Tour d’horizon en LNA (et non «Super League», merci *)

Pour ma première apparition en tant que rédacteur sur CartonRouge.ch (d’habitude je joue les stars dans une autre rubrique…), et à quelques jours de la reprise helvétique, il m’a semblé pertinent de dresser l’état des lieux des 10 clubs de l’élite. Si tout se passe bien, j’aurai l’occasion au fil de la saison d’agrémenter les championnats de LNA et de LNB de mes commentaires, avec ma légendaire bonne foi et l’objectivité qui me caractérise.

FC Zurich

Le FCZ a toujours été le club popu de la ville qui se veut Unique, par opposition au «Club des banquiers» ennemi. Ses affluences des 20 dernières années ont souffert de son manque de palmarès en championnat (rien entre 1981 et 2006) et de la configuration de son stade, dans lequel les spectateurs étaient tellement loin de la pelouse qu’ils recevaient l’image avec un décalage d’une minute. Entre le FCZ anonyme d’avant et le flamboyant leader d’aujourd’hui, le virage s’est opéré à Noël 2003, lorsque le diplodocus Hotz a maintenu sa confiance en son nouvel entraîneur Favre malgré un premier tour calamiteux (dernier avec 14 points en 18 matches). Lors d’une deuxième partie de championnat flamboyante, le FCZ rata d’un fifrelin une qualification en UEFA et se hissa en demi-finales de la Coupe. Comme quoi il faut toujours maintenir sa confiance dans les entraîneurs, sauf Geiger.
Avec 8 points d’avance à la pause, une moyenne de plus de 10’000 spectateurs et un nouveau stade en travaux, l’avenir semble prometteur. L’équipe est jeune, plusieurs joueurs sont «du crû», et si la défense est solide – Rochat, Tihinen, Von Bergen – le milieu – Dzemaili, Inler, Margairaz – est incontestablement le meilleur du pays. Seule l’attaque semble affaiblie par le départ de Keita et le très grave accident de voiture de Stanic en septembre. Mais Eudi et ses copains n’ont certainement pas dit leur dernier mot. Sauf départ calamiteux ou arrivée de Marc Roger dans le staff, je ne vois pas trop ce qui pourrait empêcher le FCZ de remettre le couvert cette saison.

Sion

Dans n’importe quel autre club de la planète (sauf peut-être en Mongolie intérieure), le fait d’être néo-promu et néanmoins deuxième à la pause comblerait les dirigeants. Mais notre Pigeon d’Or favori, qui serait prêt à n’importe quoi pour occuper les médias, joue les agitateurs et multiplie les coups de sang. On ne va pas revenir indéfiniment sur les exploits du satrape valaisan, mais force est de constater qu’il parle plus des arbitres quand ils commettent des erreurs que quand il leur explose les couilles (procédure judiciaire toujours en cours, à ma connaissance).
Avec 12 buts en six mois, le trentenaire Kuljic n’a pas pris une Ried. Obradovic, Gelson Fernandez, Regazzoni sont autant d’excellents joueurs, et on peut parier que Machin 1er va encore animer le mercato. Vailati me semble avoir baissé un tantinet de niveau depuis la déconvenue de Leverkusen, ce qui n’empêche que Borer doit trouver le temps bien long.
Les 12’000 spectateurs réguliers de Tourbillon-sur-Martigny (superbe affluence, dans une ville qui ne souffre néanmoins pas de la concurrence du hockey) ne boudent pas leur plaisir, eux. Ils préfèrent le rythme endiablé que peut atteindre leur équipe à domicile (4 buts contre St-Gall et Bâle entre autres) que celui de la valse des entraîneurs. Les trois premiers matches de l’ère Gabet dessinent d’ailleurs un bilan en demi-teinte, et l’euphorie de la promotion passée, je crains que les Sédunois ne rentrent un peu dans le rang. S’ils finissent aux alentours de la 4ème place, cela restera malgré tout une grosse perf, sauf aux yeux de l’autre.

