Harpic contre-attaque

Rien n’a fonctionné pour des Genevois volontaires, mais sans lucidité en attaque et inexistants en défense. Était-ce la brochette de losers invités à cette rencontre (Servette FC et Geneva Devils) qui a porté la poisse ? Les Lakers et leur toujours seyante tenue couleur gel pour toilettes ont eux parfaitement joué le coup.

Comment une équipe qui se permet d’aligner Daniel Steiner en quatrième ligne, alors même que Sébastien Reuille est blessé, peut-elle être à la lutte pour les playoffs ? On se le demande un peu, mais depuis quelques temps, les nouveaux riches saint-gallois semblent décidés à reprendre une place plus conforme à leurs aspirations. Quitte à ne pas être séduisants. Recroquevillés en défense, détruisant parfaitement le jeu grenat, ils ont su profiter avec intelligence des largesses de la défense adverse.

Duel entre Serge Aubin et un Schtroumpf

Il aura toutefois fallu une dizaine de minutes aux voisins du Kinderzoo pour se mettre dans le rythme. Markus Bütler, Niki Siren et Niklas Nordgren vendangeaient ainsi d’énormes occasions. Passé ce délai, ils n’allaient presque plus rien rater.
Côté genevois, la volonté était bien là, mais c’est à peu près tout. Les attaquants évoluaient la tête dans le sac et, quand ils parvenaient enfin à se montrer dangereux, se cassaient systématiquement les dents sur un Marco Streit qui ne leur aura pratiquement rien laissé. Quant à la défense… euh non, désolé, ça ne se fait pas de parler des absents.
Alors donc que les Aigles tournoyaient stérilement, on retrouva une vieille connaissance des Vernets : le but encaissé en supériorité numérique. Tout partait de la gourmandise de Jonathan Mercier qui prétendait transpercer tout seul l’arrière-garde des visiteurs. La réponse fut brutale et lui en fit perdre sa crosse. Impossible donc dans ces conditions d’intercepter la passe de Tom Koivisto pour Oliver Kamber qui avait très bien senti le coup. L’ex-Lausannois pouvait même se permettre le luxe de s’arrêter dans le slot pour fixer Gianluca Mona. Ce coup du sort a peine digéré, la défense oubliait Stefan Hürlimann à la bleue, et l’action se terminait d’un tir précis dans la lucarne genevoise.
Les locaux étaient alors condamnés à une course-poursuite qui ne pouvait être que vaine. Ils ne trouvaient en effet la faille que sur deux exploits individuels : un magnifique solo de Jean-Pierre Vigier qui se relève après une faute, fait le tour de la cage et profite d’un bel écran de Florian Conz sur Noël Guyaz, puis une réussite toute en sang-froid du Jurassien. Les deux seuls Grenat à surnager se voyaient ainsi récompensés.

Vigier, l’un des rares Genevois à sortir du lot

Le problème est que la troupe du Lido ne se laissait pas le moins décontenancer par ces contingences et trouvait toujours une bévue défensive pour l’aider à reprendre ses distances. Pour renverser la situation, il aurait fallu un soupçon de chance, un rebond heureux. Mais comme rien ne devait aller, c’est aux Saint-Gallois que Dame Fortune allait donner un coup de pouce qui n’était pas franchement nécessaire. Nordgren inscrivait ainsi le quatrième suite à un rebond derrière le but consécutif à un ratage en règle de Siren, alors que le cinquième était inscrit bien malgré lui par Silvan Lüssy, l’homme venu du club-ferme ayant le tort de se trouver sur la trajectoire d’un dégagement en pivot et plein axe – admirez le sens du jeu – de Sebastian Schilt. Dans le genre des buts en powerplay surréalistes, celui-là figure en bonne position.
Comme nous ne sommes pas à Lausanne, on ne va pas déclencher le plan Orsec après deux contre-performances alors que l’équipe pointe toujours dans le haut du classement. Après tout, à cette époque de la saison, il n’est rien de plus difficile que d’affronter des équipes en manque de points pour participer aux playoffs. Toutefois, avec deux adversaires des alentours de la barre avant le poursuivant direct Zoug, les Genevois devront retrouver rapidement leur niveau de jeu habituel s’ils entendent conserver leur deuxième place. En espérant qu’elle ne soit pas synonyme d’un choc contre Davos ou Lugano.
Photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller

Genève-Servette – Rapperswil-Jona Lakers 2-5 (1-2 1-1 0-2)

Patinoire des Vernets : 4’873 spectateurs.
Buts : 13’23 O. Kamber (T. Koivisto, M. Czerkawski / 4 contre 5 / R. Schrepfer) 0-1, 16’36 S. Hürlimann (S. Gmür, N. Guyaz) 0-2, 17’59 J.-P. Vigier (I. Fedulov, J. Mercier) 1-2, 25’27 S. Roest (N. Nordgren, N. Siren) 1-3, 39’21 F. Conz (O. Keller) 2-3, 41’11 N. Nordgren (N. Siren, S. Roest) 2-4, 55’23 R. Schrepfer (sans assistance / 5 contre 4 / M. Hoehener) 2-5.
Arbitres : B. Reiber ; G. Mauron, P. Rebillard.
Genève-Servette : G. Mona ; G. Bezina, J. Mercier ; O. Keller, J. Gobbi ; R. Breitbach, M. Hoehener ; Jul. Bonnet, S. Schilt ; F. Conz, S. Aubin, K. Law ; J. Kolnik, J.-P. Vigier, I. Fedulov ; T. Deruns, S. Lüssy, J. Cadieux ; Jér. Bonnet, G. Augsburger, C. Rivera. Absents : P. Savary, M. Trachsler (blessés) et L. Meunier (surnuméraire, mais blessé aussi).
Rapperswil-Jona Lakers : M. Streit ; P. Fischer II, T. Koivisto ; S. Berger, N. Guyaz ; M. Schefer, G. Voisard ; T. Bucher ; N. Siren, S. Roest, N. Nordgren ; L. Burkhalter, O. Kamber, M. Czerkawski ; C. Micheli, M. Bütler, R. Schrepfer ; S. Gmür, S. Hürlimann, D. Steiner. Absents : S. Reuille, S. Friedli, M. Klingler (blessés) et C. Geyer (malade).
Pénalités : 5 x 2′ + 10′ (Deruns / comportement antisportif) contre Genève-Servette, 4 x 2′ contre les Rapperswil-Jona Lakers.

Écrit par Yves Grasset