Le doublé, le seul, l’unique !

En cette saison 1996/1997, le FC Sion remporte son premier et seul doublé. Une neuvième Coupe de Suisse en autant de participations en finale et un second titre en ayant fait moins de points que Neuchâtel sur l’ensemble de la saison (Ah, la fameuse formule Rumo). Mais en Valais, on s’en fout, on est le meilleur club du pays. Retour a(r)viné sur un lendemain de doublé avec Marcel.

Magnifique, légendaire, Ouattaresque, Lehmannesque et petite arvinesque. Hey, mais la branlée, ici en-là sur c’te Planta. Le FC Sion a réalisé le premier doublé de son histoire, un premier sacre qui en appelle bien évidemment d’autres. Je te dis qu’hier, la victoire en Coupe contre Lucerne aux penaltys fut qu’une simple formalité pour nos guerriers valaisans. Ils étaient sûr de leur coup, comme tout au long de cette saison, nos joueurs treize étoilés, et ont su attendre le bon moment pour prendre la mesure de pauvres Suisses Allemands qui se prosternent aujourd’hui devant le club le plus fort de Suisse. Parce qu’encaisser trois buts par la troupe au Petar Alexsandrov pour aller aux penaltys, c’était juste histoire de laisser un semblant de suspense à une rencontre qui n’en avait pas et démontrer à la sphère dirigeante bourbine du football suisse que nous sommes les patrons. Car oui, nous, dans ce merveilleux Vieux-Pays où l’Alpe blanche jusqu’aux cieux élève son front couronné, comptons le meilleur club de l’histoire helvète: le FC Sion.

Zambaz et Ouattara, ces héros

La finale de la Coupe, de toute façon, on pouvait pas la perdre. Bon, quand on est entré en gare de Berne avec nos tonneaux d’amigne et nos caissettes de Blonde 25, y a Pierroz, supporter invétéré du FC Sion et de la Mannschaft depuis la seconde guerre mondiale, il a eu vent de la composition. Borer, qui avait joué jusqu’là en Coupe est remplaçant, et Lehmann est titulaire. On s’est dit «merde», le Bigon a autant la trouille des Lucernois qu’une grande gueule genevoise qui roule pour monter en ça là-haut à Verbier. Mais dès que tu gagnes 1-0 grâce à un coup-franc de Meyrieu après une minute, tu te dis tranquille, ça va être facile, on peut même les laisser mener 3-2 jusqu’à la 85e les Lucernois et moi, je te dis ça en tout objectivité. D’ailleurs le petit Gmür cherche encore par où est passé Bip Bip Chassot pour se créer le penalty de l’égalisation. Quoi, il a avoué être tombé tout seul? Oui et alors, pour une fois qu’on a un arbitre romand complaisant comme le Détruche, on va pas s’en plaindre ou bien? La suite, tu connais, une bouteille de blanc, deux penaltys arrêtés par Lehmann, l’égal de Schmeichel, et deux réussis par Zambaz et Quentin. Et voilà le FC Sion au sommet du football suisse. Ça promettait un retour en train des plus fanfaronnant. Déjà que Pierroz, bien aviné, a essayé d’aller choper l’aiguille de l’horloge branlante du Wankdorf pour fêter le doublé. Ils disaient que c’était aussi bon que lorsque les Tétons s’étaient fait les communistes en 54.

Bon je vais t’avouer, cela fait depuis cinq jours qu’on fait la piste. Depuis que oncle Ouattara, citoyen de Charrat, nous a marqué contre ces pives lausannoises le but de la tête qui nous donne le titre face au FC Facchinetti et les petites sauterelles. A la fin de la rencontre contre les Vaudoises, on a, comme d’habitude après un titre, envahit la pelouse, pour aller faire des becs à tous les joueurs, bière à la main gauche et fumigène à la droite. Même Ilija Najdoski a eu droit à sa petite bise sur le front. En même temps après quatre victoires consécutives pour terminer le championnat dont une victoire magnifique au Hardturm, que même Guy Roux ne sait pas faire, 2-1 grâce au doublé de Seb Zambaz qui a marqué autant de buts dans cette rencontre que durant toute sa carrière, cela méritait bien un tour d’honneur. Je peux te dire qu’après le titre il en a fallu déjà tenir certains, car le Zambaz et le Chassot étaient déjà bien chauds, on a dû leur souffler qu’ils avaient une finale de Coupe quatre jours après. Les types avaient déjà mis de côté la moitié des réserves de boissons du «Rouge et Blanc» pour célébrer. Putain, quand tu penses que tout le monde nous traitait de clowns après notre première défaite ce printemps contre Lausanne… Depuis on a enchaîné, on a juste laissé gagner Aarau dans notre Tourbillon, pour entretenir le suspense, comme en finale. Tu vois comment?

