C’est bien la victoire

Après deux matchs de Bundesliga sans victoire devant son public, le Borussia Dortmund a renoué avec le succès dans son antre du Westfalenstadion en disposant du néo-promu Fürth 3-1. Et je te livre un scoop incroyable : c’est toujours plus joyeux de quitter le stade après une victoire qu’après un nul ou une défaite.

Lors des deux saisons écoulées, marquées par autant de titre de champion d’Allemagne, le Borussia Dortmund avait pris la bonne habitude de régner presque sans partage sur son royaume enchanté du Westfalenstadion : 34 matchs, 26 victoires, 6 nuls, 2 défaites. Du coup, on avait pris l’habitude de quitter le stade après vingt minutes de rappels euphoriques le sourire aux lèvres et une bière dans chaque main. C’est dire que l’on est tombé de haut lorsque notre club favori a connu une longue série noire avec deux matchs de Bundesliga consécutifs à domicile sans victoire (défaite contre Schalke, nul contre Stuttgart). Certes, entre les deux, il y a eu en guise de consolation le succès contre le Real Madrid mais ce n’est pas la même chose, un match de Ligue des Champions ne remplacera jamais la joyeuse kermesse de la Buli. Ce week-end, l’objectif était donc de renouer avec le succès dans le Tempel der Glückseligkeit et ce d’autant plus que je faisais découvrir le plus beau stade du monde au comité du plus dortmundois des clubs vaudois, les jaunes et noires du FC Donneloye. Et j’aurai été un bien piètre organisateur si je leur présentais la Westfalenstadion un soir de défaite. Mais a priori, en ciblant ce match contre Greuther Fürth, je n’avais pas pris de risques excessifs et maximisé les chances d’assister à une victoire jaune et noire.

La peu banale histoire du Greuther Fürth

Greuther Fürth, c’est un club bavarois sans grands moyens ni ambitions démesurées. Toutefois, Kleeblatt (le trèfle, l’emblème du club, mais à trois feuilles) a longtemps joué les premiers rôles en Zweite Liga grâce à un recrutement toujours judicieux. Toutefois, le club avait la fâcheuse tendance à craquer sur la fin pour finir 4e ou 5e juste derrière les places de promus, ce qui lui a valu le surnom d’Unaufsteigbaren. Du moins jusqu’à l’an dernier : car cette fois-ci, Fürth n’a pas craqué. Les Franconiens ont réussi une saison magnifique, fait la course en tête presque de bout en bout et sont allés chercher une promotion et un titre de Zweite Liga amplement mérités en pratiquant un football de très bonne facture.
Les lendemains s’avèrent toutefois difficiles : avec un stade minuscule, un engouement populaire limité, un budget réduit et quelques gros voisins encombrants, Nürnberg surtout mais aussi Stuttgart ou Bayern, Fürth n’a a priori pas franchement le potentiel pour s’éterniser durablement en Bundesliga. D’ailleurs, le Greuther n’est même pas parvenu à conserver tous les héros de la promotion avec le départ de deux cadres durant l’été, le milieu de terrain Schröck et le buteur canadien Occean. Toutefois, malgré les limites du contingent, et c’est tout à l’honneur de l’entraîneur Mike Büskens, Fürth essaie toujours de jouer au foot et de ne pas bétonner en défense. Sans grand succès jusqu’à maintenant : s’il n’est jamais ridicule, Kleeblatt manque cruellement de qualité là où les choses se passent, dans les surfaces de réparation, et termine souvent ses matchs avec l’impression d’avoir été mal payé, ce qui lui vaut de débarquer au Westfalenstadion avec une peu flatteuse avant-dernière place au classement.

Historique !

