Jocelyn Roux, le retour !

Dans une Pontaise qui avait retrouvé des formes, une pelouse et des habits de Ligue A, Lausanne s’est offert le scalp de Zurich. Une équipe zurichoise, qui à l’image de Magnin, n’avait que peu de cheveux à se faire tirer. Avec force, conviction et travail, Jocelyn Roux a explosé. Avec force, conviction et travail, l’équipe lausannoise a retrouvé son public et ses valeurs. On a beaucoup aimé et on en redemande !

Qui l’eut cru ? Il y a un mois, on avait laissé Jocelyn Roux sur les bords d’une route cantonale au beau milieu de la nuit : «rentre à pieds connard, et peut-être que si tu arrives à nous rejoindre et que le bus n’est pas plein, tu pourras remonter dedans… » Tandis que la moitié du monde aurait baissé les bras ou que l’autre moitié aurait tiré 60 bras d’honneur derrière le bus en lui crevant les pneus une fois arrivé, Roux a fermé sa gueule et travaillé. Roux a avalé sa fierté et est remonté dans le bus par la petite porte, non sans avoir été violemment humilié. Et samedi, il s’est arraché pour exploser à la figure de Zurichois et Lausannois qui n’en croyaient pas leurs yeux ! Roux, c’est l’ancien camarade de classe, à qui tu as fauché tous ses livres, à qui tu as fait toutes les misères du monde, allant jusqu’à lui pisser sur les pieds sous les douches. Tu l’as retrouvé samedi, pilote de chasse, aux bras d’un top model brésilien. Toi, avec ton boulot d’assureur et ton costard PKZ, ta Suissesse du Gros-de-Vaud et ton chat à la maison, tu t’es regardé dans la glace et tu t’es dis que t’as une belle vie de merde.
S’il eut le nez creux et qu’il fut un peu chanceux en mettant la pression sur Magnin (ancien international qui n’en porte que le nom…) pour ouvrir le score, son deuxième but est simplement splendide, sorti de nulle part. Une tête à la Basile Boli diront certaines légendes de la tribune nord, pour non seulement précéder son défenseur et trouer Leoni : magnifique !
Ce n’est de loin pas l’unique enseignement de cette rencontre. Mais la performance de Roux samedi est à mettre au fer rouge sur la plaque d’une saison qui ne commence qu’à s’écrire. Auteur d’un doublé, le besogneux au style décousu, coqueluche du BWFK, est sorti sous les applaudissements d’un stade complètement acquis à sa cause. Chapeau l’artiste !

Un LS aux bonnes intentions, souvent fragile

Et le match me diras-tu ? Malgré quelques inquiétudes, le LS avait bel et bien choisi de repartir sur les bonnes bases laissées du côté de GC dix jours plus tôt. Bien installée et décidée à jouer, l’équipe a rapidement démontré ses excellentes intentions. Confirmées d’entrée de jeu par quelques incartades dans la défense zurichoise et par moments (notamment à 2-1) par l’emprise sur le jeu. Le résultat du match et les bonnes dispositions de l’équipe ne nous feront pas oublier que par instants, Lausanne s’est montré bien fragile. Zurich d’ailleurs aurait pu profiter des largesses de l’organisation vaudoise et d’une certaine fébrilité, notamment à mi-terrain.
A ce titre se pose la problématique de Marin et Lang qui occupaient les côtés du milieu de terrain. Beaucoup trop haut à la relance (quasiment sur la même ligne que leurs attaquants), peu efficaces défensivement, ces derniers sont sans aucun doute les principaux maux de l’organisation défensive lausannoise. Il y a certes une période d’adaptation à accepter pour ces deux nouveaux éléments, ils ont bien entendu par moments montré de belles choses (Lang surtout qui s’est souvent détaché de ces cerbères par quelques dribbles bien inspirés), il n’en demeure pas moins qu’ils vont devoir se mettre rapidement à la page, au risque de déséquilibrer dramatiquement le LS. Et ça ne passe pas seulement par la nouvelle coupe de Marin. Cheveux blancs pour l’occasion et chaussures jaunes, l’ancien joueur du FC Sion n’a peur de rien. Bref, le Valbuena du pauvre, même sans doute fort sympathique, doit faire attention à ne pas figurer en fin de saison aux côtés de Djibril Cissé sur le podium des dégaines les plus faibles du football européen…

