Federer, plus Suisse que les Suisses

La semaine passée, Roger Federer a disputé trois matches caritatifs (pour sa propre personne) face à «Magic» Pete Sampras. Nous n’allons pas revenir sur la signification – ou plutôt l’absence de signification – sportive de ces rencontres, mais plutôt sur l’attitude du numéro un mondial. Qu’il nous sorte le refrain «trop de matches, peur de me blesser» au moment de disputer le premier tour de Coupe Davis, soit. Mais est-ce vraiment explicable si la même année, ledit «déserteur» participe à trois matches exhibition en Asie et un autre, début mai, face à Rafael Nadal à Majorque ? Difficile à croire.

Personne n’a soulevé cette question dans la presse suisse, complètement obnubilée par le tennisman bâlois. Sans vouloir faire de nouveau dans la polémique et le scandale, nous nous permettons toutefois de rester sceptiques face au comportement du numéro un mondial en cette année 2007.Sérieusement, on lui demandait de jouer trois matches en un week-end face à l’Espagne dans un stade plein, pour son pays, avec, cerise sur le gâteau, une probable rencontre de prestige face à son plus grand ennemi, Rafael Nadal. Mais Rodgeur, soi-disant à cause d’un calendrier trop chargé, a préféré décliner l’invitation, frustrant ainsi ses supporters, Swiss Tennis et ses coéquipiers. La suite on la connaît, la Suisse perd logiquement contre l’Espagne avant que Rodg, en Zorro de la nation, fasse son retour face à la République tchèque. Mais cela ne suffit pas et la Suisse est lamentablement reléguée.

Stan exemplaire

Il va sans dire que la Suisse devra faire sans Federer en février contre la Pologne. Alors que Wawrinka et ses acolytes se battront trois jours durant pour amorcer la remontée de l’équipe suisse dans le Groupe A, le numéro un mondial se contentera de leur envoyer un sms d’encouragement. Désolant. On profitera de ces quelques lignes pour saluer l’attitude exemplaire de Stan Wawrinka qui a répondu présent à ce week-end de Coupe Davis aussi excitant qu’une partie à trois avec les soeurs Williams. La rencontre se déroulera d’ailleurs à la BodenseeArena, c’est dire l’attractivité du truc…
 
Le discours du numéro un mondial ne tient donc pas la route et nous avons de la peine à comprendre ses choix. Certes, le premier tour de Coupe Davis ne tombait pas au meilleur moment, niché entre l’Open d’Australie et la tournée américaine, mais est-ce que ces trois matches face à Sampras et le «duel des surfaces» face à Nadal étaient vraiment utiles ? Ne risquait-il pas aussi de se fatiguer voire, pire, de se blesser ? Mais voilà, sponsorisés à coups de millions par Nike, ces «amicaux» étaient financièrement plus qu’intéressants pour le numéro un mondial, au contraire d’un vulgaire premier tour de Coupe Davis où la vente des saucisses, la billetterie et les clopinettes des sponsors arrivent tout juste à lui payer son billet d’avion et son hôtel 5 étoiles.

Plutôt Bastl

Afin de mettre un terme à cette politique de matches de Coupe Davis «à la carte», ne faudrait-il dès lors pas se passer définitivement du pigiste de luxe et aligner des joueurs bien moins talentueux mais motivés et respectueux de leur nation ? Nous prônons ainsi le quatuor Scherrer-Chiudinelli-Bastl-Wawrinka pour défendre la patrie, avec un remplaçant de luxe en la personne de Stéphane Bohli («il nous plaît bien ce Bohli» © Pierre-Alain Dupuis). Ceux-ci ont montré de tout temps une motivation sans faille à porter la bannière à croix blanche.
Grâce à l’éviction de Federer, nous pourrions également nous séparer de deux poids morts qui plombent les derniers espoirs suisses, à savoir Séverin Lüthi et Yves Allegro. Après avoir imposé toute sa clique et évincé Marc Rosset dont le charisme semblait lui faire de l’ombre et surtout risquait de lui voler la vedette, le Bâlois n’assume même pas. Le «demi Sud-Af’» préfère laisser les autres se dépatouiller avec Casper et sa coupe digne d’un danseur de Tektonik et une réplique de Tim Henman sans le service, la classe, l’anticipation, les titres, le talent, le toucher, la volée, la colline, le charisme et… les points du double.
 En conclusion, pour un mec qui gagne 8 millions de prize money ainsi qu’au moins autant en contrats publicitaires par année, était-ce réellement nécessaire de prendre autant de risques et de mettre à mal son image si soignée 365 jours par année ? Vraiment pas ! Alors Roger, la prochaine fois, pense avec ta tête plutôt qu’avec ton porte-fric.
 

PS : au moins, grâce à ces matches, on a pu voir qui était le plus grand joueur de tous les temps. C’est déjà ça.

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