Xamax : Merci Gérard !

Trois coups de sifflet, une bronca mais surtout beaucoup de tristesse. L’atmosphère au coup de sifflet final ce samedi soir est très lourde. Les râleurs n’ont plus la force de râler, les positifs n’ont plus la force de positiver et de toute façon les joueurs ne jouent plus. Ca sent le brûlé, Moreno Merenda s’excuse auprès du public en agitant ses souliers, il refuse tous les encouragements, hochant la tête et montrant les joueurs thounois qui festoient de l’autre côté du terrain. Gérard, lui, a compris. Salut et merci pour tout Monsieur Castella.

C’est donc fait. J’étais déjà en train de faire le nécessaire pour oublier ce tragique destin qui attend les Xamaxiens, qu’un SMS vient confirmer ce qui était évident : Gérard Castella n’est plus l’entraîneur de Neuchâtel Xamax. Exit «Monsieur Promotion», exit les débriefings joviaux d’après victoire, les litanies moroses d’après défaite. Immortalisées dans les journaux et dans nos colonnes aussi, les métaphores improbables : le Cervin, le maillot jaune et tant d’autres encore. Reste le souvenir d’une ascension historique, d’un parcours haletant, à couper le souffle. Une longue histoire au suspense complètement fou. Une page se tourne et voir Gérard retourner aux vestiaires la démarche lourde et le regard perdu ne nous enlèvera pas le souvenir des exploits de Kriens, Lugano et même le très bon début de saison en Super League.


Bon vent Gérard !

Mais voilà, parfois il faut mettre un coup de pied dans la fourmilière. En ce samedi soir, c’est à se demander qui jouait pour défendre et sauver le coach aux yeux bleus. Ceux qui prétendaient vouloir faire bloc derrière Castella, ont en fait abandonné celui qui leur a fait confiance. Seuls les Szlykowicz et Lang, deux recrues de l’ex-entraîneur xamaxien soit-dit en passant, ont tiré à la même corde. Mais cela ne suffit pas. Pour coller des tartes aux flemmards et rapetisser le melon des arrogants, il fallait un signal, et un homme de poigne. Cet homme est déjà trouvé, et il a été présenté aujourd’hui, à 12h30, en conférence de presse.
Nestor Rolando Clausen. Assis derrière le carton portant son patronyme, l’Argentin a le regard sévère. Salutations discrètes et dispensées avec modération à l’assistance, regard conquérant. L’homme n’a pas sa langue dans sa poche, sitôt les présentations terminées, et à la question de savoir quelles sont ses impressions, le gaucho surprend : «En tout cas je veux féliciter Monsieur Bernasconi car il a engagé un bon entraîneur». Quelques secondes de malaise, mais soudain son sourire inespéré avoue la plaisanterie, regard complice avec le Bernasc’ : «Xamax a pris contact avec moi après la défaite contre Aarau, et le temps que les discussions avancent, et bien me voilà. Avant cela j’ai été en contact avec un club qui allait aussi pas très bien, mais depuis le moment où l’on a discuté, ce club a aligné victoire sur victoire… Alors j’avais un peu peur que la même chose se passe avec Xamax» lance-t-il en même temps que son deuxième sourire. Et bien non, Xamax a relancé tous les clubs sauf lui-même.
On le sait depuis son mythique interview de la RSR après avoir quitté le FC Sion, l’homme n’a pas sa langue dans sa poche et un vocabulaire de circonstance : «il faut faire comprendre à ces joueurs qu’ils font pas un métier dur, où il faut se lever à 5h du matin pour aller bosser toute la journée (…) il faut leur redonner la confiance et le plaisir, ça doit être leur passion, ils ne doivent pas avoir peur». «En Argentine c’est avec les couilles qu’on travaille (…) le foot c’est dans la tête, en une action un joueur qui doutait peut se relancer complètement». Les jambes écartées, arc-boutées derrière la table de conférence, comme pour mieux chevaucher le rodéo qui l’attend, Nestor paraît détendu mais décidé, en craquant ses articulations il se félicite de son choix : «ici on a un bon président, avec de grandes poches (rire) (…) et surtout il donne sa chance aux entraîneurs en leur laissant faire, et non pas en les virant tout de suite». On a compris l’allusion, pour celui qui avoue avoir «continué de suivre le championnat sur Internet… surtout le FC Sion bien sûr, mais j’ai aussi vu les 30 dernières minutes du match à Bellinzone… c’est dommage».


Castella cède sa place à Clausen

Le nouvel homme fort de la Maladière a la peau de ceux qui travaillent dehors et les mains d’un homme de poigne. Les traits du visage sont burinés et on l’imagine volontiers pouvoir remonter des bretelles. En quittant la salle de presse, je tombe sur Johnny Szlykowicz, le Polonais confie que «tout s’est bien passé ce matin, c’est une personnalité quand même !». Une personnalité qui ne se prend pas pour autant pour un roi. «Je veux continuer de travailler avec le staff actuel, M. Karlen notamment. J’aimerais juste pouvoir travailler en plus dorénavant avec Cyrille Maillard que vous connaissez déjà bien ici je crois [ex-Xamax, rencontré lors d’un camp d’instructeur ASF et qui a collaboré avec Clausen à Oman]» concède l’Argentin.
Une trentaine de minutes, une avalanche de flashes et on peut rentrer. La suite ça sera pour demain, à St-Gall. L’équipe partira cet après-midi déjà, pour la première fois sans Castella qui a pris quelques jours de vacances pour se ressourcer. Un Castella qui est toujours bienvenu dans la maison xamaxienne selon les dires d’un Président moins affecté que samedi soir, mais encore bien tendu. «Au moins si [Clausen] c’est pas un bon entraîneur il m’aura bien fait sourire aujourd’hui, vous avez vu». Sourire de courte durée, quand on lui demande s’il n’a pas aussi ses responsabilités dans la situation actuelle : «Je gère Xamax comme mon entreprise, je me base sur la hiérarchie et les responsabilités de chacun. Que ce soit Gérard, Jean-Marc ou moi, nous avons chacun signé l’arrivée des joueurs au mercato, nous sommes donc tous responsables».

Écrit par Roby Steedman

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3 Commentaires

  1. Merci pour cette primeure. Il a tout pour réussir, demain la composition sera certainement pas bouleversée, laissons-lui le temps darriver.

  2. Un très bon papier camarade. Si lissue était logique, il nen reste pas moins que jéprouve une grande tristesse à lidée de voir partir Castella. Un Castella dont je conserverai un très bon souvenir et à qui je souhaite bon vent. En espérant le revoir bientôt sur un banc.

  3. La dure loi du sport… Cependant je ne me fais pas de souci pour G. Castella; un entraineur de cette qualite ne peut pas rester a la maison trop longtemps.

    Chapeau aussi a Clausen, qui travaille dans la continuite en souhaitant collaborer avec lexcellent Karlen.

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