St-Gall

Sensation de ce premier tour, les verts n’ont peut-être pas fini de surprendre. Après avoir frappé à toutes les portes (Emirats, Chypre, Grèce…), le très peu charismatique Fringer a de plus beaux restes que son intérim à la tête de l’équipe de Suisse ne le laissait croire. Souvenez-vous : Azerbaïdjan-Suisse en 1996, c’était lui ! Pourtant, ce n’était pas bien difficile de passer après ce %&*# d’Artur Jorge !
La licence journalistique interdit de faire un article sur cette équipe sans placer les mots «Saucisse à rôtir» et «Brodeurs», je m’exécute donc.
Revenons sur l’effectif st-gallois pour signaler que l’immortel Zellweger menace de fêter ses 400 matches en LNA. Mais c’est surtout sur son duo d’attaque Tachie-Menzah / Aguirre, 21 réussites sur les 29 de cette saison, que St-Gall a construit son succès. Ces deux inamovibles ont laissé au premier tour à peine plus de 200 minutes de jeu aux trois autres attaquants de l’équipe… Bâtis dans la continuité, peu visibles sur le marché des transferts, les St-Gallois se frayent leur bonhomme de chemin jusqu’aux places UEFA.

Grasshopper

Peu habitués à vivre dans l’ombre de leurs voisins et colocataires, les Sauterelles ont gentiment changé leur fusil d’épaule. Revenant à la formation, sans nom spectaculaire et avec un cadre rajeuni, Balakov ne s’en sort pas trop mal. Malgré une campagne calamiteuse dans la débilissîme phase de poules de la Coupe UEFA, il a la confiance de ses dirigeants, et semble pouvoir travailler sur la longueur, même si la pause est arrivée à point nommé (1 point lors des 4 derniers matches).
Certes Coltorti va bientôt être plus célèbre sur youtube que dans les pages sport, mais le reste de l’équipe tient la route. Les nombreux jeunes issus du centre de formation permettent au public de s’identifier à leurs favoris. Même si la confiance de Biscotte s’est un peu émiettée (j’ai honte) et qu’il ne sera pas facile de remplacer le néo-Guingampais Eduardo, GC, qui a par ailleurs un bon coup à jouer à Lucerne en quarts de finale de la Coupe, peut réussir une jolie saison. Ce n’est plus l’ogre de l’époque, mais ils y gagnent un je-ne-sais-quoi de sympathique.

Bâle

Grandeur et décadence dans l’équipe la plus fortunée du pays (30 millions du budget). Jamais depuis son arrivée en 1999 Gross n’avait autant été à la peine, et on se demande bien combien de temps la patronne Gigi Oeri va couvrir son entraîneur. Une affluence de 15’000 spectateurs en moyenne n’est pas en soi catastrophique, mais elle frôlait le double il y a quelques saisons…
Il faut reconnaître une certaine persévérance aux recruteurs, qui ont réussi à trouver pire que Zuberboulette en la personne de Costanzo aux buts. Finalement, c’est encore en alignant Petric dans les cages pendant 2 minutes contre Nancy que l’équipe a paru la plus stable. Ce qui permet au passage de rappeler sa consternante campagne européenne. Ce n’est pas que des joueurs comme Chipperfield, Nakata, Ergic, Ba et Petric soient exactement des brèles, mais l’époque Gimenez / Rossi semble définitivement révolue. Quant à savoir si les Rhénans pourront se relancer, le début de ce second tour, avec des déplacements successifs à Berne, à Sion et à GC, apportera rapidement une réponse.

Young Boys

Avec une surprenante meilleure moyenne de spectateurs de Suisse au premier tour (presque 16’000 personnes), les Bernois ont signé un «4 matches 12 points» lors de leurs dernières sorties et semblent plus que jamais dans le coup. S’il sera difficile d’aller chatouiller le FCZ et ses 10 points d’avance, la lutte pour l’UEFA promet de belles empoignades. Et si le calamiteux Rohr avait été limogé comme il se devait dans la foulée de la scandaleuse finale perdue contre Sion, YB viserait sans doute plus haut cette saison.
Sous la houlette d’un Yakin que la Suisse entière espère retrouver à son top dans une année, et avec l’expérience des Magnin et Varela, les plus jeunes sont idéalement encadrés pour progresser. On souhaite d’ailleurs ardemment que Chiumento se remette de son échec au Mans, pour le bien du foot suisse en général. Habitué à leur pelouse synthétique, au grand dam de certains adversaires, ce YB-là, avec son nouveau stade et son public enthousiaste, pourrait bien à moyen terme se profiler comme l’une des toutes bonnes équipes de Suisse.

