L’échec de Ryan n’est-il finalement pas l’échec de Jim Koleff ?

Huit mois après son entrée en fonction, Kevin Ryan a été prié de prendre la porte. De graves problèmes relationnels ont été invoqués à mots couverts entre les joueurs et l’entourage du LHC d’une part et l’ex-homme fort de Malley. Dix jours après ce changement d’entraîneur, Cartonrouge.ch revient sur un départ qui est la conséquence de la première grosse erreur de management de la nouvelle direction du Lausanne HC.

Dix jours après son départ, Kevin Ryan semble avoir été oublié aussi rapidement que la candidature de Rudi Giulani à l’investiture républicaine. L’ex-entraîneur de Malley n’était pas un homme aimé du côté de Malley. Son mutisme et ses manières ont déclenché dans son groupe de joueurs une haine tenace qui a probablement été fatale à son règne. Une grande part de responsabilité lui en incombe et les joueurs ne se sont pas privés de le faire savoir en critiquant de manière à peine dissimulée l’ex-pilote du LHC, à l’instar, par exemple, du duo Pecker-Himelfarb. Mais malgré l’antagonisme qui régnait entre joueurs et entraîneurs, aucune des composantes du groupe n’a remis en cause les indéniables qualités professionnelles de l’ex-entraîneur du LHC. Décrit comme un boulimique de travail, Kevin Ryan s’est employé à faire progresser un groupe talentueux mais inconstant et dépourvu de ces quelques vétérans qui peuvent remettre sur les rails une équipe qui court après sa meilleure forme. Arrivé avec sa manière de faire peu diplomatique, le Montréalais a travaillé à poursuivre l’objectif de professionnaliser les structures lausannoises. Et, il a parfaitement réussi sa mission … durant une vingtaine de rencontres. Rarement le LHC est arrivé aussi préparé à l’entame d’une saison. Les joueurs, à l’instar d’Emery, n’ayant pas suivi les règles instaurées par le commandant de bord ont été priés de quitter le bateau, alors que d’autres sont passés près du couperet – Staudenmann, Pellet et Benturqui notamment.
Comment expliquer que le club de Malley ait alors connu un second tour ordinaire précédant ensuite une atroce séquence au début du mois de janvier ? Tout simplement parce que Kevin Ryan n’a pas réussi à adapter ses méthodes à son groupe. En étant persuadé d’être l’élément – à raison d’ailleurs – le plus compétent de l’ensemble de la structure lausannoise, le Montréalais s’est progressivement coupé de ses soutiens. Et à force de voir l’ensemble péricliter, les médias, le public et les sponsors ont comme chaque année cherché et trouvé leur bouc émissaire. Et cette année, le bouc envoyé dans le désert avec les soucis du microcosme Lausanne fut une fois encore l’entraîneur. Kevin Ryan a donc rejoint les carnes desséchées d’Heikki Leime, de Gary Sheehan, de Ricardo Fuhrer – qui y fut envoyé trop tard – et de Mike McParland – pour ne parler que de ceux qui ont «marqué» le club ces dernières années. Un emplâtre sur une jambe de bois pensais-je quand le LHC a liquidé un entraîneur compétent mais plus du tout écouté par son groupe.


