Bundesliga, 2e tour : tous contre le Bayern

On craignait un championnat dépourvu de tout suspense pour le titre, à cause de la domination écrasante du Bayern et de ses stars. Mais, après un début de saison tonitruant, les Rekordmeister ont peiné et restent sous la menace du Werder Brême, du SV Hambourg, voire même de Schalke 04 ou Leverkusen. Vu la qualité de leur effectif, les Munichois restent les favoris logiques mais une kolossale (et divine) surprise n’est pas à exclure.

Karlsruher SC  (6e, 28 points)

La présence du néo-promu Karlsruhe dans le premier tiers du tableau a constitué la surprise du premier tour. Cette position flatteuse n’a toutefois rien d’usurpé : avec un jeu simple mais efficace, beaucoup de dynamisme et d’enthousiasme, le formation du Bade-Wurtemberg a fait souffler un vent de fraîcheur sur la Bundesliga. Même si son jeu porté vers l’avant a valu quelques déconvenues monumentales au KSC (défaites 3-0 à Leverkusen, 4-0 à Brême, 4-1 contre le Bayern), le club vit toujours dans l’euphorie de la promotion acquise au printemps dernier après avoir survolé la 2e Bundesliga. Ces résultats sont d’autant plus méritoires que l’entraîneur Edmund Becker n’a pas pu compter sur ses deux buteurs vedettes de la saison passée, Federico, parti à Dortmund, et Kapllani, muet durant tout le 1er tour, et a déploré la blessure de l’excellent gardien Miller. Si ce magnifique classement est avant tout à mettre au crédit d’un groupe soudé et homogène, un joueur est sorti du lot, Tamas Hajnál, à la fois passeur, buteur et inspirateur du jeu de Karlsruhe. Du coup, le Hongrois a suscité bien des convoitises et s’est finalement engagé avec le Borussia Dortmund mais seulement à partir de juillet 2008 ; d’ici là, il illuminera encore le Wildparkstadion de son talent. Autre joueur en vue, Mario Eggimann, capitaine et patron de la défense, considéré comme l’un des meilleurs défenseurs centraux du 1er tour en Allemagne. Avec la blessure de Müller et les difficultés de Djourou à Arsenal, il devient un candidat incontournable pour une place de titulaire en défense centrale de la Nati. Pour en revenir au KSC, celui-ci devrait rapidement assurer les quelques points nécessaires à son maintien, l’objectif de la saison. Ce qui viendra en plus, ce ne sera que du bonus, le prolongement d’un conte de fées entamé voici 18 mois. Et qui se poursuivra avec une qualification européenne ? Personnellement, j’en doute un peu, je vois quand même Karlsruhe rétrograder un petit peu au classement mais l’un des plus éminents rédacteurs de CartonRouge.ch, qui rêve de retrouver les grandes soirées de Coupe UEFA du Wildparkstadion, me contredira certainement.
Arrivées : Kennedy (Nuremberg), Langkamp (Hambourg).
Départ : Orahovac (Aue).


Eggimann et Karlsruhe fêteront-ils au 2e tour ?

Schalke 04 (5e, 29 points)

En début de saison, Schalke faisait figure de plus grand rival du Bayern Munich dans la course au titre. Mais les choses se sont peu à peu gâtées pour les Knappen, auteurs de nombreux matchs nuls (8) qui leur ont fait perdre le contact avec le peloton de tête. Malgré des débuts plus qu’honorables en Bundesliga, Rakitic n’a pas fait oublier le Brésilien Lincoln. Révélation de la saison 06/07, où il avait détrôné l’inamovible titulaire Rost, le jeune gardien Neuer a multiplié les fantaisies ; Larsen, Løvenkrands et Asamoah ont tardé à retrouver leur meilleur niveau, laissant Kuranyi bien seul en attaque. Et le latéral international Pander, tireur de toutes les balles arrêtées, s’est blessé à peu près au moment où les résultats des Königsblauen ont décliné. Tout cela a débouché sur un bilan décevant pour Schalke, bilan néanmoins égayé par une qualification historique pour les 8e de finale de la Champion’s League, avec de réelles chances d’atteindre le tour suivant (contre le FC Porto). Si le titre qui fuit Gelsenkirchen depuis 1958 ne devrait pas pouvoir être reconquis cette année, une nouvelle qualification pour la Ligue des Champions paraît parfaitement envisageable. Car Schalke demeure l’une des très grosses cylindrées de la Bundesliga. Les arrivées du Francfortois Streit, du Brésilien Zé Roberto (un milieu offensif, ne pas confondre avec celui du Bayern) et de l’international uruguayen Sanchez (71 buts en 200 matchs dans le relevé championnat mexicain) devraient apporter un peu plus de fantaisie dans le jeu souvent stéréotypé de null vier. Afin de gagner au minimum deux places au classement, pour éviter que la saison ne se solde par un constat d’échec.
Arrivées : Streit (Francfort), Zé Roberto (Botafogo), Sanchez (Toluca).
Départs : Azaouagh (Bochum), Rodriguez (?), Özil (Werder Brême).