Même avec Pancev, sans une thune et à Collombey

Mais cette victoire, je vais te dire, c’est celle d’un homme qui nous ramène une troisième Coupe nationale d’affilée au canton et un deuxième sacre national, bon il a pas gagné le premier. Yvan Quentin? Un peu, mais aussi et surtout notre président Christian Constantin qui a su trouver la formule magique, proposée par l’arrêt du belge là, le Bosman. Il a monté une Dream Team composée de Valaisans du cru (Bonvin, Lonfat, Gaspoz, Biaggi, les gamins Wicky et Grichting ou encore Luis Milton, certains méritent la nationalité valaisanne après services rendus!), des meilleurs éléments suisses (Chassot, Sylvestre, Lehmann) et de redoutables étrangers (Nos joyaux Ouattara et Assis, mais également Murray, Veiga, Fred Meyrieu et Vladan Lukic). Dire que Mimi Decastel avait failli avec cette équipe censée bousculer les plus grands ténors européens – Anfield a tremblé de peur à la 65e en octobre dernier – en début de championnat. Ce gars qui ne réussit pas avec un groupe pareil ne pourra jamais rien faire de bon dans sa carrière d’entraîneur, en tout cas pas en Europe. Après faudrait voir, peut-être que le championnat sud-coréen est à sa portée, mais en tout cas j’ai pas un bon présage pour lui. L’Alberto Bigon, son successeur, n’avait plus connu une équipe aussi facile à diriger depuis son Napoli de Maradona. Cette Dream Team, ça fait autant rêver qu’une victoire de Sarah Briguet à Miss Suisse. Et quand tu penses qu’en cours de route, on avait perdu Kombouaré, Vercruysse et Pancev… Ah non, ce dernier s’est perdu tout seul en cours de saison lors d’un après-match au Brasilia. On l’a jamais revu, enfin en tout cas pas avec un ballon au pied, mais avec une chasuble!

Bon, il paraît selon des rumeurs persistantes au fin fond du Val d’Hérens, c’est dire si elles sont crédibles, que l’on aurait plus une thune. Les types disent qu’on va finir chez le juge! Et pis quoi encore? Un sursis concordataire? Mais arrêtez, Christian a promis de tripler le budget pour la saison prochaine et le monter à 45 millions d’ici 5 ans. Tu sais où cela nous mène? Oui, contre Dortmund en finale de Ligue des Champions, ce bordel. L’avenir ne peut qu’être brillant. Moi, le seul truc qui me donne des relents, c’est que le Christian, il veut construire un méga stade en bas à Collombey! A Collombey, fait droit chier, je peux te dire. On est Valaisans, je le rappelle, faut pas abuser. Pis quoi encore, construire un stade chez les Vaudois pendant qu’on y est ou bien? M’en fous d’avoir un stade de 17’000 places avec sièges chauffants et accoudoirs pour ma bière pour me ramasser la station mir sur la gueule au passage du bug de l’an 2000 si c’est pas à Sion. Je m’en vais tout droit chanter des «Collombey jamais», je vais te dire.

Ligue des Champions : Ronald qui ?

Bon, n’empêche qu’on est en Ligue des Champions. C’est tout un canton qui arrive en force! Tremblez au-delà du tunnel de St-Mauc’! La Coupe qui a les oreilles autant grandes que l’armoire à trophées de Collombin est pour nous. Je peux te dire que Christian va nous sortir le grand jeu lors du prochain mercato. Il paraît que Metz s’intéresse à Meyrieu et Lukic, mais tu crois vraiment qu’ils veulent aller en Loraine… et que notre star Lehmann voudrait aller à Lucerne. Lucerne, laisse-moi rire. Les gars font même pas la Ligue des Champions. Je te promets que s’ils partent, ils s’exposent à des représailles, faites gaffe si vous passez à la gare. Non non, notre président nous certifie des grands noms: un certain Lubomir Moravcik, une pépite communiste de 32 ans légèrement blessée à ce que l’on dit, Pascal Camidini, un Corse, un vrai comme on aime en Valais, et Dennis Lota, un Zambien, meilleur buteur du Championnat sud-africain. Ceux-ci sont les premiers noms, les certitudes, du lourd quoi. Y’a même le meilleur buteur de 1re ligue, James Derivaz, la toute grosse artillerie!

Mais j’ai croisé Roland, l’autre jour sur la Place du midi. Lui, il va à tous les entraînements, et il est pote avec Boubou Richard, l’assistant qui est des fois entraîneur principal, et selon lui, un gros talent en devenir devrait signer: un petit Brésilien. Ce dernier serait le petit frère de Roberto Assis, et serait encore plus doué que lui. Pas possible. C’est comme si Lady Diana avait une sœur encore plus bonne qu’elle ou qu’il y avait de meilleures pistes de ski ailleurs qu’en Valais romand, t’es fou. Ronald Dino qu’il s’appellerait. Il devrait intégrer le centre de formation valaisan la saison prochaine. Il paraît que les plus grands sont sur le coup comme le PSG. Personnellement, moi je m’en fous, car tant qu’on se rechope pas un capion à la Mirandinha qui nous cadre plus facilement la toute nouvelle autoroute entre Sion ouest et Sion est que les cages adverses, on devrait pouvoir prétendre battre Monaco, Parme voire même Galatasaray.
Et on est tellement en confiance dans notre coin de pays, qu’on nous promet même prochainement un conseiller fédéral valaisan sous la Coupole qui va retourner la politique suisse, c’est dire. Que tremblent la Suisse et l’Europe, le Valais arrive en force. Le monde, on attendra encore un peu, c’est pas comme si on voulait coloniser l’espace, quoique…

Écrit par Johan Tachet

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2 Commentaires

  1. Merci pour la news de Pancev…je m’étais souvent demandé ou avait fini ce tout grand buteur…
    Y’a pa a dire, CC a toujours eu la fine pour recruter ses attaquants…peut-etre est-ce son role de gardien par le passé qui lui a donné ce don ….qui sait ?

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