Ryan a rejoint la longue liste
des coachs bannis du LHC…

Or, lorsque l’on y repense, l’échec de Ryan, bien qu’il porte sa part de responsabilité, n’est pas imputable uniquement au caractère de cochon de l’ex-entraîneur du LHC. Ce licenciement est la probable première véritable erreur de Jim Koleff. Que l’on ne me prête pas ici des mots que je n’ai pas écrit. L’actuel directeur technique lausannois est probablement le décideur le plus compétent de l’histoire du club. Un technicien qui a réussi sans proposer des salaires indécents à enrôler des joueurs jeunes et qui seront, probablement, en LNA à moyen terme – à l’image de Lötscher, Gailland, Rüfenacht et Villa. Je ne vais pas non plus faire l’affront de comparer Jim Koleff avec ses «prédécesseurs». Néanmoins, ses connaissances extraordinaires et un carnet d’adresses aussi bien garni que les poches de ce cher Alexander Ovechkin ne font pas oublier que le directeur technique du LHC reste humain. Et ce fiasco lui est aussi imputable.
Première erreur : le choix de la structure technique de la première équipe. Avec un entraîneur concentré uniquement sur ce qui se passait sur la  glace, les joueurs n’ont pas eu de possibilité de faire remonter leurs interrogations jusque vers le coach. Et le club d’apprendre à ses dépens que de permettre à un hockeyeur de «chialer» sur son sort et sa petite personne, est d’une importance particulière… Sans répondant auprès du pilote, les joueurs ont laissé libre cours à leur frustration et se sont probablement détachés de la personne possédant l’autorité décisionnelle au sein du groupe. Bien sûr, Kevin Ryan aurait dû modifier son approche, surtout dans un vestiaire où à l’inverse de ce qu’il se passait à Viège, il ne possédait pas de joueurs avec l’expérience suffisante pour traiter avec un entraîneur très exigeant.
Or, Jim Koleff connaissait bien l’entraîneur montréalais, les deux hommes étaient amis avant de travailler ensemble. Il devait donc savoir que celui-ci était un «handicapé» du dialogue. Pour entourer le nouveau pilote du LHC, le directeur technique lausannois aurait dû flanquer un assistant dans le vestiaire vaudois. Ne serait-ce que pour protéger Kevin Ryan des affres de la sacro-sainte pression lausannoise. Le hockey a énormément changé ces dix dernières années. Les entraîneurs durs sont rapidement congédiés tant leur méthode peuvent effrayer, les joueurs et leurs agents, les médias et les sponsors. Il est peu probable que dans le contexte actuel, Scotty Bowman réussisse à nouveau à gagner neuf coupes Stanley – le plus grand entraîneur de l’histoire avait coutume de dire que 364 jours par an, ses joueurs le haïssaient et que le 365e, il remportait le titre suprême.


«L’affaire Ryan» : première erreur 
de l’ère Jim Koleff ?

Le dernier échec de Kent Runhke à Lugano, où il était interdit de vestiaire par ses propres joueurs en atteste également. Un entraîneur exigeant ne peut donc plus uniquement l’être, il doit offrir quelque chose de différent de plus à son intransigeance. McSorley a développé un état d’esprit au sein de son groupe qui est devenu la marque de fabrique du Genève Servette. Van Boxmeer a, pour sa part, inculqué à ses joueurs un plaisir communicatif une fois ceux-ci sur la glace.
Et Kevin Ryan dans cette histoire ? Après avoir beaucoup fait travailler ses éléments, il a pratiquement refusé toute forme de dialogue. N’offrant qu’un mur de silence à son groupe. Alors, comment est-ce possible que le directeur technique lausannois n’ait bougé que lorsqu’Eric Himelfarb se soit répandu dans la presse en y lâchant les «secrets du vestiaire» ? Si Jim Koleff ne souhaitait pas engager d’assistant, ne se devait-il pas d’être plus présent au sein de l’équipe ou alors de réagir et d’offrir une assistance extérieure à son entraîneur en difficulté ?
Ces questions, il est possible d’en trouver les réponses en regardant ce que font d’autres équipes à d’autres niveaux. Hans Kossmann sert de «nounou» au groupe genevois, permettant de désamorcer les crises potentielles au sein du vestiaire. Autre continent, mais même constat. Le Canadien de Montréal a également dû s’ajuster aux caractéristiques de son management. En confiant la direction de la plus glorieuse franchise de l’histoire à Guy Carbonneau, le directeur-gérant Bob Gainey savait que l’ex-capitaine des Glorieux, le dernier à avoir brandi la Coupe à Montréal, devait être entouré. Tout comme Kevin Ryan, «Carbo» n’apprécie guère la presse et communique peu. L’entraîneur du Canadien est également un homme exigeant qui n’hésite pas à balancer des piques à l’encontre de ses joueurs. Bob Gainey a choisi de l’entourer pour diminuer les sources de distractions potentielles. Les «Habs» sont ainsi allés chercher deux assistants, deux anciens capitaines de la Sainte-Flanelle. Doug Jarvis tout d’abord et Kirk Muller ensuite, deux emblèmes de l’histoire du club. Après une première saison difficile où «Carbo» est passé par les mêmes affres de Kevin Ryan, le Canadien, qui n’a pourtant pas congédié son entraîneur, se retrouve aujourd’hui avec la deuxième meilleure fiche de la Conférence Est.
Pousserai-je ma légendaire mauvaise foi jusqu’à comparer ce qui n’est pas comparable ? Oui et non… Non parce qu’une structure comme le LHC n’est que celle d’un tout petit club dans un championnat de seconde zone qui ne nécessite pas une direction pharaonique. Mais l’affirmative pourrait être vraie également dans la mesure où peu, très peu d’entraîneurs sont capables aujourd’hui de gérer tout, tout seul. Même en LNB.


