JvB 3, Fust 1

Ce 4e match de la finale de LNB revêt toujours une importance très particulière : soit le LHC parvient à confirmer le break et à s’offrir 3 pucks de match, soit Visp revient à hauteur et la série se jouera au meilleur des 3 matchs. Les Lausannois ont conquis l’avantage de la glace mardi en s’imposant dans la redoutable Litternahalle, allaient-ils réussir à conserver ce précieux avantage devant une affluence des grands soirs à Malley ?

Le match aura été avant tout tactique. Tels deux généraux avançant leurs troupes sur un champ de bataille et adaptant sans cesse leur stratégie aux moindres mouvements de l’adversaire, c’est bien le tacticien de Malley qui l’a emporté sur tous les fronts.Les contingents des deux équipes sont très proches, avec deux excellents gardiens, des lignes offensives très performantes, deux défenses intraitables… mais la différence entre les deux finalistes logiques de cette saison de ligue B se décidera certainement sur le principal écart entre ces formations : leurs entraîneurs. Le charismatique John van Boxmeer avait prévenu. Il allait axer l’essentiel de son travail dès son arrivée sur le foncier et les schémas de jeu, soit l’antithèse de son regrettable prédécesseur. Dans le but de monter progressivement en puissance, quitte à s’offrir quelques frayeurs en cours de route comme contre Ajoie, tel un Federer qui se ferait accrocher au premier tour de Wimbledon avant de vaincre Nadal en 5 sets en finale. Il n’allait donc pas falloir s’attendre à un jeu aussi flamboyant qu’en début de saison, mais à bien plus d’émotions et à des parties très disputées ! Et question émotions, les 8665 spectateurs de Malley en ont eu pour leur argent, hier soir.

Face à lui, John Fust est lui aussi un remarquable technicien et tacticien. Le futur entraîneur de Langnau va ainsi faire le saut dans la grande ligue pour tenter de sauver la deuxième équipe bernoise du sort qui attend les Biouois cette saison dans leur entrepôt à pavés. Mais lors du match de ce soir et plus largement dans cette série, tout semble aller à l’avantage de Boxy. L’entraîneur lausannois peut compter sur des lignes stables sauf blessures, avec une première ligne qui ressemble enfin à quelque chose, sous l’impulsion de son capitaine retrouvé au bon moment, d’un Randegger chaque jour plus impressionnant pour son attitude sur la glace et sur le banc et d’un Roy qui retrouve enfin ses sensations. Au besoin, Banham peut même toujours pallier une blessure de l’un des mercenaires. Keller et Zalapski en seigneurs défensifs devant un Mona impérial.
Du côté de Visp, c’est tout le contraire : Forget n’est toujours pas à 100% de ses capacités même s’il reste extrêmement dangereux à l’orée de la zone du gardien et Pecker semble grillé par sa saison impressionnante au niveau des stats. Au point que John Fust décida de séparer son duo magique pendant presque la totalité de la partie! Boxy réussit à contenir la ligne de Forget grâce à son excellent 3e bloc défensif (Schnyder, Staudenmann, Bonnet qui illustrèrent le jeu physique remporté par les Lausannois) et n’hésita pas à faire jouer son «4e bloc» face au 2e vispois. Ou comment rentabiliser un maximum la profondeur de banc lausannoise tout en épargnant ses éléments-clés. Tout le contraire de Fust qui semblait céder à la panique (à l’image d’une pénalité de banc et d’un surnombre) pour finalement recomposer sa première ligne à 5 minutes de la fin, ce qui permit – étrangement – de revenir à 1-1, au prix d’une présence indécente de son Top Scorer pendant presque ces 5 dernières minutes du 3e tiers.

