Quel show !

«Venez vibrer», qu’ils nous disent pour nous attirer à la Maladière ; ce slogan publicitaire ne pouvait pas plus mal tomber à l’occasion de ce derby des producteurs de chasselas. La dernière fois que j’ai ressenti une émotion pareille, c’était devant la 17ème rediffusion en V.O. du 19ème épisode de la saison 1 de Derrick…

J’ai donc, une nouvelle fois, assisté à une prestation xamaxienne à oublier. Beaucoup de lecteurs de CartonRouge.ch nous demandent de tirer sur les ambulances ; la xamaxienne est en panne en pleine campagne et nous avons trois «AH-64 Apache», douze «M113» et une centaine d’hommes armés de kalachnikov juste en face. L’assaut pourrait commencer de suite mais comme votre serviteur est un supporter de ce club depuis une trentaine d’années environ, un peu de répit lui sera accordé… Caparros a promis des renforts et surtout «un après Xamax-Sion différent». Il est un des derniers à la Maladière que j’ai encore envie de croire.

Le match

Dans une ambiance autour du terrain moins tendue que d’habitude face à Sion, le début de cette rencontre voit, une fois de plus, des Neuchâtelois fébriles ; mauvais placements, mauvaises passes et mauvaises décisions se succèdent. Caparros a voulu (dû ?) jouer avec deux joueurs dans chaque couloir et sans véritable attaquant. Gelabert est à la baguette. Elle n’est de loin pas magique…
Sion est en place. Sans génie, les Valaisans trouvent facilement des espaces dans la défense xamaxienne. D’ailleurs, Bikana et/ou Geiger ont-ils reçu comme consigne de ne pas bloquer les attaques valaisannes qui utilisent leur côté ?… Malgré tout, un peu par hasard, Tréand aurait pu ouvrir la marque à la 8ème minute.
Après quelques chaudes alertes du côté de chez Bédénik, arriva ce qui devait arriver. Dépassés par la vitesse d’exécution des Valaisans, Paito et Besle concèdent un penalty presque logique. Le portier neuchâtelois, très à son affaire en ce 31 juillet, repousse le tir de Dingsdag. On aurait entendu un «I will love you» dans la tribune à proximité de Chagaev…
Malheureusement pour des rouge et noir qui n’avaient pas besoin de cela, quelques instants plus tard, Vanczak peut ouvrir la marque de la tête sur un corner de Crettenand. Même si le Hongrois n’est pas un manche lorsqu’il s’agit d’utiliser son crâne dans le cadre de sa profession, il est navrant d’observer que ce genre de buts se répètent encore et toujours face à presque toutes les équipes de Super League. Heureusement que la défense neuchâteloise avait beaucoup travaillé en prévision de ce match…
De retour des vestiaires, Xamax fait illusion une dizaine de minutes. Geiger joue devant ; a-t-il perdu un pari ?… J’avais oublié de vous préciser que l’équipe neuchâteloise n’avait aucun véritable attaquant sur la feuille de match. Quand on se souvient du système de jeu de la saison dernière avec une seule pointe, il ne fallait donc pas s’attendre à un quelconque miracle en cette veille de fête nationale…

A la 54ème minute, Sio marque le 0-2 grâce à un sublime tir enroulé d’une vingtaine de mètres qui atterrit dans la lucarne gauche d’un Bédénik impuissant. Si ce but est magnifique, qu’écrire sur la défense xamaxienne à cette occasion ? Totalement apathique et mal placée, il est évident qu’elle avait dû beaucoup travailler la semaine dernière à l’entraînement…
Dès lors, Sion monopolise le cuir et l’on baille ferme dans les tribunes neuchâteloises. Sion fait tourner le ballon et les Neuchâtelois ne peuvent simplement plus rien espérer de cette partie. Un sentiment d’impuissance doit envahir les plus fervents supporters xamaxiens. Le 0-3 tombe comme un fruit mûr sur une phase de jeu mainte fois travaillée à l’entraînement par les deux équipes ; il y en a, cependant, une des deux qui semble mieux maîtriser le schéma…
Alors qu’il est difficile d’accepter le manque de révolte des joueurs chers à Bulat Chagaev dès le 0-2, terminons de résumer ce match en n’omettant pas de rappeler que la plupart des joueurs sur la pelouse ont connu depuis le mois de mai quatre voire cinq entraîneurs différents… Chose plus grave encore, il n’y avait aucun chasseur de buts xamaxien sur le toit de la Maladière Centre cet après-midi-là ! Une certaine stabilité n’aiderait-elle pas cette équipe à obtenir de bons résultats ? En ce début de saison, Sion en est un excellent exemple. Une idée à creuser du côté de Neuchâtel ?…

Les joueurs xamaxiens

12 Jean-François Bédénik : il a permis à ses coéquipiers d’y croire plus longtemps. Pour l’instant, il est le titulaire indiscutable à ce poste.
3 Mickaël Facchinetti : sorti sur blessure, il a probablement bien fait son travail en première mi-temps puisque le danger provenait presque uniquement de l’autre côté du terrain.
4 Stéphane Besle : généreux dans l’effort, il n’a pas semblé toujours bien se comprendre avec Navarro.
5 Paito : moins stressé que lors du premier match, il a toutefois rassuré personne dans le cadre de son travail défensif.
7 Marcos Agustin Gelabert : l’Argentin perd un nombre hallucinant de ballons. Il commet, souvent quand il est frustré, un nombre incroyable de fautes dangereuses. Non, non et non, ce sympathique stakhanoviste du milieu du terrain ne doit pas être le patron d’une équipe qui vise l’Europa League, au pire…