Kuranyi et Schalke regardent en direction de la C1

Bayer Leverkusen (4e, 30 points)

On n’attendait pas forcément le Bayer en si bonne position mais les aspirines ont par moments donné l’illusion de pouvoir renouer avec leur glorieux passé récent : les affirmations du gardien Adler, du défenseur international Friedrich, du jeune attaquant Kiessling et de Rolfes («le nouveau Ballack»), la jeunesse retrouvée du Bosniaque Barbarez, la confirmation du buteur Gekas (après une mise en route laborieuse), la vaillance éternelle du capitaine Schneider et un Barnetta étincelant ont permis à Leverkusen de toujours garder le contact avec le peloton de tête, malgré un petit creux en milieu de premier tour. Leverkusen n’est donc qu’à deux points de cette Ligue des Champions dont il fut finaliste en 2002. Et pourtant je pense que le Bayer aura de la peine à réintégrer la plus prestigieuse des compétitions européennes cette saison. L’âge avancé de certains cadres, l’inexpérience de certains autres et un contingent quantitativement limité laissent à penser que Leverkusen part moins bien armé que le Bayern, Hambourg, Schalke 04 et Brême dans la course aux 3 premières places. Le Bayer a fini 5e en 2007 et 2006, 6e en 2005, une nouvelle place dans ces eaux-là répondrait à une certaine logique. Et permettrait au club d’obtenir une nouvelle qualification en Coupe UEFA, compétition dans laquelle les hommes de Michael Skibbe sont d’ailleurs toujours en lice : au prochain tour, ils affronteront Galatasaray dans un derby des derniers tombeurs du FC Sion en Coupe d’Europe.
Arrivée : -.
Départ : Papadopulos (Cottbus).


Magic Barnetta en action

SV Hambourg (3e, 32 points)

Dans la lancée d’une très bonne fin de saison dernière, le SV Hambourg est venu s’immiscer dans la lutte pour le titre, alors qu’il y a moins de douze mois il luttait encore pour son maintien. Principal artisan de ce redressement, l’entraîneur néerlandais Huub Stevens s’en ira au PSV Eindhoven à la fin de la saison mais auparavant il a quelques beaux challenges à relever avec le HSV puisque le club est encore en lice pour le titre, la Coupe d’Allemagne et la Coupe UEFA. Un autre Hollandais occupe une place centrale dans les succès du HSV, Rafael Van der Vaart. Certains lui reprochent ses incessantes velléités de départ ou une fréquentation trop assidue des boîtes de nuit, mais cela n’a pas empêché le capitaine du HSV de réussir un 1er tour monstrueux, en étant impliqué dans la plupart des mouvements offensifs hambourgeois. Et pourtant, Hambourg n’est pas totalement VdV-dépendant puisqu’il a réussi deux de ses meilleurs matchs en l’absence de son stratège hollandais (Bayern et Stuttgart). Le HSV peut compter sur un effectif solide et sur un deuxième homme fort : le puissant Ivica Olic. Révélé lors de la Coupe du Monde 2002, le Croate s’impose enfin comme joueur-clé dans un grand championnat européen. Au rayon des déceptions, on attendait davantage du feu follet hollandais Castelen et surtout de l’attaquant égyptien Zidan, resté bien en deçà de son exceptionnel 2e tour de l’an dernier avec Mainz 05. Si, sur la lancée d’une bonne Coupe d’Afrique, Zidan «sans e» retrouve ses sensations et si Van der Vaart et Olic sont aussi performants qu’au 1er tour, le HSV peut rêver de qualification en Ligue des Champions. Voire même d’aller titiller ses deux éternels rivaux du Bayern et du Werder en tête du classement.
Arrivées : Odjidja-Ofoe (Anderlecht), Putsilo (Dinamo Minsk), Keita (Blackburn).
Départs : Langkamp (Karlsruhe), Saka (Jena).


Van der Vaart, fêtard mais ô combien efficace

Werder Brême (2e, 36 points)

