Maintenant qu’on a bien digéré les repas de fête

Dessin d’en-tête : Copyright Pad’R. Dessin paru dans l’émission « La Tribune » (RTBF) du 20 janvier 2019 et reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

La qualité du football proposé en Belgique atteint rarement le niveau auquel sont habitués les spectateurs des compétitions les plus huppées du continent, mais notre championnat a le mérite d’être très disputé et n’est pas avare en surprises. Il faut généralement attendre les playoffs, qui mettent en présence les six premiers de la phase « classique » dans un mini-championnat dont émergent le champion et les équipes qualifiées pour l’Europa League (en plus du vainqueur de la Coupe), pour assister à du bon, voire très bon football. Les playoffs, parlons-en puisque, alors que le dernier tiers de la compétition est bien entamé, ils se profilent à l’horizon et que la division des points par deux réduit forcément les écarts et entraîne donc une redistribution des cartes.

Le RC Genk (51 pts) fait depuis longtemps la course en tête. Un football plaisant mais sans grand génie (oh! les gars, c’est la Belgique, hein!), mais aussi efficace que résolument tourné vers l’offensive et on ne voit pas qui pourrait déloger les Limbourgeois d’une première place aussi logique que méritée — encore qu’avec la division des points par deux au moment d’entamer les playoffs, tout redevient possible –, à moins que certains joueurs très convoités décident d’aller voir dès janvier si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs et que la suite du parcours en Europa League ne vienne plomber les mollets.

Le Club de Bruges (45 pts) a mené une chouette campagne en Ligue des Champions et en a quelque peu subi les conséquences à l’échelon national. Moins autoritaires, apparaissant parfois fatigués et empruntés les Brugeois se sont parfois laissé surprendre à domicile par des adversaires largement à leur portée. La direction hésite par ailleurs à prolonger le contrat de son entraîneur Ivan Leko (empêtré dans le scandale du Footbelgate) et celui-ci semble parfois ailleurs et incapable de remobiliser ses troupes. Inquiétant à l’approche du sprint final, même si les Blauw en Zwart restent des valeurs sûres du championnat.

Franchement, on n’attendait pas l’Antwerp (42 points) à la troisième place. C’est surtout en déplacement que les Anversois imposent leur foot athlétique et rugueux à la limite de la brutalité. Emmenée par un entraîneur dont l’intelligence confine parfois au cynisme, cette équipe de vieux briscards rompus à toutes les ficelles du métier, capables de passer les tibias adverses à l’attendrisseur après un travail acharné à hauteur du ménisque interne pour ensuite les envoyer au Burger King du coin, constitue la grosse surprise à ce niveau et a d’ores et déjà réussi sa saison.

Le Standard (40 pts) relève la tête après avoir soufflé le chaud et le froid entre août et octobre. Les Liégeois ont, dirait-on, commencé à assimiler la philosophie de jeu prônée par leur coach et le travail porte enfin ses fruits. Quelques prestations très, très convaincantes ont charmé le public des bords de Meuse mais, surtout, la régularité semble enfin au rendez-vous. Sept victoires pour une défaite et un nul sur les neuf derniers matches, y compris les amicaux, contre des adversaires parfois très réputés comme Séville en Europa League ou Moenchengladbach lors du stage hivernal à Marbella, ont insufflé une nouvelle confiance à l’équipe, même si les Rouches jouent parfois à se faire très peur (10 points glanés dans les arrêts de jeu) et sont rentrés de leur déplacement à l’Antwerp avec un point objectivement intéressant, mais frustrant car la victoire était à portée de main. Les deux prochaines rencontres (visite d’Anderlecht et déplacement à Genk) pourraient être déterminantes pour la suite des opérations. Plusieurs éléments pourraient quitter le club l’été venu, mais la direction est déterminée à conserver l’effectif intact d’ici là, sauf offre qui ne se refuse pas.

Copyright Pad’R. Dessin paru dans l’émission « La Tribune » (RTBF) du 3 décembre 2018 et reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Derrière ces quatre-là, c’est très ouvert: Anderlecht (34 pts) joue mal que ça en fait plaisir à voir. Depuis qu’il a racheté le club, le multimilliardaire Marc Coucke a déjà fait sauter ses deux plus proches fusibles et engagé un nouveau directeur sportif et un nouveau coach (le geignard Van Haezebrouck ayant été limogé juste avant Noël). Le Néerlandais Fred Rutten (à ne pas confondre avec Renaud Rutten, l’humoriste qui fait aussi rire la Belgique francophone entière, mais pas pour les mêmes raisons) est arrivé sur la pointe des pieds à la veille du départ en stage hivernal après que le club a négocié, sans succès, avec Philippe Cocu, Frank De Boer et Martin Jol – tous financièrement inabordables pour un club belge, fût-il le plus riche et le plus titré. Ça court dans tous les sens comme une poule sans tête, ça piétine, ça encaisse des goals risibles. Le Sporting millésime 2018-2019 est assurément au football ce que le Beaujolais nouveau est au pinard: une blague de comptoir. Vu la richesse du noyau, les Mauves ne devraient pas louper le bon wagon au dernier moment, faut pas déconner, mais la possibilité de les voir échouer aux portes des playoffs pour la première fois depuis que la formule a été mise en place n’est pas purement théorique non plus.

https://www.youtube.com/watch?v=ktNxYVuVQdc

Gand (37 pts), Saint-Trond (36 pts) et Charleroi (34 pts) se tiennent en embuscade avec un léger avantage aux Gantois, dont le programme semble plus abordable. Tuile sportive de taille pour l’entraîneur Felice Mazzu : Charleroi, étonnant vainqueur à Bruges lors de la journée de reprise, a dû laisser filer l’international péruvien Benavente en Égypte où il multipliera son salaire par dix. Quant au football proposé par Saint-Trond, il est aussi cohérent que la course d’une jument de rodéo et, aussi méritants soient-ils, les Canaris auront bien du mal à accrocher le top 6.

Copyright Pad’R. Dessin paru dans l’émission « La Tribune » (RTBF) du 20 janvier 2019 et reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Plus bas dans le classement, Eupen et Mouscron (respectivement 28 et 23 pts) sont en bonne voie d’assurer leur maintien, tant Lokeren et Zulte-Waregem — ces derniers constituant la très mauvaise surprise de ce championnat, même s’ils ont gagné le match coupe-gorge contre leurs précités rivaux directs et sont donné une très grande bouffée d’oxygène — sont faibles, d’autant que Mouscron a réalisé la perf’ du weekend en l’emportant chez le leader genkois.

Il reste sept matches à disputer avant le premier verdict. Faites vos jeux!

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