HONGRIE : Hongrois pas aux miracles

Si les Puskás, Bozsik et Kocsis t’ont fait rêver dans les années 50, passe ton chemin, Ô doux rêveur de foot de gala. Car bien que qualifiée par les poils de la moustache d’Attila pour l’Euro 2016, cette Hongrie de désespoir fut à la peine durant les qualifs pour battre les Féroïens et leur bande de pêcheurs en vadrouille. C’est donc pas peu dire que les disciples d’Orban seront encore plus ridicules que notre belle équipe de Suisse dans la petite Gaule.

1. Pourquoi j’ai choisi de présenter cette équipe.

Parce que jusqu’à ce jour, le football hongrois ne m’a vendu que du rêve à travers les vieilles images toutes frittées des Ferenc Puskás, József Bozsik et autre Sándor Kocsis. Ces artistes insouciants ne jouaient au foot que dans un seul but: en marquer. D’ailleurs, la Fête Fédérale de tir de 1954 fut véritablement la chasse gardée des trublions hongrois: 9-0 contre les bons Coréens, 8-3 contre les bouffons allemands de l’Ouest, 4-2 contre les pied-carrés brésiliens. Alors c’est vrai que l’atemporelle tactique hongroise (on plutôt la non-tactique) donnerait la gerbe aux coaches ultra-frileux comme Simeone ou l’autre poissonnier de Mourinho. Mais de ces super-héros du foot magyar, on en parle encore 60 ans plus tard alors que Mourinho, dans 60 ans, vos enfants croiront que c’est le maçon portugais qui a monté le mur en pierre du jardin… Alors chapeau mes héros de 54, je sais que vos héritiers ont tout balancé dans le Danube en adoptant le système du hérisson avec double frein à main, mais vous, vous me faites encore rêver. Kköszönöm !

2. Comment se sont-ils qualifiés ?

Parce que franchement, aucune équipe du nullissime Groupe F ne voulait vraiment y aller chez Hollande… et comment les blâmer en observant le bordel syndical du moment. Troisième derrière les Irlando-Anglais et les pourvoyeurs de mendiants en Europe (©Carton Rouge.ch sur FB), la Hongrie démontra à toute la planète Footix qu’elle n’a rien à faire en France, contrairement à l’Albanie ou l’Islande par exemple. Mais bon, l’équipe d’Attila Pinter, non pardon de Pal Dardai, ah non toujours pas, du sélectionneur Bernd Storck put compter sur le désistement des fauchés de l’Acropole qui avaient choisi un médiocre sélectionneur italien au surnom grotesque de CR0. Qualifiés par défaut pour les barrages, les Hongrois mangèrent tout cru des Norvégiens qui furent durant ces deux matchs aussi entreprenants qu’un végétarien devant une assiette au Buffalo Grill. Après 30 ans dans les placards du foot européen, la Hongrie renaît enfin… ou hélas.

3. Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée ?

Strictement aucune. Ou pour les mathématiciens chevronnés, la probabilité que la  Hongrie (P(Hongrie)) soulève quoique ce soit en France = (P(Albanie) x P(Islande) – P(Suisse)). Et ce n’est pas le sélectionneur Bernd Storck avec son expérience ratée au pays de Borat qui nous fera miser un forint sur le onze magyar. D’ailleurs, avec son 17ème rang au désormais cultissîme classement FIST, la Hongrie démontre que corruption et consommation abusive du fruit de la terre distillé frauduleusement au fond du jardin sont de très vilains passe-temps… et probablement l’unique raison de délabrement du football national.

4. Présente-nous la star de l’équipe.

Le journal L’Equipe vous serinera déjà assez avec Balázs Dzsudzsák, donc pour faire les intéressants, on va choisir Zoltán Gera. Alors lui, c’est le genre de gaillard, jamais très bon mais jamais mauvais non plus, que t’aperçois à peine en match et qui arrive bizarrement à la centaine de sélections dans la Valogatott: le Raphaël Wicky hongrois en quelque sorte. Après une carrière au firmament dans des clubs de troisième zone (West Brom et le 1960), Gera rentra penaud chez lui à Ferencváros, symbolisant à lui tout seul le manque d’ambition ou d’avenir du foot hongrois.

5. Quel est le joueur qui va nous émerveiller ?

Ex-gréviste pendant une demi-saison au Videoton, le petit caractériel László Kleinheisler va nous amener un mélange d’Anelka assaisonné à la sauce Balotelli dans l’Hexagone. En équipe nationale, l’histoire de László ressemble un peu à du Nabilla. Pour son baptême du feu, le Joe Barton hongrois fut élu meilleur joueur du match-aller de barrage avec notamment un but en or noir à Oslo. En marquant ainsi lors de sa première sélection, l’électron incontrôlable du Werder rejoint la ligue des tous grands (gros) comme Platini, des artistes de la balle comme Zidane… ou celle des simples capions comme Guivarc’h.

