L’Iran se Perse et se fait renvoyer à la maison par l’ennemi américain

Notre neutre Helvétie est la représentante diplomatique de l’Iran aux USA, et vice-versa, depuis que les mollahs ont eu la bonne idée d’envahir l’ambassade des Ricains à Téhéran en 1979. C’était donc tout naturel de consacrer un papier au match opposant directement ces deux nations. On vous avertit, on va parler presque plus politique que sport !

Le fait que les sympathiques dirigeants iraniens actuels aient décidé de massacrer leur propre peuple depuis 2 mois pour des questions capillaires (à la base) et qu’une petite moitié des Américains réclame qu’un régime dictatorial remplace leur démocratie rajoutent encore un certain piment à cette rencontre. D’ailleurs l’avant-match a été animé, puisque les Américains ont retiré du drapeau iranien les références à Allah dans leurs publications sur les réseaux sociaux, ce qui a fâché tout rouge certains sensibles à Téhéran.

Il manque pas un truc au milieu là ?

Comme les pays n’ont plus de relations diplomatiques depuis belle lurette, c’est de nouveau la Suisse qui va devoir jouer le rôle de médiateur, et répéter à l’un qu’il doit pas embêter l’autre.

En tant que professionnels de l’info, nous nous sommes demandés pourquoi l’équipe d’Iran était surnommée « La Team Melli« . Déjà, cela n’a rien à voir avec l’ancien skieur alpin suisse Silvano Meli, on a vérifié. En fait, cela se prononce [Time Melli] en persan (تیمه ملی) et ça veut dire « équipe nationale« . Et dire qu’on pensait découvrir un scoop. Ajoutons que certains opposants iraniens, désirant que leurs internationaux démontrent plus d’empathie pour les victimes de la répression actuelle du régime, ont trouvé un nouveau petit nom pour la sélection : « Team Mollah« .

Le match en deux mots

Réveil tardif.

Sans pouvoir affirmer que les USA ont outrageusement dominé le match, force est de constater que l’Iran ne s’est montrée dangereuse qu’à de rares reprises, et uniquement de manière confuse dans les dernières minutes. Les Américains, qui auraient pu se mettre à l’abri bien avant, n’ont vraiment tremblé que dans les arrêts de jeu, car au final un petit but iranien aurait inversé la situation. A la 98ème, les Perses ont d’ailleurs eu leur meilleure occasion.

L’homme du match

Le public iranien, en pleine souffrance, mais qui  n’a cessé d’encourager bruyamment ses favoris. Cela ne va pas être facile de repartir au pays et de se confronter à nouveau à un quotidien gris.

Le Pygarge à tête blanche (la buse) du match

Timothy Weah, fils du légendaire George Weah devenu président, seul joueur africain à avoir gagné le Ballon d’Or à ce jour. Ce Franco-Libérien jouant pour les USA tient visiblement plus de sa mère que de son père: maladroit, égoïste et faisant régulièrement les mauvais choix, il a gaspillé toutes les possibilités que ses coéquipiers lui ont créées dans une défense ma foi pas vraiment effrayante. Visiblement l’Iran ferait mieux d’enrichir son fond de jeu plutôt que son uranium.

S’il continue ainsi, il pourrait bien finir comme son frère ainé George Weah junior : au FC La Chaux-de-Fonds. Et ça, personne ne le lui souhaite. A sa décharge, il a marqué dans les arrêts de jeu de la première mi-temps, mais son but a été annulé pour un minuscule hors-jeu. Quand ça veut pas… Weah sortira à la 82ème minute sans avoir inscrit son nom au tableau des marqueurs.

Le tournant du match

A la 38ème minute, Christian Pulisic marque le seul but du match. Il n’a pas hésité à sacrifier son appareil reproducteur contre le genou du gardien iranien pour pousser le ballon au fond des filets. Alors oui, sur le moment cela fait mal, mais il faut voir le bon côté des choses : pas besoin de payer de vasectomie dans quelques années. C’est tout bonus. Pulisic a malheureusement dû sortir à la pause suite à ce coup de boules.

L’esthète du match

A la 63ème minute, Ramin Rezaian, le numéro 27 de l’Iran, s’écroule en hurlant suite à un petit choc dans les airs avec Robinson, le capitaine américain. Rezaian se tient la cheville en convulsant et en criant tellement de douleurs qu’on l’a entendu jusqu’en Suisse. Comme l’arbitre n’a pas sifflé de faute, l’Iranien se relèvera et repartira en gambadant comme si de rien n’était. Soit il a un seuil d’acceptation de la douleur moins haut qu’un homme qui a 37,2 de fièvre, soit il envisage une carrière d’acteur après le football.

Le geste pourri de l’après-match

Il est attribué au chef de l’autorité judiciaire iranienne qui, particulièrement de bonne humeur après la victoire contre le Pays de Galles, a libéré de prison 709 détenus. Forcément, les milliers d’autres prisonniers iraniens étaient pour ce match les plus fervents supporters de leur équipe nationale, espérant faire partie du prochain wagon. Au vu de la défaite, on espère juste que ce chef ne décide pas de juste doubler les peines de tout le monde parce qu’il est de mauvaise, ou alors de réincarcérer les prisonniers libérés il y a deux jours…

Le chiffre à la con

3 mois et 24 jours. C’est le 6 septembre 2022 que le Portugais de 69 ans Carlos Queiroz a repris l’équipe nationale d’Iran, signant au passage un contrat de moins de 4 mois, soit jusqu’au 31 décembre 2022. Il succédait au Croate Dragan Skocic, limogé par la fédération iranienne le 11 juillet 2022 malgré la qualification de l’équipe d’Iran pour la Coupe du Monde, rétabli dans ses fonctions le 17 juillet 2022, puis définitivement viré le 6 septembre 2022. Cela s’appelle un ascenseur émotionnel. Oui, vous l’avez compris, le mot cohérence n’est pas complètement maîtrisé par les différentes autorités de Téhéran.