McSorley – Kossmann : un duo
qui a fait ses preuves…

Le hockey, jeu d’erreurs par excellence, nécessite la maîtrise de domaine de compétence incroyablement varié. Kevin Ryan avait très bien fait pour inculquer à son LHC un jeu sans la rondelle d’une efficacité absolue. La solidité défensive de l’équipe malgré un contingent limité qualitativement était également une force du groupe. Mais, aussi bon soit-il, Ryan n’a jamais réussi à inculquer une identité offensive propre au LHC. Le club jouait très bien en attaque, mais sans réelle inventivité. Et ce manque criard de fantaisie se retrouvait sur le jeu de puissance du LHC qui ne parvenait pas à produire. Et après deux à trois tours et l’ajustement de ses adversaires, le LHC a soudainement eu beaucoup plus de difficultés à marquer avec l’aisance du début de saison.
Un simple assistant aurait-il permis au LHC de se tirer de ce mauvais pas ? Une plus grande présence de Jim Koleff aurait-elle permis au club d’éviter sa glissade du mois de janvier ? Rien n’est moins sûr, mais aujourd’hui, on n’aurait pas cette désagréable impression que l’engagement de Paulin Bordeleau s’est concrétisé suite à une certaine panique de la direction du LHC. Il n’y avait bien sûr pas de solution miracle, mais le manque d’anticipation de la direction du LHC a coûté cher au club. Kevin Ryan a ses défauts mais aussi, et surtout, de grande qualité de préparateur et des compétences techniques hors normes. Il reste que pour poursuivre sa jeune carrière – le Montréalais ne coachait que depuis deux et demi avant d’arriver à Lausanne – l’ex-entraîneur du LHC devra mettre de l’eau dans son vin et être moins dur avec son entourage et lui-même…
Le Lausanne HC, quant à lui, a décidé de poursuivre sa route avec un entraîneur au profil opposé à celui de Ryan. Paulin Bordeleau a bien fait jusqu’ici compte tenu des circonstances, mais le LHC – Viège mis à part – n’a pas encore dû affronter de vrai test. La rencontre de dimanche contre le HCC de Gary Sheehan aura donc valeur de test pour savoir où se situent deux clubs qui risquent fort bien de se retrouver en demi finale des séries pour le titre…
Photos copyright www.mediasports.ch – Pascal Muller

Écrit par Jérôme Verrey

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10 Commentaires

  1. Bien vu, bien dit.
    Mais nallumons pas un deuxième incendie, JK mérite notre reconnaissance pour avoir donné une nouvelle chance au LHC. Merci

  2. Bravo, complet, précis et complaisant (dire sans blessé personne).
    Je rejoins ce quà relevé le nouvel entraîneur M. Paulin Bordeleau dans un interview dune TV lémanique (à peu près cela):
    « Le hockey est un jeux derreurs et le but est de faire le moins derreurs possibles ».

