En route pour Melbourne !

Chaque année, les premiers tournois de la saison sont désertés par les représentants du haut du classement ATP. 2008 n’a pas fait exception à la règle et les vainqueurs des cinq premiers tournois sont classés au-delà de la 30e place pour trois d’entre eux. À se mettre sous la dent durant les deux premières semaines de compétition : la fessée prise par Nadal, les bons débuts de Stan et la surprise Llodra.

En finale à Chennai, ce n’est pas tant Youzhny qui a impressionné son monde mais bien le manque de relief du Majorquin laminé 6-0 6-1 en moins d’une heure par le Russe. Sans contester la supériorité du jeune Russe durant le match, Nadal s’est dit fatigué pendant cette partie, peut-être à cause du marathon qu’il avait dû livrer le jour précédent face à Moya. Toujours est-il que mettre en avant son manque de condition physique dès le début de la saison pour un joueur dont la ténacité sur le court a fait sa renommée est une chose bien inquiétante pour lui. La question est de savoir s’il joue l’intox avant l’Open d’Australie ou si son physique lui fait bel est bien défaut en ce début d’année.La bonne nouvelle du moment c’est l’excellente forme de Stan qui est passé tout près de réaliser ce que je lui ai prédit pour l’année 2008 dans mon précédent article (espérons que Rodg n’en fasse pas de même). Après un début de tournoi en douceur face à deux joueurs issus des qualifications, le Vaudois s’attaquait au géant croate Ljubicic et son terrible service. Une demi-finale que le Suisse a parfaitement maîtrisée, la preuve étant le tie-break de la première manche remportée sur le score sans appel de 7 points à 1, avant de s’adjuger le deuxième set sur le seul break de la partie (6-4). La finale fut le seul point noir du tournoi qatari de Stan, trop inconstant et se mettant trop souvent en difficulté (treize balles de break concédées !). Il profitait toutefois d’une baisse de régime de Murray pour s’adjuger la seconde manche avant de laisser l’Ecossais s’envoler vers le quatrième titre de sa jeune carrière. 15 heures de vol et 8 heures de décalage horaire plus tard, Stan se faisait sortir au premier tour du tournoi de Sydney par son futur vainqueur Tursunov, pas de quoi paniquer donc.

Stan fera mieux cette année…

La bonne surprise du moment est à mettre au crédit d’un joueur français. On signalera donc l’exploit de Llodra à Adélaïde. Dernier joueur accepté avant les qualifiés et wild card, il se hissait jusqu’à la finale en ayant recours à un tie-break par rencontre. Puis il s’impose face à Nieminen dans un match à sens unique. Belle performance pour le Français dont le dernier tournoi remporté en simple datait de 2004. Et pour finir ce tour des cinq premiers tournois de la saison, on note encore la victoire du «mafieux» Kohlschreiber à Adélaïde aux dépens de Ferrero dans un tournoi très peu relevé où il faut également noter la défaite expéditive de Ferrer (quart de finale) face à Benneteau. Comme quoi, les ténors du circuit n’étaient pas vraiment à la fête durant ces deux premières semaines.
C’est donc dire s’il est compliqué de s’amuser au petit jeu des pronostics en ce qui concerne le premier tournoi majeur de l’année : l’Open d’Australie, qui débute dès aujourd’hui. Au manque d’information sur la forme des principaux prétendants au titre s’ajoute le changement de surface opéré dans le courant de l’année à Melbourne. Théoriquement plus rapide que la surface de l’US Open, le Plexicushion s’avèrerait trop lent au dire des premiers joueurs ayant déjà foulés la surface bleue en ce début d’année, à l’instar de Novak Djokovic. Un petit plus pour Nadal ? La surface du tournoi a tout de même été jugée plus rapide qu’à Wimbledon selon le directeur du tournoi, on est donc encore loin de la terre parisienne ! Safin, lui, ne se pose qu’une seule question : «pourquoi du bleu ?». Les préoccupations des uns ne sont décidément pas forcément celles des autres…
Plus encore que les années précédentes, cet Open d’Australie posera les bases de la saison 2008 et c’est au terme de ces deux semaines de tournoi que l’on verra se dessiner les grands contours de cette année. Federer ne lutte pas seulement pour inscrire progressivement son nom dans la légende mais aussi pour tuer dans l’œuf les espoirs des prétendants au trône de numéro 1. Les deux principaux candidats au détrônement du maître sont bien évidemment Djokovic, qui devra confirmer son excellente saison 2007, et Nadal, qui pourrait théoriquement s’en emparer (si Rodg se fait sortir avant les demi-finales et que Nadal gagne. Ou s’il est finaliste et si le Suisse sorti avant le 3e tour). Mais tout cela reste très théorique, la voie jusqu’à la demi-finale semble bien dégagée pour le numéro un mondial. En cas de revers prématuré, on assisterait alors à une saison bien différente des précédentes où il devrait courir après ses adversaires pour conserver sa place, les possibilités de la perdre étant réellement présentes.

Djoke, principal prétendant au trône ?

Évidemment, le tableau australien ne se résume pas à ces trois joueurs, on a pu voir Safin et Roddick plutôt en forme à Kooyong. Il est clair que cela n’avait pas réussi à l’Américain il y a une année, fessé par Federer alors qu’il s’était pris à rêver d’une victoire face au patron. Le premier Grand Chelem de la saison sera de toute façon qualifié d’historique. En effet, papy Santoro va devenir le joueur ayant disputé le plus grand nombre de tournois majeurs (62), ravissant ce record à Agassi qui les avait parcourus avec légèrement plus d’efficacité, dira-t-on poliment. Murray a également décrété que cette année 2008 serait la sienne, ses premiers résultats lui donnent raison. Nadal devra particulièrement s’en méfier à Melbourne.
Peu gâté par le tableau, Stan aura, quant à lui, fort à faire pour confirmer son début de saison. Après avoir passé Benneteau puis un second tour un peu plus tranquille, il devrait se heurter à Davydenko. Le reste du parcours est également miné par la présence des Youzhny, Gasquet et autre Murray. Mais Stan aime les challenges, celui qui s’offre à lui durant cette quinzaine est magnifique ! A lui de prouver qu’il a sa place dans le Top 20. 

Écrit par Nicolas Jayet