Y’a des coups de boule qui se perdent

Les Pigeons sont de retour ! Dans cette sélection, mis à part la maladroite Mujinga Kambundji, peu de représentants helvétiques mais un entraîneur-loser, un Brésilien fan de Zidane, un dirigeant mafieux, un tennisman détestable et un Prix Nobel de littérature. A qui le volatile doré ? Ami lecteur, tu as jusqu’au dimanche 2 novembre à minuit pour faire ton choix.

Paulo Bento

Les raisons poussant un peuple entier à descendre dans la rue pour manifester (et, le cas échéant, se faire taper sur la gueule) sont aussi diverses que variées. La crise économique pour la Grèce, la chimère d’une société démocratique pour l’Egypte, n’importe quelle raison pour la France. Dans le cas du Portugal, un seul point glané contre n’importe quelle équipe de foot suffit. Autant dire que cela ne s’est pas produit aussi souvent que ça aurait dû être ces derniers temps pour une équipe à la réputation surfaite, au palmarès rachitique et constamment surcotée.
Le Portugal s’est toujours qualifié par les poils pour les récents grands raouts du football européen et mondial. Sans surprise (sauf pour eux), la Coupe du Monde 2014 a consacré la suffisance d’une équipe qui ne se repose que sur un seul joueur. Le millésime fut excellent pour les Lusitaniens : une rouste contre l’Allemagne, un nul très nul contre les Yankees et une victoire inutile contre les terrifiants Ghanéens. Au revoir et merci d’être venus. Dans ces situations, le premier fusible à péter est souvent le même : l’entraîneur, Paulo Bento en l’occurrence.
Sauf que voilà, les dirigeants ont eu l’idée géniale de laisser l’ami Paulo sur son siège éjectable, en dépit de la vindicte globale qui régnait chez les maîtres du klaxon. Le résultat a été au-delà des espoirs les plus fous : une fantastique humiliation contre l’Albanie, et à la maison s’il vous plaît ! Il n’en fallait pas plus, cette fois-ci, pour actionner le levier. Car perdre contre l’Albanie, c’est un peu comme se faire sortir en Coupe par la troisième mouture du FC Bioley-Orjulaz en étant à la tête du FC Bâle. La frigidité tactique et le manque d’audace du coach n’auront finalement pas permis à Paulo Bento de sauver ses miches. On se réjouit déjà du prochain Arménie – Portugal…

Brandao

2014 aura été une année où le Brésil nous aura fait rêver : violences, manifs à la pelle, divers scandales autour de l’organisation chaotique de la Coupe du Monde, le tout couronné par la fantastique prestation de la Seleçao où le peuple brésilien s’est surpassé dans la fidélité et la loyauté envers son équipe. Après avoir bien ri des jérémiades de David Luiz et consorts, il fallait se diriger du côté du très relevé championnat français pour la suite des événements.
Et quoi de mieux qu’un attaquant auriverde qui s’en prend à un de ses congénères ? Nous en avions rêvé, Brandao l’a fait. A la suite d’un épique PSG – Bastia, l’ex-attaquant de l’OM a sans doute voulu s’essuyer le front sur le crane de son pote Thiago Motta. Dans les faits, excédé par l’arbitrage qui ne fut pas au goût de sa personne, Brandao a craqué sous la forme d’un coup de sang en envoyant un violent coup de boule à son compatriote, lequel a du coup fini la boule en sang. La suite ? Un grand classique : altercation, scènes confuses, brouhaha et Brandao qui part en courant, tel un petit voyou qui vient de chaparder trois Malabars dans un kiosque. Des images de cour d’école.
Evidemment, d’aucuns réclament des sanctions exemplaires. Toujours dans la retenue, Al-Khelaïfi, le cheikh du club parisien, propose une suspension à vie. Rien de moins. Selon certaines sources, il paraîtrait même que les personnalités haut placées dans l’organigramme du PSG souhaitent introduire exceptionnellement la charia dans ce cas de figure, afin de punir le délinquant qui risquerait ainsi plusieurs centaines de coups de fouet, sentence à appliquer en public sur l’esplanade du Trocadéro. L’Etat Islamique pourrait aussi s’en mêler, mais ses motivations demeurent floues. Aux dernières nouvelles, on devrait toutefois se contenter d’un package sanctions sportives, civiles (au clou mais avec sursis et amende) et interdiction de stade (1 an).

