Lulu et Berlin gagnent le derby du Gros-de-Vaud

Emmené par un éblouissant Marko Pantelic, le Hertha Berlin de Lucien Favre s’est imposé 3-1 sur la pelouse du champion sortant, le VfB Stuttgart de Ludovic Magnin. Pour la première fois, on a commencé à discerner la patte de l’entraîneur vaudois dans le jeu berlinois. Ce brillant succès, qui met un terme à une très mauvaise série, devrait permettre à Lulu d’aborder la suite des événements plus sereinement.

Pour nous autres Vaudois, VfB Stuttgart – Hertha Berlin, c’est avant tout Ludovic Magnin contre Lucien Favre. Ludo d’Echallens contre Lulu de Saint-Bart’. Ou l’inverse, Favre ayant aussi entraîné le FC Echallens, alors que la famille Magnin fit jadis les beaux jours du mythique FC Saint-Barthélemy. Bref, ce Stuttgart – Berlin avait quelques faux airs de derby du Gros-de-Vaud. A cette petite différence près que le match se joue devant 50’000 spectateurs. Et ça, c’est l’Allemagne : une rencontre de ventre mou du classement, qui n’a rien d’un derby (à part pour les Vaudois), entre deux équipes qui restent sur une piètre sortie (défaite 4-1 à Schalke pour le VfB, 3-0 contre Francfort pour le Hertha) et pourtant le stade est presque plein.Les couacs enregistrés par les deux formations le week-end précédent incitent les deux entraîneurs à effectuer quelques changements dans leur équipe. Lucien Favre inaugure une défense à trois, complétée par deux demis de couloir qui sont presque des latéraux et deux milieux de terrain défensifs. Sur le plan offensif, deux joueurs évoluent en soutien de l’unique attaquant, Marko Pantelic. A Stuttgart, le principal changement consiste en la mise au banc du très contesté gardien Raphael Schäfer, remplacé par le jeune Sven Ulreich, ce qui provoque une immense ovation dans un Gottlieb-Daimler-Stadion coloré par un magnifique tifo dans la Cannstatter Kurve. L’habituel gardien remplaçant souabe, qui dispute là son premier match de Bundesliga, aura rapidement l’occasion de se mettre en évidence en allant superbement  chercher un coup franc d’Ebert au ras du poteau (5e).

L’ouverture du score tombe deux minutes plus tard, sur une ouverture du Suisse Fabian Lustenberger pour Gojko Kacar. Le Serbe manque son contrôle mais parvient à transmettre la balle à Marko Pantelic qui déborde la défense souabe et vient placer un tir croisé imparable. Les champions sortant tardent à réagir, sinon sur une frappe de Khedira détournée par le portier Drobny et un coup franc de Magnin qui passe devant le but berlinois sans pouvoir être repris par un attaquant souabe. De retour de blessure, le latéral suisse n’aura pas eu son rendement offensif habituel et aura participé à la joyeuse pataugée défensive du VfB.
Stuttgart a toutefois pu égaliser après un coup franc de Cacau, lui aussi de retour après une longue blessure, renvoyé par le mur. Le ballon revient sur le Brésilien qui trouve la tête de l’inévitable Mario Gomez au 2e poteau pour le 1-1. On pensait alors que ce but ferait très mal à ce Hertha en mal de confiance (un seul point lors des cinq derniers matchs), mais c’est le contraire qui s’est produit : les Berlinois ont repris l’avantage sur une interception du capitaine Friedrich qui s’offre une percée de 30 mètres au sein de la défense souabe (où était le filtrage ?) avant se servir Marko Pantelic. Une fois encore, le Serbe se montre irrésistible à la finition et redonne l’avantage au Hertha en finesse. Nous n’aurons malheureusement pas l’occasion de revoir les deux magnifiques buts de Pantelic à la mi-temps sur l’écran géant, puisque ce dernier ne remontre que les actions et le goal du VfB !