Un match référence pour tous

Du point de vue des individualités, outre le coup d’éclair de Roux, on notera le bon match de Bah. Dépassé sur les buts à GC, ce dernier s’est vite remis dans le match pour se montrer solide parfois  et appliqué surtout. Nous avons aussi beaucoup apprécié l’activisme répété de Moussilou et la solidité de Page, malgré ses limites techniques. Petit bémol cependant pour Sonnerat, lâché par son pied gauche tout le match et Muslin perdu en première mi-temps mais qui terminera beaucoup mieux la partie.
Bref, ce match qui aura convaincu les 5’500 Vaudois à revenir mercredi et à en convaincre peut-être d’autres de venir, est un match référence sur lequel le collectif de Rueda doit s’appuyer. La performance de Roux a de quoi inspirer les titulaires d’une part, et les remplaçants d’autre part. En effet, cette performance montre d’un côté que dans ce groupe, à quelques exceptions près, aucune place n’est acquise. Et que les artisans de la montée ne doivent rien lâcher. Face à des performances peu convaincantes jusque-là des renforts, nous étions nombreux samedi à avoir une pensée sincère pour les Katz, Pasche ou Favre, grands artisans de la montée, aujourd’hui sur le banc. La performance de Roux leur a montré que ce Lausanne-Sport, condamné aux exploits, condamné à jouer tous les matches à 120%, aura besoin de tous, et de l’implication professionnelle et motivée de l’ensemble du groupe. A ce titre, l’excellente entrée de Katz, qui s’est employé corps et âme pour contrer les offensives zurichoises, nous a peut-être confirmé que le groupe vivait bien.

Rueda avait mis la chemise qui gagne

Rencontre avec Irina Krutchev

Avant de te donner rendez-vous mercredi, je ne peux terminer cet article par un clin d’oeil bien pensé à nos amis du plus grand quotidien vaudois qui se sont une nouvelle fois illustrés dans l’édition de samedi. Faisant le 403ème tour de personnalités lausannoises depuis 6 mois pour lancer la saison du LS à la maison, 24 Heures s’est offert des interviews dantesques de Jacqueline de Quattro, Daniel Brélaz et Pierre Keller notamment, que nous t’invitons à lire. Ne reculant devant rien, nous nous sommes offert un entretien samedi  avec Irina Krutchev, ancienne prostituée fétiche des joueurs du Lausanne-Sport de l’époque. Irina tenait à être personnellement présente dans les couloirs de la Pontaise pour ce retour en Ligue A, elle qui, comme nous, a longtemps pleuré la dégringolade du club et des clients de son coeur.
«J’ai un rapport très particulier avec le Lausanne-Sport, le club de ma ville adoptive. De fil en aiguille à l’époque, alors que j’étais jeune et sans le sous, ne fréquentant que des clients de seconde zone, j’ai connu un certain nombre de joueurs et je suis devenue la coqueluche de l’équipe. A la fin aucun bizutage ne se faisait sans moi. Je les aimais tellement ces joueurs que je prenais même congé pour aller les voir. Il me fallait sentir les vibrations du stade pour leur donner le meilleur ensuite. J’ai longtemps observé leur gestuelle sur le terrain, pour accorder mes positions. Je ne faisais pas l’amour avec Charles Peter (nom d’emprunt) comme avec Michele Rossi (nom d’emprunt). La détente de l’un ne s’accordait pas avec la fougue de l’autre, il fallait m’adapter. Ce fut une période fabuleuse, j’ai des souvenirs plein la tête. C’est pourquoi je n’ai pas hésité aujourd’hui à écourter mes vacances pour venir fêter ce retour en LNA.» Au sujet de la nouvelle équipe, Irina ne tarit pas d’éloges : «Ils sont presque tous beaux. Ce n’est plus d’actualité pour moi, mais j’ai bien entendu mes préférés.» Irina ne nous en dira pas plus.
Ce paragraphe ne sert à rien, il est inutile et incroyable de débilité. C’est apparemment tout ce que ton quotidien préféré a à te proposer samedi, alors pourquoi pas nous ?
En attendant, rendez-vous mercredi contre Lucerne et samedi à Genève. La semaine s’annonce chaude !

Lausanne-Sport – FC Zurich 2-1 (1-0)

La Pontaise, 6500 spectateurs.
Arbitres : Cyrill Zimmermann, assisté de Beat Hidber et Walter Brosi.
Buts : 40e Roux 1-0, 56e Djuric 1-1, 70e Roux 2-1.
Lausanne : Coltorti; Bah, Page, Meoli, Sonnerat; Marin, Muslin, Marazzi, Lang (80e Kamber); Roux (74e Katz), Moussilou (87e Negrao).
Zurich : Leoni; Ph. Koch, Beda, Teixeira, Magnin; Schönbächler (59e Nikci), Buff, Aegerter (76e Kukuruzovic), Djuric (69e Gajic); Alphonse, Mehmedi.
Cartons jaunes : 37e Lang (antijeu), 52e Magnin (antijeu), 72e Koch (antijeu), 76e Muslin (antijeu), 83e Beda (jeu dur).
Notes : Lausanne sans Debonnaire, Veuthey, Buntschu, Borges (non convoqués), ni Avanzini, Lyng (blessés). Zurich sans Margairaz, Zouaghi, Chermiti, Chikhaoui, Brecher, Brunner.

Écrit par Vince McStein