Bernie Ecclestone

On ne va pas se le cacher, Bernie Ecclestone est la meilleure image que l’on puisse utiliser pour définir la Formule 1, activité élitiste atemporelle, absurde et dénuée d’un quelconque intérêt pour une populace incapable de donner un semblant de sens à une existence se matérialisant par un océan de vacuité. Bon, ne nous égarons pas.
Les magouilles de la Formule 1, on connaît déjà. Les innombrables casseroles de son boss Bernard Charles, de son vrai prénom, aussi : financement politique sous fond de commandites douteuses, soupçons de corruption, sexisme primaire, et surtout apologie du génie d’Adolf Hitler. Un être absolument admirable qui se définit de manière très éloquente si on se fie aux différents moteurs de recherche. Dans le désordre, on a «menteur», «tricheur», «méprisable», «diabolique», «mesquin», «égocentrique», «arnaqueur» et on en passe. De quoi rendre jaloux un condensé de Sepp Blatter à la sauce Platini assaisonné d’un soupçon de Sterling.
Récemment, le Britannique risquait la taule pour une histoire, ô surprise, de pots-de-vin en Allemagne. Connaissant le gugusse, on peine à compter le nombre de zéros que comportent les montants en jeu. Naturellement, Bernie Ecclestone nie tout en bloc, lui qui est blanc comme neige et qui a toujours eu une conduite irréprochable. Tellement irréprochable qu’il a accepté de se délester d’un petit chèque de 100 millions de dollars américains à la justice allemande en échange d’un abandon des poursuites. «Je n’ai rien fait, mais je vais quand même payer pour qu’on me foute définitivement la paix, au cas où…». Un plaidoyer grandiose pour qui douterait encore de son implication dans divers scandales. Comme preuve d’innocence, disons qu’on a vu mieux. Et ce n’est pas Lance Armstrong qui va nous contredire.

Mujinga Kambundji

Après la médaille d’or de Kariem Hussein lors des Championnats d’Europe de Zurich, les supporters de notre Nati d’athlétisme (0.1% de la population) s’étaient mis à rêver d’usurper une nouvelle médaille sur le relais 4 x 100 mètres des demoiselles. Il faut dire que les astres étaient bien alignés pour le quatuor helvète avec un nouveau record suisse dans le frigo de la Pontaise établi en 42’’94 et une Mujinga Kambundji qui avait flambé sur les 100 et 200 mètres devant les inabordables banquettes vides du Letzi. Oui, mais c’était sans compter sur la risible maladresse de la Berno-Congolaise. Pétrie de stress, cette dernière a réussi l’exploit de perdre son témoin dans les starting-blocks et de mettre ainsi à la poubelle trois ans d’entrainement d’équipe aussi rapidement qu’un capitaine italien envoie un bateau de croisière embrasser des rochers sur la Méditerranée.
L’exploit de Kambundji serait d’autant moins cocasse si l’athlète bernoise avait au moins effectué quelques hectomètres sur le tartan zurichois et si elle n’avait pas commis la même erreur trois ans auparavant lors des Championnats d’Europe M20 à Tallinn. Non, en négligeant une technique de base du relais maitrisée par n’importe quel gamin de 8 ans, la sprinteuse d’Uetendorf va désormais apparaitre dans tous les bêtisiers de la «planète sport» et pourrait bien rejoindre Joël Gaspoz dans le rang des sportifs suisses qui ont «jeté loin» leur carrière alors que la réussite était à portée de spatules, ou de crampons. Pour prévenir une prévisible prise de melon, le coach du quatuor suisse (Laurent Meuwly) avait pourtant bien mis en garde les coureuses suisses contre le risque de perdre de l’influx en prenant part à trop de courses lors de «notre» Euro. Non, du haut de ses 22 ans et de ses titres inexistants à haut niveau, Mujinga Kambundji décida de s’assoir sur ces sages recommandations, se voyant déjà aussi belle que la délicieuse Yelena Isinbayeva qui aurait pourtant encore beaucoup à lui apprendre sur la technique de poigne autour d’un tuyau cylindrique.