Pour Carlos Queiroz, niveau timing, il ne pouvait pas faire plus fort: non seulement une Coupe du Monde commençait 80 jours plus tard, mais 2 semaines après son entrée en fonction, Masha Amini était tuée par la police des mœurs et le pays rentrait en ébullition, causant des centaines de morts. S’il était venu pour arrondir sa retraite avec une pige tranquille, c’est manqué.

L’anecdote

La première victoire de l’équipe d’Iran dans une Coupe du Monde date de 1998 en France. Le 21 juin 1998, les Iraniens ont battu… les USA à Lyon (2-1) ! L’opposition du jour n’était donc pas une première. On se rappelle que les joueurs avaient posé ensemble sur la traditionnelle photo d’équipe prise juste avant le début du match, bras dessus-bras dessous. En deuxième position à gauche, on reconnaît l’arbitre du match, forcément un Suisse, Urs Meier. Les USA ont touché à trois reprises les montants iraniens, ce qui démontre qu’Allah est bien le seul dieu réel (et Mahomet est son prophète).

Un bisou, un bisou !

Résumé du match en vidéo: Iran-USA 21.06.1998 Lyon : 2-1

S’intéresser à cet événement m’a fait apprendre comment on dit « ils ont perdu » à Téhéran : « Ce soir, le puissant et arrogant adversaire a senti le goût amer de la défaite » (Ali Khamenei, guide suprême de la révolution iranienne depuis 1983, 21.06.1998). A mon avis, ça doit être un sacré déconneur ce Ali. C’est le genre de gars qui arrive pas à dire un truc simplement, genre « passe-moi le pain » : « pourrais-tu tendre de ton appendice bracal le produit obtenu après pétrissage et cuisson de la farine et d’autres ingrédients selon un savoir faire séculaire ? »

Avant cette Coupe du Monde au Qatar et la victoire contre le Pays-de-Galles 2-0, l’Iran avait gagné un deuxième match de Coupe du Monde, soit en 2018 contre le Maroc (1-0).

Si le match avait été une chanson :

Mollah, c’est fini. Frédéric Fromet.

Le Doha dans le cul

Quel moment rare et rempli de tolérance que cette chaleureuse poignée de main suivie d’une accolade avant le match entre Joe Biden et l’ayatollah Ali Khamenei.

Non on déconne. Cela n’arrivera pas.

La minute Johan Djourou

C’est Philippe Von Burg qui était à l’œuvre pendant ce match. On le soupçonne d’avoir subi des pressions des gardiens de la révolution iraniens, présents en masse au Qatar, car il a dès la première minute rajeuni le sélectionneur perse Carlos Queiroz de 10 ans (59 ans, alors qu’il en a 69). Sinon, il a été impeccable. On voit qu’il avait bossé, car les noms des perses sont relativement compliqués. Il a même réussi à nous expliquer que le gardien iranien, Alireza Beiranvand, détenait le record du monde du dégagement à la main avec 61.26 mètres.

La demi-heure de silence pour les ouvriers morts, pour les victimes des fusillades de masse aux USA, pour ceux qui manifestent et meurent en Iran suite à la mort de Masha Amini, pour les civils ukrainiens qui prennent des drones iraniens sur la tronche, et pour tous les malheureux qu’on oublie.

(…)

Le monde va décidément bien.

Le pronostic d’avant-match selon l’indice MILFF (Match Index Losail Forecast Football)

Si on devait prendre en compte dans l’indice MILFF le nombre de civils décédés de mort violente à l’intérieur de son propre pays, l’Iran et les USA seraient dans le peloton de queue, avec l’Afghanistan, la Syrie et la Corée du Nord. Au niveau du classement de la FIFA, les Etats-Unis sont excellents 16èmes, juste derrière la Suisse, et l’Iran 20ème.

Il faut le constater: cette fois-ci, l’indice MILFF s’est trompé. L’occident respire, et Ali Khamenei n’aura pas l’obligation de trouver une tirade de 12 kilomètres. Suite à leur refus de chanter l’hymne national lors du premier match et de la visite des mollahs qui a suivi, on espère que les joueurs iraniens ne seront pas torturés ou condamnés à des travaux forcés à leur retour au pays, comme cela avait été le cas avec les internationaux nord-coréens après la Coupe du Monde 2010.

Si vous ne voulez pas lire tout l’article y consacré, citons juste un ou deux extraits, dans la rubrique « Rions un peu »:

« Tous les joueurs et l’entraîneur ont été convoqués au Palais de la Culture des Peuples pour être humiliés et insultés durant six heures par 400 individus parmi lesquels des journalistes et des dirigeants politiques »

« Le sélectionneur aurait ensuite été condamné aux travaux forcés. Le motif : coupable de trahison de la confiance de Kim Jong-Il. Il devra porter des charges dans une mine 12 à 14 heures par jour. La sanction est d’autant plus lourde pour ce sélectionneur que ce n’est pas lui qui aurait choisi la composition de l’équipe mais le fils du dictateur nord-coréen. »

 

Crédits photographiques:

Toutes les photos : Youtube-FIFA TV et compte Twitter USA Soccer (printscreens)

Caricature logo FIFA World Cup Qatar 2022 modifié : avec l’aimable autorisation du dessinateur, Ruben L. Oppenheimer (MERCI !!)

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