La Suisse existera-t-elle ?

Si vous aimez les phrases honteusement longues, sans ponctuation et impossibles à lire à haute voix sans s’étouffer, vous allez être servis car je vous présente unser Nati. Et il est extrêmement fascinant de nous interroger sur le pourquoi la Suisse, cet actuel mystère footballistique, nous provoque un enthousiasme à la démesure de notre clairvoyance réaliste. Moi j’ai opté pour la perspective que nous ne soyons que de sombres bobets.

Pourquoi j’ai choisi de présenter cette équipe ?

En charge de l’équipe de Suisse pour CR depuis près de huit ans et m’apprêtant à tirer ma révérence, je voulais encore une fois m’enthousiasmer pour l’équipe qui restera celle qui m’offre toujours le plus d’espoir et, conséquence souvent logique avec le concept d’espoir, le plus de déception. On a beau aller se farcir des splendides Lausanne-Thoune tous les week-ends, c’est quand même avec l’équipe nationale que j’ai trouvé de l’intérêt, enfant, à regarder des mecs courir après une balle.

Comment se sont-ils qualifiés ?

Cette campagne a réellement marqué le caractère insondable de cette équipe dont on n’arrive pas à évaluer la valeur réelle. La Suisse a remporté tous ses matches de qualification, contre des équipes jugées « faibles », jugement injuste s’il en est vu que, sur l’ensemble de l’Europe, son groupe ne faisait pas figure de spécialement faible avec trois participants au dernier Euro, dont le vainqueur. Puis elle s’est retrouvée face à un Portugal bouillant à Lisbonne, lors du dernier match. Les coéquipiers de Cristiano Ronaldo, encore vexés de leur défaite 2-0 à Bâle un an auparavant, ont laissé les hommes de Vladimir Petkovic complètement tétanisés, livrant une prestation soudainement pathétique.

La Suisse est, du coup, allée faire un match de barrage de tâcheron face à la vaillante mais faible Irlande du Nord où elle n’a jamais été réellement en danger mais n’a jamais non plus brillé, marquant le seul but des deux rencontres sur un penalty complètement imaginaire. On ne comprend toujours pas pourquoi la Nati se retrouve 6e au classement mondial, et il est absolument impossible d’estimer si elle va quitter la Russie en juin après trois humiliations ou si elle peut surprendre son monde.

Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée ?

Dans l’absolu, il y a autant de chances de voir la Suisse championne du monde que d’avoir, un jour, deux tennismen suisses qui remportent, durant les mêmes années, des trophées du Grand Chelem. Mais dans la vraie vie, celle où on sait que dans le fond on ne va jamais gagner à l’Euro-millions même si on continue de cocher des petites cases comme des abrutis, que Patrick n’a jamais couché avec ce mannequin suédois dans les toilettes de cet avion même s’il raconte bien l’histoire à la cafétéria et que vous n’aurez jamais cette télécommande qui peut arrêter le temps quelques minutes même si vous continuez à fantasmer là-dessus le soir dans votre lit, dans ce monde-là, on sait qu’il est peu probable de voir Johann Djourou soulever un trophée de champion du monde.

Et si un jour, par miracle, suite à un alignement des étoiles extraordinaire, la Suisse venait à gagner une finale de Coupe du Monde, on peut envisager qu’après l’immense saoulerie qui en suivrait, votre tour du lac à poil avec des oreilles de lapin suite à un énième pari débile qui aurait eu comme origine une phrase commençant par « non mais j’te jure que si on gagne la Coupe du Monde… », trois vannes pourries à vos potes portugais et français… eh ben en fait, quelques jours plus tard, vous continueriez à ronchonner en vous levant le matin pour aller bosser, à payer vos assurances maladies trop cher, à vous engueuler avec votre moitié pour des histoires de pneus d’hiver que « je t’avais dit qu’il fallait prendre rendez-vous en octobre », tout ça pour finir à pisser dans vos pampers troisième âge dans un EMS où le reste de votre famille viendra vous voir avec cet air désolé de quand on va faire piquer son labrador. C’est ça qui est un peu triste avec la passion du foot. Mais bon ça serait quand même vachement sympa.

Présente-nous la star de l’équipe.

Parlons de la génération championne du monde des moins de 17 ans en 2009. Il en reste trois. D’abord Granit Xhaka. Vu de Suisse, on est super content d’avoir un joueur titulaire à Arsenal. Vu de Londres, ils sont plutôt contents d’envisager que, grâce au départ d’Arsène Wenger et sa mystérieuse confiance aveugle, ils pourront enfin ne plus le voir sur le terrain. En Angleterre, Xhaka est vu comme l’archétype du joueur nonchalant et limité techniquement. Ricardo Rodriguez est un bon joueur dans un AC Milan qui a réalisé une piètre saison. Et Haris Seferovic est presque devenu une plaisanterie de comptoir à la seule évocation de son nom.

