Un match au sommet, vraiment ?

Une assistance confidentielle, une ambiance d’enterrement, un match sans passion ni relief, le moins que l’on puisse dire, c’est que le choc au sommet entre Bienne et Lausanne n’a pas tenu ses promesses. Au final, l’équipe qui s’est le moins désintéressée de la victoire l’a logiquement emporté. Cette fois, le doute n’est plus permis : il y a un gros malaise au LHC.

On attendait ce match au sommet entre Bienne et Lausanne avec une certaine impatience. D’une part parce qu’il était décisif pour l’attribution de la première place au terme du tour qualificatif, d’autre part parce que l’on voulait vérifier que la réaction d’orgueil du LHC entrevue lors du 3e tiers contre Thurgovie et certaines déclarations apaisantes parues dans la presse étaient bien synonymes de sortie de crise. Surtout qu’à Bienne les joueurs lausannois pourraient difficilement invoquer l’absence d’enjeu ou le peu d’attractivité de l’adversaire pour expliquer une nouvelle contre-performance. Il a malheureusement rapidement fallu déchanter : le LHC est toujours plongé en plein marasme et la fin du match contre Thurgovie n’a certainement pas provoqué le déclic attendu.Le 1er tiers a été équilibré entre deux équipes pas très bien dans leurs patins, avec même un léger avantage au LHC dans les premières minutes mais, d’un côté comme de l’autre, un minimum d’occasions. Une entame de match qui n’avait pas vraiment l’allure d’un choc au sommet et qui n’était certainement pas de nature à réveiller le maigre et silencieux public de l’affreux bunker du Stade du Glace. Tuomainen a toutefois pu profiter d’un puck perdu par Pecker pour servir le 1-0 à Tschantré et permettre aux Unaufsteigbaren du EHC Biel de rejoindre la 1ère pause avec une longueur d’avance.


La joie de Tschantré, auteur du premier but

Deux pénalités successives infligées aux Lausannois en début de seconde période ont permis aux Seelandais de doubler la mise sur un service de Tschantré pour Tremblay, complètement oublié par la défense vaudoise. Et pourtant, le Canadien n’avait pas grand chose à voir avec le joueur qui avait donné le tournis au LHC lors des derniers play-offs. La seule esquisse de révolte lausannoise est venue, comme toujours ces derniers temps, de la ligne de Sigrist, Staudenmann et Baumann. Mais Diethelm a pu sauver sur sa ligne devant Staudenmann, quelques secondes après le 2-0, alors que Wegmüller a réalisé l’un de ses très rares arrêts du match sur une belle combinaison Sigrist-Staudenmann. Mais ce n’était qu’un feu de paille (c’est à la mode à Lausanne) : sans génie ni brio, se contentant le plus souvent d’exploiter les innombrables relances hasardeuses de la défense adverse, Bienne aurait pu tuer le match avant la fin du 2e tiers.
C’est donc un 2-0 plutôt flatteur pour le LHC qui a sanctionné les quarante premières minutes de jeu, même si Bodemann a manqué la cage vide à vingt secondes de la 2e sirène. Pour illustrer le désarroi lausannois, mentionnons la supériorité numérique de la 37e : le LHC se présente à six joueurs de champ sur l’engagement (mais sans avoir sorti le gardien), l’arbitre fait preuve de clémence en ne dictant pas un surnombre mais les Lions se montrent incapables d’installer leur jeu de puissance. Pire, les Biennois n’ont même pas besoin de dégager le puck hors de leur zone de défense, les Lausannois se chargeant eux-mêmes de faire passer le palet du mauvais côté de la ligne bleue sur des passes imprécises.
Avec seulement deux buts d’écart, on se prenait cependant encore à espérer un scénario similaire à celui vécu par les deux équipes quarante-huit heures plus tôt : Bienne s’était écroulé au 3e tiers à Langenthal, alors que dans le même temps le LHC revenait de nulle part contre Thurgovie. Je pensais naïvement que cela ne pourrait de toute façon pas être pire que lors des deux premiers tiers. En fait si, cela pouvait : Bienne s’est contenté de gérer son avantage, multipliant les dégagements interdits, alors que le LHC a monopolisé le puck mais ne s’est créé qu’une demie occasion de but, offrant à Wegmüller le blanchissage le plus facile de sa carrière, avec guère plus de cinq arrêts à effectuer sur l’ensemble de la rencontre.