6. Quel est le joueur qui va nous faire rire ou pleurer, peut-être même pleurer de rire ?

On va bien rire, mais pas d’un joueur hongrois, mais plutôt de son falzar ou comme Gábor Király le surnomme, de son « kabbalah ». Après une carrière potable dans des clubs bizarres (Palace ou le 1860), le quarantenaire Király n’est peut-être pas un Buffon malgré son look de romamichel, mais surement pas un clown comme Joe Hart. L’émérite gardien hongrois décrit son vieux training gris un peu comme sa marque de fabrique ou une sorte de porte-bonheur qui lui donne des pouvoirs spéciaux ! Nous on veut bien croire ces balivernes mais on espère surtout que quand Gabor raccrochera ses gants, il fera don de son survêt’ pourave au musée de l’UEFA pour être exhibé à coté des strings de Zahia ou de la moustache à Georges Bregy.

7. C’est quoi leur philosophie de jeu ?

Le style hongrois, c’est l’antithèse du 4-2-4 inventé en 1953 par Puskas et compagnie lors du match du siècle face au Anglais. Hélas pour vos pupilles, les Magyars des temps modernes privilégient un super agressif 4-2-3-1. En défense, les Hongrois paraissent disciplinés comme des Suisses-Allemands devant les urnes et en attaque, ils semblent emprunter aux Vikings une archaïque tactique du combat naval: le catapultage de boulets sur une espèce de piquet amovible qui leur sert d’attaquant. Probablement fort vilain à observer, mais pour être réaliste, c’est un peu la seule chance des Magyars d’envisager sur un malentendu une qualification pour les huitièmes de finale.

8. Mais il ressemble à quoi le championnat hongrois ?

Au communisme: un projet originellement ambitieux mais parti à cul parce que géré par de véreux gredins. En passant de 16 à 12 équipes en deux ans, la Nemzeti Bajnoksá a fondu aussi vite que le glacier de la Forclaz, principalement en raison de désistements financiers de clubs gérés par les cousins germains de Marc Roger. Le championnat hongrois s’est aussi salement embourbé avec des académies de jeunes gérées à la méthode ‘Chagaev’. Et ce n’est pas le plan Marshall de construction de stades pour 150 billions de forints (500 millions de francs) qui a réussi à transformer de la goulasch en filet mignon. Car avec ses 2’800 spectateurs de moyenne, le Nemzeti Machin fait juste mieux que le championnat albanais (2’700) ou Chypriote (2’500). Donc pas de quoi fanfaronner et faire péter le Tokaï, à part peut-être pour fêter Ferencváros, facile champion 2015/16 et son adroit buteur, Dániel Böde.

9. Mais au fait c’est qui le personnage hongrois le plus célèbre dans le monde ?

Ça aurait pu être la Cicciolina mais d’après mes recherches approfondies, elle ne serait pas 100% magyare. Toutefois, s’il y bien un Hongrois qui m’a puissamment énervé durant mes soirées de Noël, c’est bien Erno Rubik, l’inventeur du cube auquel Google a chipé toutes ses couleurs. Soyons clair, ce Rubik Cube ne sert strictement à rien, à part éventuellement à caler le Nouvelliste pour qu’il ne s’envole pas d’une venteuse terrasse en bas à Charrat. Ce farceur de Rubik décrivit son cube comme un jouet ou une sculpture mobile symbolisant le contraste entre l’ordre et le chaos ou mieux, le triomphe de l’intelligence. Donc, un cadeau parfait pour les petits Frankie et Karim.

10. Fais-nous rêver avec la Hongrie, mais dans un autre sport…

La Hongrie est pas mal au waterpolo. Mais cette espèce de natation synchronisée pour hommes en Speedo XXS s’amusant avec un ballon de plage, c’est pas franchement le buzz. Par contre, la fauconnerie, ça c’est un sport qui aurait vraiment plu aux Uranais, si le hornuss n’avait pas passé par là. Le mode d’emploi est assez simple: tu lâches un faucon à la poursuite d’une hase et tu observes les dégâts. Version foot, c’est un peu comme si tu lâchais des supporters des Magpies éméchés avec comme mission de ‘séduire’ des demoiselles légèrement vêtues dans une disco de Newcastle.

11. Au fait ça mange et ça boit quoi les Hongrois ?

Pour ne pas trop nous attarder sur le sujet, la finesse est à la cuisine Hongroise ce que Bigard est à l’humour franchouillard. En résumé, mettez du paprika sur des tartines au miel ou une raclette et vous aurez un plat hongrois. S’ils sont pas terribles côté cuisine, les descendants d’Attila par contre sont les rois de l’eau-de-vie, avec notamment le barackpálinka (une abricotine qui récure les tuyaux) dégustée ‘à la hongroise’, c’est-à-dire… à l’apéritif ! Pour les plus téméraires, on ne peut passer sous silence, l’unicum: une boisson amère préparée à base de 40 plantes aux vertus digestives, et super efficace contre la gueule de bois.

12. T’as quelque chose à rajouter ?

Paradoxalement, la Hongrie caracole toujours en tête d’un classement qui nourrit les rêves des vieux romantiques du football offensif. En enfilant plus de 5 buts de moyenne par match lors de la CM 1954 en Suisse, les Kocsis et Puskas dynamitèrent  jovialement les défenses en en papier-mâché de l’époque. Mais les records sont faits pour être battus et qui sait, avec le sens de la finition de Derdiyok et la hargne de Seferović, il se pourrait fort qu’on voit le duo suisse marquer chacun trois fois zéro but lors de cet Euro 2016.

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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