Sinon, il y a bien sûr Shaqiri, qui à l’inverse de Xhaka, est très bien jugé en Grande-Bretagne dans un club relégué. Les gardiens n’ont pas été extraordinaires cette saison et on ne sait trop quoi penser de mecs comme Dzemaili, Embolo, Zuber et même Lichtsteiner après toutes ces années.

Beaucoup tireront leur révérence après cette compétition, dont Valon Behrami qui participera à sa quatrième Coupe du Monde, il y en a pas beaucoup qui peuvent s’en vanter. Ce qui est triste là-dedans, c’est que ce sera sans doute la meilleure génération en équipe de Suisse que nous verrons de notre vivant. Oui ça fait mal. Alors la star de l’équipe ? Vladimir Petkovic sans doute qui tire quand même son épingle du jeu et a prouvé qu’il était le meilleur coach national depuis 20 ans. Sinon je mettrais Anastase, le méchant sorcier des Babibouchettes, parce qu’il était hyper méchant et que s’il jouait dans l’équipe, tout le monde se ferait au froc.

Brrrrr… mon dieu qu’il fait peur !

On parle du foot suisse, mais il ressemble à quoi le championnat suisse ?

Une ligue qu’on dit en progrès constant mais qui n’impressionne presque jamais au niveau européen. Un championnat qui peine à intéresser les foules dans son pays, vu que de nos jours, on peut voir du foot de tous les grands championnats et d’Europe. Quand les gosses n’avaient pas Netflix, ça leur allait de regarder Starsky et Hutch sur la TSR. Au final, à part à Bâle et peut-être à Berne, on peut prévoir des stades qui se videront du peu de supporters qui s’y rendent le jour où l’alcool sera interdit dans les enceintes. Et c’est à peu près tout.

Viens tester tes connaissances sur le football suisse !

1) Quel joueur a inscrit le premier but de la Suisse à la coupe du monde 1994 ?
A - Georges Bregy
B - Alain Sutter
C - Haris Seferovic (déjà lui à l'époque)
D - Adrian Knup

Correct !

Faux !

2) Quel joueur suisse n’a jamais disputé la moindre minute avec l’équipe nationale dans une coupe du monde et c’est tant mieux ?
A - Philipp Degen
B - Bernd Haas
C - Daniel Gygax
D - Blaise Nkufo

Correct !

Faux !

3) Quel joueur avait inscrit le seul but encaissé par la Suisse lors de la coupe du monde 2010 ?
A - Alexis Sanchez
B - Mark Gonzalez
C - Arturo Vidal
D - Haris Seferovic, personne d'autre ne marque lorsqu'il est sur le terrain

Correct !

Faux !

4) Avant que Puma ne devienne pendant plus de vingt ans l’équipementier suisse, qui habillait la Nati ?
A - Lotto
B - Adidas
C - Blacky
D - Yes or No

Correct !

Faux !

5) En Russie, combien de coupe du monde aura disputé Valon Behrami ?
A - 5 tout comme Lothar Matthäus, un record
B - 4 tout comme Diego Maradona
C - 3 tout comme Zinedine Zidane
D - 0 tout comme moi, parce qu'il va se blesser avant comme toujours

Correct !

Faux !

6) A l’époque de la coupe du monde 1994, dans quel club allemand évoluait Ciriaco Sforza ?
A - Au Bayern Munich
B - Au Bayer Leverkusen
C - Au FC Kaiserslautern
D - Au FC Bâle

Correct !

Faux !

7) La dernière fois que la Suisse n’a pas participé à une coupe du monde, c’était en 2002. Contre qui avait-elle été ridiculisée en qualifications ?
A - La Norvège
B - La France, mon dieu le cataclysme
C - La Russie
D - La Pologne

Correct !

Faux !

8) Pour quelle marque Shaqiri n’a-t-il pas encore fait de publicité ?
A - Coca-Cola
B - Durex
C - Coop
D - Volkswagen

Correct !

Faux !

9) Où est d'ailleurs né Xherdan Shaqiri ?
A - En Albanie
B - A Bâle
C - En Serbie-Monténégro
D - A Port-Réal

Correct !

Faux !

10) Dans quel club a débuté le capitaine Stephan Lichtsteiner ?
A - Au FC Bâle
B - Au FC Lucerne
C - A Grasshopper
D - Au FC Wettingen, je te jure à l'époque ils étaient en Ligue A

Correct !

Faux !

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Suisse

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Au fait, c’est qui la personnalité suisse la plus célèbre dans le monde ?

Je sais tout le monde attend un truc genre Roger Federer, Guillaume Tell, Le Corbusier, Pingu ou Gilbert Gress… mais non. C’est James Bond. Oui JAMES BOND PUTAIN ! OUI IL EST SUISSE ! Renseignez-vous un peu ! Merde ! Sa maman c’est Monique Delacroix, une fucking Vaudoise ! Et oui ! En fait, James Bond, il est à moitié Suisse, du coup ça en fait clairement le Suisse le plus célèbre dans le monde. Vu qu’en Suisse on s’attribue assez facilement les gens, James Bond est en réalité aussi suisse que Federer qui a une maman sud-africaine.