  3. Je pense que M. Muller peut commencer à se calmer maintenant! Jai vu un très bon match à La Tchaux.

    Et pour ce qui est de la présence de Jim Koleff, essaie donc, toi, dêtre tout le temps disponible avec un cancer quil faut soigner!
    Kevin Ryan aurait dû être licencié en décembre mais ca na pas été possible. Car Jim Koleff a dû partir faire une chimio assez longue du côté de BERNE.

    Ryan na donc pas été « viré à larrache »! Ca faisait un petit moment quil était sur la scellette. Cest le fruit dun processus réfléchit à mon humble avis.

    Voilà! Et un entraîneur avec un contingent comme celui du LHC, qui est une dream team, ne peut pas faire sa diva comme ça!
    Villa aux junior-élites, Bernasconi qui jouait comme un pied avec la 1e ligne, Merz qui était devenu bon sur le banc et on joue avec 2 blocs et demi pour ne citer que quelques défaut criants… Non mais ça va lbocal?!

    Ca cest mon avis et il diffère pas mal de larticle!
    On verra en play off!

  4. Cher Romain,

    Merci pour ton commentaire.

    Lauteur de larticle nest pas M. Muller, qui est le photographe, mais bien Jérôme Verrey.

    Salutations sportives

    La rédac

  5. Un très bon match à la tchaux ? ouep faut pas exagérer non plus. Match haché, 2ème tiers la tête ds le sac. Bcp de positif tou de même.

    lanalyse est intéressante et je partage cet avis. Même si Jim est lhomme le plus pro que le LHC ait connu et que sa maladie le pénalise très certainement. Bonne continuation à Jim en tout cas et longue route au LHC

  6. Je qualifierais cet article de très moyen, pour ne pas dire faible!
    Comment peut-on écrire « Kevin Ryan a ses défauts mais aussi, et surtout, de grande qualité de préparateur et des compétences techniques hors normes », alors que quelques lignes plus haut, on peut lire « Ryan n’a jamais réussi à inculquer une identité offensive propre au LHC. Le club jouait très bien en attaque, mais sans réelle inventivité. Et ce manque criard de fantaisie se retrouvait sur le jeu de puissance du LHC qui ne parvenait pas à produire. Et après deux à trois tours et l’ajustement de ses adversaires, le LHC a soudainement eu beaucoup plus de difficultés à marquer avec l’aisance du début de saison. »

    Nest pas Romain Gary qui veut…..

  7. àlouis : je ne vois pas dnas cet extrait de véritable contradiction puisquon peut-être un bon technicien (ce que je doute pour Ryan) et un excellent préparateur et à la fois ne plus avoir lappui de son groupe qui ne respecte plus les consignes et ne pas réussir à retrouver cet appui en inculquant une identité offensive ou une inventivité. Ryan a montré ses limites pas par le fait quil est un faible techicien mais pour sa manière de gérer les hommes. Furrer aussi connaissait bien le hockey, les tactiques, les calsseurs mais niveau humain bin cétait zéro.

    De là à dire que ce papier est faible, je trouve cela excagéré. Bordeleau bcp de différence ? il sappuie sur les bases de Ryan….

    pis Gary Romain ? je comprends pas ? c qui ?

    A+

  8. Mon opinion sur le match est quil était très bon! Jai vu de lenvie, de la hargne!

    @ la rédac
    vraiment navré! On mettra ça sur le fait que cétait le matin et que javais la tête encore un peu… dans le 😉

  9. @ ma copine romain,

    Tavais encore la tète un peu dans le Q???…Et ben…trans,gay,headfucking…tas des pratiques bizarre!!! no limite!!! 😉

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