Du coup, il n’y aura pas grand-chose à remontrer en seconde période car le match a été plié dès la reprise : Pantelic élimine Magnin sur l’aile droit de l’attaque berlinoise, sert Ebert, qui transmet à Mineiro (qui a remplacé Lustenberger, blessé, à la pause). L’international brésilien délivre une ouverture millimétrée pour son compatriote Raffael qui fusille le malheureux Ulreich. Même s’il a été parfois un peu brouillon, l’ex-attaquant du FCZ a répondu, sur ce match, aux attentes placées en lui à Berlin. Son but a coupé les jambes au VfB Stuttgart qui s’est montré incapable de réagir et n’a plus guère inquiété la défense du Hertha Berlin. C’est au contraire die Alte Dame, en particulier grâce à l’insaisissable Marko Pantelic, qui a été tout proche d’aggraver le score en plusieurs occasions et le gardien Ulreich a dû sauver son camp à quatre reprises pour éviter une déconvenue plus sévère au VfB Stuttgart.
Même si le match, surtout en 1ère mi-temps, a été de très bonne qualité, techniquement assez largement supérieur à ce que l’on a coutume de voir en Bundesliga, c’était la grogne au Gottlieb-Daimler-Stadion. Evidemment, lorsque l’on est champion sortant, on ne peut se satisfaire d’une défaite 3-1 (comme au match aller) à domicile contre le Hertha Berlin. Il faut dire que l’on n’a pas vraiment retrouvé les qualités qui avaient permis aux Souabes d’être sacrés en mai dernier. La défense a pris l’eau de toutes parts, ce qui ne saurait s’expliquer par la seule absence des Mexicains Pardo et Osorio. Et l’animation dans les couloirs n’avait pas grand-chose à voir avec ce qu’elle était au printemps 2007 : sous les yeux du sélectionneur national Joachim Löw, les internationaux Hilbert (catastrophique) et Hitzlsperger (invisible) n’ont pas marqué des points. Cette défaite ancre encore un peu plus le VfB dans le ventre mou du classement et les Souabes devront donc surtout compter sur la Coupe (quart de finale à jouer à domicile contre Carl Zeiss Jena) pour sauver leur saison.

C’est la troisième fois que je vois jouer le Hertha cette saison et c’est la première fois que j’ai pu discerner, par moments, la patte de Lucien Favre dans le jeu berlinois. Certes, die Alte Dane fait toujours preuve d’une grande prudence, notamment en seconde période où huit ou neuf joueurs étaient souvent massés devant le but pour repousser les timides assauts de Stuttgart, mais il y avait beaucoup moins de longs dégagements qu’au 1er tour et davantage d’actions élaborées, notamment grâce au trio offensif Ebert-Raffael-Pantelic. Lucien Favre était un peu sous pression après le fiasco de la semaine précédente contre l’Eintracht Francfort, cette victoire (la 2e seulement en 9 déplacements) va ramener la sérénité dans la maison berlinoise.
Avec sept points d’avance sur la barre, le Hertha peut voir venir et serait bien inspiré de profiter d’un calendrier favorable dans les semaines à venir (Bielefeld et Duisburg à domicile, déplacement à Wolfsburg) pour définitivement écarter tout souci de relégation. Ce qui permettrait à Lucien Favre d’imposer davantage ses idées et d’exploiter un potentiel qui est beaucoup plus intéressant qu’au 1er tour après les nombreuses arrivées du mercato. Surtout si le Hertha peut compter sur un Marko Pantelic dans des bonnes dispositions, comme c’était le cas samedi. Dans cet état d’esprit-là, le Serbe peut donner le tournis à plus ou moins toutes les défenses de Bundesliga. Finalement, un ex-attaquant vedette du Lausanne-Sports comme héros du jour, cela confirme que ce Stuttgart – Berlin était bien une affaire valdo-vaudoise.

VfB Stuttgart – Hertha BSC Berlin 1-3 (1-2)

Gottlieb-Daimler-Stadion, 50’000 spectateurs.
Arbitre : M. Fandel.
Buts : 7e Pantelic (0-1), 41e Gomez (1-1), 45e Pantelic (1-2), 49e Raffael (1-3).
VfB Stuttgart : Ulreich ; Beck (55e da Dilva), Meira, Delpierre, Magnin ; Hilbert, Khedira, Bastürk, Hitzlsperger (67e Farnerud) ; Gomez, Cacau (67e Marica).
Hertha BSC : Drobny ; Simunic ; A. Friedrich, Fathi ; Chahed, Lustenberger (46e Mineiro), Kacar (67e Dardai), Skacel ; Raffael, Ebert (85e Piszczek) ; Pantelic.
Cartons jaunes : 15e Delpierre, 16e Kacar, 84e Friedrich, 91e Chahed. 
Carton rouge : 81e Delpierre (2e carton jaune).

Écrit par Julien Mouquin