Fais-nous rêver avec la Suisse mais dans un autre sport…

La course Moudon-Coire avec Lara Gut nue, chantant du György Ligeti sur deux pandas qui doivent renverser un maximum de shots de Cynar dans la bouche de 2’000 mecs déguisés en photocopieuses couchés tout au long du parcours. Je vois pas ce qui pourrait davantage me faire rêver comme autre sport.

Au fait ça mange et ça boit quoi les Suisses ?

Ça mange des sushis et des trucs vegans à Genève en pensant être des New-Yorkais, ça mange des brunches à la con et du quinoa avec de la bière artisanale à Lausanne en pensant être des New-Yorkais mais « plutôt-Brooklyn-tu-vois », ça mange des fondues liquides et du Chardonnay d’Afrique du Sud en Suisse allemande, ça mange la même chose que le monde occidental partout, parce qu’il faut pas déconner, personne ne se fait une fondue moitié-moitié ou un repas de St-Martin tous les midis.

Une coutume surprenante de ce pays ?

Si j’en crois mes réseaux sociaux, je dirais prendre des apéros tout nuls sur des balcons avec des pieds nus, chercher des billets pour la soirée du mardi à Paleo, faire du crossfit ou «sortir de sa zone de confort». Mais si j’étais un immense connard négatif, je dirais le microcosme de la détestation débilisante et chauvine.

Trouver que les Genevois sont de crasses imbéciles hautains, que les Vaudois sont d’insupportables pédants lâches, que les Valaisans sont des beaufs alcooliques toujours fourrés dans leurs soeurs, que les Fribourgeois sont des paysans fiers de leurs chemises bleues à fleurs et de leur bouffe ringarde, que les Jurassiens sont les mecs du film « Délivrance » et que les Neuchâtelois sont comme les nazes à chaînettes en or qui croyaient être cools à l’école sauf que, en plus, quand ils disent la lettre « R », on a l’impression d’avoir lancé des scies sauteuses qui déchiquettent des hérissons en boule.

Heureusement toute cette haine interne disparaît une fois qu’on considère les Suisses allemands, ces mecs qu’on imite comme les nazis dans les comédies françaises et que l’on englobe dans une même représentation alors qu’ils sont quatre fois plus nombreux que les Romands.

Heureusement toute cette haine interne disparaît une fois qu’on prend pour cible les Français, ces incultes nombrilistes qui croient que +33… c’est l’indicatif international.

Heureusement toute cette haine interne disparaît une fois qu’on prend pour cible les gens du tiers-monde qui viennent se réfugier dans nos pays occidentaux pour profiter de nos richesses si honnêtement gagnées au cours des siècles.

Heureusement toute cette haine interne disparaîtra une fois que les dinosaures cosmiques auront envahi la terre et qu’ils essaieront de nous noyer dans leur urine après avoir mangé des millions d’asperges géantes.

Et là ce sera cool. Et la Coupe du Monde aura lieu peut-être en Belgique, et ça serait sympa parce qu’ils ont des bonnes bières, en Belgique.

Ton pronostic ?

En ce qui me concerne, avant l’entrée en lice dans la compétition, je me parerai d’une espèce de négativisme qui se voudra flegmatique un peu avant la compétition, analysant avec un air professoral et détaché d’immense imbécile la complexité du calendrier, utilisant un insupportable « on » lorsque j’évoquerai un « même si on passe le groupe, on jouera l’Allemagne en huitième… »

Lorsque la Suisse jouera, je pourrai vociférer ma beauferie partisane dès que Shaqiri se lancera dans une course de poulet sans tête, et, les yeux injectés de sang ainsi que les veines du cou turgescentes, insulter chaque Costaricien qui, selon ma mauvaise foi, aura essayé de mettre en place ses plans malfaisants pour nuire à cette gentille Nati.

Puis des larmes aussi consternantes que celles d’une adolescente de 1999, découvrant que Ricky Martin était gay, lorsque la Suisse se fera sortir piteusement comme si je tombais des nues.

Cela sera-t-il au premier tour, en huitième ou même en quart ? Impossible à dire. Mais tout ce qui précède est on ne peut plus prévisible.

Et à part ça, je me réjouis quand même de toute cette consternante cornichonnerie, parce que la Coupe du Monde c’est un des trucs que je préfère dans la vie, avec les ornithorynques, les English Ales et les tiramisus.

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2 Commentaires

  1. Magnifique. Si l’équipe suisse est à la hauteur de cet article, elle ira en demi-finale. Hop Chessex, ne lâche rien, on se réjouit déjà des commentaires de match.

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