C’est un Werder Brême en pleine déprime qui a commencé la saison, après le départ, très mal vécu par les supporters, de Klose au Bayern et deux gifles reçues contre ces mêmes Bavarois (4-1 en Coupe de la Ligue à Düsseldorf et 4-0 en championnat au Weserstadion). En plus, celui qui devait faire oublier Klose, le Brésilien de Porto Carlos Alberto, s’est davantage distingué dans la rubrique «faits divers» que «buts marqués», alors que les leaders Frings et Borowski ont été blessés. Mais, s’il n’est ni sympathique ni charismatique, l’entraîneur Thomas Schaaf fait du très bon travail sur les bords de la Weser et il a su redresser son Werder en responsabilisant des joueurs jusque là plutôt habitués aux seconds rôles (Vranjes, Pasanen, Jensen, Almeida, Rosenberg…). Bien sûr, ce redressement n’aurait pas été possible sans l’apport immense du magicien Diego, à nouveau étincelant après un deuxième tour 2006-2007 un peu mitigé. Du coup, le Werder est revenu à la hauteur de ce Bayern qui l’avait écrasé durant l’été et a bouclé le premier tour avec la meilleure moyenne de buts marqués de tous les grands championnats européens ! Et Brême ne dépend plus du seul Klose pour scorer mais dispose désormais de quatre attaquants, en plus de Diego, capables de marquer à tout moment : Rosenberg, Almeida, Sanogo et Klasnic (sans compter le prometteur Autrichien Harnik). Pour viser le titre ou, à tout le moins, une cinquième qualification consécutive pour la C1, les Brêmois devront toutefois faire attention de ne pas répéter les erreurs qui leur avaient coûté le titre l’an dernier : éviter les fantaisies des gardiens Wiese et Vander, les relances téméraires de la pourtant excellente charnière centrale Mertesacker-Naldo, et ne pas se laisser déstabiliser par les rumeurs de départ entourant leurs stars. Borowski a d’ores et déjà signé au Bayern pour la saison prochaine, Frings et Diego suscitent bien des convoitises, il serait dommage que cela empêche le spectaculaire Werder Brême de jouer sa chance à fond.
Arrivée : Özil (Schalke 04).
Départs : Carlos Alberto (Sao Paulo), Andreasen (Fulham), Mosquera (Aachen).


Diego, le magicien du Werder

Bayern Munich (1er , 36 points)

Après le camouflet de l’an passé (4e et pas qualifié pour la Ligue des Champions), le Bayern a réalisé la campagne de transferts la plus dispendieuse de l’histoire du foot allemand pour tenter de laver l’affront en écrasant la concurrence. Sur le papier, le Bayern devait finir avec 15 points d’avance sur tout le monde. En début de saison, le plan a semblé fonctionner : les Rekordmeister ont enlevé la Ligapokal de manière souveraine et comptaient déjà six points d’avance sur le 2e après 10 journées de championnat. Puis le Bayern est redevenu le FC Hollywood : des querelles d’ego, des remplaçants de luxe qui critiquent les choix de l’entraîneur, des glorieux anciens qui remettent tout en cause à la moindre passe ratée… La machine s’est grippée et les Munichois ont connu une fin de 1er tour poussive. Lorsque tu alignes Klose, Ribéry, Toni, Podolski, Schweinsteiger et Van Bommel et que tu n’arrives pas à inscrire le moindre but à la défense du BVB de Degen, à celle du Duisburg de Filipescu, du Francfort de Spycher et du Hertha de von Bergen, c’est qu’il y a un malaise quelque part. Du coup, la reconduction du contrat d’Hitzfeld, qui paraissait une formalité en octobre, a été reconsidérée. Le probable futur entraîneur de la Nati a paru lassé des éternelles rebuffades des Beckenbauer, Hoeness et autre Rummenigge, alors que les dirigeants bavarois ont commencé à se dire qu’Hitzfeld, auteur d’une gestion maladroite du contingent pléthorique et resté bien passif devant la dégringolade du Bayern, n’était plus l’homme de la situation. Du coup, Jürgen Klinsmann remplacera Hitzfeld en juin prochain. Ou avant ? La saison passée, Felix Magath avait été viré après deux matchs au second tour, une défaite à Dortmund et un nul contre Bochum. Cette année, le Bayern débute à Rostock, avant de recevoir le Werder pour le Spitzenspiel. Si les Rekordmeister n’émargeaient plus en tête du classement après ces deux rencontres, les dirigeants pourraient être tentés d’anticiper la venue de Klinsmann de quelques mois. Car, vu les moyens investis, un nouvel échec dans la course au titre est impensable en Bavière. Le Bayern n’a pas rassuré mardi en Coupe face au Borussia Wuppertal, modeste équipe de 3e division (soutenue par 61’482 (!) supporters dans la Veltins Arena de Gelsenkirchen, réquisitionnée pour l’occasion) : les Bavarois ont été rejoints deux fois au score et ont montré d’évidents signes de nervosités avant de faire la différence en 2e mi-temps (5-2). Sur le papier, le Bayern reste largement supérieur à la concurrence et la valeur de son contingent devrait lui permettre de se détacher rapidement. Mais l’énorme pression, les querelles internes et autres spécialités du FC Hollywood pourraient amener cette équipe, qui devait être invincible, à laisser échapper le titre. Ce qui provoquerait bien sûr une immense explosion de joie dans presque toute l’Allemagne (et accessoirement sur les colonnes de CartonRouge.ch).
Arrivée : Breno (Sao Paulo).
Départs : Ismaël (Hannover 96), Hummels (Dortmund).


Le titre de champion… sinon rien !
(Ou peut-être une place dans les Pigeons…)


Si tu as raté :

Bundesliga, 2e tour : les relégables

Bundesliga, 2e tour : le milieu du classement

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. Je ne sais pas si je suis éminent, mais je partage en tout cas ton opinion sur le KSC. Même si je rêve bien sûr quils accrochent lEurope, je pense également quils vont redescendre un peu au classement. Et tu as entièrement raison pour Hajnal, quel joueur ! Porcello me déçoit un peu (bon, il a connu 2-3 soucis), tout comme Kapllani, mais Hajnal, wouah !

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