Edito : Tricher n’est pas jouer !

Sauf en football, bien sûr.

Le 20 septembre, je me creusais le goliwog pour trouver une idée d’édito lorsque nous fîmes sur Facebook la promotion de l’épatant abécédaire de la coupe du monde de rugby, par le non moins épatant Grégoire Etienne. C’est alors que notre lecteur et néanmoins ami David Lemos eut cette première réaction épidermique en commentaire :

David a souligné par la suite la qualité de l’article, mais cette première réaction est probablement révélatrice du ras-le-bol des fans de foot à force d’entendre à longueur d’année que les footballeurs sont des tricheurs qui passent leur temps à se rouler par terre. Et pourtant…

Et pourtant il ne fait aucun doute que le football est foncièrement un sport de tricheurs. Et ce n’est pas uniquement moi qui le dis, ce sont aussi de fins connaisseurs du monde du ballon rond comme Sepp Blatter (par exemple ici…)

Pour s’en convaincre il suffit d’étudier l’évolution des lois du jeu ces quarante dernières années. Petit florilège :

1980

Nouvelle faute : cracher sur un adversaire (Spéciale dédicace pour Alexander Frei : tu n’es pas né à la bonne époque).

1987

Il convient de tenir compte pour chaque période des pertes de temps occasionnées par les remplacements, l’évacuation des blessés, le gaspillage de temps et d’autres facteurs, le total retenu étant à la discrétion de l’arbitre.

1988

Les montants et la barre transversale doivent être de couleur blanche (alors j’avoue, celle-là je l’ai placée parce qu’elle me fait bien marrer)

1990

La « faute professionnelle » (empêcher un adversaire de profiter d’une occasion franche) devient un motif d’expulsion.

1992

En dépit de ces bonnes intentions, le cynisme ambiant lors de la Coupe du Monde de la FIFA, Italie 1990 pousse les dirigeants à aller encore plus loin. L’IFAB répond en décidant d’interdire aux gardiens de prendre à la main une passe en retrait volontaire (ce n’est pas moi qui parle de cynisme ambiant, c’est la FIFA, je rappelle…)

1997

« Le non-respect de la distance requise lorsque le jeu reprend » devient une infraction passible d’avertissement

« Retarder la reprise du jeu » devient une infraction passible d’avertissement

L’arbitre doit considérer que le gardien cherche à gagner du temps et donc sanctionner son équipe d’un coup franc indirect s’il tient le ballon pendant plus de 5 – 6 secondes.

1999

Toute simulation destinée, en quelque point du terrain que ce soit, à induire l’arbitre en erreur doit être sanctionnée comme un comportement antisportif.

2006

Les joueurs de l’équipe adverse doivent se tenir à au moins 9,15 m de l’arc de cercle du coin jusqu’à ce que le ballon soit en jeu.

2019

En cas de changement, les joueurs sortant du terrain doivent le faire par la ligne de touche la plus proche. Cela conduira à des changements visuels, mais devrait surtout empêcher la perte de temps.

 

Quasiment toutes ces règles visent à lutter contre les pertes de temps, et malgré cet empilement, le temps de jeu effectif dépasse rarement 60% du match ce qui, sur un match de 95 minutes donne 38 minutes passées à ne pas jouer (chiffre qui monte à 72 minutes quand tu as Neymar dans ton équipe). Ainsi la tricherie est aussi consubstantielle au football que le dopage ne l’est au cyclisme. On pourra empiler les lois sur encore 3 générations, cela n’empêchera jamais un Rivaldo de se rouler par terre comme une merde devant 80 caméras :

Ce sombre crétin de Rivaldo qui a d’ailleurs soutenu Neymar en 2018, comme la corde soutient le pendu.

Alors qu’est-ce qu’on fait quand on a conscience de ça ? Pour ma part, pas grand chose. Un peu comme le fan de cyclisme qui sait pertinemment qu’ils sont TOUS dopés et qui considère que du coup ça égalise les chances, je sais très bien que ce sont TOUS des tricheurs et que si ça me dérange, il me reste toujours le twirling bâton.

Je reste un fan absolu de foot malgré tous ses défauts et je me réjouis quand une équipe qui pourrit le jeu se prend la secouée qu’elle mérite. Par contre je suis absolument convaincu qu’on ne peut pas laisser l’arbitre seul pour gérer le merdier… Cela nous amène sur un autre sujet, la VAR, sur laquelle nous reviendrons tantôt.

 

Je terminerai dorénavant mes éditos en vous indiquant quels sont les articles qui ont le mieux fonctionné le mois précédent, avec le nombre de vues. Ça vous donnera une idée de notre nombre de lecteurs, puisque certains d’entre vous semblent croire que nous sommes un site pro qui a des dizaines de milliers de lecteurs, alors que nous ne sommes qu’un petit site satirique entièrement bénévole, mais vachement fier quand même.

Le podium de septembre 2019 :

  1. Eaux-vives la Vaudoise aréna ! 2’700 vues.
  2. Lausanne ne perd pas le nord. 893 vues.
  3. La Culture de la Gagne, c’est comme le Philadelphia… 850 vues.

Pour les fans des réseaux sociaux :

 

A propos Yves Martin 247 Articles
Cette Nati a deux vertus : celle de faire rêver quasi tout son peuple, et celle d'emmerder les connards de la fachosphère. Longue vie à elle.

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2 Commentaires

  1. « Quasiment toutes ces règles visent à lutter contre les pertes de temps »
    Si on changeait enfin de paradoxe en ne décomptant que le temps de jeu effectif, comme dans la plupart des autres sports?

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