Le LS ne méritait pas ça

Face à un leader minimaliste et truqueur, le Lausanne–Sport a arraché une égalisation aussi méritée qu’inattendue grâce à un but d’anthologie de Léonard Thurre à la 94e. Las, dans les arrêts de jeu des arrêts de jeu, Bellinzone a réussi le hold-up sur une frappe chanceuse de Lulic.

On jouait l’ultime minute des arrêts de jeu et Lausanne, malgré une nette domination territoriale en 2e mi-temps, ne donnait pas vraiment l’impression de pouvoir inquiéter la solide défense tessinoise. C’est alors que, sur un ultime centre venu de la droite, Léonard Thurre s’est rappelé au bon souvenir du public de la Pontaise en effectuant une reprise acrobatique que le gardien Bucchi n’a pu qu’accompagner dans ses filets. On se serait cru revenu presque dix ans en arrière, un fameux 1er juin 1998 au Wankdorf ! Tout laissait à penser que l’arbitre allait siffler le coup de sifflet final sur l’engagement car les quatre minutes d’arrêts de jeu annoncées étaient écoulées.

Léonard Thurre a marqué un but extraordinaire

Mais M. Bieri a décidé de prolonger la partie ; une funeste idée car, alors que les Lausannois en étaient encore à se congratuler, Lulic a profité de l’absence de latéral gauche côté vaudois (Virlogeux avait cédé sa place à Thurre pour prendre tous les risques) pour s’échapper côté droit. Le demi de l’AC Bellinzone a dû fermer les yeux et frapper de toutes ses forces, son tir est venu heurter la balle transversale avant de rebondir juste derrière la ligne. Cette issue était d’autant plus injuste que les Tessinois, qui n’avaient plus tiré au but depuis la 50e, obtenaient ainsi la victoire en bénéficiant de leur propre turpitude, eux qui ont multiplié les pertes de temps, provoquant ainsi des arrêts de jeu aussi longs.
Pourtant, en début de match, le leader paraissait animé d’intentions offensives en débutant la partie avec un 3-4-3 qui avait fière allure sur le papier. Toutefois, il est bien vite apparu que Bellinzone, sans doute fatigué après son match de Coupe contre Neuchâtel Xamax, était venu à Lausanne pour se contenter du strict minimum. Le Lausanne-Sport s’est montré le premier dangereux avec une double occasion pour Carrupt (bonne sortie de Bucchi) et Eli (tête juste au-dessus). Sur le contre, Pouga est passé tout près de l’ouverture du score mais Favre et Eli ont pu sauver.
Après ce début en fanfare, le match s’est calmé et les occasions se sont faites beaucoup plus rares, les débats équilibrés. On sentait toutefois, sur leurs quelques accélérations, que les Tessinois disposaient d’une force de percussion supérieure à leur adversaire du jour. Cette équipe de Bellinzone n’est tout de même pas leader et finaliste de la Coupe par hasard. L’ouverture du score sur un exploit personnel de Neri répondait donc à une certaine logique. Sans être véritablement dominé, les Lausannois paraissaient tout de même un ton en dessous et pouvaient s’estimer heureux de regagner les vestiaires avec un seul but de retard, puisque Pouga, après un ballon perdu par Carrupt, s’est présenté seul devant Favre, auteur d’une sortie salvatrice en l’occurrence.

Anthony Favre, auteur d’un match très solide

Le gardien lausannois effectuera encore un arrêt sur un tir de Conti (50e), puis sera réduit au chômage technique. Car Bellinzone avait décidé de ne dispenser son talent qu’avec parcimonie et s’est alors replié en défense, se contentant de ce 0-1, sortant ses attaquants les uns après les autres et multipliant les simulations et les pertes de temps. Evidemment, avec sept Italiens dans l’équipe grenat, il ne fallait pas s’attendre à un jeu chatoyant et fair-play. Face à cet adversaire minimaliste, les Lausannois sont partis à l’abordage, ont monopolisé le ballon dans le camp adverse mais ne se sont créés qu’un minimum d’occasions de buts, quelques frappes non cadrées de Rodolfo, et c’est à peu près tout.
L’absence de Mauro s’est fait lourdement sentir car le Brésilien aurait sans doute bien davantage pesé sur la défense tessinoise que ne l’a fait Carrupt. Et, après avoir été quelques fois prise de vitesse en première mi-temps par Drago, la défense de Bellinzone a parfaitement corrigé le tir et l’excellent Mangiarratti, le seul Suisse de l’équipe (invité en mai 2007 de notre rubrique 20 sur 20), a systématiquement couvert ses deux stoppeurs sur les longues balles lausannoises. C’est au moment où l’on se disait que  le LS n’y arriverait pas que Léo a surgit pour marquer son but venu d’ailleurs, avec l’épilogue malheureux que l’on sait.
Pour la troisième fois depuis la reprise (deux fois Vaduz et Bellinzone), le Lausanne-Sport a prouvé pouvoir faire jeu égal avec un prétendant à la promotion en LNA. Malheureusement, le bilan comptable lui est bien maigre. Lors des prochains matchs, le LS affrontera des adversaires a priori plus accessibles (Chiasso, Schaffhouse, Delémont, Locarno). Il faudra continuer sur cette lancée, mais en se créant et concrétisant plus d’occasions, à l’image de la 2e mi-temps contre Lugano, pour se sortir de cette position précaire au classement. Car ce LS 2008 vaut largement mieux que sa 14e place actuelle.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Bellinzone 1-2 (0-1)

Pontaise : 1320 spectateurs.
Arbitre : M. Bieri, assisté de MM. Lanz et Helbling.
Buts : 34e Neri (0-1), 94e Thurre (1-1), 95e Lulic (1-2).
Lausanne : Favre ; Scalisi (56e Malgioglio), Eli, Sonnerat, Virlogeux (78e Thurre) ; Ebe, Basha (56e Rodolfo), Bugnard, Balthazar ; Carrupt, Drago.
Bellinzone : Bucchi ; Mangiarratti ; Belotti, Carbone ; Miccolis, Wahab, Moresi (68e La Rocca), Lulic ; Conti (77e Paulauskas), Pouga (58e Raso), Neri.
Cartons jaunes : 45e Mangiarratti, 48e Miccolis, 64e Moresi, 65e Balthazar, 73e La Rocca, 80e Wahab, 86e Malgioglio.
Notes : Lausanne sans Mauro, Malacarne, Rey, Gabriele ni Rodolfo (tous blessés), Bellinzone sans Rivera (non convoqué) ni Taljevic et Grabbi (blessés).

Écrit par Julien Mouquin