Lucerne

Hyper-protégé par les hautes instances du football suisse, sauvé de la perte de sa licence à l’époque suite à une magouille honteuse qui portait sur un million de francs, le FC Lucerne a été emblématique de la dérive du foot et des inégalités de traitement en Suisse. A se demander si c’est le fait d’avoir comme anagramme de «Lucerne» le mot «Enculer» qui les autorise à se planter la morale où je pense.
Ceci dit, et après avoir été comme par hasard un peu aidés par l’arbitrage quand il a fallu regagner la LNA, leur premier tour n’est pas mauvais. Avec 5 points d’avance sur le barragiste et les arrivées de Lustrinelli et de Seoane, l’équipe de Suisse centrale semble pouvoir se sauver dans un premier temps, avant de lorgner plus haut en s’appuyant sur le soutien rarement pris en défaut de la population locale. La paire Tchouga / Lustrinelli aura belle allure au second tour, et l’enfant du coin Zibung (à mon avis le jeune gardien le plus prometteur du pays), donne de sérieux gages de solidité à tout juste 23 ans. Et puis de toute façon, si cela devait mal tourner, les dirigeants de la SFL trouveront le moyen de les maintenir en LNA, même s’ils doivent pour cela organiser un championnat à onze équipes l’année prochaine.

Schaffhouse

La situation semble compliquée pour Schaffhouse et son stade du Breite, ses 420 places assises, et ses moins de 3’000 spectateurs par match. Dans quelle division cette équipe inaugurera-t-elle son nouveau stade, si le projet à l’étude passe la rampe ?
Pas de nom célèbre dans l’effectif à part Pires, mais on ne parle pas du même, 4,2 millions de budget, pas de public, un entraîneur Seeberger qui n’a aucune carte de visite… Cela ne les a pas empêchés de s’imposer contre Bâle, YB et à Zurich, mais cela pourrait faire un peu juste au moment de dresser le bilan final. Leur principale chance est surtout d’être à la lutte avec l’inconsistant Thoune et le mort clinique Aarau pour la place de barragiste.

Thoune

Vice-champions en 2005, auteurs des exploits que l’on sait en phase de poule de la Ligue des Champions, la chute est brutale pour les Bernois, à l’heure où le grand frère YB semble avoir le vent dans le dos.
Avec seulement 11 buts en 18 matches (pire attaque) et 34 encaissés (pire défense), aucun secteur ne semble vraiment surpasser l’autre. Après s’être monumentalement planté à Augsburg, Rama semble finir de couler dans le club de ses débuts et le bientôt vétéran Gerber ne peut pas tenir la barque tout seul. Thoune n’a pas survécu au pillage méticuleux (joueurs et staff) qui a suivi sa folle épopée européenne et semble incapable d’enrayer la spirale.
Certes, les dirigeants s’agitent encore sur le marché des transferts, mais c’est comme un poisson jeté sur un quai : on annonce les arrivées de Gavatorta, Nyman, Mäkelä et Scarione. Les supporters peuvent dormir tranquilles.

Aarau

Outre celle de Pouga, la seule vraie arrivée à Aarau est celle du nouvel entraîneur Komornicki. En posture déjà assez dramatique, l’éternel-miraculé-de-la-dernière-journée enregistre de plus les départs de Bengondo et de Bieli, entre autres. S’il devait arriver quelque chose à leur buteur Antic, 6 goals sur les 13 marqués, s’en serait définitivement terminé des espoirs argoviens.
Cette année sera-t-elle celle de trop à jouer avec la barre ? On va finir par le croire, car en plus de leurs 4 points de retard, les Argoviens doivent aussi lutter contre l’incurie d’une partie du staff, lui qui a réussi à transformer la seule victoire indiscutable du premier tour, 4-0 contre St-Gall, en une défaite par forfait 3-0 pour avoir aligné un joueur non qualifié. Quand ça veut pas rigoler…

* J’ai beaucoup trop de respect pour tes yeux, ami lecteur, pour t’imposer les appellations «Super League», «Challenge League» ou «Swisscom Cup». Elles sont nées de tentatives de relookage ratées et inutiles, qui épousent à la perfection le niveau intellectuel des dirigeants actuels du football suisse, unanimement reconnus pour être les plus grands incapables du pays dans ce type de fonction, devant même ceux de la Ligue de Hockey, ce qui n’est pas une mince affaire, si j’ai bien tout suivi.

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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