire que c’est une Masters Cup très ouverte que nous allons retrouver dès dimanche avec les premiers matches de poule.
Écrit par Nicolas Jayet
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