Atletico – Barça, une soirée espagnole mais surtout madrilène

26ème journée de Liga. Atletico Madrid – FC Barcelone ou la personnification d’un clivage espagnol. Un «mini clasico» dont les rivalités s’étendent bien au-delà des frontières de la péninsule ibérique. Une lutte face à laquelle même la sacro-sainte neutralité suisse perd ses principes de base. CartonRouge.ch vous offre deux visions de ce match. Que vous soyez madrilène ou barcelonais de cœur, vous ne pourrez qu’en apprécier une, l’autre vous sera détestable.

Un faux-pas anecdotique du FC Barcelone

Madrid, 18h, aux abords du Estadio Vicente Calderon. Le bus des joueurs de l’Atletico Madrid est salué par son public apparemment résolu à noyer leur crainte dans l’alcool. Je souris. Barcelone c’est une série de 15 matches sans défaite, un collectif à faire pâlir les meilleurs clubs d’Europe et une force de frappe que plus personne n’a besoin de présenter. La soirée s’annonce jubilatoire. Une victoire en terre ennemie et la perspective d’une première place en Liga.
À peine le coup d’envoi donné, le grand Barça entame le match en patron. Marque de fabrique du club catalan, son jeu à une touche de balle prive l’Atletico Madrid du cuir devant son public. Les socios du Calderon, sans voix face à la supériorité des Blaugrana, se réveillent à la 16ème minute. Certes, l’Atletico lutte pour sa survie dans un match à sens unique, mais le Real, club des nantis madrilènes, perd 1-0 à Huelva. On se réjouit comme on peut.

À la 29ème minute, Ronaldinho concrétise l’outrageuse supériorité catalane. Ouverture d’Henry pour Xavi qui adresse instinctivement un centre dans les 16 mètres superbement repris de volée par la star brésilienne. Au milieu d’une marée de maillots rouges et blancs, je contiens ma joie, mais bouillonne à l’intérieur. Barça est provisoirement en tête de la Liga. Rijkaard avait vu juste. Le No 10 des Blaugrana revient en forme et sera même décisif sur la fin du championnat. Dans un silence de cathédrale, mes rêves deviennent réalité. La soirée ne pouvait pas mieux commencer. Le principe d’objectivité journalistique n’est au fond qu’un concept bien théorique.
Peu après la demi-heure de jeu, un murmure allant crescendo me ramène à la réalité de l’Estadio Calderon. En contre-attaque, l’arme des petites équipes et des «grands» clubs italiens, l’Atletico se montre dangereux pour la première fois. Kun Agüero, un joueur qui, au vu de ses qualités techniques et de sa rapidité, ne peut décemment rester à Madrid, déborde sur la droite, repique au centre pour battre Valdes d’un tir dévié. Les 55’000 spectateurs exultent. Je souris hypocritement à mon entourage. Simple contretemps, Agüero ne pourra pas porter son équipe pendant 90 minutes.
Et pourtant, le récital de l’attaquant argentin ainsi que mon calvaire ne faisaient que commencer. En guise de statistique pour le taureau de la Pampa : 2 buts et une passe millimétrée servant sur un plateau le 2-1 à Maxi. Ajoutons au bilan de la rencontre un penalty offert aux Madrilènes et vous comprendrez facilement que ce résultat ne restera qu’anecdotique pour un FC Barcelone en route vers un 19ème titre de champion d’Espagne.

Un coup de pouce d’Agüero au grand Real

Madrid, 18h, dans un parc ensoleillé, je digère les crevettes à l’ail de midi avec une bonne bière. Les supporters ovationnent l’arrivée du car des joueurs madrilènes et trinquent en se disant que ce soir, il n’y rien à perdre : si le Barça devait gagner, les Catalans prendraient la tête du championnat. Mais pour cela, il faut que le Real perde sur le terrain du Recreativo de Huelva, le Neuchatel Xamax de la Liga espagnole. Tous ces pronostics me font sourire et j’hésite même à souligner la bêtise de leur propos. Le Real, c’est 30 titres de champion d’Espagne,  9 Coupes d’Europe des Clubs Champions, 17 Coupes du Roi, 7 Coupes d’Espagne, une machine à faire rêver… L’explosion d’un mammouth, le 12ème en l’espace d’une demi-heure, et je me ravise. Au fond, ce soir, nous avons les mêmes attentes : un beau match, une grosse ambiance et une victoire des clubs madrilènes, pardon de l’Atletico Madrid bien sûr.

Le coup d’envoi est donné. Les 25 premières minutes sont un pur cauchemar. Le Barça monopolise le ballon, les socios mangent leurs pipas en silence. Seul rugissement de la foule à la 16ème minute à l’annonce de l’ouverture du score du Recreativo face au Real. Je suis au plus mal. Le temps passe, on s’ennuie. 29ème minute, Barcelone ouvre le score. Je me surprends à applaudir timidement, tout comme l’ensemble du stade, l’acrobatie chanceuse de la star déchue.
 
Heureusement, Kun Agüero a su réveiller la foule par son génie. Un jeune talent que le Real pourrait faire exploser au grand jour s’il confirme ses bonnes prestations à l’avenir. Deux buts sublimes, une lumineuse passe décisive et un penalty provoqué. À lui seul, il remporta le match. En face, Henry, le Streller français, et le reste de la bande d’indépendantistes balbutient leur football. Sans surprise pour moi qui pense que ce Barça 07-08 n’est qu’un amoncellement de «stars» à l’ego surdimensionné.
De son côté, le Real a logiquement battu le Recreativo de Huelva sur ses terres avec un Robinho étincelant. Avec ses 5 points d’avance, le Real reprend le large et tout laisse à penser qu’il se dirige vers son 31ème titre. Pour le Barça, la Coupe du Roi reste le seul objectif réaliste de la saison et c’est encore loin d’être gagné.   

Atletico Madrid – FC Barcelone 4-2 (2-1)

Vicente Calderon : 55’000 spectateurs.
Arbitre : M. Fernandez Borbalan.
Buts : 29e Ronaldinho 0-1, 35e Kun Agüero 1-1, 41e Maxi 2-1, 61e Forlan (penalty) 3-1, 70e Kun Agüero 4-1, 73e Eto’o 4-2.
Atletico Madrid : Abbiati, Valera, Perea, Pablo, Antonio Lopez, Maxi (83e Reyes), Raul Garcia, Camacho (67e Cleber Santana), Simao, Kun Agüero (88e Jurado), Forlan.
FC Barcelone : Valdes, Zambrotta, Milito, Puyol, Abidal, Edmilson (63e Gudjhonsen), Xavi, Iniesta, Henry (56e Messi), Eto’o, Ronaldinho.
Cartons jaunes : 16e Inesta, 53e Camacho, 60e Puyol, 70e Kun Agüero, 80e Zambrotta, 87e Eto’o, 87e Antonio Lopez, 91e Abblati.

Écrit par Basile Corbaz et Manuel Lopez

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4 Commentaires

  1. Jaime le beau jeu donc japprécie tout autant Barcelone que Madrid. Mais en tout cas un article sympathique qui donne envie de profiter dun de ces prochain week end prolongé pour aller découvrir Madrid et surtout ce Kun Agüero. Merci !

  2. Superbe article avec des passages très drôles !

    Y aura-t-il plus souvent de la Liga sur CartonRouge.ch ? On lespère tous !

    Vamos les gars !

  3. Trop fort, cet article, les gars!! Il déchire un max!! Même si on nest pas fan de foot, on est complètement captivés!!

    Vivement le prochain!!

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