Avec le cœur

Ce but admirablement construit par Pecker, répondait à l’ouverture du score en début de 3e tiers par l’excellent Gailland et a fait mal aux lausannois, qu’ils soient sur la glace ou dans les tribunes. Mais un but qui fit encore plus mal, est celui qui suivit en prolongation par le Maître ès play-off, Igor Fedulov. Car durant toute la partie, et malgré le net sentiment de domination lausannoise, tout pouvait arriver, même si Visp semblait compter quasi exclusivement sur sa capacité à mener des contres meurtriers ou à transformer ses occasions en power-play. Pour le reste, le Général van Boxmeer verrouilla totalement la zone médiane, comme mardi, en couplant cette maîtrise du territoire par un back-checking et par une définition des rôles de chaque joueur sur la glace. Avec un Mona toujours aussi solide, comment douter ? Il n’y a que le pari du temps mort pris pour reposer ses 5 meilleurs joueurs alors que le LHC bénéficiait de 2 minutes à 5 contre 3 en début de match qui n’a pas porté ses fruits. Sinon, tout tourna à l’avantage de Boxy, qui réussit à faire s’exprimer le coeur sans limite de ses protégés, exalté en cela par la formidable énergie positive qui émanait des travées de Malley.

Mythique !

Le cœur des joueurs trouvait son répondant à chaque instant dans le formidable public venu assister à cette rencontre. Si l’on fait abstraction du faible nombre de Vispois qui se sont déplacés, cette rencontre s’est déroulée devant un Malley à guichets fermés prêt à exploser. Conscients que quelque chose de spécial venait d’être gagné sur la glace, une grande première a eu lieu à Malley : le secteur Est a repris spontanément, comme un écho venant du coeur, le «Aux Armes» lancé par la Section Ouest à cinq reprises ! Un immense et intense frisson parcourait toutes les travées du Temple, les larmes d’émotion remplaçaient celles de la victoire, les applaudissements résonnaient des quatre côtés de la patinoire, tant tout le monde avait conscience de vivre un moment historique, que l’on ne rencontre guère qu’au Vélodrome (sisi!). J’en ai encore la chair de poule. Les prolongations, à défaut d’avoir duré 20 minutes sur la glace, ont eu lieu dans les tribunes.
Le plus dur reste bien sûr à faire avec ce quatrième point à aller gagner, mais Visp semble avoir trop de fois laissé passer sa chance, à l’image de nombreuses occasions de l’emporter ce soir ou mardi.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Viège 2-1 ap (0-0 0-0 1-1)

Malley, 8665 spectateurs (record de la saison).
Arbitres : MM. Kämpfer et Prugger.
Buts : 45e Gailland (Villa/5c4) 1-0, 57e Summermatter (Forget, Pecker) 1-1. 62e Fedulov (Miéville, Gailland) 2-1.
Pénalités : 5 x 2′ contre chaque équipe.
Tirs cadrés : 29-24 (9-7 7-9 11-5 2-3)
Lausanne : Mona; Kamerzin, O.Keller; Villa, Zalapski; Schilt, Leeger; Chavaillaz, Cadonau; Tremblay, J.Roy, F.Randegger; Jér.Bonnet, Staudenmann, St.Schnyder; Gailland, Miéville, Fedulov; Frunz, Augsburger, Lussier.
Viège : J.Müller; Heldstab, Wiedmer; Schüpbach, Anthamatten; Summermatter, Heynen; Jacquemet, Portner; Pecker, Forget, Bucher; Triulzi, Brunold, Dolana; A.Furrer, Genazzi, Jörg; Tiegermann, Bühlmann, K.Lindemann.
Notes : Lausanne sans Banham, Chabloz (surnuméraires), Hendry ni Stalder (blessés). Temps mort Lausanne (9e).

Écrit par Yves de St-Aÿ

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7 Commentaires

  1. Des nombreuses occasions de Viège pour gagner hier ou mardi?!??!?!

    Ah bon!!!

    Pour le reste, excellent article! Un titre cette saison (sans parler d’une promotion), devrait fermer leur bouche à bien des frustrés pendant de longues, longues années.

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