Andy Murray

Non content d’effectuer sa pire saison depuis six ans et d’être en passe de manquer les finales de l’ATP Tour en ses terres londoniennes, Andy Murray trouva bien malin de rentrer dans l’arène politique du Royaume-Unis, alors que son avis sur la vie de la cité est aussi inintéressant que les déhanchés de son insupportable maman chérie dans la version anglaise de Danse avec les stars. En soutenant les pro-indépendantistes écossais à travers un tweet aussi couard que dommageable pour sa future carrière et ce à la veille du scrutin, Murray a réussi à mettre un beau doigt d’honneur à la figure de ses (ex-)supporters loyalistes de Lizbeth la Seconde ainsi qu’à la Fédé anglaise de tennis qui l’a soutenu dès son émergence en juniors grâce aux royautés déversées par le tournoi de Wimbledon (situé aux dernières nouvelles dans les quartiers huppés de Londres et non dans les faubourgs fauchés de Glasgow). Un doigt d’honneur qui pouvait aussi s’appliquer à certains de ses sponsors qui avaient beaucoup à perdre en cas d’indépendance, notamment Standard Life qui paie ce peu aimable Murray… pour qu’il joue au tennis, et pis c’est tout.
Que Murray manque de jugeote, ça on le savait depuis qu’il avait insulté tous les fans anglais à la veille de la CM 2006 («Je soutiens n’importe quelle équipe qui battra les Anglais»). Mais en sus d’être un goujat doté d’un avis politique questionnable, le Henman malaimé de l’Albion est un gros hypocrite qui, habitant dans un cossu quartier pour millionnaires du Surrey, ne s’était même pas donné la chance de voter dans ce referendum qui lui était si cher. Sentant que le vent avait tourné dès les premiers sondages d’après-vote et pour calmer ses fans énervés d’avoir dépensé tant d’argent pour le supporter à Wimbledon, le Frankenstein des Highlands tenta de se rattraper en affirmant que le peuple écossais avait peut-être pris la bonne décision. Y’a pas à dire, ce faux Anglais d’Andy maitrise à merveille l’art de la double faute. Remettons-lui un vrai Pigeon de Trafalgar Square pour souligner une bêtise qui, chez lui, semble peu passagère.

Franck Ribéry

Alors que Zahia régalait les paparazzis sur les plages azuréennes en plein mois d’août, Frank Ribéry se crut obligé de retirer la couverture à lui en annonçant sa retraite internationale, du haut de ses «vieux» 31 ans et de ses 81 sélections en coq bleu ou blanc. A 21 mois du début de l’Euro organisé chez lui, au pays des grévistes, la décision de Ribéry semble aussi incongrue que l’ensemble de ses tournages de phrases (ou tournures, c’est selon). Certes, on ne peut pas demander à Kaiser Franck de commencer à réfléchir et encore moins d’arrêter de lire des Gaston Lagaffe pour être plus présentable devant les medias. Toutefois, il aurait peut-être été de bon escient que ses conseillers (Bernès, Nasri voire Benzema….) lui rappellent ce que les supporters de l’équipe de France, la FFF et Deschamps ont fait pour lui tout au long de sa chaotique carrière chez les Bleus et de savoir si son opération «rachat» ne devait pas en fait commencer au lieu de prendre fin abruptement.
Car, si l’on y regarde de plus près, le Jean d’Ormesson de Boulogne n’a jamais rien gagné avec les Bleus et est surtout passé au travers de nombreux rendez-vous décisifs à cause de neurones allégrement sous-dimensionnés par rapport à son ego : défaite en finale de la CM 2006, Euro 2008 désastreux, mutin en chef de la farce de Knysna (2010) et Euro 2012 moyen. Si l’on ajoute à sa fiche de paie ses escapades dommageables avec la blonde siliconée ci-dessus ainsi que ses bizutages incessants sur les bleuets (Gourcuff, Giroud…), cela fait beaucoup de choses à pardonner à Ribéry alors que son rendement en équipe nationale restait plus que questionnable. En se barrant sans dire merci, ni avoir une dernière fois sali le maillot (sur une pelouse cette fois-ci !), le chouchou du Bayern restera donc dans les mémoires tricolores comme l’emblème d’une génération de «racailles et de caïds de banlieues» (dixit Bachelot) au lieu d’espérer un jour rejoindre ses pairs, Giresse, Tigana ou Platini. 

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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10 Commentaires

  1. Brandao? Ouais, il est pas bien malin mais quand même, mettre un coup de boule à Thiago Motta, il a réalisé le fantasme de beaucoup sur ce coup là.

    Pas envie de charger Murray ou Ribéry, la vie doit déjà être assez compliquée pour eux..

    Je dirais Ecclestone, un peu pour l’ensemble de son oeuvre.

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