LS : contre vents et marées

Au sortir d’une préparation hivernale intense sous le soleil espagnol, où le Lausanne-Sports a pu se confronter à des clubs aussi exotiques que le 贵州人和足球俱乐部 (aussi nommé Beijing Renhe FC pour ceux qui n’auraient pas pris l’option chinois à l’école), il est temps pour nous de dresser un petit bilan de cette première moitié d’exercice, dont l’objectif avoué est la promotion directe.

Reprenons les faits de manière chronologique et remontons ainsi à l’été 2018. Oui, ça paraît déjà bien loin. Sans revenir sur le calamiteux exercice 2017-2018 – Raph s’en est parfaitement chargé dans son autopsie – , il est alors clair que le LS a besoin de faire le grand ménage pour repartir sur de bonnes bases. C’est chose faite avec l’arrivée de Giorgio Contini et de son staff. Même si ce premier ne semble pas être le candidat n°1 – il se murmure que certains auraient refusé le poste -, il connaît bien cette catégorie de jeu et a déjà réussi la promotion avec le FC Vaduz en 2013-2014. S’il y est parvenu avec Peter Jehle et Cie, on se dit qu’il n’y a aucune raison qu’il n’y arrive pas à Lausanne. L’effectif est également nettement chamboulé. Kololli quitte le navire, tandis que plusieurs éléments sont priés de faire leurs bagages (Fransson, Maccoppi, Marin, Zarate, Zidane). Si vous les aviez déjà oublié, on vous pardonne. Nous aussi. Fort de ses nouveaux moyens financiers, le club vaudois parvient à attirer plusieurs joueurs intéressants sur le papier. Des footballeurs confirmés possédant une bonne dose d’expérience au niveau suisse ou européen (Brandao, Flo, Nganga ou encore Kukuruzovic), ainsi que plusieurs jeunes prometteurs (Oliveira, Silva, Nanizayamo). L’équipe semble bien tenir la route et l’optimisme est plutôt de mise dans le petit monde des supporters Bleu et Blanc. Le LS est prêt à terrasser le terrible Rapperswil-Jona, le redoutable SC Kriens et à ramener à ses études le Servette d’Alain « El Maestro » Geiger.

Première phase : la croisière s’amuse !

Et le début de saison donne raison à ceux qui voient le Lausanne-Sports écraser ce championnat avec son équipe construite pour la Super League, un peu à l’image de ce qu’avait fait le FC Zurich lors de sa dernière relégation. Sans être brillant dans le jeu, le club répond présent d’un point de vue comptable. Après un petit nul en match d’ouverture face à Kriens (1-1), la troupe de Giorgio Contini s’offre une série de quatre victoires, contre Vaduz (2-1), Chiasso (5-1), Rappi (1-0) et Kosova Zurich en Coupe (4-0). Le 31 août, pour le compte de la sixième journée, le LS ne manque pas l’occasion de prendre cinq longueurs d’avance sur son principal concurrent à la montée en s’imposant 1-0 à la Praille ! Ballons, confettis, cotillons et Marion Cotillard (cherchez l’intrus) ! Même les CFF sont d’humeur festive et sabrent le champagne dans le train du retour pour Lausanne. Toutes voiles dehors, le club fonce vers la promotion, l’horizon dégagé. C’est du moins ce que l’on imaginait.

Deuxième phase : y a-t-il un capitaine à bord du navire?

Car on l’a dit, le LS est loin d’être génial et le retour sur terre est aussi rapide qu’une accélération d’Abdel Chakhsi (pour le coup, vous êtes impardonnable si vous avez effacé ce joueur de votre mémoire. Comment oublier la flèche de Casablanca, sa sympathie, ses centres au 4ème poteau et ses interviews légendaires ?) Après une élimination douloureuse en Coupe face à Sion, les Lausannois stagnent et laissent apparaître leurs carences techniques et mentales au grand jour (le traumatisme de la relégation est encore bien présent dans les esprits). C’est alors que débute une longue phase de doutes où le LS s’égara comme Hélène. En l’espace de huit rencontres, la chute est brutale : une seule victoire pour deux défaites (contre Winti et Vaduz) et pas moins de cinq matches nuls ! La tendance s’est inversée, c’est désormais la formation du bout du lac qui s’assoit sur un confortable matelas de cinq unités au terme de la 14ème ronde. Pendant que Servette a le vent en poupe, Lausanne visite les abysses.