L’après-midi commence mal : Gerald Asamoah, l’un des joueurs les plus détestés du Westfalenstadion depuis quelques derbys houleux contre Schalke et que l’on se réjouissait de conspuer s’est défilé, alors que le BVB doit attaquer face au mur jaune en 1ère mi-temps. Cette entorse rarissime à la tradition n’empêche pas les Pöhler d’ouvrir rapidement le score sur une percée de Mario Götze qui avorte mais Robert Lewandowski a bien suivi pour marquer en chasseur de but. On s’est alors dit que ce match n’allait être qu’une formalité mais, à la stupeur générale, sur une passe de Zillner, Zoltan Stieber surgit dans le dos de la défense pour fusiller Weidenfeller. Meilleur passeur de la Zweite Liga 2010-2011 avec Aachen, le Hongrois avait connu une première expérience mitigée en Bundesliga la saison passée à Mainz, freiné par des blessures mais il est en train de s’affirmer ; avec le jeune milieu de terrain Edgar Prib et l’international turc Sercan Sararer, c’est sans doute l’élément le plus intéressant de cette équipe de Fürth.  
1-1, cinq minutes de jeu, c’était parti fort ! Le Borussia n’aura guère le temps de douter puisqu’avant même le quart d’heure, il bénéficiera d’un pénalty pour une faute de Nehrig sur Blaszczykowski, auteur d’un très bon match pour sa rentrée après six semaines de blessure. On tremble toujours un peu quand il y a un penalty pour le BVB, vu que celui-ci est à peu près aussi efficace dans l’exercice que l’équipe de Suisse version Köbi Kuhn. Mais cette fois-ci, Robert Lewandowski ne faillit pas pour signer son deuxième doublé en l’espace de huit jours : on a presque l’impression de vivre un grand moment d’Histoire puisque, sur les huitante derniers matchs de Buli du BVB, ce n’est que le deuxième penalty converti par les Borussen. Et le premier, c’était Kuba à Hambourg la saison dernière et je n’y étais pas, donc je pense qu’il faut remonter à Alex Frei pour que j’aie assisté à un penalty transformé en championnat par le Borussia Dortmund. Si ta passion dans le football, c’est de voir marquer des pénaltys, prends l’abonnement au FC Bâle, à la Juventus ou au FC Barcelone plutôt qu’au BVB…   

Le chef d’œuvre de Mario Götze

Fürth n’a pas démérité et va passer tout près d’une nouvelle égalisation sur deux frappes de Sararer, l’une juste à côté, l’autre sur le poteau. Mais l’affaire sera classée avant la pause sur un pur chef d’œuvre. Comme l’autre virtuose, Marco Reus, avait été ménagé, c’est Mario Götze qui nous a offert le moment de grâce du jour. Bien lancé par Blaszczykowski, Götzinho élimine le gardien Grün puis l’international kazakh (Fürth est vraiment un club improbable…) Schmidtgal pour marquer tranquillement dans le but vide. Fluidité, inventivité, vitesse, en une accélération et deux dribles, le petit prodige du Westfalenstadion a démontré pourquoi il était considéré comme l’un des plus grands espoirs du foot mondial. A priori, ses ennuis de santé ne sont plus qu’un mauvais souvenir et cela n’annonce que du bon pour la suite de la saison.
En revanche, ce qui n’a pas été bon du tout, c’est la deuxième mi-temps, insignifiante, où il ne s’est strictement rien passé, à part quelques nouvelles tournées de bières éclusées mais ça c’est relativement habituel. Fürth était manifestement partagé entre la tentation d’aller chercher une remontée impossible et la crainte de ramasser une valise en prenant trop de risques contre la puissance offensive dortmundoise et c’est la deuxième option qui a prévalu. Ce n’est pas forcément au Westfalenstadion que Kleeblatt devra aller chercher les points pour son maintien ; par contre, le derby la semaine prochaine contre Nürnberg sera crucial si le Greuther veut éviter de se retrouver largué en queue de classement avant même la trêve hivernale.
Dortmund lui n’a pas forcé son talent et s’est contenté de gérer son avantage en prévision des trois semaines anglaises à venir. Avec notamment les deux matchs de Ligue des Champions contre Ajax et Manchester City qui devraient permettre de valider le ticket pour les huitièmes de finale et le choc à Munich contre le Bayern. Bref, cela devrait donner encore deux ou trois occasions de vibrer. Et si ça peut se terminer par une victoire jaune et noire, c’est encore mieux.

Borussia Dortmund – SpVgg Greuther Fürth 3-1 (3-1)

Signal Iduna Park, 80’645 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : Dr. Drees.
Buts : 3e Lewandowski (1-0), 5e Stieber (1-1), 15e Lewandowski (penalty, 2-1), 42e Götze (3-1).
Dortmund: Weidenfeller; Piszczek, Subotic, Hummels, Schmelzer; Gündogan (73e Grosskreutz), Bender; Blaszczykowski (83e Leitner), Götze (66e Reus), Perisic; Lewandowski.
Fürth : Grün; Nehrig, Sobiech, Mavraj, Schmidtgal; Fürstner; Stieber, Prib, Zillner (82e Nöthe), Sararer; Azemi (73e Edu).
Cartons jaunes : 12e Lewandowski, 20e Perisic, 34e Azemi, 64e Schmidtgal.
Notes : Dortmund sans Kehl ni Owomoyela (blessés), Fürth sans Kleine, Pekovic (suspendus), Ndoye, Tyrala, Fall, Mikkelsen ni Asamoah (blessés),

Écrit par Julien Mouquin

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