Baumann : tout en explosivité…

En soi, perdre à Bienne n’a rien d’infamant et le score n’a pas pris des allures de correction, certains pourraient donc être tentés d’y voir une défaite honorable. Mais une défaite ne peut être honorable qu’en ayant tout tenté pour infléchir le cours des événements. Cela n’a de loin pas été le cas du LHC au Stade de Glace. L’équipe est restée passive (à commencer par ses étrangers et son entraîneur), n’a jamais essayé de modifier son plan de jeu ou de passer la vitesse supérieure, se contenant le plus souvent de tentatives individuelles vouées à l’échec ou d’expédier le puck au fond de la patinoire sans forechecking derrière. Et pourtant, ce HC Bienne là n’avait rien d’un foudre de guerre, loin s’en faut.
Cette douzième défaite en terres seelandaises en autant de matchs depuis le retour du LHC en LNB sonne le glas des espoirs lausannois de terminer en tête le tour qualificatif. Une promotion en LNA passera donc vraisemblablement par au moins une victoire au Stade de Glace. Ce qui n’a rien d’impossible, celui-ci, malgré ses kilomètres de grillages, n’ayant rien d’une forteresse imprenable. Il peut certes paraître incongru d’évoquer la LNA après une défaite au terme d’un match dont on aurait pu croire qu’il opposait deux formations d’ores et déjà écartées des play-offs. Et pourtant, je reste persuadé que cette équipe du LHC a potentiellement les moyens de fêter une ascension cette saison, par exemple samedi 12 avril à Malley lors du 6e match de la Ligaqualification.
Surtout que cette saison semble offrir une opportunité de promotion qui ne se représentera pas forcément lors des prochains exercices : aucune équipe de LNB ne se dégage véritablement et le dernier de LNA paraît particulièrement faible. Contrairement à ce qu’affirment certains, le système de promotion-relégation n’est pas si défavorable que cela au club de LNB puisque, en plus de dix ans, seuls Bienne (3x) et Coire (2x) ont échoué face au cancre de LNA. Il faut simplement saisir les occasions lorsqu’elles se présentent et ne pas faire, comme les Unaufsteigbaren biennois, les mauvais choix lorsque le dernier de LNA est particulièrement vulnérable (LHC en 2004, Fribourg 2006), puis venir pleurnicher sur l’injustice du système. Or, cette saison il y a eu une chance réelle d’ascension si vraiment Bâle est le perdant des play-outs de LNA. Et il serait rageant que le LHC ne tente pas de saisir cette chance à cause d’états d’âme ou de problèmes relationnels.


Le futur Lausannois Tremblay
à la lutte avec Himelfarb

Dans son état d’esprit actuel, le Lausanne HC va droit dans le mur, une élimination sans gloire en quart de finale, au mieux en demi. Changer d’entraîneur ne représente pas forcément la panacée : que ce soit McKay, Laporte, McParland, Sheehan, Fuhrer, Leime, Cadieux ou Ryan sur le banc, le LHC a périodiquement toujours infligé des non-matchs de ce style à ses supporters. Par contre, les dirigeants doivent imposer une sérieuse remise en question à tout le monde, joueurs comme entraîneur. Et accessoirement leur passer en boucle la vidéo de la demi-finale contre Viège en 2001 lorsqu’une équipe, intrinsèquement pas meilleure que celle de cette saison, elle aussi en conflit latent avec son entraîneur et avec une ambiance pas au beau fixe dans les vestiaires (tous les joueurs n’avaient pas fêté la promotion au Jagger’s avec leurs coéquipiers), avait renversé des montagnes.
A défaut de jouer pour leur coach, les joueurs s’étaient alors surpassés pour eux-mêmes, pour le club, pour la beauté de l’aventure, par respect pour leur métier et le public, par amour du maillot, pour obtenir une promotion inattendue. Puissent les joueurs actuels s’en inspirer. Si réaction il doit y avoir, il faut que celle-ci intervienne dès cette semaine. Sinon les joueurs du LHC risquent d’infliger l’impensable à leurs supporters, l’ultime affront : une défaite à domicile vendredi contre le HC Martigny ! Si cela devait se produire, nul ne peut prédire ce qui pourrait se passer à Malley mais sans doute rien de bon pour l’avenir du LHC.
Photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller

Bienne – Lausanne HC 3-0 (1-0, 1-0, 1-0)

Stade de Glace : 2462 spectateurs.
Arbitres : M. Kämpfer, assisté de MM. Huguet et Kaderli.
Buts : 6e Tschantré (Tuomainen), 25e Tremblay (Tschantré, Tuomainen), 56e Ehrensperger 3-0.
Bienne : Wegmüller ; Gossweiler, Reber ; Meyer, Thommen ; Diethelm, Fröhlicher ; Tuomainen, Peter, Tschantré ; Beccarelli, Miéville, Tremblay ; Wetzel, Brägger, Ehrensperger ; Zigerli, Gerber
LHC : Pellet ; Lardi, Grieder ; Bernasconi, Schaüblin ; Morandi, Merz ; Villa ; Sigrist, Staudenmann, Baumann ; Gailland, Himelfarb, Pecker ; Lötscher, Lüssy, Bodemann; Tognini.
Pénalités: 5×2 contre Bienne, 4×2 contre LHC.
Notes : Bienne au complet ; LHC sans Benturqui ni Rüfenacht (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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5 Commentaires

  1. Himenfarb ferait bien de se souvenir quil ne possède aucun contract pour lannée prochaine. Ce nest pas les prestations offertes lors des derniers matchs qui vont augmenter sa valeur.
    Il doit se reprendre en main et vite.
    Corry fonce pendant le match pas besoin de te réserver pour les rappels, çà me gonfle

  2. Outre le dernier match contre la Tchô, depuis combien de temps na-t-on plus vu le LHC rageur du début de saison ?
    Mis à part la 747, personne ne semble plus concerné.Derrière, ça patauge et devant cela ne va plus forchecker à la bande lorsque le puck est balancé dans la zone adverse, vu quune action construite dans les règle de lart na plus droit de cité ä Malley.
    Pas mieux pour nos étrangers que lon ne voit plus beaucoup dans des actions déclats et qui sont bien souvent sur la glace quand nous prenons un but……quand ce nest pas lun deux qui a bêtement perdu le puck….M. Pecker, je nai rien dit 😉
    On en vient presquà souhaiter une nouvelle défaite contre Martigny, seul un électrochoc paraissant pouvoir éventuellement remettre cette équipe sur les rails pour songer à ne pas finir la saison en 1/4 de finale des play-off.
    La question reste maintenant de savoir sil vaut bien la peine de dilapider un timbre-poste pour renvoyer la proposition du comité aux abonnés pour les entrées à Malley ……dès les 1/2 de finales !?!
    Vive le sport !

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