Troisième phase : l’iceberg n’est pas passé loin…

Il reste alors quatre journées à disputer avant la trêve hivernale. Et le calendrier s’annonce compliqué pour une formation lausannoise peu sereine et souveraine. Au programme, Winti et Servette à domicile, ainsi que Aarau et Wil à l’extérieur. Giorgio Contini – pour le moins décrié et dont la place ne tient qu’à un fil – décide alors d’aborder ce sprint pré-hivernal en lançant les jeunes dans la bataille. Maxime Dominguez (né en 1996) peut enfin s’exprimer pleinement à mi-terrain, tandis que Cameron Puertas et Luca Pos (tous deux nés en 1998) sont également jetés dans le grand bain face à Winterthur. Autre signal fort envoyé par le coach, le capitaine Cabral est mis de côté et c’est le soldat Pasche qui prend le brassard. Pari gagnant, puisque les Bleu et Blanc réalisent un festival contre Winterthour et s’imposent 5-1, grâce notamment à un doublé de Pos (qui joue son premier match officiel !) et un autre de Dominguez. Contre Aarau, l’entraîneur repart avec le même onze de base et l’embellie se confirme, mais le LS concède bêtement le match nul en fin de partie (2-2) en retombant dans ses vieux travers. Dans le même temps, les Grenat continuent de tout écraser sur leur passage, battent Chiasso 5-1 et comptent désormais sept points d’avance. Puis place au derby lémanique avec un enjeu de taille : revenir sur les Genevois ou, en cas de défaite, boire la tasse et tirer un trait sur la promotion directe. Le 1-1, accroché au terme d’un match qui aurait pu basculer d’un côté comme de l’autre, maintient le statu quo et profite sans doute davantage aux hommes de Geiger qu’à ceux de Contini. Pour son dernier match d’une année 2018 compliquée, le LS termine sur une bonne note en s’imposant 2-0 à Wil, conservant ainsi « seulement » sept points de retard sur un Servette, qui, sans faire trop de bruit (c’est assez rare pour être souligné #Genferei), a trouvé son rythme de croisière.

C’est Rappé

A mi-parcours, le Lausanne-Sports n’a donc clairement pas répondu aux attentes placées (justement) en lui. Que ce soit au niveau comptable (3ème du championnat avec une moyenne de 1.66 points par match) ou de la jouerie, il a déçu. Tout le monde en est conscient : des joueurs aux dirigeants, en passant par le staff et les supporters. Le LS peut et doit mieux faire. Il possède l’équipe nécessaire pour y parvenir. Sans vouloir désigner des coupables, on peut dire que de trop nombreux joueurs n’ont pas justifié leur statut. Qu’il s’agisse des renforts ou des éléments déjà en place. On peut évidemment citer le cas Rapp (paradoxalement meilleur buteur du club), dont le départ a été acté et qui a fait le bonheur de la rubrique des Pigeons d’Or. Mais il est loin d’être le seul. Giorgio Contini a longtemps eu du mal à trouver la bonne alchimie. Certes il y a eu beaucoup de changements à l’intersaison, mais cela n’explique pas tout. Lorsqu’il est revenu à un peu de stabilité sur les derniers matchs, le résultat ne s’est pas fait attendre.

Et maintenant ?

Au niveau de la Direction, la multinationale Ineos n’est pas forcément réputée pour être des plus patientes avec ses employés. On se demandait alors combien de temps ils allaient attendre avant de renvoyer le coach à ses études. Il n’en aura finalement rien été, du moins pour l’instant. Le regain de forme de fin d’année aura été salvateur. Les dirigeants n’ont cependant pas manqué de taper du poing sur la table à plusieurs reprises. Ils profitent à présent du mercato hivernal pour procéder à quelques ajustements. Au moment de la rédaction de cet article, deux nouvelles recrues ont déjà signé à la Pontaise. Il s’agit d’Anthony Koura, attaquant véloce qui a marqué pour son premier match, face à Xamax (victoire 3-0), ainsi que de Nikola Boranijasevic, jeune latéral Serbe au parcours intéressant. Engagés rapidement, tous deux ont pu profité pleinement de la préparation hivernale. Celle-ci a d’ailleurs permis de renforcer l’entier du groupe tant mentalement que physiquement. C’est un peu le but, me direz-vous. Néanmoins, une vraie prise de conscience semble avoir opérée, à en croire les déclarations des joueurs et les très bons résultats obtenus. En cinq rencontres, le LS n’a pas connu la moindre défaite. Mieux, il a remporté trois matches, pour deux égalités contre YB (2-2) et Union Berlin (0-0). Avec un total de dix buts inscrits contre trois encaissés. Du solide. Au niveau des bonnes nouvelles, on se réjouit évidemment des retours de blessure de Noah Loosli et de Jérémy Manière, qui a d’ailleurs inscrit le dernier but de la tête face au club chinois. Avec l’affirmation et la confirmation de certains jeunes – on pense notamment à Ndoye ou à un Zeqiri qui a planté par trois fois – le LS semble armé en conséquence pour son opération course-poursuite avec son meilleur ennemi. A lui d’en faire maintenant la preuve sur le terrain, quand ça compte !

Hissez-haut, allez Lausanne.

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