10 Victor Sanchez : toujours pas décisif, il n’a pas de puissance dans ses frappes et il est dépassé par le «terrible» rythme de la LNA… Sauf tremblement de terre, tsunami, ouragan ou attaque extra-terrestre, il ne sera pas le renfort annoncé. L’ombre de Nuzzolo plane au-dessus de la Maladière…
11 Geoffrey Treand : comme Lorie, il a été tout seul… à l’attaque. Ses qualités intrinsèques ne lui permettent pas d’espérer tromper une défense aussi bonne que celle de Sion. Sauf, peut-être, sur un dixième dribble raté qui voit le ballon rebondir sur quatre joueurs et qui, après un faux-rebond, revient miraculeusement dans ses pieds ?… Bref, sur une action «à la Tréand» ?
13 Bastien Geiger : comme Paito, il amène une certaine folie sur les côtés en phase offensive ; comme Paito, le fils de l’entraîneur le plus «aimé» par les jeunes supporters neuchâtelois fait très peur en phase défensive. Fait marquant de ce match, il a joué attaquant en deuxième mi-temps : s’agissait-il, finalement, d’un bizutage ?… De retour de blessure, il a logiquement cédé sa place en fin de match.
14 David Navarro : très sobre et efficace à la relance, il n’est pas encore sur la même longueur d’ondes que Besle et Bikana. Quelques cours de français et d’espagnol ne seraient pas inutiles pour toute la défense xamaxienne.
19 Vincent Bikana : moins à l’aise en défense que face à Lucerne, il a apporté un certain poids offensif lors de la deuxième mi-temps. Si on lui laisse le temps de s’adapter à sa nouvelle équipe et qu’on lui donne des responsabilités, ce joueur pourrait faire parler de lui ces prochains mois ; et pas seulement en Suisse…
22 Sébastien Wüthrich : il a joué une mi-temps. Un peu seul à devoir organiser les «attaques» neuchâteloises, il a, comme à l’accoutumée, adoré montrer ses qualités techniques à ses nombreux fans. Mais comme depuis bientôt deux saisons, il lui manque ce «petit je ne sais quoi» pour être un joueur décisif d’une équipe de première division helvétique.
Entrés en cours de jeu :
23 Mike Gomes : il a remplacé Wüthrich. Il a fait ce qu’il a pu. Il ne jouera probablement plus beaucoup lorsque les derniers renforts seront arrivés.
28 Bigambo Rochat : première apparition en rouge et noir. Dans un contexte totalement défavorable, il n’a pas fait grand-chose pour que je me fasse une idée de son niveau.
31 Irakli Chrikashvili : timide mais vigousse, le Géorgien a montré en un quart d’heure une facilité technique et une sobriété qui pourraient le rendre très utile cette saison.

Les coulisses :

– Environ 4’600 spectateurs pour ce derby des «anciens seuls pensionnaires romands de Super League» ; combien seront-ils au mois de novembre sous le stratus et dans la bise si Xamax présente toujours un tel spectacle ?
– Moins d’«ultras» valaisans que d’habitude à Neuchâtel.  Voir ci-dessous ?
– Le Matin nous apprend que quelques supporters valaisans et neuchâtelois ont été interdits de stade ; la police et la justice font-elles enfin leur travail ou n’est-ce qu’un effet d’annonce pour calmer le contribuable moyen ? De toute façon, rien n’empêchera ces «brillants poètes pacifiques» de participer aux avant et après-matchs…
– Les groupes de supporters situés en D4 arrivent à leur place, comme toujours, que très peu de temps avant le début de la rencontre ; sont-ils à l’apéro au lieu d’encourager leur équipe lors de l’échauffement ? Comme les spectateurs neuchâtelois «événementiels» que certains d’entre eux critiquent sur internet ?… 
– Parenthèse mode : la veste en daim n’était pas très tendance parmi les VIP à l’occasion du retour de l’été sur le plateau suisse ; la chemise noire à courtes manches semblait être plus appropriée aux chaleurs estivales…

– Donc, Bulat Chagaev était au stade malgré tous les avis négatifs des spécialistes du football suisse du PLR, de l’UDC, du PDC, du PS et des Verts ; même pas peur, Bulat !
– Chirikashvili, qui, selon Chagaev, aurait été volontairement blessé par Binya après avoir reçu des consignes d’Anderson, a donc joué son premier match officiel sous ses nouvelles couleurs. Le nouveau médecin du club fait-il des miracles ?… 
– Depuis le 12 mai, date de la reprise du club par Chagaev, Xamax n’a pas connu la victoire en compétition officielle : 2 matchs nuls et 5 défaites ! Faudra-t-il appeler le marabout de l’équipe de Suisse pour que cette série prenne fin ? Quand on voit comme il a influencé le tirage au sort des groupes de qualification pour la Coupe du Monde 2014, il pourrait être l’homme providentiel que de nombreux Neuchâtelois et Tchétchènes attendent…
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Neuchâtel Xamax – Sion 0-3 (0-1)

La Maladière, 4’603 spectateurs
Arbitres : MM. Bieri; Zeder, Wicht.
Buts : 44e Vanczak 0-1, 54e Sio 0-2, 81e Vanczak 0-3.
NE Xamax : Bedenik ; Besle, Navarro, Bikana, Facchinetti ; Paito, Gelabert, Tréand, Victor Sanchez ; Wuethrich (46e Gomes), Geiger (76e Chirikashvili).
Sion : Vanins ; Vanczak, Adailton, Dingsdag, Buehler ; Serey Die ; Zambrella, Obradovic (83e Ogararu), Crettenand ; Prijovic (71e Rodrigo), Sio (87e Afonso).