Les fans au pouvoir : et si CartonRouge.ch s’offrait un club de foot ?

Pas de faux-semblant ni de tricherie : autant le dire tout de suite, ce papier est inspiré d’un article super intéressant lu dans Le Temps du samedi 8 février. Oui je sais ! Ça peut paraître bizarre dit comme ça, mais chaque fan de sport devrait lire Le Temps. Pourquoi ? Parce qu’on y trouve des histoires improbables, comme celle d’Ebbsfleet United FC.

Ebbsfleet United FC est un modeste club de cinquième division britannique qui vient d’être racheté par un groupe de… 27’000 internautes au travers de myfooballclub.co.uk. Chacun a payé une inscription de 35 livres pour intégrer la communauté, obtenir un droit de vote et être à part égale propriétaire du club. Au total, ce sont quelque 700’000 livres qui ont été récoltées depuis avril 2007 par les fondateurs du site. En novembre, ces derniers annonçaient avoir trouvé un accord à hauteur de 635’000 livres pour prendre le contrôle de 75% des parts du petit club du Kent, alors qu’en août on évoquait un intérêt pour des organisations plus renommées, telles que Leeds United ou Nottingham Forest. Restait aux internautes, pour leur premier vote, d’entériner la décision de rachat d’Ebbsfleet. Ce qui fut chose faite le 23 janvier 2008 par environ 95% des 18’000 votants. Un jour historique : les fans sont au pouvoir !Autre décision prise, le maintien de l’entraîneur Liam Daish à son poste et une carte blanche lors du mercato hivernal. Dernière liberté de l’ex-international irlandais qui doit, désormais, s’accommoder du nouveau statut de «headcoach» ou – autrement dit – «homme de paille». Myfootballclub annonce en effet que d’ici mars, les internautes devraient pouvoir composer l’équipe, par vote (!), avant les rencontres. En attendant cette première, ils peuvent déjà choisir les nouveaux équipements du club, proposés par Nike, qui a visiblement flairé le coup marketing. Ils auront également leur mot à dire lors des périodes de transferts et de chaque décision importante concernant le club.

Liam Daish répond aux ordres des internautes 

Mais si le EUFC est soudainement sous le feu des projecteurs (il suffit de voir les nombreux liens de presse sur le site myfootballclub), le quotidien des terrains n’a pas beaucoup changé. Du moins pour l’instant. Samedi, Ebbsfleet a concédé le nul à domicile (1-1) face à Exeter City. Il pointe au huitième rang de la Blue Square Premier (non League) et compte 46 points en 28 journées, bien loin du leader Aldershot Town et des places en play-off pour jouer l’ascension en Football League, objectif avoué de Daish. Ce sera peut-être pour la saison prochaine grâce à la manne des nouveaux propriétaires…
L’avenir nous le dira. En attendant, et alors que l’expérience n’en est qu’à ces balbutiements, le concept fait déjà des émules. Un site identique existe notamment en France (Cmonclubdefoot.fr). Ce qui, selon un article récent du Monde, ne plaît ni à la Ligue professionnelle de football, qui a envoyé un courrier rappelant qu’en France les appels publics à l’épargne sont soumis à un cadre réglementaire strict, ni à l’Autorité des marchés financiers, qui aurait été invitée à se pencher sur la légalité du montage financier. Tout le contraire de l’Angleterre où les feux sont très rapidement passés au vert grâce à l’aide du manager général de Fulham, Michael Fiddy. Ce dernier a offert des conseils légaux et le rachat opéré par myfootballclub a été accepté sans restriction par la FSA (Financial Services Authority).

Les nouveaux propriétaires de Liverpool sont détestés

On ne peut évoquer le phénomène Ebbsfleet United sans s’empêcher de tirer un parallèle avec ce qui se passe actuellement du côté de la Mersey. La tension montant toujours plus avec les propriétaires Georges Gillette et Tom Hicks, les supporters de Liverpool ont émis l’idée de racheter leur club pour 650 millions de livres. Une association nommée Share Liverpool FC a lancé une souscription auprès de 100’000 supporters et les promesses de dons atteindraient déjà les 150 millions de livres. Le but étant de «virer» ces Américains qui ne connaissent rien au football et qui mettent une pression d’enfer sur l’entraîneur Raphael Benitez.
Ceci étant dit, cette histoire m’a donné une idée. CartonRouge.ch en est le parfait exemple, tant dans les textes que les commentaires, on (les fans) aime se plaindre de la qualité du football suisse. Dès lors, pourquoi on ne se regrouperait pas pour racheter un club suisse, sur le même genre de modèle, histoire de mettre en pratique les théories mille fois débattues dans les commentaires du site ?…

Le LS racheté par CartonRouge ? Soyons fous !

Je propose donc trois clubs à racheter. Volontairement, ni Bâle, YB ou Zurich, pas abordables. A vous de choisir entre…
1. Yverdon Sport aussi appelé par son président FC Romandie : pas de stade (il appartient à la ville), pas de mouvement junior (la formation de la SA a obligé la création d’un club à part nommé Association Yverdon Sport qui regroupe toutes les équipes de jeunes, avant le football d’élite juniors), un potentiel marketing quasi inexistant, la seule valeur d’YS réside dans les joueurs sous contrat. Ce qui en fait, sans porter aucun jugement sur la qualité des hommes de Didi Andrey, un club très abordable financièrement.
2. Lausanne-Sport : un club avec un passé lointain glorieux et des souvenirs difficiles ces dernières années. Le LS a besoin d’une révolution. Et un concept genre myfootballclub en est un. Alors pourquoi ne pas tenter le coup sur CartonRouge.ch pour remplir à nouveau la Pontaise ?
3. Servette : pas mieux loti dans la hiérarchie nationale que ses deux compères romands précités, Genève offre par contre l’avantage d’avoir un potentiel financier largement supérieur. Autre atout : un vrai stade de football (enfin il paraît). Toutefois, les Genevois sauront-ils se mobiliser pour leur club de foot ?

Yverdon, Lausanne et Servette, trois clubs moribonds, trois équipes que les internautes de CartonRouge.ch, en se mobilisant par dizaine de milliers, pourraient s’acheter ! Qu’en pensez-vous amis lecteurs ? 

Écrit par John Nicolet